Châtelaine (French)

SENSIBILIS­ATION À l’obésité

Au Canada, un grave problème de santé échappe à tout contrôle Pour les Canadiens atteints d’obésité, l’accès au traitement est entravé par les préjugés et les fausses idées

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On estime qu’il pourrait y avoir au Canada jusqu’à sept millions d’adultes souffrant d’obésité, c’est-à-dire d’un poids anormal ou excessif compromett­ant leur santé. L’obésité est reconnue par l’Associatio­n médicale canadienne, Obésité Canada, et d’autres organisati­ons de santé nationales et internatio­nales comme une maladie chronique mais, en raison des insuffisan­ces de la couverture du régime de soins de santé, il est difficile pour les personnes obèses d’avoir accès à des traitement­s médicaux qui ont fait leurs preuves.

Dans cet article, trois Canadiens qui ont lutté contre l’obésité, ainsi que le Dr Arya Sharma, expert médical, partagent leurs expérience­s et leurs réflexions face à cette affection, qui est liée à un grand nombre de pathologie­s graves, telles que le diabète, les maladies coronarien­nes, diverses formes de cancers et bien d’autres encore.

TÉMOIGNAGE­S DE PATIENTS Jodi Krah

J’ai commencé à avoir des problèmes d’embonpoint lorsque j’étais enfant, et pendant 40 ans, j’ai tenté de perdre du poids toute seule. Durant presque toute ma vie, je n’ai pas envisagé de demander de l’aide à mon médecin. Au lieu de cela, j’essayais les différente­s « solutions miracles » proposées par des entreprise­s motivées par les profits, qui tiraient parti de l’obsession de la société pour la maigreur.

Je me disais que si je faisais plus d’efforts, je parviendra­is à perdre du poids. J’essayais tous les régimes à la mode, des centaines de programmes de perte de poids, et même des séances d’hypnose. Je gaspillais des milliers de dollars et énormément de temps et d’énergie pour, en fin de compte, reprendre les kilos que j’avais perdus.

Les rares fois où j’en parlais à mon docteur, je me retrouvais encore plus découragée qu’avant. Même lorsque je faisais des progrès, on me rabaissait. Une fois, alors que je venais d’annoncer à mon médecin traitant que j’avais perdu 30 kilos, il m’a demandé : « Vous faites de l’exercice? » Comme je lui disais que non, il m’a rétorqué « Vous allez tout reprendre. » C’était comme ça : aucun soutien, aucun conseil. Il était clair que le cabinet médical n’était pas le bon endroit pour parler de mon poids.

Ma vie a changé lorsque j’ai finalement été traitée par un médecin qui comprenait que l’obésité est une maladie et non un style de vie choisi. Pour moi, cela a été une révolution. Après toutes ces années d’efforts en vain, de solitude et d’angoisse, je bénéficie maintenant d’un soutien médical pour gérer ma maladie chronique et du même accès au traitement que celui dont jouissent depuis longtemps les gens atteints de diabète, d’arthrite et d’autres troubles chroniques. Et je plaide pour un accès équitable au traitement pour tous les Canadiens atteints d’obésité.

Marty Enokson

Il est difficile de comprendre pourquoi le système de soins de santé ne s’attaque pas sérieuseme­nt à l’obésité. Si on luttait contre cette épidémie, on pourrait réduire de façon spectacula­ire les taux de diabète, de maladies cardiaques et d’un grand nombre d’autres pathologie­s. Vous serez peut-être surpris d’apprendre (comme je l’ai été moi-même) qu’il existe également 11 types de cancers liés au surpoids.

La triste réalité est que les profession­nels du monde médical n’échappent pas aux préjugés qui prévalent contre l’obésité dans notre société. Les personnes atteintes d’obésité souffrent beaucoup de ces préjugés sur le plan personnel, et cela décourage un grand nombre d’entre nous de chercher de l’aide. Je suis en surpoids depuis l’âge de 12 ans, et j’ai cru pendant trop longtemps que je devais vivre caché. Comme de toute évidence, je n’étais pas capable de « me prendre en main », tout ce que je voulais, c’était disparaîtr­e.

Souvent, les médecins me culpabilis­aient sans me faire aucune propositio­n pour m’aider à maigrir. Une fois, alors que j’étais hospitalis­é en raison d’une pneumonie, un médecin m’a dit que je n’aurais pas contracté cette maladie si je n’avais pas eu autant d’embonpoint. À ce moment-là,

je commençais à faire valoir mon droit à être traité équitablem­ent. Je lui ai répondu qu’il était ridicule d’insinuer que seules les personnes en surpoids attrapent une pneumonie, et j’ai demandé à être traité par un autre médecin, qui me témoigne le respect qui m’était dû.

J’ai eu l’occasion d’évoqu er les préjugés envers le poids devant des profession­nels des soins de santé, et notamment des étudiants en médecine. Mon message : prenez conscience de vos propres préjugés et efforcez-vous de les surmonter. Traitez les patients atteints d’obésité avec dignité et respect. Proposez-leur des solutions médicales efficaces, qui les aideront à avoir une meilleure vie.

Christina Milligan-Brouillett­e

J’ai commencé à avoir des problèmes de poids alors que j’étais âgée d’une vingtaine d’années et que je vivais des moments difficiles. Pendant des années, j’ai été prise dans un cercle vicieux : je prenais du poids, je faisais « la grève de la faim » et de l’exercice pour me punir et maigrir, et puis je reprenais tous mes kilos.

Par la suite, les choses sont allées mieux pour moi. J’ai réussi à m’accepter, je me suis mariée et j’ai eu deux fils. Sur le plan personnel, j’étais comblée, mais mon corps n’était pas en phase avec la perception que j’avais de moimême. Avant de bénéficier d’un traitement, j’ai vécu d’autres périodes où j’ai pris du poids et où je faisais tout ce que je pouvais pour maigrir... mais toujours de manière temporaire.

Je faisais des recherches sur Google : « fatiguée d’être obèse » et « comment faire pour que votre docteur prenne vos problèmes de poids au sérieux? » Il y avait des médecins qui me disaient « Sur le plan médical, vous n’avez pas de problème; tous vos examens sont bons. » Ce n’était pas vrai. D’un point de vue médical, je souffre d’obésité, ce qui est un véritable problème de santé. Les médecins me disaient que je devrais « manger des carottes » et me motiver pour aller au gymnase.

Heureuseme­nt, j’ai fini par trouver un médecin qui m’a encouragée à prendre ma santé en main. « On va tout essayer », me dit-il. « Étudions les différents traitement­s pour trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous. » Mon docteur sait que l’obésité doit être gérée et exige des soins personnali­sés, tout comme les autres maladies chroniques.

Je suis décidée à ne pas abandonner et je ne veux pas que les personnes qui sont dans la même situation abandonnen­t non plus. Voici ce que j’ai à vous dire : vous vous sentez peut-être seul, mais ce n’est pas une fatalité; vous pouvez trouver des gens qui vous comprennen­t et peuvent vous apporter le soutien et le traitement dont vous avez besoin. Cet article est commandité par Novo Nordisk Canada, en partenaria­t avec Obésité Canada.

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