Châtelaine (French)

La distillatr­ice qui fait tourner les têtes

Depuis l’ouverture de sa distilleri­e, à Baie-comeau, elle est devenue l’une des ambassadri­ces les plus dynamiques de la Côte-nord. Et elle n’a pas fini de nous étonner.

- M. B.

Dans le ventre bombé d’un alambic, un coloré mélange de baies et de fin es feuilles frémit àpetitsb ouillons.« on met 15 kilos de fruits par distillati­on », détail le avec enthousias­me Catherine Blier, la copropriét­aire de la distilleri­e Vent du Nord dont la chevelure rougeoie comme les airelles. Cette baie, cousine de la canneberge, mijote dans la cuve en compagnie des camerises, des groseilles noires, des baies d’aronia et du genévrier sauvage. Toutes diffusent leurs arômes pour parfumer le gin Nork tié.

« Quand on parle de boréalie, on pense souvent au sapinage, alors qu’au Vent du Nord, on voulait plutôt faire vivre la région par nos petits fruits, nos merveilleu­x aromates, pour la plupart méconnus », poursuit la jeune distillatr­ice de 29 ans, originaire du Lac-saint-jean, mais Nord-côtière de coeur.

Puiser ses ingrédient­s à même la nature sauvage amène son lot d’imprévus. L’an dernier, un ours a découvert les airelles avant les cueilleurs, les forçant à passer les environs au peigne fin à la recherche de talles encore intactes. « Ce sont des défis que tu ne penses pas avoir à relever dans ta vie, rigole-t-elle. J’aime mieux appeler ça des aventures!»

Policière de formation, mère d’un garçon de six ans, Catherine s’est associée au chimiste Paul Blanchard pour créer Vent du Nord en 2018. Il est le cerveau scientifiq­ue de la distilleri­e, tandis qu’elle insuffle à l’entreprise son énergie communicat­ive, son sens du marketing et son flair.

Elle n’a d’ailleurs pas assez de ses 10 doigts aux longs ongles orangés pour énumérer tous ses projets, souvent menés en collaborat­ion avec des entreprise­s du coin. Les résidus de fruits post distillati­on, par exemple. Dans une optique zéro déchet, ils sont revalorisé­s dans des produits cosmétique­s, des bougies et un sirop à cocktail. Des restos de la région les récupèrent même pour assaisonne­r leurs vinaigrett­es.

«Cette synergie est vraiment importante pour faire rayonner la Côte-nord et se détacher de l’image de ville d’usines accolée à Baie-comeau », soutient l’entreprene­ure.

Tous les vendredis, elle rameute huit bénévoles qui remplissen­t 1200 bouteilles de gin Nork tié dans une ambiance de 5 à 7. « Chaque bouchon, chaque étiquette, chaque sceau est posé à la main, il n’y a rien d’automatisé.»

Catherine Blier rêve maintenant d’élaborer le premier whisky nord-côtier. « On a l’avantage d’avoir un climat très près de celui de l’écosse, note-t-elle. Je veux aller chercher le maximum des beaux bijoux que notre territoire nous offre.» Pourvu que les ours s’en tiennent loin!

Regardez la vidéo portant sur Catherine Blier, réalisée par La Fabrique culturelle, sur fr.chatelaine.com/septembreo­ctobre2022 ou sur le site de lafab.tv/femmes.

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Après avoir connu du succès avec son gin Norkotié, la distilleri­e Vent du Nord souhaite élaborer le premier whisky de la Côtenord. CATHERINE BLIER

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