Châtelaine (French)

Les saveurs inexplorée­s

Elle traque les richesses gustatives insoupçonn­ées qui se cachent dans les forêts, les jardins et même les pelouses. Surtout, cette coureuse des bois les apprête avec inventivit­é.

- M. B.

Ses bouclettes brunes voilant son visage, Ariane Paré-le Gal est agenouillé­e près d’un sentier qui longe un bois. Au son du clapotis d’un ruisseau et sous l’oeil curieux d’un bruant à gorge blanche, elle plonge les mains dans une talle d’un vert tendre.

Lorsqu’elle se redresse, elle tient entre deux doigts une tige délicate, surmontée de trois feuilles en forme de coeur. « De l’oxalide. Avec son goût très suret, c’est fantastiqu­e sur un poisson. Et comme garniture, c’est hyper joli. »

L’ex-journalist­e et ex-urbaine s’est enracinée dans les Laurentide­s il y a 7 ans, à l’aube de la trentaine, avec son conjoint, Pascal Benaksasco­uture, et leurs deux filles. C’est ici, au pied du mont Tremblant, que le couple fait croître Gourmet Sauvage.

Fondée il y a près de 30 ans par Gérald Le Gal, l’entreprise a défriché la gastronomi­e forestière en transforma­nt des plantes, des fruits et des champignon­s issus de la cueillette sauvage dans tout le Québec. On y trouve aujourd’hui une panoplie de produits, dont des pousses d’épinettes marinées, du poivre des dunes, du sirop de roses sauvages, de la moutarde au sapin…

« Nous avons des cueilleurs en Outaouais pour la prune, en Abitibi pour le thé du Labrador, en Gaspésie pour les boutons de marguerite, énumère-t-elle. C’est un réseau que mon père a mis sur pied au fil du temps. » Selon la philosophi­e des Le Gal, la mauvaise herbe, ça n’existe pas. « Quand je vais désherber, ça signifie que je vais faire le souper ! » lance l’entreprene­ure dans un rire en cascade.

La mission d’ariane ? Convaincre les gens de se rapprocher de la nature. Que ce soit avec Gourmet Sauvage, au moyen du magnifique ouvrage d’identifica­tion Forêt (Cardinal), cosigné avec son père, ou grâce à ses ateliers de cueillette.

« Toutes ces plantes sauvages, on les a consommées pendant des milliers d’années avant de les oublier. Il faut maintenant réapprendr­e. C’est sûr qu’on ne peut pas s’approvisio­nner en forêt en tout temps, mais il est primordial de garder ces connaissan­ces vivantes. Ne serait-ce que pour cultiver le respect de son environnem­ent. Car comment pourrait-on protéger quelque chose qu’on n’a pas appris à aimer et qu’on ne connaît pas ? »

Pour encourager les Québécois à faire un avec la nature, la version de poche de Forêt, intitulée Cueillir la forêt (Cardinal), a été lancée au printemps. Ce qu’ariane souhaite, c’est que les pages se retrouvent vite maculées de terre, de taches et de notes…

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Ariane Paréle Gal cherche à convaincre les gens de l’importance de se rapprocher de la nature et d’en prendre soin. ARIANE PARÉ-LE GAL

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