Châtelaine (French)

QUAND ON DOIT «PLACER» SA MÈRE

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« Vous avez 24 heures pour déménager votre mère, sinon nous devrons appeler un taxi pour le faire. » Cette injonction, lancée à Denys Desjardins par une préposée d’une résidence pour personnes âgées, n’est qu’une des aberration­s rapportées dans le documentai­re J’ai placé ma mère. Dans ce journal filmé, le réalisateu­r fait part des étapes et des épreuves qui ont mené à la prise en charge de sa maman, Madeleine, dans un établissem­ent de soins de longue durée. « Le système est complèteme­nt inhumain. Actuelleme­nt, 4 500 personnes figurent sur la liste d’attente pour une place en CHSLD. Et elles n’ont aucunement leur mot à dire sur la suite. Comment peut-on permettre à nos aînés de mourir dans la dignité si ce sont des algorithme­s qui décident de leur sort ? Ce qu’on fait en ce moment au Québec, c’est de la gestion de lits, pas de la gestion d’êtres humains », dénonce le cinéaste. Le documentai­re est le fruit d’un long travail de réflexion sur le vieillisse­ment de la population, sur l’âgisme systémique et sur le sort des aînés au Québec. « Je ne sais pas si c’est parce qu’on a du mal à envisager notre propre mort, mais on a tendance à classer les personnes âgées dans une catégorie à part, à les traiter différemme­nt. » Bien qu’il suscite des remises en question, le film constitue surtout un hommage à Madeleine, un compte rendu de l’horreur, dans lequel la tendresse et l’espoir parviennen­t cependant à se faufiler. «Le médicament, c’est l’amour. Pour changer les choses, il faut d’abord aimer nos proches et se battre pour eux. » A.-F. H.-D.

Le parcours éprouvant d’un cinéaste plongé dans les dédales des CHSLD.

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J’AI PLACÉ MA MÈRE, DE DENYS DESJARDINS, EN SALLE À COMPTER DU 17 MARS 2023.

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