DOUBLE PEINE pour les détenues
Les centaines de femmes détenues depuis 2016 à la prison Leclerc, à Laval, ne sont pas au bout de leurs peines. En effet, le nouvel établissement qui leur est destiné à Montréal n’ouvrira pas ses portes avant 2030. Pourtant, l’incarcération à Leclerc de ces femmes accusées de délits mineurs devait être une mesure à court terme en raison du délabrement de l’établissement et des installations inadaptées à leurs besoins. Cette situation décourage les associations qui militent pour de meilleures conditions de vie des détenues. À bout de patience, la Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes au Québec rappelle que cette prison avait été fermée en 2012 parce qu’elle était vétuste. « Outre la vermine, la moisissure, les problèmes d’eau potable et de chauffage, le personnel n’est pas formé pour encadrer une population féminine. Les fouilles à nu et les humiliations sexistes détruisent psychologiquement les prisonnières, ce qui réduit grandement leurs chances de réinsertion », déplore Louise Henry, exdétenue et membre de la Coalition qui a publié, l’an dernier, le livre-choc Délivreznous de la prison Leclerc ! (Écosociété). Le nouvel établissement pénitentiaire de Montréal devrait être bâti sur les ruines de l’ancienne maison pour femmes Tanguay. Le projet comprend aussi des rénovations de la prison pour hommes de Bordeaux, située tout près, ce qui, d’après Louise Henry, explique la durée annoncée des travaux. « Je ne crois pas qu’on laisserait croupir des hommes aussi longtemps dans les mêmes conditions, déplore-t-elle. Le tabou des femmes en prison est encore immense et la société est sans pitié concernant leurs conditions carcérales. Il faut cesser de leur infliger cette double peine. »