Châtelaine (French)

La sainte paix !

- PAR MARIE BERNIER

Pas besoin d’entrer dans les ordres pour séjourner au magnifique Monastère des Augustines, à Québec. Le bâtiment historique, où réside toujours la congrégati­on de religieuse­s, est un hôtel consacré au bien-être. Notre journalist­e s’y est déposée un instant.

Les yeux fermés, la main droite sur le coeur, je prends de profondes respiratio­ns. À quelques pas de moi, Marjolaine Leblanc, coordonnat­rice Expérience Bien-être au Monastère des Augustines, me guide : « Soyez consciente de votre souffle. » Peu à peu, je ressens l’apaisement que procure cet exercice de cohérence cardiaque. Jusqu’à ce qu’une question urgente me traverse l’esprit : restait-il assez de céréales pour le déjeuner des enfants?

Pour deux jours, j’ai abandonné conjoint et bambins, et me suis installée au Monastère. Objectif : décrocher de mon rôle de mère et ne penser qu’à moi.

Le bâtiment patrimonia­l, splendeur architectu­rale du Vieuxquébe­c, a été converti en hôtel en 2015. En continuité avec la mission de la congrégati­on, à qui l’on doit les bases de notre système de santé, on y cultive l’art de «prendresoi­n».mêmedes mamans dévouées (et cernées). C’est ce qui explique ma séance de respiratio­n avec Marjolaine. Lors de mon séjour, je participer­ai aussi à une marche méditative dans le quartier, de même qu’à un cours de yoga tout en douceur sous les voûtes centenaire­s. Et je profiterai en outre du massage signature du Monastère, d’une lenteur délectable et promulgué au son de chants grégoriens. Couchée dans la pénombre sur la table de massothéra­pie, j’avoue que mes préoccupat­ions céréalière­s ont paru bien loin…

Tout de blanc, de pierres et de lumière, le lieu inspire la sérénité. Et si on se perd parfois dans ses couloirs, c’est tant mieux, puisque c’est pour mieux découvrir au gré des détours les artéfacts d’une communauté arrivée en Nouvellefr­ance en 1639. C’est d’ailleurs au cours d’une de mes errances que je croise soeur Carmelle, qui me sourit dans sa tenue immaculée. Même si elles ont ouvert leur Monastère au public, les sept dernières Augustines de la ville de Québec – il en reste une soixantain­e dans toute la province, contre 800 à une autre époque – y vivent encore, dans une section qui leur est réservée.

Chaque matin, à 8 h, les clients de l’hôtel peuvent les écouter chanter dans l’ancien choeur. Il y a quelque chose de très émouvant à entendre ces femmes, qui ont choisi une vie de piété et de don de soi, unir leurs voix cristallin­es, leurs cheveux argentés sous des coiffes blanches. Comme d’irréductib­les colombes.

Quand je quitte le Monastère, j’emporte avec moi un peu de leur quiétude. J’en resterai longtemps imprégnée, et ce, bien après avoir retrouvé mon chaos quotidien. Peut-on parler d’un miracle ? •

 ?? ?? Bon à savoir : le Monastère des Augustines offre des séjours aux proches aidants à un tarif réduit.
Bon à savoir : le Monastère des Augustines offre des séjours aux proches aidants à un tarif réduit.

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