Châtelaine (French)

RÉFLEXIONS entre deux casseroles

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Bon ! Il est l’un des premiers hommes à signer un édito dans Châtelaine – ce sera d’ailleurs son seul – et il va parler de sa mère… Original !

En fait, j’avais prévu profiter de cette page pour vous présenter le numéro fort alléchant que vous avez entre les mains et que l’équipe a concocté avec soin au fil des dernières semaines. Mais un événement récent est venu changer la donne: le 60e anniversai­re de mariage de mes parents.

Mon frère et moi, appuyés par sa conjointe et mon conjoint, avons décidé de souligner leurs noces de diamant en recevant oncles et tantes chez moi. Nous étions une vingtaine à table. Repas cinq services.

Pendant la réception, suant à grosses gouttes devant ma cuisinière à gaz, les quatre brûleurs ouverts à high, j’ai soudain eu une pensée pour ma mère qui a tant de fois accueilli sa famille pour le réveillon de Noël, au Saguenay. Pendant que tout le monde assistait à la messe de minuit, ma mère, qui avait travaillé au bureau jusqu’à midi le 24 décembre, s’installait aux fourneaux et mettait la touche finale au festin.

Puis, vers 1 h du matin – ou 1 h 30, si monsieur le curé était en verve… –, tout le clan débarquait. La baignoire se remplissai­t de bottes, les lits se couvraient de manteaux et le sapin disparaiss­ait derrière les cadeaux. Nous étions une bonne quarantain­e à fêter jusqu’aux petites heures. Le tout habilement géré et coordonné en grande partie par ma mère.

Et ça trinquait et ça fumait (on aurait pu élire un pape tellement il y avait de fumée dans la maison) en attendant que le repas soit servi. Et c’étaient toujours des mets succulents, que la plupart d’entre nous finissions par manger avec l’assiette en équilibre sur les genoux, les adultes au salon, les enfants au sous-sol.

Tout ça pour dire que, comme bien des femmes de leur génération, ma mère et mes tantes, tant du côté maternel que paternel, ont hissé la notion d’accueil et de générosité au niveau de grand art. Que ce soit à Chicoutimi, Ottawa, Vertmont-sur-le-lac, Aylmer, Montréal, Notre-dame-de-la-paix ou Jonquière, la famille élargie a toujours été reçue avec les égards que l’on réserve aux invités de marque. Il faut dire qu’elles avaient de qui tenir: leur propre mère popotait trois repas par jour pour une trâlée de gamins dissipés. Mes grands-mères, soulignons-le, ont élevé 25 enfants au total.

Je leur rends hommage et leur lève mon chapeau. Désormais, c’est au tour de ma génération d’organiser les réceptions. Le plaisir de retrouver ma mère et mes tantes non plus à la cuisine, mais jasant et riant autour d’une table bien garnie vaut bien quelques petites suées devant le fourneau…

Heureuses Fêtes à toutes et à tous !

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DANIEL CHRÉTIEN, RÉDACTEUR EN CHEF (INTÉRIM)

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