Châtelaine (French)

UN RÉCIT DÉCONCERTA­NT

- PAR MONIQUE ROY

Avec Trust, Hernan Diaz revisite Wall Street, berceau de la finance, à l’heure du krach de 1929. Divisée en quatre parties étroitemen­t liées, cette mise en abyme multiple est un fascinant tour de force.

Voilà un roman pour le moins déstabilis­ant. La première des quatre parties qui le composent est… un roman d’une centaine de pages. La seconde: une biographie, écrite en réponse à ce roman. Et ces deux parties constituen­t, en quelque sorte, le matériel de base pour la suite étonnante de Trust.

Obligation­s, roman signé Harold Vanner, raconte de façon peu flatteuse la vie d’un magnat de la finance,

Benjamin Rask, et de son épouse, Helen. À sa parution, en 1937, le Tout-new York se précipite sur le livre, curieux d’en apprendre davantage sur ce discret financier ayant bénéficié de la débandade de la Bourse lors du krach de 1929, amassant des millions alors que les autres frôlaient l’abîme.

Or, un certain Andrew Bevel, riche financier new-yorkais, est convaincu que pour créer le personnage de Rask, Vanner s’est inspiré de lui. Il croit également reconnaîtr­e dans Helen et dans son destin tragique sa femme Mildred. Il entend donc ne pas en rester là, et écrit Ma vie, son autobiogra­phie, en réponse à la fiction de Vanner. C’est la seconde partie de Trust. Il veut aussi rétablir les faits à propos de Mildred, son épouse décédée, « sa muse ». « Des rumeurs m’ont entouré la plus grande partie de ma vie », note-t-il,insistants­ur«le besoin d’aborder et de réfuter certaines de ces fictions».

La section intitulée Un mémoire, remémoré fait un saut dans le temps. Des années après la mort d’andrew Bevel, son somptueux manoir de la 87e Rue, à New York, est transformé en musée, « joyau » culturel que la célèbre écrivaine Ida Partenza n’a jamais eu envie de visiter. Pourtant, à l’âge de 23 ans, elle y avait travaillé comme secrétaire auprès du financier. Cette fois, Hernan Diaz nous trimbale entre la visite du musée par Ida et l’histoire de cette dernière avec la famille Bevel. Fille unique d’un immigré italien pour qui « l’argent est une fiction », elle quittait Brooklyn chaque matin et se rendait à Manhattan… Cinquante ans plus tard, apprenant que la Fondation Bevel avait intégré à la collection du musée les archives personnell­es du couple, elle éprouve le besoin de « revisiter l’endroit où [elle est] devenue écrivaine».

Quatrième et dernière partie du roman, Futures est le journal intime de Mildred Bevel, qu’ida a découvert dans les archives du musée. On le lira en compagnie d’ida…

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394 PAGES.
TRUST, DE HERNAN DIAZ, TRADUIT PAR NICOLAS RICHARD, ÉDITIONS DE L’OLIVIER, 394 PAGES.

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