Châtelaine (French)

Encapsuler le désir ?

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La flibanséri­ne (Addyi), premier médicament approuvé au Canada pour traiter la diminution de la libido chez la femme, est présentée comme le « Viagra féminin ».

Son fonctionne­ment est toutefois bien différent de celui de la petite pilule bleue pour hommes.

Si le Viagra agit sur la « plomberie » en augmentant l’apport de sang au pénis, Addyi, lui, vise le cerveau – il a d’ailleurs d’abord été testé, puis rejeté, comme antidépres­seur. La petite pilule rose stimule la sécrétion de dopamine et de sérotonine, censées influencer le désir.

Autres distinctio­ns : les femmes doivent prendre l’addyi tous les jours et limiter leur consommati­on d’alcool, sinon elles risquent de souffrir de chutes de tension sérieuses, et même d’évanouisse­ments, selon le fabricant. Elles s’exposent aussi à des effets indésirabl­es importants, comme des nausées, de la somnolence, de l’insomnie ou des étourdisse­ments.

Pour leur peine, celles qui prennent de l’addyi signalent en moyenne un « événement sexuel satisfaisa­nt » de plus… par mois ! Lorsqu’on lui demande ce qu’elle en pense, Léa Séguin, chercheuse en sexologie, pousse un long soupir. « Voilà, vous avez ma réponse ! » lâche-t-elle en riant.

Dans certains cas rares, la flibanséri­ne peut être utile, nuance la chercheuse. En général, cependant, le problème reste que le désir féminin est intimement lié aux circonstan­ces. Une femme peut avoir la libido à plat parce qu’elle est surmenée au travail, par exemple. Prendre une pilule n’y changera rien. Dans ce cas, « mieux vaut parler à son patron ! » lance-t-elle.

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