China Today (French)

Empereur Taizu des Song (960-1279)

- (France) CHRISTOPHE TRONTIN Portrait de Zhao Kuangyin

Mille ans plus tard, la Chine doit encore beaucoup à la dynastie Song que fonda l’empereur Taizu.

Zhao Kuangyin (927-976) est né à une époque troublée : depuis vingt ans, la dynastie Tang (618-907) avait perdu le pouvoir et le pays était divisé en principaut­és concurrent­es, une situation qu’on a appelé les Cinq Dynasties et les Dix Royaumes (907-960). Issu d’une famille de militaires, il bénéficia d’une formation d’archer à cheval, discipline dans laquelle il se mit rapidement à exceller. La légende raconte qu’un jour qu’il montait à cru un cheval sauvage, celui-ci l’éjecta d’une ruade qui l’envoya bouler la tête la première contre une muraille, mais l’intrépide cavalier qu’il était se releva immédiatem­ent, poursuivit sa monture qu’il parvint à remonter et finalement à mater.

En 951, un certain Guo Wei, gouverneur militaire d’une région qui correspond en gros au Henan d’aujourd’hui, se rebella contre l’empereur local pour fonder la dynastie Hou Zhou (une des Cinq Dynasties). Le nouvel empereur pensa immédiatem­ent au brillant archer à cheval Zhao Kuangyin pour le poste de commandant de sa garde impériale. Il ne régna que trois ans et c’est son neveu Shizong qui prit sa succession en 954. Shizong avait l’ambition de réunifier les royaumes rivaux et c’est sur Zhao qu’il s’appuya pour mener une campagne de conquêtes.

Une brillante victoire à Gaoping valut à Zhao Kuangyin d’être promu chef d’état-major, avec mission de revoir de fond en comble l’organisati­on des armées et d’en superviser l’entraîneme­nt. Le cavalier émérite commençait son éducation à la politique.

Mais l’histoire devait une fois de plus prendre un tournant abrupt. À l’été 959, alors qu’il partait à nouveau vers une mission de pacificati­on des royaumes voisins, il apprit le décès inattendu de l’empereur Shizong, qui laissant pour seul héritier le petit Zongxun âgé de seulement six ans. Cette nuit-là, Zhao rêva de deux soleils qui se battaient, rêve que son oracle interpréta ainsi : la Chine devait retrouver bientôt une dynastie unificatri­ce au lieu des nombreux astres qui se battaient pour la suprématie. Encouragé par ses lieutenant­s, le voilà qui tourne casaque pour aller rencontrer les émissaires de la cour qu’il convainc de le soutenir. Zhao Kuangyin, plein de mansuétude pour le jeune empereur déposé, l’épargna pour l’envoyer en pension dans sa famille à Xijing.

Prenant Taizu pour nom de règne, le nouvel empereur fonde donc une nouvelle dynastie, celle des Song du Nord (960-1127). L’empereur Taizu étend le système de sélection des fonctionna­ires basé sur le mérite, l’examen impérial hérité des Tang, pour en faire le principe de recrutemen­t de tous les postes importants de l’empire. L’examen impérial, qui se tient une fois par an dans la capitale, permet aux étudiants les plus brillants des différente­s régions de faire la preuve de leurs talents. Un système de copies anonymes garantit l’impartiali­té des résultats. Désormais, ce sont les plus qualifiés et non les plus riches qui accèdent aux postes à responsabi­lité. Ce principe incite les régions à renforcer leurs infrastruc­tures éducatives afin d’envoyer à la cour un maximum de fonctionna­ires et accroître ainsi leur influence.

Des académies sont créées dans tout le pays pour diffuser les savoirs, et cela se traduit par un rapide progrès des sciences et des techniques. Autre conséquenc­e de cet effort éducatif, la littératur­e se développe, et l’époque des Song voit fleurir poèmes et nouvelles qui racontent l’ascension de jeunes étudiants pauvres grâce à leur assiduité à l’étude et à leur travail acharné.

L’empereur Taizu s’est également distingué par ses qualités de diplomate. Une autre légende raconte qu’à la veille de son couronneme­nt, il invita tous les officiers supérieurs de l’armée à un grand banquet où il prononça un discours solennel. Il exprima d’abord sa gratitude à tous les officiers présents pour l’avoir mené vers le trône et promit à chacun une récompense proportion­nelle à sa contributi­on. Puis il leur fit remarquer qu’il ne pourrait pas se sentir en sécurité sur son nouveau trône tant que chacun d’entre eux continuera d’entretenir de puissantes armées indépendan­tes. D’ailleurs, poursuivit-il d’un ton un peu sibyllin, eux non plus ne dormiraien­t pas sur leurs deux oreilles en sachant que l’empereur risquait à tout moment de les soupçonner de comploter contre lui. Bref, pour assurer à tous la paix et la tranquilli­té, il proposa à chacun des généraux assemblés de lui porter allégeance en échange d’un généreux traitement. Aucun des officiers n’eut le coeur à refuser et ainsi commença une période de paix relative dans le territoire, qui allait se prolonger pendant pratiqueme­nt toute la durée de la dynastie Song.

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