China Today (French)

Vent d’Est « Plus les clients sont nombreux, plus les thèmes sont variés ! »

- (France) CHRISTOPHE TRONTIN

François Goudard, traducteur chinois- français à Lyon, nous dévoile son parcours et sa vision du métier de traducteur.

Entre son job d’autoentrep­reneur, la maison qu’il retape pendant les weekends, ses amis et sa famille, François vit à Lyon des journées bien remplies. « Tout mon cursus m’a finalement poussé vers la Chine : après mon bac, j’ai entamé des études de traducteur anglais-allemand-chinois. J’avais bien aimé le chinois, alors, je me suis inscrit à un stage d’été de l’Université des langues étrangères de Beijing pour deux mois d’études intensives. »

Écartelé entre son amoureuse restée à Lyon et la Chine aux alléchante­s propositio­ns d’emploi, François Goudard enchaîne depuis dix ans les aller-retours d’un bout à l’autre de l’Eurasie. Après un stage d’attaché de presse chez Peugeot-Citroën en 2006, il rentre à Lyon pour une licence anglais-chinois, puis retourne en Chine pour une année de perfection­nement à l’Université des études internatio­nales de Beijing. De 2009 à 2011, c’est l’école de commerce à Lyon... Re-stage à Shanghai en seconde année, puis stage encore à Mangshi, dans le Yunnan, pour son mémoire.

« Ces deux stages m’ont ouvert les yeux entre autres sur la gestion des équipes multicultu­relles. À Shanghai, je travaillai­s pour la filiale de Biomérieux en tant qu’intermédia­ire entre la direction française de l’entreprise et les ouvriers chinois. » Dans la fonderie de silicium de Ferropem à Mangshi, le patron français ne parlait pas non plus chinois, mais lui laissait une grande marge de manoeuvre.

Rentré à Lyon pour sa soutenance de fin d’études, François se trouve confronté à un marché du travail peu porteur. Son diplôme d’ingénieur commercial en poche, il cherche à valoriser ses connaissan­ces sans trouver réellement chaussure à son pied... C’est en tout cas une rencontre qui va lui faire découvrir sa vocation : « L’amie d’une amie, traductric­e, me parlait de son métier et je me disais ‘‘c’est ça, finalement, que j’aimerais faire ! Mais aurai-je encore le niveau en chinois, après toutes ces années ?’’ »

Pour le savoir, il s’inscrit en licence anglais-chinois à la Seconde Université des langues étrangères de Beijing pour un semestre d’études intensives. Ensuite, il décroche un emploi au sein de la rédaction francophon­e de Beijing Review. Il participe à de nombreux collectifs de traduction d’ouvrages chinois en français, comme Xi Jinping : La gouvernanc­e de la Chine ou Saveurs de la Chine. Après deux ans de ce régime, c’est finalement l’amour qui prend le dessus : François décide de poursuivre sa collaborat­ion à distance avec divers organes de presse chinois francophon­es pour retrouver sa compagne lyonnaise. Il traduit pour les rédactions francophon­es des organismes du CIPG. Par ailleurs, il lui arrive de travailler en free-lance pour divers cabinets de traducteur­s lyonnais.

« J’adore mon travail. Évidemment, quand on est à son compte, on est libre de ses horaires, on s’organise comme on veut. Comme ma compagne travaille à l’extérieur et est soumise à des horaires stricts, c’est un peu sur moi que retombent l’intendance et les tâches ménagères. »

Comme la plupart des auto-entrepre- neurs, François fait un travail qui lui plaît sans compter les heures. « Je travaille en free-lance avec plusieurs instituts de traduction qui me proposent quelques piges par-ci par-là, mais les conditions sont souvent draconienn­es, en tarif comme en temps... Lorsque je sens que je ne pourrai pas livrer un travail de qualité, je préfère refuser. »

« Je peux travailler de n’importe où »

Un traducteur est toujours un peu artiste. Comme un musicien, il interprète une partition écrite ou pensée par un autre. Comme un peintre, il doit restituer toute la palette des sens possibles... Comme un sculpteur, il doit ciseler avec précision et enlever tout le superflu. « Si j’aime la traduction, c’est qu’elle est une traque, une quête, du mot juste. Elle nous pousse à nous interroger sur ce que veut vraiment dire l’auteur, mais également à remettre toujours en question le sens que nous posons sur les mots. Ce risque d’incompréhe­nsion est au coeur du travail de traduction, laquelle agit comme intermédia­ire de la communicat­ion. Pour éliminer au maximum ce risque, il est indispensa­ble de toujours remettre en question ce que l’on croit savoir ou comprendre. En ce qui me concerne, mon travail me permet de découvrir et de mieux comprendre les problémati­ques internatio­nales, les avancées scientifiq­ues, les progrès médicaux, des périodes de l’histoire ou encore certains concepts politiques. C’est passionnan­t. »

« Je suis curieux... j’aime découvrir des thématique­s nouvelles, c’est pourquoi je suis content d’avoir de nombreux clients. Plus les clients sont nombreux, plus les thèmes sont variés ! Plus les thèmes sont variés et plus on comprend la Chine sous ses innombrabl­es facettes. »

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François Goudard

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