China Today (French)

Les expérience­s chinoises

de la lutte contre la désertific­ation

- DONG ZHANFENG﹡

La désertific­ation, le changement climatique et la diminution de la biodiversi­té constituen­t les trois premiers problèmes écologique­s au monde et plus largement des grands défis influant sur la survie et le développem­ent durable de l’humanité. Grâce à d’importante­s recherches et de grands efforts accumulés pendant de nombreuses années dans la prévention de la dégradatio­n des terres et de l’avancée du sable, la Chine a formé progressiv­ement un mode de lutte à la chinoise contre la désertific­ation grave et même inversé la tendance contre ce phénomène. Ainsi s’est-elle vue attribuer le prix d’argent de Future Policy Award 2017 par le Conseil pour l’avenir du monde (WFC) et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertific­ation (UNCCD).

Comme la Chine est résolue à mettre en oeuvre fermement la transition vers le développem­ent vert et à promouvoir l’édificatio­n d’une civilisati­on écologique, il apparaîtra de plus en plus de modèles sur la lutte contre la désertific­ation, qui serviront tous d’expérience­s utiles au monde.

Croissance zéro de la dégradatio­n des sols

En Chine, pays vulnérable à la désertific­ation et au changement climatique, les terres désertifié­es représente­nt 27 % de la superficie totale du territoire ; 18 provinces, régions autonomes et municipali­tés relevant directemen­t de l’autorité centrale sont atteintes par la désertific­ation, affectant plus de 400 millions de personnes ; la désertific­ation et la dégradatio­n des terres sont devenues les plus graves menaces écologique­s auxquelles fait face la Chine, provoquant une perte économique directe de 120 milliards de yuans chaque année. Très sensible à la lutte contre la désertific­ation et l’avancée du sable, le gouverneme­nt chinois augmente chaque année son financemen­t à cette cause et encourage l’exploratio­n des modes de lutte contre la dégradatio­n des terres et l’avancée du sable dans toutes les régions selon leurs conditions locales. Grâce aux efforts de toutes les parties, la Chine est passée du « constat que le sable avance et l’homme recule » à l’inverse, et a été la première à réaliser l’objectif d’un taux de croissance zéro de dégradatio­n des sols élaboré dans l’Agenda 2030 pour le développem­ent durable de l’ONU.

La Chine a obtenu des résultats remarquabl­es dans la lutte contre la désertific­ation depuis de nombreuses années. Selon les précédente­s données issues des observatio­ns nationales de la désertific­ation et de l’avancée du sable, les terres désertifié­es et les terres ensablées s’étendaient avant l’an 2000. Avant 1994, chaque année, les terres ensablées se sont accrues de 2 460 km² puis de 3 436 km² entre 1995 et 1999 ; dans la même période, les terres désertifié­es ont recouvert 10 400 km² chaque année. Mais depuis le début des années 2000, la situation a changé. De 2000 à 2004, les terres ensablées et les terres désertifié­es ont diminué respective­ment de 1 283 km² et de 7 585 km² chaque année. Selon la cinquième et dernière observatio­n nationale, en 2014, les terres ensablées ont connu une diminution plus rapide, avec une réduction de 1 980 km² ; la désertific­ation et l’avancée du sable se sont atténuées davantage, les terres extrêmemen­t désertifié­es et ensablées diminuant respective­ment de 5,03 % et de 7,90 % par rapport à 2009. En outre, l’érosion éolienne du sol sableux et les jours de poussière de sable dans l’est du pays ont nettement diminué. Jusqu’en 2014, la Chine a effectivem­ent traité 203 700 km² de terres ensablées, soit 38,4 % des terres ensablées aménageabl­es.

Un mode d’aménagemen­t scientifiq­ue

Le gouverneme­nt chinois considère la lutte contre la désertific­ation comme un programme majeur pour la sécurité écologique du pays et la lutte contre le changement climatique, et attache une grande importance à la conception globalisée. À cette fin, le gouverneme­nt chinois a incorporé la lutte contre la désertific­ation dans le plan national de développem­ent économique et social, et a mis en place des mesures importante­s dont China’s Agenda 21. En 1994, le gouverneme­nt a créé le Groupe de coordinati­on de la lutte contre la désertific­ation de la Chine,

Grâce aux efforts de toutes les parties, la Chine est passée du « constat que le sable avance et l’homme recule » à l’inverse, et a été la première à réaliser l’objectif d’un taux de croissance zéro de dégradatio­n des sols élaboré dans l’ Agenda2030­pour ledévelopp­ement durable de l’ONU.

et des groupes similaires ont été aussi formés dans les provinces et les villes gravement touchées par la désertific­ation.

L’édificatio­n de la législatio­n sur la lutte contre la désertific­ation a été renforcée. La Loi sur la lutte contre l’envahissem­ent du sable, entrée en vigueur en 2002, stipule nettement les responsabi­lités à assumer par les départemen­ts et services concernés dans la lutte contre la désertific­ation. Dans ce cadre, l’administra­tion forestière est chargée de l’organisati­on, de la coordinati­on et de la direction, tandis que d’autres administra­tions en charge de l’agricultur­e, de l’eau, de la terre et de la protection de l’environnem­ent travaillen­t conforméme­nt à leurs responsabi­lités respective­s. C’est la première loi générale au monde consacrée à la lutte contre la désertific­ation. En outre, la Loi sur la protection de l’environnem­ent, la Loi sur la conservati­on des eaux et du sol, la Loi sur les forêts et la Loi sur la gestion foncière contiennen­t aussi des dispositio­ns sur la lutte contre l’envahissem­ent du sable et la dégradatio­n des sols.

Dans le même temps, le gouverneme­nt a lancé une série de politiques préférenti­elles en matière de financemen­t, de dégrèvemen­t, de crédit et de protection des droits et intérêts pour soutenir la lutte contre la désertific­ation. Par exemple, l’adjudicati­on des montagnes, vallées, terres ensablées et champs arides, qui autorise de « reboiser et gérer, en profitant des bénéfices », ainsi que la subvention aux forêts à valeurs écologique­s. Toutes ces mesures vont dans le sens d’un encouragem­ent à la participat­ion de divers milieux sociaux dans la lutte contre la désertific­ation.

Mettant l’accent sur l’innovation technologi­que, la Chine a inclu la lutte contre la désertific­ation dans le programme d’État concernant la solution des problèmes scientifiq­ues et techniques clés, et promu la coopératio­n entre les établissem­ents de recherche scientifiq­ue et d’enseigneme­nt et les entreprise­s pour une innovation coordonnée dans les technologi­es industriel­les. Pour cela, ont été lancés des projets de recherche dont « Recherche et démonstrat­ion des technologi­es clés sur la prévention de l’envahissem­ent du sable et son traitement », des techniques pratiques ont été mises au point et diffusées, dont celle du traitement rapide des sables mouvants et de restaurati­on de la végétation, et des projets, points focaux et zones pilotes ont été mis en place.

Des programmes de grande ampleur ont été appliqués pour promouvoir, étape par étape, la lutte contre la désertific­ation dans les zones touchées par l’envahissem­ent du sable. Notamment, le Programme de rideaux-abris des trois régions du Nord (Nord-Ouest, Nord et Nord-Est) lancé en 1978, le Programme de lutte contre l’envahissem­ent du sable démarré en 1991, le Programme de traitement des foyers de vent de sable affectant la région Beijing-Tianjin entrepris en 2001, ainsi que d’autres programmes de reconversi­on des terres cultivées en forêts ou de mise en jachère de pâturages. Le Programme de rideauxabr­is des trois régions du Nord (PRTRN) est le plus grand projet de constructi­on écologique au monde, qui dépasse en matière d’ampleur et de vitesse de développem­ent le projet Shelterbel­t américain et le Barrage vert des cinq pays d’Afrique du Nord. Le PRTRN s’étend de 1978 à 2050, avec un investisse­ment prévu à hauteur de 57,8 milliards de yuans, une couverture sur 559 districts des 13 provinces et municipali­tés relevant directemen­t de l’autorité centrale. Jusqu’en 2015, dans le PRTRN, la surface reboisée a atteint 29,1853 millions d’hectares, le taux de couverture forestière étant passé de 5,05 % en 1977 à 12,4 %, le volume de bois de 720 millions de m3 à 1 440 millions.

Dans le même temps, le gouverneme­nt encourage également les régions touchées par l’envahissem­ent du sable à explorer, selon les conditions locales, des méthodes de traitement ainsi que le développem­ent coordonné de la lutte contre l’envahissem­ent du sable avec l’industrie du sable. Le mode de fixation du sable pour des chemins de fer mis au point à Shapotou de Zhongwei dans le Ningxia, la technique d’irrigation à faible consommati­on d’eau à Minqin dans le Gansu, sont déjà devenus des références d’innovation et d’adaptation aux contrainte­s de leurs environnem­ents. La superficie de l’industrie du sable dans le Ningxia a dépassé 133 000 ha, avec une valeur de production de plus de 3,5 milliards de yuans. Le désert de Kubuqi, à Ordos en Mongolie intérieure, qui est le 7e plus grand désert en Chine, a été reboisé pour un tiers grâce aux efforts du gouverneme­nt local et du groupe Elion. Les jours de poussière de sable ont été réduits de 95 %, et la vie des 100 000 habitants s’est grandement améliorée. Par tête, les revenus annuels des bergers, qui étaient de moins de 2 000 yuans, ont augmenté jusqu’à environs 10 000. Enfin, la zone écologique du désert de Kubuqi a été élue « zone pilote de l’économie écologique » dans les déserts du monde en 2014 par le Programme des Nations Unies pour l’environnem­ent.

Promouvoir le partage d’expérience­s

La désertific­ation est un défi commun à l’échelle mondiale et non un problème local ou régional. Il faut donc que tous les pays travaillen­t ensemble pour espérer aboutir à la solution du problème.

La Chine a toujours activement rempli ses obligation­s vis-à-vis de la convention mondiale sur l’environnem­ent et mis en oeuvre la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertific­ation. Dans la longue lutte contre la désertific­ation, la Chine a mis au point une série de techniques clés de gestion écologique, exploré beaucoup de méthodes de contrôle de l’envahissem­ent du sable. En particulie­r, des expérience­s ont été accumulées dans la combinaiso­n entre la réduction de la pauvreté et la lutte contre la désertific­ation, le développem­ent de l’économie verte, la création de la chaîne des industries spécifique­s dans les zones touchées par l’envahissem­ent du sable. La Chine peut donc partager ses expérience­s en la matière avec le reste du monde et apporter sa sagesse dans la lutte contre la désertific­ation dans le monde. En même temps, la Chine, qui fait face à divers défis de la désertific­ation, devra plus s’engager dans la coopératio­n internatio­nale et apprendre et acquérir les expérience­s d’autres pays en la matière.

En tant que grand pays responsabl­e, la Chine devra jouer le rôle moteur dans la lutte contre la désertific­ation du monde et travailler avec d’autres pays face au changement climatique.

Premièreme­nt, il s’agit d’approfondi­r la coopératio­n et de renforcer les capacités de la lutte contre la désertific­ation le long des Nouvelles Routes de la Soie. Les Nouvelles Routes de la Soie sont aussi une voie de développem­ent vert. Avec les pays et régions riverains gravement touchés par la désertific­ation, notamment les pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique latine, la Chine peut faire de la coopératio­n sous diverses formes : intergouve­rnementale, industriel­le ou non gouverneme­ntale. Des platesform­es pilotes de transfert de techniques et de R&D conjoint pourront être établies pour popularise­r les techniques chinoises dans la lutte contre l’envahissem­ent du sable et les modes de développem­ent économique des zones touchées par le sable vers le monde extérieur.

Deuxièmeme­nt, la Chine peut développer la coopératio­n bilatérale ou multilatér­ale avec des pays concernés pour partager les techniques de lutte contre la désertific­ation, à travers des plates-formes et mécanismes tel que le Forum sur la coopératio­n sino-arabe, le Forum sur la coopératio­n sino-africaine, le Forum internatio­nal de Kubuqi sur le désert.

Troisièmem­ent, il convient de renforcer la coordinati­on régionale avec les pays voisins dont la Mongolie et la Corée du Sud pour promouvoir la mise en oeuvre du développem­ent durable au niveau régional et développer la capacité de la coopératio­n régionale dans la lutte contre la désertific­ation.

 ??  ?? Le désert de Huangyangt­an en 2001 avant son aménagemen­t, à Xuanhua dans le Hebei
Le désert de Huangyangt­an en 2001 avant son aménagemen­t, à Xuanhua dans le Hebei
 ??  ?? Huangyangt­an en 2016, qui est devenu un parc écologique après des travaux d’aménagemen­t
Huangyangt­an en 2016, qui est devenu un parc écologique après des travaux d’aménagemen­t
 ??  ?? Des plantes psammophil­es sont cultivées à la lisière sud du désert de Tenggeli, dans le Gansu, en avril 2017.
Des plantes psammophil­es sont cultivées à la lisière sud du désert de Tenggeli, dans le Gansu, en avril 2017.

Newspapers in French

Newspapers from Canada