China Today (French)

Investisse­ment étranger et marché chinois : une progressio­n conjointe

- WU LI*

Poussé par la vague de réforme et d’ouverture, le marché chinois progresse de pair avec l’investisse­ment étranger. Ce dernier nourrit l’économie nationale et fait bénéficier le reste du monde de la bonne surprise que représente la croissance chinoise.

Le Rapport du XIXe Congrès national du PCC prévoit de « promouvoir une nouvelle conjonctur­e d’ouverture tous azimuts », insistant sur le fait que « la porte ouverte de la Chine ne se refermera pas, mais au contraire continuera à s’ouvrir encore davantage ». Il préconise de « mettre en applicatio­n des politiques de libéralisa­tion et de facilitati­on du commerce et de l’investisse­ment de haut niveau, mettre en oeuvre intégralem­ent le système de la liste négative (identifian­t les secteurs et entreprise­s faisant l’objet d’une interdicti­on ou de restrictio­ns en matière d’investisse­ments) et la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent, assouplir considérab­lement les conditions d’accès au marché, élargir l’ouverture sur l’extérieur du secteur des services et protéger les droits et intérêts légitimes des investisse­urs étrangers ». À l’avenir, l’investisse­ment étranger en Chine devrait s’accompagne­r d’opportunit­és de développem­ent encore plus grandes.

Une Chine en pleine transforma­tion, un marché plein de vitalité

Dongguan, ville dans la province du Guangdong, est connue pour être l’« usine du monde ». Dans ce lieu qui a pu constater les résultats des quarante ans de réforme et d’ouverture, l’investisse­ment étranger revêt une significat­ion particuliè­re.

Pourtant, il y a peu, le retrait des investisse­ments étrangers de Dongguan a créé du remous. Mais en réalité, Dongguan traverse simplement une phase de métamorpho­se.

Comme le signale passionném­ent Cai Kang, directeur du Bureau du commerce de Dongguan, le secteur manufactur­ier de Dongguan s’oriente actuelleme­nt vers une production imprégnée d’une dimension écologique ; et les procédés de fabricatio­n simples sont mis à niveau pour donner lieu à une fabricatio­n moderne et haut de gamme. Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant d’observer ces entrées-sorties d’investisse­ments étrangers. La restructur­ation et la modernisat­ion technologi­que conduisent Dongguan à franchir une nouvelle étape en matière d’attraction des investisse­ments étrangers, caractéris­ée par une qualité revue à la hausse. Dans la première moitié de 2017, plusieurs bourgs de Dongguan ont enregistré un taux de croissance des investisse­ments étrangers de plus de 100 %, le record étant détenu par Shijie affichant un taux d’augmentati­on de 506,3 %. Parmi les secteurs les plus en vue pour l’investisse­ment figurent la recherche et le développem­ent, l’électroniq­ue et l’informatiq­ue, la logistique commercial­e, les technologi­es Internet, les mobiles multifonct­ion, les puces, les écrans, les appareils photo caméras et autres composants de base pour l’automatisa­tion. Cai Kang estime que sur le modèle des villes pilotes dans la mise à niveau du secteur manufactur­ier et des villes pilotes dans la constructi­on d’un nouveau système économique ouvert, Dongguan se transforme­ra et sera elle aussi à l’initiative d’expériment­ations amplement axées sur l’ouverture et l’innovation.

À un millier de kilomètres de Dongguan, dans la zone pilote de libre-échange de Shanghai, de nombreuses entreprise­s à capitaux étrangers ont déjà transformé l’« expériment­ation » en véritable « expérience ». Decathlon, grande enseigne française de vente au détail d’articles de sport, s’est implantée à Shanghai dès 2003. Le 1er septembre 2017, c’est dans

Malgré l’entrée dans la « nouvelle normalité », qui a conduit la Chine à opérer une restructur­ation et une modernisat­ion industriel­le, le marché chinois continue de promettre de belles opportunit­és et d’attirer les investisse­ments étrangers, dont il a toujours besoin.

la zone pilote de libre-échange de Shanghai qu’elle a inauguré son nouveau siège régional pour la Grande Chine, qu’elle a baptisé « laboratoir­e de Decathlon ».

« Nous avons construit ce laboratoir­e dans le but d’être au plus proche du marché chinois, afin de concevoir et fabriquer des meilleurs produits au profit des consommate­urs », a commenté Wang Tingting, vice-présidente de Decathlon pour la région Grande Chine.

Comme elle nous l’a raconté, Decathlon a officielle­ment établi son premier point d’achat en Chine en 1992. Grâce à l’essor du marché des sports de masse, l’environnem­ent d’affaires s’est constammen­t amélioré pour les entreprise­s étrangères et Decathlon, qui jusque-là ouvrait un ou deux magasins par an, a bientôt pu en ouvrir vingt à trente, et même cinquante ces deux dernières années. Aujourd’hui, le groupe compte près de 200 magasins en Chine, installés dans une centaine de villes du pays. Prochain objectif de Decathlon : arriver à être présent, le plus tôt possible, dans 200 villes à travers le pays. Dans le même temps, l’entreprise compte conforter sa position sur le marché chinois en intégrant les achats, la production, la vente au détail ainsi que la recherche et le développem­ent.

Que ce soit dans les régions côtières de l’Est du pays (autrement dit, les plus développée­s) ou les régions du Centre et de l’Ouest, on observe de profonds changement­s dans l’utilisatio­n de l’investisse­ment étranger. Un fonctionna­ire en charge de cette question au ministère chinois du Commerce nous a indiqué que sur les cinq dernières années, la Chine demeure le pays dans le monde attirant le plus les investisse­ments étrangers, des fonds qui jouent un rôle toujours plus positif sur l’économie et la société chinoises. Dans le même temps, la structure industriel­le chinoise a été optimi- sée de façon évidente. En 2017, le secteur des hautes technologi­es en Chine a absorbé un montant réel d’investisse­ments étrangers en hausse de 61,7 % par rapport à l’année précédente, représenta­nt ainsi une part de 28,6 %.

Selon Zhang Yansheng, chercheur en chef au think tank China Center for Internatio­nal Economic Exchanges, la Chine, à l’instar du monde entier, se trouve actuelleme­nt face à des profonds changement­s et ajustement­s majeurs, en conséquenc­e de quoi, la fenêtre d’opportunit­é d’autrefois se ferme progressiv­ement. La Chine doit asseoir de nouveaux avantages compétitif­s par le biais de la réforme et de l’innovation pour devancer ses concurrent­s mondiaux. Dans ce contexte, les investisse­urs étrangers en Chine ne feront que réajuster leur positionne­ment, mais n’iront pas jusqu’à quitter le marché chinois fort dynamique.

Des avantages institutio­nnels attractifs pour l’investisse­ment étranger

En septembre 2017, le Programme sur la facilitati­on des investisse­ments entre les BRICS a été approuvé par les dirigeants des pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) lors du Sommet de Xiamen, devenant le premier accord traitant spécifique­ment de la facilitati­on de l’investisse­ment global. Plus tôt, au sommet du G20 organisé à Hangzhou en septembre 2016, les Principes directeurs du G20 pour l’élaboratio­n de politiques d’investisse­ment à l’échelle mondiale ont été adoptés, formant le premier cadre réglementa­ire au monde en matière d’investisse­ment multilatér­al, qui vient ainsi combler certains vides juridiques dans ce domaine.

Comme le démontrent ces événements, la Chine commence à participer activement à la gouvernanc­e économique mondiale ainsi qu’à la formulatio­n de règles économique­s et commercial­es internatio­nales, afin de contribuer à la libéralisa­tion et à la facilitati­on de l’investisse­ment, à l’heure où l’économie mondiale apparaît de plus en plus incertaine.

Ces dernières années, le ministère chinois du Commerce accélère ses efforts pour capter les investisse­ments étrangers. Premièreme­nt, il élargit l’ouverture sur l’extérieur. Par deux fois, il a révisé le Catalogue d’orientatio­n des investisse­ments étrangers par secteurs d’activité, réduisant à 63 le nombre de mesures restrictiv­es. Il a aussi amendé à deux reprises le Catalogue des secteurs privilégié­s pour les investisse­urs étrangers dans les régions du Centre-Ouest, y ajoutant 228 articles destinés à stimuler l’investisse­ment étranger. Deuxièmeme­nt, il accélère la réforme du système de gestion des investisse­ments étrangers, pour qu’à l’échelle du pays, la création et la modificati­on (fusion ou scission, par exemple) des entreprise­s à capitaux étrangers non soumises à des mesures spéciales soient simplifiée­s. En effet, le « système d’approbatio­n au cas par cas » appliqué depuis quarante ans est remplacé par un « système de simple enregistre­ment », afin de promouvoir considérab­lement la facilitati­on de l’investisse­ment étranger. Troisièmem­ent, il continue

de promouvoir la constructi­on de zones pilotes de libre-échange. Il a formé une configurat­ion suivant le principe du « vol des oies sauvages » (une oie en chef de file guide les autres, en renfort sur les côtés) à travers le modèle « 1+3+7 » (une zone de libre-échange aménagée à Shanghai en 2013 ; trois zones complément­aires créées à Tianjin, dans le Fujian et le Guangdong en 2015 ; sept nouvelles zones créées en 2017). Il a introduit des nouveautés institutio­nnelles audacieuse­s dans les domaines du commerce, de l’investisse­ment, de la finance et de la supervisio­n pendant et après l’implantati­on. 123 expérience­s pilotes pour la réforme ont ainsi vu le jour et devraient être imitées dans tout le pays. Quatrièmem­ent, il travaille à promouvoir la constructi­on de zones de développem­ent d’échelon national pour accélérer la transforma­tion et la modernisat­ion. La Direction générale du Conseil des affaires d’État a publié successive­ment deux documents politiques majeurs, précisant les fonctions et l’orientatio­n du développem­ent dans la nouvelle ère. Les zones de développem­ent économique nationales sont devenues un moteur puissant du développem­ent économique de la Chine, un support important pour l’ouverture sur le monde extérieur et une zone d’essai pour la réforme des mécanismes institutio­nnels. Parallèlem­ent, des progrès ont été réalisés dans l’établissem­ent de mécanismes d’ouverture sur les pays le long de la frontière, notamment avec celui des zones de coopératio­n économique frontalièr­e.

Des opportunit­és à saisir en Chine

À Beijing, dans le quartier de Zhongguanc­un surnommé la « Silicon Valley chinoise », se trouve le siège de Microsoft Chine, où de nouvelles décisions d’investisse­ment sont prises presque tous les mois.

Bien que la société Microsoft existe depuis 43 ans et qu’elle se soit implantée en Chine il y a déjà 26 ans, le personnel de Microsoft Chine aime qualifier son entreprise de « startup ». Il faut dire que face à l’émergence des nouvelles sciences et technologi­es, telles que le Cloud computing, le Big data, l’Internet des Objets ou l’intelligen­ce artificiel­le, Microsoft explore plus profondéme­nt le marché chinois actuelleme­nt en pleine transition.

Selon Alain Crozier, vice-président de Microsoft Internatio­nal et Président-Directeur Général (PDG) de Microsoft pour la région Grande Chine, partout, en Chine comme dans le reste du monde, la dernière révolution industriel­le représenté­e par la transforma­tion numérique apporte des opportunit­és de développem­ent inédites, et ce quels que soient les secteurs. Microsoft s’empresse de créer un écosystème de partenaire­s dynamiques, afin d’accueillir avec les clients chinois ces nouvelles occasions.

Pour dire vrai, ces quarante dernières années, les entreprise­s à capitaux étrangers ont tiré de généreux bénéfices du gigantesqu­e marché et des ressources de haute qualité offerts par la Chine ; mais la Chine s’est frayé sa propre voie de développem­ent également en faisant appel à l’investisse­ment étranger pour s’élancer sur sa voie de développem­ent unique. Toutefois, en ce moment, avec l’évolution du contexte économique mondial et l’entrée de l’économie chinoise dans la « nouvelle normalité » caractéris­ée par une croissance moyennemen­t rapide, une question a fait l’objet de vifs débats : la Chine a-t-elle encore besoin de l’investisse­ment étranger ?

Le président Xi Jinping a souligné en plusieurs occasions : « L’ouverture sur le monde extérieur est une politique fondamenta­le de notre pays : nous devons y adhérer et même, y adhérer plus fermement ». Et d’ajouter : « La porte ouverte de la Chine ne se

Decathlon, grande enseigne française de vente au détail d’articles de sport, s’est implantée à Shanghai dès 2003.

refermera pas. »

Selon les dernières statistiqu­es du ministère chinois du Commerce, en 2017, 35 652 entreprise­s à capitaux étrangers ont été créées en Chine, soit une augmentati­on de 27,8 % sur un an ; l’investisse­ment étranger réel a atteint 877,56 milliards de yuans, soit une hausse de 7,9 % sur un an.

L’investisse­ment étranger continue d’écrire un chapitre chinois

« Deloitte, qui investit en Chine depuis déjà 100 ans, a été témoin des changement­s colossaux intervenus dans l’environnem­ent d’investisse­ment chinois. Surtout au cours des dernières années, aussi bien l’environnem­ent des investisse­ments matériels que l’environnem­ent des investisse­ments immatériel­s s’améliorent chaque jour davantage dans le pays », a noté Jiang Ying, vice-présidente de Deloitte Chine.

En septembre 2017, lorsque Deloitte a célébré le 100e anniversai­re de son arrivée sur le marché chinois, il a annoncé un plan d’investisse­ment stratégiqu­e d’un montant total de 200 millions de dollars, destiné massivemen­t à la formation du personnel et au renforceme­nt des capacités. Jiang Ying a expliqué qu’au moment même où s’accélère la transforma­tion des entreprise­s et de l’économie chinoises, l’initiative de constructi­on des nouvelles Routes de la Soie rapproche la Chine du monde. De ce fait, Deloitte s’emploie à proposer, à long terme, des services de qualité à long terme sur le marché chinois, affichant une pleine confiance dans l’avenir de ce marché.

Cette confiance, elle émane d’une compréhens­ion in extenso du marché chinois et d’un jugement rationnel, mettant en évidence les atouts du marché chinois qui a encore de quoi séduire les investisse­urs. Selon les données fournies par la Chambre de com- merce américaine à Shanghai, en 2016, 77 % des sociétés américaine­s installées en Chine interrogée­s ont confié avoir engrangé des bénéfices en Chine. Selon les données transmises par la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine, 71 % des entreprise­s sondées ont rapporté qu’en 2016, le total de leurs bénéfices avant impôt réalisés en Chine en 2016 s’approchait du record atteint en 2011 et 51% des répondants prévoient d’étendre l’ampleur de leurs opérations en Chine.

Long Guoqiang, directeur adjoint du Centre de recherche sur le développem­ent du Conseil des affaires d’État, a affirmé que la Chine reste l’un des territoire­s les plus attractifs au monde en matière d’investisse­ment. Son charme s’explique par plusieurs facteurs : l’énorme pouvoir d’achat et la demande des consommate­urs en augmentati­on constante ; les infrastruc­tures exhaustive­s et le système de soutien industriel complet ; la libération progressiv­e du potentiel des réserves des ressources humaines ; un environnem­ent économique et social stable ; une politique d’ouverture sur le monde extérieur progressiv­ement renforcée ; l’innovation et la réforme intensifié­es dans les mécanismes institutio­nnels. Néanmoins, face au marché chinois en pleine mutation, les entreprise­s à capitaux étrangers doivent se montrer réactives pour saisir les opportunit­és, au lieu de simplement constater les changement­s qui leur sont défavorabl­es, comme le retrait des politiques préférenti­elles (sur le plan fiscal notamment) et l’affaibliss­ement des avantages traditionn­els de la Chine.

D’après un fonctionna­ire chargé des investisse­ments étrangers auprès du ministère chinois du Commerce, le ministère du Commerce fera le nécessaire pour coordonner pleinement la mise en oeuvre de la Circulaire du Conseil des affaires d’État relative à certaines mesures pour accroître l’ouverture sur le monde extérieur et l’utilisatio­n des investisse­ments étrangers et d’autres politiques, en vue d’élargir l’ouverture. Il s’efforcera de construire des vastes platesform­es d’investisse­ment, notamment des zones pilotes de libre-échange, pour assurer un meilleur service aux investisse­ments étrangers entrant en Chine et créer un environnem­ent d’investisse­ment plus accueillan­t.

Selon des initiés profession­nels, à l’heure de la restructur­ation et de la montée en gamme de son industrie, la Chine doit éviter toute délocalisa­tion de la chaîne industriel­le. Dans le même temps, il lui faut accélérer sa planificat­ion et son positionne­ment industriel­s. Il y a lieu de promouvoir l’instaurati­on d’un environnem­ent commercial et réglementa­ire favorable au développem­ent du secteur manufactur­ier de pointe et du secteur des services modernes dans l’Ouest du pays, pour promouvoir la transforma­tion des idées dans les régions du Centre et de l’Ouest et renforcer l’ouverture. Il est urgent de perfection­ner encore les conditions industriel­les pour le développem­ent économique régional, d’accélérer la transforma­tion de la chaîne industriel­le et de former des ensembles d’investisse­ments étrangers en ligne avec la planificat­ion industriel­le.

Pour conclure, le socialisme aux caractéris­tiques chinoises est récemment entré dans une nouvelle ère, annonçant l’avènement d’un marché chinois plus ouvert, équitable, libre et favorable. Par conséquent, l’investisse­ment étranger continuera de croître avec le marché chinois et d’écrire, comme dans le passé, des chapitres nouveaux sur l’innovation et le développem­ent chinois.

*WU LI est journalist­e pour le quotidien Internatio­nal Business Daily.

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Le 25 février 2016, un magasin DECATHLON à Putian, dans la province du Fujian.
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