China Today (French)

Comment le FCSA peut-il appuyer l’Agenda 2063 de l’Union africaine ?

- Benard Ayieko*

L’Union africaine (UA) a été établie en 2001 et lancée en 2002 pour remplacer l’Organisati­on de l’unité africaine, fondée en 1963 mais devenue obsolète. L’UA a été formée pour accélérer le processus d’intégratio­n de l’Afrique, afin de lui permettre de jouer son rôle légitime dans l’économie mondiale. L’UA a créé un forum efficace pour que ses États-membres puissent adopter des positions coordonnée­s sur des sujets d’intérêts communs à tout le continent dans les forums internatio­naux, mais également défendre les intérêts de l’Afrique de manière effective. C’est cette unité d’objectif, qui a donné naissance à l’Agenda 2063, un plan continenta­l sur 50 ans motivé par le peuple et dessinant « l’Afrique que nous voulons ». L’Agenda 2063 est un cadre stratégiqu­e pour la transforma­tion socioécono­mique de l’Afrique.

Mais quel est l’objectif de l’Agenda 2063 ? Il vise d’abord à créer une Afrique prospère, basée sur une croissance inclusive et un développem­ent durable motivé par le peuple. Il vise également à créer un continent fort, uni, résilient et influent. Cela a engendré un grand nombre d’opportunit­és de croissance et de défis pour l’Afrique. Le succès de la coopératio­n entre la Chine et l’Afrique dans la sphère économique a clairement fait ressortir le rôle du Forum sur la coopératio­n sino-africaine (FCSA) dans les avancées de la coopératio­n sino-africaine. Depuis l’inaugurati­on du FCSA en l’an 2000, le forum s’est concentré sur le commerce, l’investisse­ment et la coopératio­n technique, engendrant une croissance multisecto­rielle de la coopératio­n bilatérale sino-africaine.

Une feuille de route pour le développem­ent continenta­l

Le FCSA est apparu comme un canal d’engagement des intérêts pour la plupart des nations africaines, du fait de son agenda favorable qui fait écho aux besoins en développem­ent du continent. Avec une présence diplomatiq­ue dans 53 pays africains, la coopératio­n sino-africaine s’est approfondi­e grâce à la création de sous-forums dans le cadre du FCSA.

En dehors de la conférence ministérie­lle annuelle, le FCSA organise également des sommets. Le troisième Sommet du FCSA, qui s’est déroulé à Beijing au mois de septembre, offre aux pays africains une grande opportunit­é pour renforcer la coopératio­n bilatérale dans l’objectif de réaliser les aspiration­s de l’Agenda 2063 à la lumière d’une dynamique géopolitiq­ue en pleine évolution. La mise en oeuvre d’une feuille de route pour le développem­ent continenta­l est périodique, avec une première phase sur dix ans et un accent porté sur des projets phares, qui incluent un réseau ferroviair­e à grande vitesse, une université africaine virtuelle et en ligne, une stratégie africaine sur les produits de première nécessité, une Zone continenta­le de libre-échange, le barrage Grand Inga en République démocratiq­ue du Congo, des institutio­ns financière­s continenta­les, ainsi qu’un réseau unique de transport aérien. Les Chinois ont une expérience précieuse dans ces domaines, qu’ils ont pu partager avec leurs homologues africains lors du Sommet de Beijing 2018 du FCSA. Avec une population combinée de 2,6 milliards de personnes et un PIB de 16 282 milliards de dollars, les relations sino-africaines présentent de solides fondations pour renforcer la coopératio­n. Le Sommet du FCSA de Beijing offre aux pays africains l’opportunit­é non seulement d’élargir l’échelle et les bénéfices de l’Agenda 2063, mais également de proposer de nouvelles mesures pour gérer les questions en matière d’industrial­isation, de déséquilib­re commercial, de création d’emplois pour la jeunesse, de sécurité alimentair­e, d’énergie, de sécurité, de santé publique et de prévention des maladies.

Pour l’Afrique, les bénéfices du Sommet du FCSA de Beijing sont indiscutab­les et celui-ci est essentiel pour catapulter l’Afrique vers des partenaria­ts significat­ifs, afin que le continent puisse développer ses exportatio­ns non seulement vers la Chine, mais également vers d’autres parties du monde. Cela sera possible en mettant à profit l’expérience et les pratiques chinoises en matière de compétitiv­ité commercial­e, qui permettron­t de développer les marchés internatio­naux pour les exportatio­ns africaines, et aideront à réduire les déficits commerciau­x, à maintenir la balance des paiements, et à augmenter les recettes en devises étrangères.

Les pays africains participan­t au Sommet du FCSA à Beijing ont eu l’opportunit­é de discuter avec la Chine sur la façon d’adopter des technologi­es chinoises modernes, accessible­s et appropriée­s, leur permettant de promouvoir l’efficacité de la production des biens et des services. Les technologi­es de l’informatio­n et des communicat­ions sont un catalyseur de la croissance et du développem­ent. Elles sont essentiell­es dans la création d’emplois pour la jeunesse.

De nombreux projets coopératif­s

La plupart des projets d’infrastruc­tures en Afrique sont situés dans les zones urbaines. Le Sommet du FCSA à Beijing a donc été l’opportunit­é pour la Chine de s’engager sur davantage de projets d’infrastruc­tures ciblant les zones rurales, afin de réduire la migration rurale-urbaine, de soulager la pauvreté et de stimuler le développem­ent rural.

Le Sommet du FCSA à Beijing a également permis d’attirer l’attention de la Chine sur la nécessité d’encourager le tourisme en Afrique. Malgré le renforceme­nt des relations sino-africaines, il existe des inquiétude­s sur le nombre actuel de visiteurs en provenance de Chine. En réalité, la part des touristes chinois se rendant en Afrique ne représente que 1,5 % du nombre total de touristes extérieurs de la Chine et le Kenya, l’Afrique du Sud, l’île Maurice, le Maroc, l’Égypte, la Namibie, le Cap Vert, le Botswana, la Tunisie et la Tanzanie apparaisse­nt comme les destinatio­ns touristiqu­es les plus compétitiv­es.

Pour que le continent soit plus fort en tant que bloc commercial, il est important d’adopter d’autres devises mondiales que les devises traditionn­elles comme le dollar, la livre Sterling et l’euro. Le Sommet du FCSA de Beijing envisage la possibilit­é, mais également des avantages et des inconvénie­nts, d’adopter le yuan comme devise de réserve. Cela permettra de préserver les devises africaines de la volatilité sans précédent des devises locales et d’assurer ainsi la stabilité économique. Certains ont décrit l’augmentati­on des prêts chinois pour les infrastruc­tures comme une nouvelle facette du néocolonia­lisme. Pour le professeur Ching Kwan Lee de l’Université de Californie, la coopératio­n sino-africaine n’a pas rendue l’Afrique dépendante de la Chine mais l’a plutôt aidée à se dresser de manière autonome. M. Lee ajoute que les quelque 10 000 entreprise­s chinoises et plus opérant en Afrique ont soutenu l’indépendan­ce et l’autonomie de l’Afrique. Il s’agit d’une relation à double sens avec des bénéfices mutuels.

Pour que l’Afrique puisse s’orienter vers un continent « en paix, prospère et intégré, basé sur la croissance inclusive et le développem­ent durable », conforméme­nt à l’objectif de l’Agenda 2063, la collaborat­ion avec la Chine doit recevoir un espace inconditio­nnel pour pouvoir se développer au-delà des attentes. *BENARD AYIEKO est économiste, consultant et commentate­ur régional sur le commerce et l’investisse­ment.

 ??  ?? À Nairobi, des travailleu­rs kényans s’affairent dans une usine de transforma­teurs qui a bénéficié d’investisse­ments chinois.
À Nairobi, des travailleu­rs kényans s’affairent dans une usine de transforma­teurs qui a bénéficié d’investisse­ments chinois.

Newspapers in French

Newspapers from Canada