China Today (French)

Chengdu, pays de lait et de miel

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Chengdu est la capitale du Sichuan, province du centre de la Chine, fière de ses 2 300 ans d’histoire. Riche de ses ressources naturelles et d’une agricultur­e développée, le Sichuan a traditionn­ellement constitué l’une des principale­s sources de céréales et de revenus fiscaux du régime central dans les temps anciens. C’est aussi dans cette partie du monde qu’est née la première monnaie papier : le jiaozi.

Chengdu allie son exceptionn­elle richesse culturelle à un charme naturel. C’est la patrie de naissance du poète Du Fu (712-770) qui fut considéré comme « le sage de la poésie », mais aussi celle de l’opéra du Sichuan, connu pour sa magie du changement de masque, des brocards et de la broderie Shu, et enfin de la fameuse cuisine du Sichuan. Les amis de la nature voient bien sûr dans les environs de Chengdu l’habitat naturel du panda géant menacé d’extinction.

Son climat tempéré, son histoire riche, l’abondance des ressources et le calme d’un mode de vie provincial font de Chengdu une ville au cadre de vie qui saura vous charmer. Une fois rompu à ses délices, il y a fort à parier que vous ne voudrez plus partir.

Le premier projet mondial de gestion de l’eau

La rivière Minjiang, affluent du Yangtsé, est la principale source d’approvisio­nnement en eau de la capitale régionale. Elle descend des monts Minshan situés à l’ouest pour rejoindre la plaine de Chengdu 273 m plus bas. Dans l’antiquité, la cité était sujette à de fréquentes inondation­s du fait de sa situation en contrebas, principale­ment au printemps et en été lorsque la fonte des neiges transforma­it les ruisseaux en torrents. À la saison sèche, en revanche, il arrivait régulièrem­ent que la ville manque d’eau. En 256 av. J.-C., le gouverneur de la province Li Bing a lancé un vaste projet de terrasseme­nt pour pratiquer une ouverture dans le massif montagneux Yulei. Il a fallu huit ans de travaux pour mettre en place le système d’irrigation de Dujiangyan.

Grâce aux terrains pentus qui entourent les zones au nord-ouest et au sud-est, Dujiangyan canalise la rivière et en divise le courant, et par un système ingénieux, en contrôle le débit. Cet ouvrage a permis de réduire les inondation­s et d’améliorer l’irrigation des parcelles cultivées, ce qui a contribué à renforcer l’économie de Chengdu.

Deux mille ans plus tard, Dujiangyan continue de fonctionne­r, ce qui en fait le seul système d’irrigation au monde datant La capitale du royaume de Shu

Chengdu est une capitale régionale depuis des millénaire­s. Pendant la période des Trois Royaumes (220-280) elle fut la capitale du royaume de Shu fondé par Liu Bei (161-223) en 221. L’histoire de Liu Bei et de ses partisans est connue de tous les écoliers chinois grâce au classique de la littératur­e chinoise appelé Histoire romancée des Trois Royaumes.

Vers la fin de la dynastie des Hans de de l’antiquité qui soit encore en service aujourd’hui. C’est un exemple extraordin­aire d’exploitati­on raisonnée de la nature par l’homme et il symbolise l’harmonie et l’unité nécessaire­s entre l’homme, la terre et l’eau. En 2000, Dujiangyan a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. l’Est (25-220), le pouvoir central était bafoué par plusieurs seigneurs de guerre dans différente­s parties du pays. Après une période prolongée de troubles, trois de ces guerriers parvinrent à s’assurer chacun le contrôle d’une portion de territoire, fondant trois royaumes rivaux. Liu Bei donna le nom de Shu à son royaume dont le territoire comprenait les provinces actuelles du Yunnan, du Sichuan et du Guizhou.

Grâce au développem­ent de son agricultur­e et des industries de l’époque, en par-

ticulier celle de la soie, la région s’établit rapidement comme une puissance économique majeure. Les archives retracent l’histoire d’une ville remplie de magasins et de boutiques richement achalandés de marchandis­es diverses, y compris de biens qu’il était rare de trouver en Chine à l’époque. Même si les guerres étaient fréquentes, l’économie du royaume de Shu parvint à échapper à la destructio­n.

Au cours des siècles qui suivirent, la ville de Chengdu s’est développée pour devenir une métropole à l’économie florissant­e et dont la richesse culturelle n’avait rien à envier à celle de Chang’an (aujourd’hui Xi’an) ou Luoyang, deux autres capitales pendant plusieurs dynasties. En 1023, Chengdu imprima officielle­ment la première monnaie-papier, appelée le jiaozi, ce qui montre à quel point l’économie de la région était avancée pour son époque.

Chengdu comprend de nombreuses constructi­ons qui témoignent encore de la période des Trois Royaumes, et les anecdotes sur les exploits des guerriers et des stratèges de l’époque sont transmises de génération en génération. L’histoire y est vivante, ainsi qu’en témoignent les ponts bossus, les hutong sinueux et les maisons de thé traditionn­elles.

Habitat du panda géant

Au printemps 1869, le missionnai­re français Armand David se trouva en présence d’un animal noir et blanc qu’il nomma ensuite « ours noir et blanc ». Il fit envoyer un spécimen à Paris où l’on découvrit pour la première fois l’étrange animal.

Les recherches archéologi­ques ont depuis montré que les pandas géants sont apparus sur terre il y a deux ou trois millions d’années et que leur population a atteint un pic voici plusieurs centaines de milliers d’années, alors que leur habitat s’étendait sur la majeure partie du territoire de l’est et du sud de la Chine. Tous les autres animaux de cette époque sont aujourd’hui éteints, le panda géant seul ayant réussi à s’adapter aux modificati­ons de l’environnem­ent, ce qui lui vaut le surnom de « fossile vivant ». Il a lui-même failli disparaîtr­e en raison de l’érosion de son habitat naturel qui se réduit aujourd’hui à la région des monts Qinling dans le Shaanxi et aux monts Minshan à la frontière entre le Sichuan et le Gansu. Le Sichuan est le dernier refuge de cette espèce en voie de disparitio­n.

Dans les années 1980, la variété de bambou fargesia rufa, qui représente la principale source de nourriture du panda, s’est éteinte après floraison dans une grande partie du Sichuan, et la disette a menacé les pandas de la région. Certains trouvèrent refuge dans le zoo de Chengdu. Afin de protéger cet animal rare, la ville de Chengdu a mis en place un parc de reproducti­on en 1987. Ces 30 dernières années, des progrès spectacula­ires y ont été effectués, notamment en termes d’in- sémination artificiel­le, de reproducti­on des pandas, mais aussi de traitement et de prévention des maladies, de génétique des population­s, et le nombre de pandas s’y est multiplié, passant de six à une centaine.

Le parc est ouvert aux visiteurs. Il est conçu pour reproduire l’environnem­ent naturel des pandas avec des lacs artificiel­s, des rivières, des forêts de bambou et des prairies. La partie construite comprend un centre de soins pour les mères pandas et les nouveau-nés et même des jardins à air conditionn­é. Les visiteurs peuvent admirer ces magnifique­s animaux tandis qu’ils vaquent à leurs occupation­s en extérieur ou à travers les parois vitrées du jardin climatisé où ils se réfugient pendant les journées les plus chaudes.

La vie comme un long fleuve tranquille

Le rythme de vie à Chengdu est bien plus apaisé que dans les autres grands centres urbains de Chine. Les habitants de la ville aiment passer de longues heures dans les maisons de thé de la ville, à jouer au mahjong ou à écouter les histoires que racontent des artistes de rue.

La maison de thé est un symbole de la ville de Chengdu, on en trouve partout, le long des rues, dans les parcs, sous les ponts et autour des sites historique­s. La plupart sont pleines à craquer pendant la plus grande partie de la journée. On y trouve généraleme­nt des chaises de bambou, des théières à étages et surtout des serveurs capables de tenir en équilibre des dizaines de tasses sur leur plateau et de verser le thé à une distance spectacula­ire, sans en répandre une goutte, grâce à leurs théières à bec-verseur allongé. C’est le meilleur endroit pour savourer l’ambiance traditionn­elle de la capitale du Sichuan.

Les habitants de Chengdu adorent se payer un bon repas et la ville est littéralem­ent remplie de restaurant­s et de bistrots où l’on peut se faire servir toutes sortes de friandises et d’amuse-gueule à toute heure du jour et de la nuit. La fameuse cuisine épicée du Sichuan est connue et appréciée dans toute la Chine. La brûlure du piment est en réalité très subtilemen­t équilibrée entre le poivre de Cayenne, le piment du Sichuan, le poivre noir et une multitude d’autres condiments. Ces ingrédient­s sont courants dans le régime chinois, et c’est une des raisons pour lesquelles la cuisine du Sichuan est aussi populaire même dans les autres régions.

La cuisine de Chengdu se classe parmi les shangheban­g, c’est-à-dire l’une des variétés locales du concept plus général de cuisine du Sichuan. Ceux-ci font appel à une variété plus grande de condiments, tendent à épicer un peu plus légèrement les plats et à mettre l’accent sur la tradition ancienne : c’est l’une des variétés les plus appréciées de la cuisine du Sichuan. La liste des principaux plats régionaux est longue et créative, puisqu’elle s’agrémente de nouvelles créations nées ces dernières années et qui ont connu un succès météoritiq­ue. En 2010, Chengdu a rejoint le réseau des villes créatives de l’UNESCO, consécrati­on internatio­nale de sa réputation de centre de la gastronomi­e.

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Le temple de Wuhou, un site incontourn­able de Chengdu Au chapitre des nombreux centres d’intérêt qu’offre Chengdu dans le Sichuan, retenons sa nourriture épicée, ses paysages pittoresqu­es, ses pandas géants.
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Le pont sud de Dujiangyan

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