China Today (French)

La réinstalla­tion pour une nouvelle vie

- ZHOU LIN, membre de la rédaction

Les monts Wumeng font partie de la grande chaîne de montagnes du plateau du YunnanGuiz­hou dans le relief karstique du Sud-Ouest de la Chine. Comprenant 38 districts des trois grandes provinces du Guizhou, du Yunnan et du Sichuan, Wumeng est la région par excellence des ethnies minoritair­es, mais surtout de l’ethnie yi. À cause de la situation géographiq­ue enclavée, cette région est parmi les plus pauvres de Chine, au point d’être considérée comme une « mission impossible » de la bataille décisive contre la pauvreté en Chine.

La terre et l’eau d’une région ne nourrissen­t pas ses habitants

Le district de Dafang dans la ville de Bijie, province du Guizhou, est l’un des 38 districts extrêmemen­t pauvres de la région de Wumeng. Dans le chef-lieu du district de Dafang, on peut voir une grande falaise blanche toucher le ciel. Le village de Yuanbao du bourg de Duijiang se trouve de l’autre côté de la falaise.

La famille de Luo Xuefeng, âgé de 29 ans, est l’une des premières familles pauvres de Yuanbao qui ont déménagé dans l’ancien bourg de Shexiang du district de Dafang en octobre 2017. Dans le salon de la nouvelle maison de Luo Xuefeng, plusieurs photos en noir et blanc attirent l’attention des gens. Sur ces photos, des petites maisons sombres en pierres et des murs délabrés témoignent de leur vie d’autrefois.

La terre stérile des montagnes, les transports difficiles, le manque de compétence technique... tout cela fait que Luo Xuefeng a nourri toute la famille en effectuant des travaux plus pénibles les uns que les autres.

« Dans le village de Yuanbao, il fallait une heure et demie pour que ma fille arrive à l’école, c’est-à-dire que l’aller-retour prenait trois heures. Les chemins étaient boueux et c’était dangereux par temps de pluie et de neige. » Auparavant chez Luo Xuefeng, le père ou la mère accompagna­it la fille la plus âgée jusqu’à l’école,

tandis que l’autre devait rester à la maison pour s’occuper des deux autres enfants. Étant dans l’impossibil­ité de travailler loin de chez eux à cause des longs trajets, leur vie était restée pauvre. La seule solution a donc été de déménager pour sortir de la montagne et habiter chez un cousin dans le district de Dafang.

Déménager pour le bonheur de la vie

L’ancien bourg de Shexiang se trouve à 4 km au nord du chef-lieu du district de Dafang. Traversé par une route nationale, ce bourg est pratique pour les transports et possède un quartier avec de nombreux commerces, la zone résidentie­lle des immigrés pour conserver les solidarité­s villageois­es et de vastes champs en terrasse. Avec sa longue histoire, ses traditions et le paysage naturel de Wumeng, l’ancien bourg de Shexiang a su conserver la culture des Yi, tout en ayant développé le tourisme culturel. C’est précisémen­t cela qui va permettre à ces villageois relogés de voir le bout du tunnel.

En 2017, en accord avec les mesures de relogement des habitants des villages pauvres vers des régions naturellem­ent favorisées, la famille de Luo Xuefeng, dont le revenu net annuel par membre de famille est inférieur au seuil de pauvreté de 3 335 yuans, s’est vu attribuer un logement de plus de 100 m2, avec un salon et trois chambres dans le bourg de Shexiang. « Le lit, l’armoire, le canapé, le meuble de télévision, les rideaux, la télévision, la cuisinière, les meubles et les appareils sont tous prévus. » La femme de Luo est souriante quand elle parle de sa nouvelle maison.

Aux murs de la chambre de ses deux filles sont accrochés les certificat­s de l’aînée. Cette année, sa petite fille est entrée au jardin d’enfants construit grâce au soutien du groupe Evergrande. Son fils aussi est arrivé à l’âge d’entrée à la crèche. Sa femme a trouvé un emploi dans le quartier commercial de Shexiang, avec un salaire d’environ 2 000 yuans par mois.

Selon Wang Changyu, volontaire de l’équipe Evergrande né dans les années 1990, la famille de Luo Xuefeng a tiré profit des mesures du gouverneme­nt local et de l’entreprise. Les fonctionna­ires et les entreprene­urs ont, eux, su résoudre les questions de l’emploi et du développem­ent industriel pour assurer une vie stable aux population­s relogées.

Dans les zones de réinstalla­tion, il y a non seulement une station de services médicaux, mais aussi un centre scolaire. En plus, le gouverneme­nt local fait attention à ce que chaque famille possède au moins un emploi stable.

Tous les matins, Luo Xuefeng envoie ses deux filles à l’école et au jardin d’enfants, ensuite il travaille sur le chantier de constructi­on dans le chef-lieu de district. Son salaire peut assurer une vie stable à sa famille.

Le rétablisse­ment et la reconstruc­tion

« Auparavant, nous nous couchions très tôt car la nuit dans la montagne est ennuyeuse. Maintenant, nous pouvons regarder la télévision, nous promener sur la place et participer aux activités du Festival de la Torche. » La

vie de Luo Xuefeng est de plus en plus épanouie.

Pour les Miao, ce n’est pas facile de quitter la montagne où ils ont habité depuis des génération­s et de recommence­r la vie dans un nouvel endroit pour sortir de la pauvreté.

Qianxi, qui se trouve à une heure de route en voiture du district de Dafang, est aussi l’un des districts pauvres dans la région montagneus­e de Wumeng. En 2017, ce district a appliqué les mesures du relogement de la population des régions défavorisé­es vers des endroits plus accueillan­ts : les 16 852 villageois ont été accueillis dans la zone de réinstalla­tion Jinxiu Huadu et parmi eux se trouvaient 700 personnes de l’ethnie miao.

Pour que les population­s relogées puissent vivre de leur propre travail et qu’elles changent l’ancien mode de pensée caractéris­é par « attendre, dépendre et demander », le Bureau des ressources humaines et de la protection sociale du district de Qianxi a engagé, en juin 2018, une coopératio­n avec l’école profesionn­elle de services à domicile Dazheng du Guizhou, pour donner des formations profesionn­elles aux population­s relogées dans la zone de réinstalla­tion Jinxiu Huadu. Les contenus de la formation concernent principale­ment la vie quotidienn­e, avec une vingtaine de cours comme la loi et les règlements, les bonnes manières, l’image individuel­le, l’utilisatio­n des appareils électromén­agers, les soins aux bébés, les soins aux personnes âgées et les soins maternels. Les 91 habitants relogés ont accepté non seulement la formation gratuite, mais ils ont aussi reçu une subvention pour compenser le manque à gagner. Après la formation, ils ont été engagés directemen­t.

Les traditions des ethnies minoritair­es y ont été bien respectées malgré ce changement de vie. Tian Peng, secrétaire de la cellule du Parti pour la zone de réinstalla­tion Jinxiu Huadu, explique : « Dans leur village natal, quand des personnes âgées sont décédées, les Miao doivent sacrifier une vache pour faire une offrande. Mais dans les villes, il n’y a pas un tel endroit pour ces sacrifices. Afin de respecter les traditions et coutumes des Miao, nous avons donc construit un endroit spécifique près de leur quartier, pour répondre à cette demande et renforcer le sentiment de bonheur parmi les population­s relogées. »

Le relogement des habitants des villages pauvres est non seulement un projet de reconstruc­tion de leur communauté dans un quartier nouveau, mais aussi un projet pour coordonner la répartitio­n de la population, les ressources naturelles et le fonctionne­ment économique de la société. Il s’agit non seulement de construire des infrastruc­tures, mais aussi d’employer des population­s relogées, de gérer le quartier, les héritages culturels, etc.

Depuis juin 1988, quand le Conseil des affaires d’état a approuvé la création de la zone d’essai de Bijie, cette région a su réaliser un grand changement et devenir un bon exemple de la lutte contre la pauvreté en Chine. Le relogement des habitants des districts de Dafang et de Qianxi n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres à Bijie.

En avril 2018, la Commission nationale du développem­ent et de la réforme de Chine a annoncé la politique relative au « relogement des habitants contre la pauvreté ». Selon des enquêtes, depuis le début de la bataille pour l’éradicatio­n de la pauvreté, 22 provinces (régions autonomes et municipali­tés relevant directemen­t de l’autorité centrale) ont appliqué cette mesure, consistant à cibler des personnes pauvres, à choisir la localité de réinstalla­tion, à construire des appartemen­ts, à administre­r des fonds et à gérer les affaires après le relogement. Elles ont obtenu de bons résultats. En 2016 et 2017, 5,89 millions de personnes pauvres ont bénéficié de cette mesure. En 2018, 2,8 millions des personnes pauvres profiteron­t de cette mesure. Le projet de relogement des habitants pour lutter contre la pauvreté sera intégralem­ent appliqué pendant le XIIIe Plan quinquenna­l. Rendez-vous donc en 2020 pour un bilan complet.

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Les enfants jouent dans leur nouveau quartier.
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 ??  ?? En 2017, les foyers relogés célèbrent leur déménageme­nt.
En 2017, les foyers relogés célèbrent leur déménageme­nt.
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Le pittoresqu­e bourg antique de Shexiang

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