China Today (French)

Li Ji terrassant le démon

- TEXTE et ILLUSTRATI­ONS : YANG YONGQING

Àl’époque de la dynastie des Song (9601279), un village de la province du Fujian fut le théâtre d’un phénomène inquiétant : les enfants qui s’en allaient couper du bois dans la montagne disparaiss­aient. Les gens en furent si effrayés que plus personne n’osa s’aventurer dans la montagne.

Le fait est qu’un grand serpent avait élu domicile dans la montagne et qu’il sortait régulièrem­ent de sa caverne pour attaquer les habitants.

Une sorcière profita de l’occasion pour répandre une rumeur selon laquelle le grand serpent était en réalité un démon qui exigeait d’épouser chaque année une jeune fille vierge âgée de 12 ou 13 ans. Si sa demande n’était pas satisfaite, il mangerait tous les enfants du village.

En entendant cela, les autorités locales ordonnèren­t aux villageois d’envoyer chaque année au mois d’août une jeune fille dans la cave du grand serpent.

Les habitants les plus riches refusèrent d’envoyer leurs propres filles et soudoyèren­t les fonctionna­ires pour qu’on envoie à leur place les fillettes des familles pauvres. Comme elles n’avaient pas d’argent, ces familles n’eurent d’autre choix que d’abandonner leurs propres enfants à une mort certaine.

La sorcière et les autorités locales s’entendiren­t et lorsqu’arrivait le jour du « mariage du serpent », la sorcière présidait la cérémonie d’« adieux aux parents », au cours de laquelle elle soutirait de l’argent aux villageois. Après la cérémonie, elle laissait la « jeune mariée » à l’entrée de la cave pour qu’elle soit dévorée par le serpent.

Les années passaient et neuf jeunes filles avaient déjà été sacrifiées. Les villageois étaient si malheureux qu’ils ne voulaient plus travailler. Nombre d’entre eux avaient dû fuir le village. La sorcière et les autorités locales continuaie­nt de s’enrichir.

Une fois de plus, le mois d’août approcha et ce fut au tour d’un paysan nommé Li Dan d’envoyer l’une de ses filles. Il en avait six ; la plus jeune, du nom de Li Ji, avait à peine 12 ans.

Ses parents l’aimaient profondéme­nt car elle était très intelligen­te et perspicace. Ils ne pouvaient se résoudre à la laisser mourir. Mais ils n’avaient pas d’argent pour acheter la vie de Li Ji et il ne leur restait plus que leurs larmes pour pleurer.

Alors Li Ji leur dit : « Papa, Maman, mes chères soeurs, ne soyez pas si tristes. Je veux me rendre dans la cave du serpent. »

Mais elle demanda à ses parents de lui faire une faveur. Le jour des adieux, ils devraient lui remettre en guise de dot un panier de galettes au miel, trois chiens robustes et une épée. Li Dan fit exactement ce que lui demandait sa fille.

Le jour venu, la famille de Li Ji et leurs voisins furent remplis de tristesse de la voir partir. Mais Li Ji ne faisait preuve d’aucune inquiètude ni de peur. Elle semblait avoir une idée en tête.

Après la cérémonie d’« adieux aux parents », Li Ji et les trois chiens se dirigèrent seuls vers la cave du grand serpent. Le soleil était sur le point de se coucher. Li Ji disposa sur le sol toutes les galettes du panier et fit venir les trois chiens à ses côtés.

Le grand serpent ne tarda pas à sortir. Il aperçut les galettes et les dévora toutes. Pendant ce temps, Li Ji détacha les trois chiens.

Ces derniers commencère­nt à se bagarrer avec le serpent. Li Ji saisit l’épée et s’avança avec courage. Elle fit un tour et vint se placer derrière le grand serpent. Elle brandit l’épée et coupa la tête de l’animal. C’est ainsi qu’elle parvint à guérir le mal à sa racine.

Suivie des trois chiens, Li Ji rentra chez elle en cou- rant. Il faisait déjà nuit noire. Elle n’avait pas encore atteint la porte de la maison qu’elle entendait déjà les cris de désespoir et les pleurs de ses proches.

Elle hâta le pas et frappa à la porte : « Ouvrez! Ouvrez! Je suis de retour! N’ayez pas peur. L’esprit malfaisant du grand serpent est mort. »

Li Dan ouvrit la porte. Il constata que sa fille était bel et bien revenue et que les trois chiens aussi étaient vivants. La famille était au comble du bonheur.

En apprenant la nouvelle, les voisins se précipitèr­ent chez Li Ji pour écouter le récit de sa victoire contre le grand serpent. C’est ainsi que tous se rendirent compte que « le mariage du serpent » n’était rien d’autre qu’un mauvais tour de la sorcière et des autorités locales pour leur extorquer de l’argent.

Le matin suivant, les habitants, venus des quatre coins du village, se rassemblèr­ent là où Li Ji avait terrassé le grand serpent. Lorsqu’ils virent le cadavre, ils restèrent stupéfaits.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada