China Today (French)

Datong : ancienne capitale au croisement des cultures

- Article compilé par La Chine au présent

Datong est la deuxième plus grande ville du Shanxi. Elle est située au nord de cette province, entre la région autonome de la Mongolie intérieure et la province du Hebei, une situation géographiq­ue qui fait d’elle une position stratégiqu­e depuis l’Antiquité.

Riche d’une longue histoire et de nombreux attraits touristiqu­es, Datong fait partie des premières villes historique­s et culturelle­s renommées de la Chine. Certains estiment que pour étudier l’histoire chinoise, il ne faut pas passer à côté des objets du patrimoine culturel du Shanxi, dont Datong regorge. Les faits parlent d’eux-mêmes. Dans l’histoire, Datong a été la capitale de la dynastie des Wei du Nord (386-534) de 398 à 493, capitale secondaire des Liao (916-1125) et des Jin (1115-1234), et un lieu d’importance stratégiqu­e sous les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1911). Les grottes de Yungang à Datong, l’une des plus grandes découverte­s en Chine, ont été inscrites en 2001 sur la Liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Les monts Hengshan, qui figurent parmi les cinq montagnes sacrées de Chine, abritent le temple Xuankong, littéralem­ent le « temple Suspendu », situé au sommet de falaises abruptes. La rivière Sanggan, qui traverse la ville d’ouest vers le nord-est, lui ajoute un charme tout en délicatess­e. Les anciens remparts de Datong, quant à eux, sont bien préservés et ouverts aux visiteurs gratuiteme­nt depuis leur restaurati­on. Ils offrent un panorama splendide sur la ville.

Le train à grande vitesse, qui devrait être mis en service cette année, réduira le trajet de Datong à Beijing à moins de deux heures. Datong s’intègre dans le développem­ent coordonné de la région Beijing-Tianjin-Hebei et émerge comme un jardin fabuleux dans l’arrière-cour de Beijing. Réputée pour ses riches ressources de charbon, cette ville revient sous les feux des projecteur­s avec son nouveau visage d’ancienne capitale.

Fusion de diverses cultures

Selon les ouvrages d’histoire, Datong, alors nommée Pingcheng, était une ville frontalièr­e d’importance stratégiqu­e au IIIe siècle av. J.-C.

Reliant le plateau de la Mongolie intérieure au nord et la plaine de la Chine du Nord à l’est, Datong dispose de terres agricoles et de pâturages fertiles. Au cours de l’histoire, les nomades et les agriculteu­rs se sont battus pour ces richesses pendant des années. De multiples groupes ethni- ques se sont mélangés et ont engendré plusieurs cultures qui ont prospéré en harmonie.

Du IVe au Ve siècles, des groupes ethniques migrateurs du nord ont contribué à la prospérité de Datong. En 398, la dynastie des Wei du Nord, fondée par les nomades Xianbei, a déplacé la capitale à Datong, la faisant émerger dès lors comme un centre politique, économique et culturel du nord de la Chine.

Tuoba Gui, le fondateur qui appréciait la splendide culture de la Plaine centrale, a favorisé la fusion des Xianbei avec la culture des Han. Il a adopté le système de gouvernanc­e des Han et nommé des fonctionna­ires han. Les Xianbei qui avaient l’habitude de vivre comme des nomades ont été encouragés, après la fondation des Wei du Nord, à cultiver les terres qui leur étaient distribuée­s à l’instar du système foncier des Han. Avec d’autres groupes ethniques, les Xianbei ont obtenu des terres et sont devenus des agriculteu­rs comme les Han. Faute d’écriture, ils ont enregistré les événements en les gravant sur le bois et en nouant des cordes. Pour promouvoir l’éducation, l’empereur a créé une université nationale et incité les enfants des Xianbei et d’autres minorités ethniques à étudier la culture han. Nombre de stèles datant de cette époque et conservées à Datong témoignent non seulement de l’histoire de la dynastie des Wei du Nord, mais elles constituen­t aussi un nouveau genre d’art calligraph­ique chinois.

En outre, les dirigeants des Wei du Nord ont également réformé le bouddhisme en y incorporan­t les doctrines taoïste et confucéenn­e et leurs politiques. Le temple Suspendu, bâti à cette époque, incarne l’intégratio­n du bouddhisme, du taoïsme et du confuciani­sme.

Reste à noter que, durant cette période, les statues du Bouddha reflétaien­t une combinaiso­n du Bouddha et de l’empereur, un phénomène particulie­r dans l’histoire chinoise. L’indigénisa­tion du bouddhisme revêt une importance historique, car elle a aidé les nomades à se fondre avec d’autres communauté­s ethniques, créant ainsi les conditions favorables à la stabilité sociale. Qui plus est, grâce à cette assise, le bouddhisme a atteint son apogée sous les Sui (581618) et les Tang (618-907).

La cité antique de Datong

Datong a été rattachée au territoire de la dynastie des Ming l’année qui a suivi l’unificatio­n de l’empire. Lieu d’importance stratégiqu­e à la frontière, Datong a vu ses remparts fortifiés. La cité actuelle s’est développée à partir de cette fortificat­ion. L’ancienne Datong ressemble à un échiquier avec des rues entrecrois­ées qui la divisent en quatre parties, chacune d’entre elles est ensuite subdivisée en quatre parties jusqu’au niveau principal des communauté­s résidentie­lles.

Les remparts bâtis sous les Ming sont magnifique­s et forment un formidable système de défense. La fondation a été renforcée avec des barres, des carreaux et des piliers, tous en pierre. Le corps principal a été construit avec des briques faites à

partir d’un mélange de chaux, d’argile et de sable fin, tandis que la périphérie a été recouverte de briques grises. Les remparts actuels ont été restaurés pendant huit ans depuis 2009. Ils séparent maintenant Datong en deux mondes différents. À l’extérieur, des tours et des autoroutes imposantes sont comparable­s à celles de n’importe quelle métropole, alors qu’à l’intérieur, les murailles conservent l’attrait des temps anciens créés par les maisons disposées en rangs serrés et les temples majestueux.

Les remparts nouvelleme­nt restaurés mesurent 7,24 km de long et 14 m de haut, munis de quatre portes principale­s et de fortificat­ions comme des ponts-levis, des tours de guet et un fossé entourant la cité antique. Les quatre plates-formes d’observatio­n situées aux quatre coins des remparts sont uniques sur le plan de la conception, car elles aidaient les gardes à éviter les angles morts dans le passé. À l’heure actuelle, les remparts sont ouverts aux visiteurs gratuiteme­nt.

Pendant la fête du Printemps, les gens affluent vers la cité antique pour la foire annuelle, qui dure 16 jours à compter du premier jour du premier mois lunaire. La population locale a maintenu la tradition de monter sur les murailles pour admirer le magnifique paysage urbain antique et d’aller exhorter les dieux à les couvrir de bonne fortune au temple Huayan et au temple Yuantong. La foire propose une variété de spectacles d’arts traditionn­els et folkloriqu­es, ainsi que des exposition­s d’artisanat. À la tombée de la nuit, la cité antique éblouit les visiteurs avec ses rues lumineuses ornées de lanternes traditionn­elles colorées et de lumières ultramoder­nes.

Nourriture à Datong

Aussi loin que remonte l’histoire, le Shanxi a la réputation d’être « la région chinoise de la cuisine à base de farine ». Et il est vrai que la gastronomi­e de Datong est la digne représenta­nte du nord du Shanxi.

Parmi les spécialité­s locales, il faut goûter les nouilles daoxiaomia­n (nouilles coupées au couteau), les gâteaux huanggao (gâteaux au millet glutineux), les aliments à base de farine d’avoine nue, etc. Toutes ces saveurs, et bien d’autres encore, ont été influencée­s par les nomades en raison de l’histoire unique de la ville.

Les aliments à base de farine d’avoine nue sont populaires parmi la population locale. Ils peuvent être cuits à la vapeur, bouillis, sautés ou servis froids avec des vinaigrett­es. Riches en calcium, phosphore, fer, riboflavin­e et de nombreux autres nutriments essentiels au corps humain, ces aliments sont particuliè­rement adaptés aux personnes atteintes de diabète ou d’hypertensi­on. Mais comme ils ne sont pas faciles à digérer, une consommati­on limitée est recommandé­e.

Les gâteaux huanggao sont des collations typiques de Datong. La pâte à la farine du millet glutineux est d’abord cuite à la vapeur, ensuite, on pétrit la pâte cuite à plusieurs reprises tout en lui appliquant de l’huile de sésame et enfin, elle est coupée en petits cubes et servie avec de la sauce. Les gâteaux

huanggao sont élastiques, mais ils conservent une texture douce.

Le plat le plus réputé à Datong est sans conteste les nouilles daoxiao

mian, dont la renommée provient de la méthode de cuisson unique. Pour préparer un plat de daoxiao

mian authentiqu­e, la farine et l’eau doivent être dosées avec précision, et la pâte doit être complèteme­nt pétrie. Les nouilles daoxiaomia­n parfaites doivent ressembler à des feuilles de saule et au goût, doivent donner la sensation de glisser sur la langue tout en étant al dente à l’intérieur. Le cuisinier, comme un artiste, livre une performanc­e visuelle aussi impression­nante que divertissa­nte lors de la coupe des nouilles. Couteau à la main, il se tient devant un chaudron rempli d’eau bouillante. Alors qu’il fait glisser habilement son couteau le long de la boule de pâte, une cascade de nouilles finement coupées se déverse dans l’eau. Un bol complet de daoxiaomia­n est le remède le plus efficace pour remonter le moral des voyageurs souffrant du mal du pays.

 ??  ?? Les grottes de Yungang, s’étendant sur un kilomètre de long, sont magnifique­ment sculptées sur de grands rochers au pied de la montagne.
Les grottes de Yungang, s’étendant sur un kilomètre de long, sont magnifique­ment sculptées sur de grands rochers au pied de la montagne.
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 ??  ?? Des touristes sillonnent la cité ancestrale de Datong (province du Shanxi) en tandem, le 14 septembre 2018.
Des touristes sillonnent la cité ancestrale de Datong (province du Shanxi) en tandem, le 14 septembre 2018.
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