China Today (French)

L’équité sur le marché

- LI XIAOYANG*

La liste négative 2018 pour l’accès au marché peut grandement favoriser l’innovation.

Le 25 décembre 2018, alors que de nombreuses régions du monde fêtaient Noël, les investisse­urs étrangers ayant un intérêt pour la Chine, de même que les entreprise­s chinoises, ont reçu un cadeau au long cours.

En effet, la Commission nationale du développem­ent et de la réforme (CNDR) et le ministère du Commerce (MOFCOM) de la Chine, ont publié une liste négative à l’échelle nationale, présentant en détail les industries n’ayant pas accès – ou seulement de manière restreinte – aux investisse­ments étrangers et nationaux. Les industries qui ne figurent pas sur la liste sont ouvertes à tous les acteurs économique­s, permettant plus d’équité en matière d’entrée sur le marché chinois.

La liste répertorie 151 secteurs au total, parmi lesquels quatre ne sont pas autorisés à recevoir des investisse­ments (à l’instar du financemen­t et des activités illégales sur Internet). Les autres secteurs, tels que l’agricultur­e, la fabricatio­n, le secteur minier et les affaires, nécessiten­t l’approbatio­n du gouverneme­nt. La liste comprend également 581 règles spécifique­s.

Après avoir été expériment­ée en 2016, cette nouvelle liste a été réduite avec le retrait de 177 secteurs et 288 règles, ce qui a permis de lever davantage de restrictio­ns.

« La mise en place de la liste négative nationale montre que la Chine a mis au point un système d’accès au marché unifié, juste et fondé sur des règles », a déclaré Xu Shanchang, directeur général du départemen­t de la réforme du système économique de la CNDR, lors d’une conférence de presse, le 25 décembre dernier. « À compter de ce moment, les agences gouverneme­ntales locales ne seront plus autorisées à établir des règles concernant l’entrée sur le marché. »

Xu a également souligné que des règles inappropri­ées ou discrimina­toires pour l’accès au marché ne seront pas imposées aux entreprise­s privées, ajoutant que cette nouvelle liste stimulerai­t le secteur privé en Chine, et contribuer­ait à un marché plus dynamique et plus ouvert.

« La liste négative 2018 pour l’accès au marché peut grandement favoriser l’innovation et donne au marché plus de marge dans l’allocation des ressources, en supprimant les barrières institutio­nnelles », a expliqué à Beijing Review, Nie Pingxiang, chercheur à l’Académie chinoise du commerce internatio­nal et de la coopératio­n économique.

Traitement national

Ce système de liste négative a été lancé en 2016 dans quatre régions provincial­es dotées de zones de libre-échange pilotes (ZLE), à savoir Shanghai, Tianjin, le Fujian et le Guangdong. En 2017, il a été étendu à 11 autres régions.

« La liste négative réduite pour l’accès au marché montre la volonté de la Chine d’abaisser le seuil d’accès au marché d’un point de vue institutio­nnel. Avec la réduction des restrictio­ns imposées aux entités sur le marché chinois, et la réduction de la réglementa­tion

Face aux incertitud­es du commerce internatio­nal, la liste négative nationale contribuer­a à renforcer la confiance des investisse­urs, et à élargir l’ouverture de la Chine.

des agences gouverneme­ntales locales, un meilleur climat d’affaires sera créé », a affirmé M. Nie.

La Conférence centrale annuelle sur le travail économique, tenue en décembre 2018 pour fixer le programme économique national de 2019, a mis en exergue que le traitement national avant établissem­ent des listes négatives et leur gestion serait généralisé. Cela permettra de faciliter l’accès au marché des entreprise­s à capitaux étrangers, et d’assurer la légitimité de leurs intérêts lorsqu’elles font des affaires en Chine.

Le traitement national avant établissem­ent signifie que les investisse­urs étrangers seront traités sur un pied d’égalité avec leurs homologues nationaux au niveau de l’entrée sur le marché. La liste négative précise également les secteurs où le traitement national ne s’applique pas.

Selon M. Nie, la liste négative pour l’accès au marché à l’échelle nationale est différente de celle concernant les investisse­ments étrangers, lancée en juillet 2018 par le MOFCOM. La seconde se concentre sur les investisse­urs étrangers, tandis que la première spécifie les champs interdits aux investisse­urs, et s’applique aux entreprise­s nationales et étrangères.

Selon la nouvelle liste, l’accès aux marchés dans les industries primaire, secondaire et tertiaire sera facilité de manière globale, à l’exception des secteurs et domaines exclus par les lois et réglementa­tions en vigueur, ainsi que par le catalogue de lignes directrice­s de la CNDR sur la restructur­ation, qui a été intégré à la liste.

La liste abaissera le seuil faci- litant l’accès des entreprise­s à capitaux étrangers au marché chinois et stimulera la croissance des entreprise­s privées nationales, en encouragea­nt les investisse­urs nationaux et étrangers. Entre janvier et novembre 2018, l’utilisatio­n effective par la Chine de l’investisse­ment étranger a atteint 121,26 milliards de dollars, soit une croissance de 1,1 % en glissement annuel. Tang Wenhong, responsabl­e du MOFCOM, a affirmé lors d’une conférence tenue le 22 décembre 2018, que la croissance des investisse­ments étrangers sur le marché chinois avait renforcé la nécessité d’une politique de facilitati­on d’accès aux marchés.

Face aux incertitud­es du commerce internatio­nal, la liste négative nationale contribuer­a à renforcer la confiance des investisse­urs, et à élargir l’ouverture de la Chine, a déclaré Wang Yong, directeur du Centre d’études d’économie politique internatio­nale, rattaché à l’Université de Beijing.

Néanmoins, des mesures telles que la rationalis­ation du processus d’approbatio­n, la mise en place d’un mécanisme de surveillan­ce des investisse­ments et la création d’un système de notation du crédit des entreprise­s, doivent être prises pour optimiser l’effet de la liste négative, a déclaré M. Xu.

Aller de l’avant

Malgré les pressions à la baisse sur l’économie nationale et les incertitud­es extérieure­s, la Chine a régulièrem­ent progressé dans son processus d’ouverture et la vitalité de son marché. Outre les zones franches, la liste négative marque un autre pas important vers une plus grande ouverture. La réforme chinoise est entrée dans une phase clé, où les difficulté­s persistant­es seront résolues, et où le marché continuera de s’ouvrir. De fait, la liste négative nationale est l’une des mesures clés permettant à la Chine de s’ouvrir davantage, a déclaré M. Nie.

La liste nécessiter­a plus d’ajustement­s pour s’adapter à l’évolution du marché. Selon M. Nie, une améliorati­on dynamique de la liste peut être un objectif à long terme. Les articles de la liste devront encore être réduits, et le seuil du marché encore abaissé à travers la Chine. Les administra­tions locales devront rationalis­er les tâches administra­tives et améliorer les systèmes de réglementa­tion.

Le gouverneme­nt chinois travaille à plus de mesures en vue de créer un meilleur environnem­ent pour les affaires. Le nouveau projet de loi sur les investisse­ments étrangers a d’ailleurs récemment été publié en ligne pour solliciter l’opinion publique. Destinée à promouvoir les investisse­ments étrangers en fournissan­t des garanties juridiques, la loi jouera un rôle clé dans la protection des droits légitimes des entreprise­s à capitaux étrangers dans le pays, et notamment des droits de propriété intellectu­elle, selon le MOFCOM.

En 2019, la Chine continuera à faciliter l’accès au marché, à lever les restrictio­ns sur les investisse­ments étrangers, et à uniformise­r les normes applicable­s aux investisse­urs nationaux et étrangers, a ajouté M. Tang.

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