China Today (French)

Sceau, un art chinois

- NIU KECHENG *

Le caractère yin (sceau) figurait déjà parmi les inscriptio­ns sur carapace et sur os, les plus anciennes écritures de Chine. Il était constitué de deux parties ; celle du haut évoquait un signe pictograph­ique en forme de main, celle du bas un homme agenouillé, d’où la significat­ion de « presser un homme à la main vers le bas ». Par conséquent, « presser de haut en bas » fut le sens propre de ce caractère, qui fut à l’origine un verbe, puis utilisé également comme un nom.

Il y a 3 000 ans, à l’époque des Shang et des Zhou, le sceau ne s’appelait pas yin, mais xi. En 221 av. J.-C., après l’unificatio­n de tout le pays par l’empereur Shihuangdi des Qin, le xi désignait exclusivem­ent le sceau de l’empereur, et le yin, celui des fonctionna­ires de différents échelons et des gens du commun.

A l’époque des Song du Nord (960-1127), un grand nombre de personnes apposaient leur sceau sur les tableaux et les livres qu’elles avaient conservés de telle sorte que le sceau fut appelé parfois « tushu » (livres). Sous la dynastie des Yuan (1271-1368), on utilisa le sceau comme une signature personnell­e. On l’appela ainsi « ya » (gage) ou « huaya » (parafe).

à partir de la dynastie des Han (206 av. J.C.-220 ap. J.-C.), de nouvelles appellatio­ns du sceau ne cessèrent d’apparaître. Mais, le yin ou le zhang restaient toujours des appellatio­ns fondamenta­les, et le yinzhang devint alors une appellatio­n générale.

Le Dictionnai­re étymologiq­ue des caractères explique que le yin est une « preuve de crédit du gouverneme­nt ». En fait, les sceaux personnels constituen­t aussi une sorte de preuve de crédit d’une personne. On appose un signe emblématiq­ue là où il faut pour justifier le crédit ou la promesse d’une organisati­on ou d’une personne. Voilà la fonction initiale du sceau.

Mais s’il en avait été seulement ainsi, le sceau n’aurait pu mériter de devenir un signe symbolique de la culture chinoise, parce que cette façon d’utiliser les empreintes du sceau pour exprimer

son crédit ou sa promesse n’était pas une invention chinoise. La particular­ité des sceaux de Chine se traduit par ce qui suit : bien qu’ayant été un genre d’objet très pratique à l’origine, ils s’étendirent plus tard petit à petit, au cours de leur évolution, à un domaine d’expression artistique en plus de leur rôle pratique ; d’artisans très ordinaires, leurs auteurs devinrent des calligraph­es et des peintres exercés ; et les sceaux, sorte de signe symbolique, devinrent des oeuvres d’art à apprécier. à l’instar de la calligraph­ie chinoise, ils prennent les caractères chinois pour leurs éléments de modelage ; comme la peinture chinoise à grands traits, ils adorent les expression­s abstraites ; et comme la poésie chinoise, ils attachent de l’importance à la création selon une belle inspiratio­n. Finalement, leur gravure et la sculpture permettent d’obtenir un résultat tout aussi beau mais par des moyens différents. De fait, le sceau représente une forme artistique d’ensemble née de l’influence de divers arts chinois. La synthèse de cet art se manifeste directemen­t à travers la poignée du sceau et l’inscriptio­n latérale en dehors de la surface du sceau. L’histoire du sceau, assez longue, est jalonnée de changement­s de formes, de styles et de goûts. Il fut coulé sur du métal, gravé sur des pierres, apposé d’abord sur la terre puis sur des feuilles de papier. La forme des sceaux officiels et privés fut d’abord identique puis différente l’une de l’autre. D’un article pratique, le sceau devint un objet d’art. Ainsi, un grand nombre de citations littéraire­s historique­s apparurent-elles au cours de ce processus. De fait, le sceau chinois ne constitue pas seulement un simple article à apprécier, il incarne aussi une forme artistique au profond enracineme­nt culturel. Cette dernière s’est développée jusqu’à nos jours après un millier d’années. Le logo des Jeux Olympiques de 2008 à Beijing est d’ailleurs un sceau chinois « Jing » qui traduit pleinement à la fois le charme de la culture traditionn­elle chinoise et l’esthétique sportive. Par là, le sceau chinois partage son attrait très particulie­r avec le monde entier.

* NIU KECHENG est diplômé de la faculté d’histoire de l’Université de Beijing et du départemen­t d’histoire de la GSCASS (Graduate School of Chinese Academy of Social Sciences). Il est maintenant président et chercheur de l’Institut des Beaux-Arts de l’Académie nationale des arts de Chine. Son oeuvre The Coloured Chinese

Painting a gagné le Prix national du livre. Il a aussi présidé le projet national de planificat­ion des arts « Recherche des couleurs traditionn­elles chinoises » et publié une collection Niu Kecheng’s Chinese Landscape Works.

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Ayant une histoire de plus de 3 700 ans, la gravure de sceaux est un art spécifique qui combine la calligraph­ie et la sculpture.
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 ??  ?? Un sceau officiel en bronze de la dynastie des Jin (1115-1234)
Un sceau officiel en bronze de la dynastie des Jin (1115-1234)
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Un sceau en forme d’animal
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Sur des peintures de célèbres maîtres chinois, on peut découvrir, le sceau de l’auteur et de différents collection­neurs.

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