China Today (French)

Célébrer le Nouvel An chinois dans la Cité interdite

- WANG WENJIE, membre de la rédaction

La fête du Printemps, premier jour de l’année d’après le calendrier lunaire chinois, est sans doute la fête traditionn­elle la plus importante pour la nation chinoise. Cette année, elle tombera le 5 février.

En ce moment, en accédant au site Internet officiel du Musée du Palais impérial (plus connu sous le nom de Cité interdite), on peut voir une somptueuse affiche prenant tout l’écran, qui nous invite à « Célébrer le Nouvel An chinois dans la Cité interdite ». Le 6 janvier, une exposition sur ce thème s’est ouverte dans les collection­s du Musée, le plus grand palais et l’un des mieux préservés au monde.

Une exposition fondée sur les faits historique­s

« Que ce soit dans l’Antiquité ou à l’heure actuelle, parmi la cour impériale ou parmi le peu-

ple, dire adieu au passé et accueillir le présent à bras ouverts constitue un thème éternel pour les Chinois », a fait savoir Shan Jixiang, directeur du Musée du Palais impérial.

Positionné­e au plein coeur de la ville de Beijing, la Cité interdite a servi de palais à 24 empereurs sur deux dynasties : les Ming (1368-1644) et les Qing (1636-1912). Le nombre de visiteurs qui viennent découvrir ce complexe de bâtiments ne cesse d’augmenter ces dix dernières années. En 2018, la Cité interdite a accueilli plus de 17 millions de personnes, devenant incontesta­blement le musée le plus fréquenté de toute la planète.

« Nous avons fixé la date d’ouverture de l’exposition au 6 janvier, qui correspond au premier jour du douzième mois sur le calendrier lunaire chinois, car selon la tradition, il convient dès ce jour-là, soit un mois avant, de commencer à se préparer à la nouvelle année en accompliss­ant une panoplie d’activités. Quant à la date de fermeture, le 7 avril, elle coïncide avec la fête de Shangsi (le 3 mars selon le calendrier chinois), qui marque le retour de températur­es plus douces, idéales pour partir en randonnée. Nous souhaitons véhiculer davantage tout ce pan de culture autour des fêtes traditionn­elles », a expliqué Shan Jixiang.

Autrefois, un grand événement, qui mobilisait une main-d’oeuvre massive, avait lieu à l’occasion du Nouvel An : l’installati­on du tiandeng (littéralem­ent, la « lanterne céleste ») et du

wanshouden­g (littéralem­ent, la « lanterne de longévité »). Cette tradition a disparu depuis l’année 1840, l’empereur d’alors ayant ordonné de l’annuler pour réduire les dépenses publiques. Dernièreme­nt, des reproducti­ons de ces deux gigantesqu­es lanternes ont pu être réalisées, après consultati­on d’anciens documents qui les détaillaie­nt.

« Tous les objets exposés ici proviennen­t des collection­s et archives du Musée du Palais impérial. Fondée sur des faits historique­s, l’exposition a pour objectif de décrire, le plus fidèlement possible, comment la famille impériale célébrait la fête du Printemps sous la dynastie des Qing », a expliqué le directeur du Musée.

Divers points d’intérêts à contempler

L’exposition est organisée autour de six thématique­s, à savoir la présentati­on des voeux, le culte des ancêtres, le festin du réveillon, la diligence dans les affaires gouverneme­ntales, les activités récréative­s et l’ambiance festive. Les cinq premières mettent en valeur d’authentiqu­es objets anciens, tandis que la dernière est consacrée aux décoration­s qui étaient traditionn­ellement installées dans l’espace public sous la dynastie des Qing.

La portion sur la présentati­on des voeux présente des articles indispensa­bles pour célébrer le Nouvel An. Le caractère chinois fu, les chunlian (sentences parallèles écrites sur un fond rouge qui sont apposées à la porte d’entrée principale de chaque habitation), le chuntiao (sorte de banderole de bons voeux) et les menshen (représen- tations de dieux gardiens des portes collées sur les deux battants de la porte d’entrée) étaient utilisés par les foyers ordinaires, à l’intérieur de leur maison ou dans leur cour extérieure. À l’opposé, les suichaotu (peintures jouant sur les homophonie­s ou le sens allégoriqu­e du sujet représenté pour souhaiter de belles perspectiv­es à l’occasion du Nouvel An), ou encore les tiandeng et wanshouden­g que nous avons évoqués plus haut, étaient plutôt, voire exclusivem­ent, réservés au Palais impérial.

Dans cette même partie de l’exposition, le public peut découvrir cinq caractères fu, calligraph­iés par cinq empereurs différents, à savoir Kangxi (quatrième empereur de la dynastie des Qing, règne de 1661-1722), Yongzheng (fils de l’empereur Kangxi, règne de 1722-1735), Qian-

long (fils de l’empereur Yongzheng, règne de 1735-1795), Jiaqing (fils de l’empereur Qianlong, règne de 1795-1820) et Daoguang (fils de l’empereur Jiaqing, règne de 1820-1850).

« Ce caractère fu écrit par cinq empereurs est pour moi le point d’intérêt majeur de l’exposition. J’ai mis beaucoup de temps avant de réussir à discerner l’auteur de chaque fu, car le texte de présentati­on accompagna­nt ces oeuvres était écrit en tout petit. Mise à part la calligraph­ie de l’empereur Kangxi, un peu plus penchée que les autres, il est difficile, à mon sens, de distinguer les nuances entre ces calligraph­ies, a avoué Wu Yuting, visiteur de l’exposition. Également, dans un coin de la salle, des bougies provenant d’un palais ont profondéme­nt attiré mon attention. Au début, j’avais cru qu’il s’agissait de sculptures en jade, tellement leurs couleurs étaient éclatantes et leurs motifs finement gravés, mais ce sont bien des bougies ! Observer ces petits articles du quotidien que nos ancêtres utilisaien­t permet de se faire une idée de la vie que menaient autrefois la famille impériale et le peuple ordinaire, et les différence­s entre les deux. »

Elle a poursuivi : « J’ai aussi été subjuguée par la beauté extraordin­aire des lanternes suspendues au centre de la salle d’exposition. Elles servaient jadis à décorer les palais. Je devine qu’ici, il s’agit de copies, puisqu’elles sont exposées à une forte lumière, sans être protégées derrière une vitre. »

Des moyens techniques innovants

Pour cette exposition « Célébrer le Nouvel An dans la Cité interdite », le Musée du Palais impérial a mis en oeuvre des méthodes innovantes, notamment en positionna­nt des objets exposés d’une certaine manière pour obtenir une image stéréoscop­ique d’eux. Par ailleurs, plusieurs modes d’interactio­n avec les visiteurs ont été intégrés.

De chaque côté de l’entrée et de la sortie de l’exposition est planté un grand écran, sur lequel on peut voir un menshen « en mouvement ». Par cet effet d’animation, le dieu gardien de la porte, a l’air sévère à l’origine, passe par diverses humeurs, étant parfois bienveilla­nt et comique.

« Nous avons employé de nombreux moyens techniques pour enrichir l’expérience sensoriell­e des visiteurs, entre autres par le biais de dessins animés, de vidéos, de sons, de projection­s, ou encore en faisant brûler de l’encens. Dans la tour Yanchilou côté est, tout un décor a été mis en place d’après le modèle d’un suichaotu du règne de Qianlong. Les visiteurs peuvent se faire photograph­ier cette mise en scène en toile de fond. Et dans la tour Yanchilou côté ouest, des timbres spéciaux à l’occasion du Nouvel An sont proposés à la vente », a indiqué Shan Jixiang. À proximité d’une oeuvre intitulée Peinture de

jeux sur la glace, des écrans diffusent plusieurs dessins animés sur le patinage artistique et la discipline acrobatiqu­e. « J’ai découvert ces jeux anciens sur la glace dans le feuilleton à succès

The Legend of Zhen Huan. Je me fais désormais une idée plus concrète de ce à quoi ressemblai­t ce sport d’hiver », a commenté Wu Yuting.

« L’exposition durera jusqu’au début du mois d’avril et je prévois d’y refaire un tour lors de ma prochaine visite à la Cité interdite. J’irai revoir ces objets qui m’ont laissée tant admirative », a-t-elle affirmé.

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 ??  ?? Le Musée du Palais impérial dans une ambiance de fête, 16 janvier 2019
Le Musée du Palais impérial dans une ambiance de fête, 16 janvier 2019
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 ??  ?? L’exposition « Célébrer le Nouvel An dans la Cité interdite » ouverte le 6 janvier 2019 attire beaucoup de visiteurs.
L’exposition « Célébrer le Nouvel An dans la Cité interdite » ouverte le 6 janvier 2019 attire beaucoup de visiteurs.
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 ??  ?? Cinq caractères fu, calligraph­iés par cinq empereurs différents de la dynastie des Qing
Cinq caractères fu, calligraph­iés par cinq empereurs différents de la dynastie des Qing
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 ??  ?? Une scène qui reproduit le festin du réveillon de la famille royale
Une scène qui reproduit le festin du réveillon de la famille royale
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Une tasse à thé
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Un verre à vin en or
 ??  ?? Auparavant, on mettait le yasuiqian (argent donnée aux enfants à l’occasion de la fête du Printemps) dans une bourse avec des broderies.
Auparavant, on mettait le yasuiqian (argent donnée aux enfants à l’occasion de la fête du Printemps) dans une bourse avec des broderies.

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