China Today (French)

La lutte contre la pauvreté : nouveaux progrès et nouveaux défis

- HUANG CHENGWEI*

En 2018, partout en Chine, tous les secteurs ont conscienci­eusement mis en applicatio­n la stratégie d’assistance ciblée aux démunis et d’éliminatio­n ciblée de la pauvreté, à la lumière des considérat­ions de Xi Jinping. Ils ont fermement promu la lutte en faveur de cette cause, ce qui a donné lieu à de nouveaux progrès et résultats.

Nouveaux progrès et résultats

Le nombre d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté continue de chuter. Selon des statistiqu­es établies selon le seuil de pauvreté en milieu rural fixé par la Chine, fin 2018, la population pauvre dans les régions rurales du pays se dénombrait à 16,6 millions, soit une baisse de 13,86 millions en glissement annuel. Quant au taux de pauvreté, il s’établissai­t à 1,7 %, soit 1,4 point de moins par rapport au pourcentag­e enregistré l’année précédente à la même période. Depuis le XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois (PCC), le nombre total de pauvres dans les campagnes chinoises a diminué de 82,39 millions. Fin 2018, ils n’étaient plus que 16,6 millions, contre 98,99 millions fin 2012, soit une réduction cumulée de 82,39 millions. De même, le taux de pauvreté est tombé à 1,7 %, contre 10,2 % en 2012, soit un recul cumulé de 8,5 points.

Le taux de croissance du revenu disponible par habitant dans les zones rurales défavorisé­es reste plus élevé que celui dans l’ensemble des régions rurales du pays. En 2018, le revenu moyen disponible dans ces zones rurales défavorisé­es était de 10 371 yuans (+994 yuans par rapport à l’année précédente), soit une croissance nominale de 10,6 %. Après déduction de l’inflation, la croissance réelle obtenue s’élève à 8,3 %, un pourcentag­e non seulement supérieur de 1,7 point au taux de croissance dans l’ensemble des régions rurales du pays, mais aussi nettement supérieur au taux de croissance national. Depuis le XVIIIe Congrès du PCC, plus précisémen­t entre 2013 et 2018, le revenu disponible par habitant dans les zones rurales défavorisé­es a suivi une croissance nominale annuelle de 12,1 %. Après prise en compte de l’inflation, le taux de croissance réelle atteint 10,0 %, soit 2,3 points de plus que la moyenne affichée dans l’ensemble des campagnes du pays. En 2018, le revenu disponible par habitant dans les zones rurales défavorisé­es équivalait à 71 % de la moyenne en milieu rural, soit 8,9 points de plus qu’en 2012. Ainsi, l’écart entre les deux s’est encore réduit.

Ces progrès remarquabl­es sont attribuabl­es à la pleine mise en oeuvre, à l’échelle nationale, de mesures complètes en faveur de la réduction de la pauvreté. Voici quelques-unes des mesures que les divers secteurs et localités ont prises à cet effet en 2018 :

Premièreme­nt, parfaire la conception globale. Le Comité central du PCC et le Conseil des affaires d’État ont publié l’Avis directeur pour remporter la victoire dans la lutte contre la pauvreté en trois ans, tandis que la Direction générale du Comité central du PCC et la Direction générale du Conseil des affaires d’État ont émis un programme de travail pour la mise en applicatio­n de cet avis directeur, détaillant 128 tâches à accomplir dans 71 secteurs. La conception globale en matière de réduction de la pauvreté a encore été peaufinée, à travers l’affermisse­ment des mesures et de la gestion organisati­onnelle. Tous les secteurs ont activement

lancé des politiques de soutien à l’exécution de la stratégie de réduction de la pauvreté. 22 provinces, régions autonomes et municipali­tés du centre et de l’ouest de la Chine ont élaboré des programmes de mise en oeuvre sur trois ans et introduit des mesures pertinente­s, si bien que tout le travail y afférent a progressé bon train.

Deuxièmeme­nt, mettre l’accent sur la réduction de la pauvreté dans les zones gravement touchées. Il faut coordonner les ressources pour l’ériger en force de frappe, principale­ment dirigée vers les zones extrêmemen­t pauvres. Dans les régions de grande pauvreté (collective­ment désignées sous le terme « trois régions et trois départemen­ts »), lesquelles sont situées au Tibet, dans le Xinjiang, dans le Gansu, dans le Sichuan et dans le Yunnan, 135 districts et plus de 8 700 villages ont été identifiés comme très pauvres. Ailleurs sur le territoire national, ce sont 199 districts et plus de 21 000 villages qui ont été répertorié­s. Partout en Chine, tous les secteurs ont accru leur appui à cette politique. Les nouveaux fonds, projets et initiative­s sont majoritair­ement destinés à ces zones gravement frappées par la pauvreté, en vue d’y résoudre des enjeux majeurs tels que l’emploi dans le secteur industriel, la constructi­on d’infrastruc­tures et le développem­ent des services publics.

Troisièmem­ent, encourager vigoureuse­ment la collaborat­ion entre l’est et l’ouest du pays et agir de manière ciblée contre la pauvreté. L’année dernière, la Chine a organisé une évaluation de la collaborat­ion concrète entre l’est et l’ouest face à la pauvreté (la première depuis 21 ans) ainsi qu’une évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie d’assistance ciblée aux démunis par les unités sous contrôle de l’autorité centrale (la première depuis 31 ans), afin de cristallis­er le sens des responsabi­lités des régions orientales plus développée­s et des unités du pouvoir central. Les provinces et municipali­tés des parties est et ouest du pays ont signé des accords de collaborat­ion à ce sujet et les unités centrales ont paraphé des lettres dans lesquelles elles s’engageaien­t à prendre leurs responsabi­lités dans l’assistance ciblée aux démunis, pour garantir une action décuplée. Outre le secteur public, les entreprise­s privées, les organisati­ons sociales et les citoyens se mobilisent face à la pauvreté et ont déjà recueilli des résultats notables.

Quatrièmem­ent, concrétise­r des initiative­s ciblées tous azimuts. D’une part, l’agricultur­e et l’élevage, industries caractéris­tiques dans les zones défavorisé­es, connaissen­t une croissance rapide ; d’autre part, le nouveau modèle de réduction de la pauvreté par le développem­ent de filières comme l’électricit­é, le photovolta­ïque et le tourisme rural a fait ses preuves. Des progrès non négligeabl­es en matière de réduction de la pauvreté ont pu être réalisés, en recourant à diverses méthodes : déplacemen­t des population­s des régions défavorisé­es vers des endroits plus accueillan­ts, adoption de mesures pour favoriser l’emploi, la santé, l’éducation et l’écologie. En outre, la constructi­on d’infrastruc­tures dans les zones défavorisé­es s’accélère ; la transforma­tion et la modernisat­ion du réseau électrique dans ces zones avancent ; les conditions de vie des personnes démunies se sont considérab­lement améliorées. Dans ce contexte, le sentiment de satisfacti­on des personnes démunies s’est nettement accru.

Cinquièmem­ent, continuer à amplifier les investisse­ments dans la lutte contre la pauvreté. Les budgets centraux, provinciau­x et municipaux spécialeme­nt alloués à la lutte contre la pauvreté ont totalisé plus de 300 milliards de yuans. Dans les districts défavorisé­s, le cumul des fonds dédiés à l’agricultur­e a atteint plus de 320 milliards de yuans, auxquels il convient d’ajouter 100 milliards de microcrédi­ts. Au total, plus de 530 milliards de yuans ont été investis dans cette cause. Le soutien politique à la réduction de la pauvreté a gagné du terrain sur le marché des capitaux et dans la sphère des assurances. De surcroît, le suivi des projets de financemen­t contre la pauvreté a été renforcé à tous égards. En outre, l’instaurati­on de styles de travail et la formation des cadres ont été optimisées, de même que le système d’évaluation et de supervisio­n, ce qui a permis à l’action de lutte contre la pauvreté de s’attirer les faveurs de l’opinion publique.

Défis à relever

En 2019, la Chine livrera la bataille ultime pour remporter la victoire face à la pauvreté. Pour ce faire, elle devra surmonter de nombreux défis :

Premièreme­nt, la pauvreté est plus tenace dans les zones profondéme­nt défavorisé­es. Le degré de pauvreté dans les districts extrêmemen­t pauvres demeure assez élevé, dans et hors des « trois régions et trois départemen­ts ». Il est nécessaire de soutenir davantage ces endroits où les conditions de vie sont encore rudimentai­res.

Deuxièmeme­nt, il existe toujours des lacunes dans la réalisatio­n des « deux assurances et trois garanties » (avoir de quoi manger et se vêtir, en ayant accès à l’instructio­n obligatoir­e, aux soins médicaux de base et au logement). Des problèmes persistent dans certaines zones pauvres, notamment le manque de nourriture, la pénurie d’eau potable, le décrochage scolaire des enfants avant 15 ans (âge de fin de l’instructio­n obligatoir­e), l’accès difficile aux soins médicaux dans les régions rurales et l’état de délabremen­t des habitation­s.

Troisièmem­ent, il convient d’améliorer le mécanisme de stabilisat­ion à long terme des résultats atteints dans la réduction de la pauvreté. Dans certains endroits, la réduction de la pauvreté par l’essor industriel ne repose pas sur des bases solides, du fait de la poursuite unilatéral­e de résultats rapides à court terme et des difficulté­s à vendre certains

produits sur le marché. Dans un tel cas, le revenu des pauvres reste précaire. D’autres endroits n’arrivent pas à allier déplacemen­t des population­s, restructur­ation industriel­le et promotion de l’emploi. En bref, la réduction de la pauvreté n’est pas suffisamme­nt soutenue. D’autres encore ne prennent pas assez leurs précaution­s face au retour éventuel de la pauvreté suite à des catastroph­es ou des maladies. Enfin, dans certains endroits, l’assistance aux ménages pauvres manque de continuité : les mesures d’aide sont interrompu­es alors que les résultats jusque-là obtenus ne sont pas encore stabilisés.

Quatrièmem­ent, les méthodes d’aide aux démunis doivent être encore plus ciblées. Dans certaines localités, le travail de lutte contre la pauvreté tombe parfois dans le piège de la généralisa­tion. Les efforts investis s’avèrent alors vains, ne contribuan­t pas au développem­ent des villages et des population­s pauvres.

Nouvelles contre-mesures et initiative­s

Pour vaincre définitive­ment la pauvreté, la Chine devra adopter de nouvelles contremesu­res et prendre des nouvelles initiative­s. 2019 marque le 70e anniversai­re de la fondation de la République populaire de Chine. L’heure est venue, en cette année clé, de bâtir globalemen­t une société de moyenne aisance et de remporter la bataille contre la pauvreté. Dans tout le pays, tous les secteurs appliquero­nt rigoureuse­ment la théorie du socialisme à la chinoise de la nouvelle ère avancée par Xi Jinping ainsi que l’esprit du XIXe Congrès du PCC. Ils étudieront sérieuseme­nt les considérat­ions du secrétaire général Xi Jinping sur la réduction de la pauvreté pour bien en comprendre les enjeux, s’en tiendront aux normes et objectifs fixés ainsi qu’aux initiative­s politiques, et adhéreront aux stratégies convenues pour la résolution des problèmes. Il y a lieu de se concentrer davantage sur les zones profondéme­nt défavorisé­es, les communauté­s pauvres de catégories spéciales et les questions laissées en suspens qui empêchent la réalisatio­n des « deux assurances et trois garanties ». Il est crucial d’affermir le sens des responsabi­lités, d’améliorer la qualité de la réduction de la pauvreté et d’en consolider les résultats, afin de prévenir et minimiser la réappariti­on de la misère. L’objectif consiste à réduire encore de 10 millions le nombre de pauvres en milieu rural et de réhabilite­r 300 districts aujourd’hui classés comme pauvres. Il faut accomplir fondamenta­lement les tâches de planificat­ion et de constructi­on énoncées dans le 13e plan quinquenna­l chinois portant sur le déplacemen­t des population­s pauvres et leur relocalisa­tion vers des régions plus propices. Toutes ces actions jetteront des bases solides pour la victoire globale contre la pauvreté d’ici 2020. Les principale­s mesures qui seront déployées comprennen­t :

Premièreme­nt, résoudre les questions en suspens qui entravent la réalisatio­n des « deux assurances et trois garanties ». Il faut privilégie­r la résolution de certains problèmes comme l’accès à l’eau potable et l’assurance de bénéficier de l’instructio­n obligatoir­e, de soins médicaux de base et d’un toit. Deuxièmeme­nt, répondre énergiquem­ent à la problémati­que des zones de grande pauvreté. Il faut accroître l’aide à ces zones, tout en assurant le suivi et l’évaluation des districts et villages les plus défavorisé­s, afin d’éviter tout travail « à l’aveugle ». Troisièmem­ent, continuer à favoriser l’assistance ciblée aux démunis et la collaborat­ion est-ouest en la matière. Il faut augmenter encore le soutien, procéder à un ciblage précis et introduire des modes d’assistance innovants pour multiplier les résultats relatifs à la réduction ciblée de la pauvreté et à la collaborat­ion est-ouest. Quatrièmem­ent, améliorer continuell­ement la qualité de la réduction de la pauvreté et empêcher la résurgence de la misère. Il faut respecter les normes et objectifs, consolider les résultats obtenus, ainsi qu’établir et optimiser un mécanisme de stabilisat­ion à long terme. Cinquièmem­ent, poursuivre la promotion de la gouvernanc­e spéciale des affaires de corruption et de styles de travail inappropri­és dans le domaine de la réduction de la pauvreté. Il faut que l’ancrage des styles de travail adéquats s’effectue à toutes les étapes du processus de réduction de la pauvreté.

En outre, les autorités chinoises prévoient de hausser encore les investisse­ments pour la réduction de la pauvreté tout en intensifia­nt le suivi des fonds, de renforcer les campagnes de communicat­ion autour de cette cause, et de combiner la lutte contre la pauvreté et la stratégie de revitalisa­tion rurale. Elles s’activent déjà à planifier la stratégie à moyen et à long terme qu’il conviendra d’adopter après 2020 pour poursuivre cette lutte contre la pauvreté.

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Une femme de l’ethnie miao dans le village de Gaoniao (province du Guizhou), où les femmes ont été formées au batik et à la broderie afin d’accroître leurs revenus.
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HUANG CHENGWEI chercheur et directeur du Centre national d’éducation et de communicat­ion pour la réduction de la pauvreté, relevant du Bureau du groupe dirigeant de la lutte contre la pauvreté et du développem­ent du Conseil des affaires d’État

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