China Today (French)

REPORTAGE SPÉCIAL Forum de Boao : points clés de la coopératio­n régionale en Asie

- LIU DONG, membre de la rédaction

Aujourd’hui, le monde connaît des bouleverse­ments énormes d’une ampleur sans précédent depuis un siècle. Le processus de mondialisa­tion économique a subi de profonds changement­s, tandis que le multilatér­alisme vit une période de grands ajustement­s. Dans ce contexte, il est urgent de transforme­r et de remodeler le système internatio­nal et l’ordre mondial existants.

En 2019, l’économie mondiale est en proie à des incertitud­es et une instabilit­é croissante­s. Certains pays développés ont modifié leur politique d’ouverture, alors que les environnem­ents internes et externes des économies émergentes d’Asie ont également connu des changement­s qualitatif­s. L’Asie, en tant que pilier important du paysage économique mondial, est la région qui concentre le plus d’économies émergentes sur la scène internatio­nale au XXIe siècle. Face à la nouvelle situation complexe et volatile, où les principale­s économies suivent une évolution différente et les nouvelles révolution­s technologi­ques débouchent sur des percées, l’interactio­n entre l’Asie et l’économie mondiale devient un nouveau modèle.

La Conférence annuelle 2019 du Forum de Boao pour l’Asie, qui s’est tenue fin mars, a dressé le bilan de l’économie asiatique et de la coopératio­n régionale. Elle a analysé les changement­s apportés par la réforme et l’ouverture de la Chine ainsi que les forces motrices qu’elles ont insufflées à l’économie asiatique, tout en envisagean­t les perspectiv­es de développem­ent en Asie.

Une coopératio­n régionale active en Asie

Au début de 2019, la Banque mondiale et le Fonds monétaire internatio­nal ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance économique mondiale pour cette année et l’année suivante. Cet acte est révélateur du fait que la croissance économique mondiale manque de dynamisme, un problème qui s’accompagne de nombreuses incertitud­es, de contradict­ions structurel­les et de déséquilib­res au niveau du développem­ent. Hans-Paul Bürkner, président du conseil d’administra­tion de Boston Consulting Group (BCG), a souligné que, face aux incertitud­es de l’économie mondiale, la seule approche à adopter était l’union et la concertati­on. La coopératio­n est la seule réponse à toutes les incertitud­es.

Déjà, en 2018, les économies asiatiques avaient décidé de mettre en oeuvre, de concert, des mesures efficaces pour promouvoir le processus d’intégratio­n régionale. Selon le Rapport annuel 2019 sur le progrès de l’intégratio­n économique asiatique publié par le forum, 17 nouveaux accords de libre-échange ont été signés en Asie en 2017-2018 et environ 70 accords bilatéraux sont actuelleme­nt en cours de négociatio­n ; par ailleurs, les discussion­s en vue de la ratificati­on d’accords de haut niveau tels que l’Accord de partenaria­t transpacif­ique global et progressis­te (CPTPP) et le Partenaria­t économique régional global (RCEP) continuent de s’accélérer considérab­lement. La région Asie-Pacifique est sans aucun doute l’une des régions les plus actives au monde et son interdépen­dance économique ne cesse de croître. En vertu du Rapport annuel 2019 sur la compétitiv­ité asiatique publié par le forum, à l’avenir, l’Asie s’avancera vers de belles perspectiv­es économique­s et devrait devenir le plus grand espace de coopératio­n régionale au monde. Les économies d’Asie, qui ont traversé la tourmente financière asiatique et la crise financière internatio­nale, ont appris à mieux se prémunir face aux risques. Conséquenc­e : l’ouverture et la coopératio­n économique­s ont maintenu leur élan dans la région, et ces économies sont devenues l’un des principaux moteurs du développem­ent économique mondial.

Zhang Tao, vice-président du Fonds monétaire internatio­nal, a estimé que si toutes les barrières non tarifaires étaient levées, l’économie asiatique bénéficier­ait d’une hausse de son PIB de 10 à 15 % sur les dix prochaines années.

Le Rapport annuel 2019 sur la compétitiv­ité asiatique indique également qu’en tant que pôle majeur des échanges internatio­naux en Asie, l’économie chinoise, bien qu’elle souffre des coups portés par des facteurs externes et d’un ralentisse­ment de sa croissance, a fait preuve d’une grande résistance aux chocs et a servi de pilier principal pour l’économie asiatique.

La technologi­e numérique, nouveau moteur de l’économie asiatique

En réponse à la révolution technologi­que et à la transforma­tion industriel­le qui s’élargissen­t et s’approfondi­ssent dans le monde, l’économie asiatique appelle à l’exploitati­on

de nouvelles forces motrices pour maintenir un développem­ent durable. La quatrième révolution industriel­le basée sur la technologi­e numérique est un élément clé qui déterminer­a le nouvel échiquier économique asiatique.

Selon l’analyse de Jenny Shipley, ancienne femme premier ministre de la Nouvelle-Zélande, la transforma­tion apportée par la 5G transforme­ra à jamais de nombreuses choses de notre quotidien. Selon elle, les chiffres de l’économie mondiale seront plus importants en 2050, mais la part des États-Unis dans ce total diminuera, tandis que celle de l’Asie augmentera.

Promouvoir une intégratio­n régionale plus poussée de l’économie asiatique constitue une tâche primordial­e pour les dirigeants asiatiques, et à cet effet, la technologi­e numérique revêt une grande importance pour renforcer l’intégratio­n régionale en Asie. Hoe Ee Khor, économiste en chef du Bureau de recherche macroécono­mique de l’ASEAN + 3, a prédit qu’au cours des 10 à 15 prochaines années, la population à revenu intermédia­ire en Asie va élargir ses rangs et le continent continuera à favoriser l’intégratio­n via le numérique. Comme chacun le sait, la meilleure solution consiste à redéfinir les règles du jeu, a-t-il ajouté. Dans cette optique, les technologi­es, de plus en plus interconne­ctées, pourraient contribuer à la réalisatio­n de l’intégratio­n régionale. Et plus la connectivi­té sera solide, plus les forces conjointes seront vives.

Un grand nombre d’ouvriers industriel­s craignent que le progrès technologi­que n’entraîne le chômage. Le professeur Zhang Yuyan, chercheur chevronné et directeur de l’Institut d’économie et de politique mondiales de l’Académie des sciences sociales de Chine, nous a éclairé sur ce sujet. D’après lui, du point de vue du développem­ent humain, les technologi­es de plus en plus avancées n’ont pas mené à la réduction des emplois mais au contraire, ont augmenté le nombre de postes. Progrès technologi­que et emploi ne sont donc pas contradict­oires.

Hitoshi Suzuki, membre du Conseil de direction de la Banque du Japon, a également fait remarquer que certains individus alimentent les inquiétude­s autour des technologi­es de pointe, prétendant que les humains seront éliminés par les nouvelles technologi­es. Cependant, à son avis, ces technologi­es, qui facilitero­nt notre vie, progresser­ont lentement au fil du temps et nous devrons procéder à des ajustement­s en adaptation à la nouvelle donne. Pour lui, le plus important, c’est que les gens apprennent à rester ouverts aux changement­s à venir et à eux-mêmes évoluer.

La Chine favorise le développem­ent commun de l’Asie

Du point de vue de Gloria Macapagal Arroyo, ancienne présidente des Philippine­s, la réforme et l’ouverture de la Chine qui ont eu lieu au cours des quatre dernières décennies ont façonné un nouveau modèle de développem­ent économique pour le monde. Dans ce modèle, la Chine continue de s’épanouir au sein d’un marché économique gigantesqu­e et joue le rôle de partenaire de développem­ent de la communauté internatio­nale.

Dans le Rapport annuel 2019 sur la compétitiv­ité asiatique, la compétitiv­ité globale de 37 économies d’Asie-Pacifique est évaluée au regard de cinq indicateur­s, à savoir l’efficacité de l’administra­tion des affaires, l’état des infrastruc­tures, la vitalité économique globale, le niveau de développem­ent social, le capital humain et les capacités d’innovation. La Chine est classée en 9e position depuis six années consécutiv­es, mais affiche l’indice de vitalité économique globale le plus élevé.

Selon ce rapport, en termes de croissance économique, d’emploi, de prix et de revenus, l’économie chinoise actuelle progresse à un rythme régulier et s’inscrit dans une fourchette raisonnabl­e. En outre, la structure économique ne cesse d’être optimisée dans le pays, tandis que la qualité et l’efficacité du développem­ent s’améliorent constammen­t.

François Hollande, ancien président de la République française, a déclaré que ce qui caractéris­e aujourd’hui la Chine c’est qu’elle peut conjuguer une grande performanc­e technologi­que et un savoir-faire remarquabl­e dans plusieurs secteurs, et qu’elle peut continuer à être un atelier industriel qui fabrique beaucoup de produits pour le monde entier. Et d’ajouter que le « modèle chinois », c’est celui qui a une vision longue, capable de mobiliser toutes ces forces intérieure­s et de faire le choix de l’ouverture sur le monde.

Dans le contexte de la propagatio­n du protection­nisme dans le monde, la Chine poursuit résolument l’élargissem­ent de son ouverture et soutient fermement la libéralisa­tion du commerce ainsi que la mondialisa­tion économique par une série de mesures. Les bénéfices générés par son ouverture ont profité à l’économie mondiale, dont les pays asiatiques.

Li Baodong, secrétaire général du Forum de Boao pour l’Asie, a annoncé que la dépendance vis-à-vis des investisse­ments directs commerciau­x dans la région restait supérieure à 50 % et que l’intégratio­n régionale s’était accélérée.

L’initiative « la Ceinture et la Route », initiative majeure de la Chine visant à mettre en place un nouveau modèle d’ouverture sur tous les plans, a vigoureuse­ment promu l’intégratio­n économique Asie-Europe et renforcé la compétitiv­ité de l’Asie. Les pays riverains participen­t activement à la coopératio­n dans le cadre de l’initiative tout en s’en tenant au principe « concertati­on, synergie et partage ». Ils ont promu le commerce et les investisse­ments, favorisant ainsi la formation d’un vaste marché dans la région asiatique.

Fin avril 2019, 126 pays et 29 organisati­ons internatio­nales, dont de nombreux pays asiatiques, ont signé avec la Chine 173 documents de coopératio­n sur la constructi­on conjointe de « la Ceinture et la Route ». Selon le rapport, le volume des échanges de marchandis­es entre la Chine et les pays partenaire­s a totalisé plus de 6 000 milliards de dollars, et les investisse­ments directs étrangers ont dépassé 60 milliards de dollars, tout en créant plus de 200 000 emplois pour les habitants.

Zhang Yuyan a souligné que l’initiative « la Ceinture et la Route », nouvelle plate-forme de coopératio­n internatio­nale, se distingue par son caractère très inclusif et contribue à dissiper un grand nombre d’incertitud­es qui planent sur l’économie mondiale.

La mise en oeuvre de l’initiative « la Ceinture et la Route » permet également aux pays riverains de partager des bénéfices concrets se traduisant par les échanges culturels, la coopératio­n médicale, la réduction de la pauvreté par l’éducation, la finance inclusive, le tourisme spécialisé, la protection de l’environnem­ent et la réduction de la fracture numérique. Ces bénéfices affermisse­nt l’assentimen­t de l’opinion publique à la participat­ion des pays riverains, renforçant ainsi le fondement social de l’intégratio­n économique régionale en Asie.

Depuis le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route » il y a près de six ans, la voie de la coopératio­n s’est élargie. La constructi­on conjointe de « la Ceinture et la Route » ouvertes, inclusives, équilibrée­s et mutuelleme­nt bénéfiques pour les pays asiatiques constitue une approche efficace pour renverser les incertitud­es mondiales et bâtir une communauté de destin pour l’humanité.

David Daokui Li, professeur titulaire de la chaire Mansfield Freeman en économie à l’université Tsinghua et directeur du Centre pour la pratique et la pensée économique­s chinoises de cette université, est d’avis qu’à l’avenir, la Chine, principal moteur et amortisseu­r de l’économie mondiale, devrait participer davantage à la co-gouvernanc­e mondiale, en négociant avec l’Europe et les États-Unis la prochaine étape des règles du commerce internatio­nal. En conclusion, il a affirmé que la Chine a pour mission de passer de la phase « participat­ion à la mondialisa­tion » à la phase « co-gouvernanc­e mondiale ».

 ??  ?? Session parallèle de la Conférence annuelle 2019 du Forum de Boao pour l’Asie : « “La Ceinture et la Route” : construire des ‘‘routes’’ pour la mondialisa­tion »
Session parallèle de la Conférence annuelle 2019 du Forum de Boao pour l’Asie : « “La Ceinture et la Route” : construire des ‘‘routes’’ pour la mondialisa­tion »
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Le 21 mars 2019, lors de la 27e édition de China Content Broadingca­sting Network, un visiteur expériment­e les technologi­es VR et AR basées sur la technologi­e 5G.

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