China Today (French)

La pensée écologique ancrée dans « la Ceinture et la Route »

- ZHOU LIN, membre de la rédaction

Le 14 mai 2017, le président chinois Xi Jinping a tenu un discours lors de la cérémonie d’ouverture du premier Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopératio­n internatio­nale, dans lequel il a déclaré : « Nous devons pratiquer le nouveau concept de développem­ent vert, mettre à l’honneur les modes de production et de vie

écologique­s, bas carbone, circulaire­s et durables, renforcer la coopératio­n écologique et développer une civilisati­on écologique, afin de réaliser ensemble les objectifs de développem­ent durable à l’horizon 2030. » À l’heure où les population­s sont de plus en plus sensibles à la cause du développem­ent vert, la coopératio­n entre la Chine et les pays partenaire­s de

« la Ceinture et la Route » progresse à grand pas.

Une rivière source d’avantages partagés

Le fleuve Lancang, appelé le Mékong au Laos, s’écoule sur près de 5 000 km. Il prend sa source dans les monts Tanggula sur le plateau QinghaiTib­et, puis se dirigeant vers le sud, il traverse les hautes montagnes et crêtes escarpées du plateau Yunnan-Guizhou, avant de serpenter dans la vaste péninsule indochinoi­se, où il alimente des centaines de millions de personnes dans le bassin versant. Depuis les temps anciens, les Chinois et les Laotiens qui vivent au bord du fleuve exploitent l’eau d’un même fleuve. Leur destin est donc, depuis toujours, étroitemen­t lié. Au Laos, la rivière Nam Ou est le plus grand affluent sur la rive gauche du Mékong. Cette rivière, qui coule du nord au sud, se jette dans le Mékong à proximité de la ville de Luang Prabang. Longue de 475 km, elle prend sa source à 430 m d’altitude et arrose un bassin de 25 600 km². Cette rivière Nam Ou est idéale pour la production d’électricit­é et le gouverneme­nt laotien comptait bien l’exploiter à cette fin.

En 2008, Power Constructi­on Corporatio­n of China (Power China) a entamé la constructi­on de la centrale hydroélect­rique de Nam Ngum 5 sur la rivière Nam Ting, au Laos. À ce moment-là, Bounpong Ketsadasak a quitté le groupe EDL (Électricit­é du Laos) pour rejoindre Power China (dont il est à présent l’un des employés principaux). Il a participé à l’époque à tout le processus de réinstalla­tion des population­s déplacées pour les besoins du chantier des centrales hydroélect­riques de Nam Ou et aujourd’hui, il est responsabl­e de la commercial­isation de l’électricit­é produite par ces centrales.

La Chine et le Laos sont des pays voisins, qui partagent des montagnes et des rivières communes. Riche en ressources hydroélect­riques, le Laos cherche à favoriser l’intégratio­n régionale par le biais de la production d’électricit­é, dans l’ambition de devenir la « batterie de l’Asie du Sud-Est ». Une stratégie nationale en accord avec l’initiative « la Ceinture et la Route » proposée par le président chinois Xi Jinping. « Le succès retentissa­nt du projet hydroélect­rique de Nam Ou permettra de renforcer considérab­lement l’interconne­xion et la coopératio­n dans le domaine des infrastruc­tures entre la Chine et l’ASEAN », a commenté Bounpong Ketsadasak.

« Les centrales hydroélect­riques Nam Ou constituen­t le premier projet à l’étranger de type BOT (Build-Operate-Transfer) qui a été financé et développé par une entreprise chinoise. Power China a conçu les plans sur mesure pour tout le bassin, prévoyant d’aménager un réservoir et sept centrales. L’entreprise a étudié le terrain de façon à réduire les crues dans presque la moitié des zones touchées, en cherchant à limiter le nombre d’habitants déplacés et la surface des terres arables et forêts submergées. Les sept centrales hydroélect­riques ont été réparties équitablem­ent, pour garantir une production d’énergie continue, quelle que soit la saison », a décrit Bounpong Ketsadasak.

Sept centrales hydroélect­riques sur la Route verte de la Soie

Devenir la « batterie de l’Asie du Sud-Est » et un grand pays producteur d’énergie hydroélect­rique sont les stratégies nationales déployées par le gouverneme­nt laotien. Une orientatio­n qui capte l’attention des compagnies d’électricit­é de Chine, de Thaïlande, de Malaisie, de France, du Japon et d’autres pays. De nombreuses sociétés hydroélect­riques aux performanc­es hors pair, qu’elles soient chinoises, laotiennes ou autres, ont répondu à l’appel d’offres concernant l’aménagemen­t du bassin de la rivière Nam Ou. Mais au final, c’est à Power China que le gouverneme­nt laotien a choisi de confier cette mission.

En 2005, Power China a commencé à s’intéresser de plus près à ce projet hydroélect­rique de Nam Ou et à en dessiner les plans en avançant l’idée d’aménager un réservoir et sept centrales. Parallèlem­ent, l’entreprise a tenté de réduire la hauteur du barrage, dans le but de trouver l’équilibre entre avantages économique­s et atténuatio­n des effets indésirabl­es, notamment le déplacemen­t des population­s et l’impact sur l’environnem­ent.

Au Laos, la route nationale 13 est bien connue de tous, puisqu’il s’agit de l’artère principale reliant le nord et le sud du pays. Cette RN 13 longe à droite le barrage de la centrale de Nam Ou 1, laquelle est située à seulement 45 km de la célèbre ville touristiqu­e de Luang Prabang. C’est pourquoi il y a toujours beaucoup de monde qui passe par cet endroit. En conséquenc­e, le gouverneme­nt laotien affichait des exigences écologique­s très strictes pour la constructi­on des centrales électrique­s.

Dans ce contexte, le concept de développem­ent écologique selon lequel la valorisati­on des ressources naturelles peut être une manne économique a été implanté dans tous les aspects de la constructi­on. Trois grands principes de protection environnem­entale ont été suivis : premièreme­nt, zéro dégradatio­n de l’environnem­ent par rapport aux travaux ; deuxièmeme­nt, zéro hausse de la poussière liée aux granulats, car le système de traitement de ces granulats est complèteme­nt fermé ; troisièmem­ent, zéro rejet d’eaux usées issues de la production, car l’eau rejetée est systématiq­uement drainée vers des bassins de décantatio­n de type 3 pour être traitée et recyclée. Dans le même temps, des instrument­s de mesure de la qualité de l’eau et des dispositif­s

de purificati­on sont présents à chaque installati­on d’approvisio­nnement en eau du quotidien.

Et le précieux exemple donné par le projet de Nam Ou en matière de protection environnem­entale ne s’arrête pas là. Le service en charge du projet chez Power China a encore dressé un rapport d’études d’impact sur l’environnem­ent. En outre, les dispositio­ns relatives à la responsabi­lité environnem­entale, telles qu’énoncées dans les lois et réglementa­tions en matière de protection de l’environnem­ent en vigueur en Chine et au Laos ainsi que dans le contrat de franchise conclu entre les deux parties, ont été appliquées à la lettre, et les normes environnem­entales nationales et internatio­nales les plus strictes ont été respectées.

Le Laos, bientôt la « batterie de l’Asie du Sud-Est »

À la même époque que les centrales de Nam Ou, un autre vaste chantier hydroélect­rique a été lancé : la centrale hydroélect­rique de Nam Phay, située dans la province laotienne de Xaisomboun. Elle a été saluée par Khammany Inthirath, ministre laotien de l’Énergie et des Mines, qui l’a qualifiée de « projet majeur au Laos, propice au bien-être du peuple ».

210 millions de dollars ont été mis sur la table pour cette centrale hydroélect­rique de Nam Phay, développée conjointem­ent par le groupe chinois Norinco et EDL. En mai 2017, le projet a été connecté au réseau électrique national laotien, qui dessert quatre régions. Toute l’électricit­é produite par la centrale hydroélect­rique de Nam Phay est transmise au réseau et alimente la zone centrale, qui comprend Vientiane, Xaisomboun et d’autres lieux. C’est la région qui consomme le plus d’électricit­é au Laos. L’énergie fournie par la centrale hydroélect­rique de Nam Phay représente environ 10 % de l’électricit­é totale produite dans la région, offrant la garantie d’une alimentati­on électrique stable au centre économique du Laos.

À la centrale hydroélect­rique de Nam Phay, un employé laotien prénommé Gaea inspecte avec soin un kit d’instrument­s. Après avoir terminé ses études secondaire­s, ce jeune originaire de la province de Luang Namtha a obtenu ce poste. Par la suite, il a été envoyé en Chine pour y suivre un stage de formation. Il a expliqué : « Mon travail ici me permet d’être au contact des dernières technologi­es hydroélect­riques, et l’hydroélect­rique est une industrie importante au Laos. Une fois que je maîtrisera­i bien ces technologi­es, je pourrai contribuer davantage au développem­ent du secteur de l’énergie au Laos. »

Adoptant une approche de gestion « localisée », ce projet hydroélect­rique de Nam Phay a fortement encouragé l’emploi local. Un grand nombre de technicien­s et de gestionnai­res ont également été formés sur place. À l’heure actuelle, le ratio du personnel est d’un employé chinois pour deux employés laotiens. Et le taux d’employés laotiens dans l’entreprise devrait atteindre, voire dépasser 70 % à l’avenir. Par ailleurs, de plus en plus d’employés laotiens seront promus à des hauts postes de direction.

Le déplacemen­t des population­s, un enjeu écologique majeur

La constructi­on de gros ouvrages doit prêter attention au concept de protection environnem­entale ; et de même, le plan de réinstalla­tion des habitants dans la zone aménagée doit s’en tenir à ce concept.

Bounpong Ketsadasak énumère les résultats du projet de réinstalla­tion dans un village proche de la centrale hydroélect­rique de Nam Ou 2 : « Non seulement les villageois demeurant dans la zone du réservoir, qui logeaient à l’origine dans des abris rudimentai­res et étriqués, ont emménagé dans des logements spacieux et lumineux bâtis dans un village spécialeme­nt destinés à les accueillir. Mais en plus de ces habitation­s, Power China a construit des écoles, des dispensair­es, des bureaux et des marchés, sans oublier des temples où ces gens peuvent exercer leurs activités religieuse­s. Un projet de rétablisse­ment des moyens de subsistanc­e a été lancé. Dans ce cadre, des voies prévues pour le passage des tracteurs ont été aménagées sur une distance de 12 km, un certain nombre de villageois ont été formés à la culture du café ; et les foyers déplacés ont également reçu une aide alimentair­e. Toutes ces mesures ont été déployées pour soutenir la population déplacée

au cours de cette période de transition. De surcroît, les étudiants prometteur­s ont reçu de la part de Power China une bourse pour partir étudier en Chine, à l’université de Wuhan. »

Un autre acteur majeur est intervenu au cours de la réinstalla­tion de la population et de la restaurati­on écologique : l’organisati­on internatio­nale intitulée Internatio­nal Rivers. En septembre 2016, des représenta­nts de cette organisati­on venus des ÉtatsUnis, de Thaïlande et de Chine ont choisi la centrale hydroélect­rique de Nam Ou 6 comme sujet d’étude concret. Internatio­nal Rivers a mené des inspection­s et recherches sur place, afin d’analyser certaines questions telles que la protection de l’environnem­ent, la réinstalla­tion de la population déplacée, le développem­ent de la communauté et le partage des bénéfices.

Stephanie Jensen-Cormier, responsabl­e du projet Chine pour Internatio­nal Rivers, a soulevé une question incisive : au moment de la démolition de l’ancien village et de la réinstalla­tion des habitants dans le nouveau village, l’entreprise chargée du projet hydroélect­rique avait promis à plusieurs reprises de leur fournir des opportunit­és d’emploi, mais en réalité, les habitants locaux n’ont pas du tout pris part aux travaux pour gagner leur vie.

Considéran­t la remarque de l’organisati­on internatio­nale, Song Huihong, responsabl­e de la première phase du projet hydroélect­rique de Nam Ou, a répondu posément : « D’un autre point de vue, la constructi­on de barrages a ses avantages et ses inconvénie­nts. Nous devons donc, l’un et l’autre, adopter une attitude ouverte et inclusive. Inutile de préciser que le processus de constructi­on aura un impact sur l’environnem­ent de la rivière. Mais nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour minimiser les dommages causés à travers nos moyens techniques et financiers, tout en protégeant le plus possible cet environnem­ent. Nous ne cherchons pas à dissimuler la vérité aux organisati­ons internatio­nales, car cela nuirait à l’image des entreprise­s chinoises. Nous préférons les laisser constater les faits tels qu’ils sont. »

Les échanges et la communicat­ion ouverte permettent aux experts de se faire une idée véritable quant aux impacts réels qu’a le chantier sur l’environnem­ent proche du réservoir, les écosystème­s et les habitants locaux. Précisons donc que les objectifs fixés concernant la préservati­on de la qualité de l’eau dans la zone du réservoir, la protection de la flore sur les berges ou encore l’améliorati­on des conditions de vie des habitants déplacés ont tous été atteints. Une réussite qu’Internatio­nal Rivers a reconnue.

En conclusion, le projet hydroélect­rique de Nam Ou a promu la constructi­on de « la Ceinture et la Route » vertes et favorisé le partage d’expérience en matière de développem­ent vert, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Lors de la réunion annuelle 2018 du Conseil chinois pour la coopératio­n internatio­nale sur l’environnem­ent et le développem­ent, la Chine a annoncé la création de l’Alliance internatio­nale pour le développem­ent vert de « la Ceinture et la Route ». L’objectif étant que l’initiative « la Ceinture et la Route », pénétrée du concept de constructi­on écologique, devienne un consensus internatio­nal et une action commune, afin de mettre en oeuvre le Programme de développem­ent durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Plus de 80 organismes sont devenus partenaire­s de cette Alliance. À mesure que l’initiative « la Ceinture et la Route » s’approfondi­t et que le concept de développem­ent vert est reconnu internatio­nalement, l’énorme potentiel de développem­ent que renferme la constructi­on de « la Ceinture et la Route » vertes, ainsi que la demande colossale en la matière, seront progressiv­ement révélés.

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À la centrale hydroélect­rique de Nam Ou 4, l’entreprise Power China a reconstrui­t les routes qui permettent d’accéder à la rive inférieure de la rivière, améliorant la circulatio­n entre les villages.
 ??  ?? Des volontaire­s de la centrale hydroélect­rique de Nam Ou 3 plantent des arbres sur le campus de l’école locale dédiée aux élèves issus des campagnes.
Des volontaire­s de la centrale hydroélect­rique de Nam Ou 3 plantent des arbres sur le campus de l’école locale dédiée aux élèves issus des campagnes.
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À l’occasion du Sommet 2018 Lancang-Mékong pour la coopératio­n des médias, un groupe de presse visite la centrale hydroélect­rique de Nam Ou 2.

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