China Today (French)

Construire une « communauté de destin » verte

- ZHOU LIN et ZHANG XI, membres de la rédaction

Depuis le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route » en 2013, la coopératio­n environnem­entale entre la Chine et les pays partenaire­s a donné des résultats phares à plusieurs égards. D’une part, citons, au sujet de la coopératio­n, l’améliorati­on des mécanismes, l’élargissem­ent des champs, l’enrichisse­ment du contenu et l’innovation des formes. D’autre part, comme les projets de coopératio­n dans les différents domaines ont connu un développem­ent rapide, de plus en plus de pays et régions s’impliquent dans la constructi­on d’une « communauté de destin » verte.

Les messagers de la Route de la Soie verte en Asie du Sud-Est

Lors de la Semaine de la coopératio­n écologique Chine-ASEAN qui s’est tenue à Beijing en mars 2019, Khin Cho Cho Shein a attiré tous les regards. En effet, cette stagiaire au ministère des Transports du Myanmar est venue à l’événement parée d’un somptueux costume folkloriqu­e birman. Très enthousias­te, elle nous a fait savoir qu’il y a dix ans, elle avait suivi une formation en météorolog­ie à l’université de Nanjing et qu’aujourd’hui, elle a l’opportunit­é de mettre en applicatio­n dans son travail les concepts et technologi­es de pointe qu’elle a appris en Chine. Elle était donc ravie de revenir en Chine.

« Actuelleme­nt, le Myanmar met en oeuvre des stratégies et programmes d’action pour faire face au changement dans sa dimension environnem­entale, une démarche en accord avec les objectifs du Programme de développem­ent durable à l’horizon 2030 des Nations Unies ainsi qu’avec l’idée de la Chine de construire une Route de la Soie verte. À cette fin, le gouverneme­nt du Myanmar a élaboré une série de plans d’action définissan­t les politiques, les organismes d’exécution, les finances et les technologi­es. Dans le même temps, nous instaurons activement un partenaria­t écologique avec les pays partenaire­s de “la Ceinture et la Route”. » Shein a ajouté que des collègues du ministère de la Protection de l’Environnem­ent du Myanmar sont également venus en Chine, précisant que ce ministère de la Protection de l’Environnem­ent est responsabl­e de l’élaboratio­n des politiques, tandis que le ministère des Transports s’occupe de la mise en oeuvre des plans. « Nous devons travailler en coopératio­n », a-t-elle résumé.

Shein attendait beaucoup de ces cinq jours de stage, au programme chargé : la Réunion des coordinate­urs nationaux pour la coopératio­n environnem­entale Chine-ASEAN, le Séminaire sur la coopératio­n entre les villes jumelées écologique­s de la Chine et de l’ASEAN, la Réunion du groupe de travail sur la plate-forme de partage d’informatio­ns sur l’environ

nement Chine-ASEAN et une formation au renforceme­nt des capacités, ainsi que des discussion­s sur les politiques et les actions en matière de changement climatique. Shein a exprimé son souhait de voir émerger une coopératio­n plus pragmatiqu­e et plus approfondi­e entre la Chine et le Myanmar dans les domaines de la protection de l’environnem­ent et du développem­ent durable.

À vrai dire, des activités similaires, proposant des échanges et formations sur la protection environnem­entale, sont organisées fréquemmen­t.

En juillet 2018, le ministère chinois de l’Écologie et de l’Environnem­ent a signé avec le ministère laotien des Ressources naturelles et de l’Environnem­ent un mémorandum d’entente interminis­tériel sur la coopératio­n écologique et environnem­entale, ainsi que le Plan d’action de coopératio­n entre la Chine et le Laos (2018-2022), pour parvenir à des consensus et coopératio­ns dans des domaines spécifique­s. En novembre de la même année, le Centre de coopératio­n environnem­entale Lancang-Mékong a envoyé une délégation au Laos, dans le cadre d’une inspection de son système de surveillan­ce automatiqu­e de l’environnem­ent atmosphéri­que, de sa station mobile de surveillan­ce de la qualité de l’air, de son système d’évacuation des eaux usées et de son système de traitement naturel des eaux usées autour du réservoir That Luang, ainsi que de son site d’enfouissem­ent des déchets dans la ville de Luang Prabang.

Selon Virasack Chundara, directeur de l’Institut de recherche sur les ressources naturelles et l’environnem­ent du Laos, « la surveillan­ce de la qualité de l’air est un domaine relativeme­nt nouveau au Laos. Le pays ne dispose que d’une seule station de surveillan­ce fixe et d’un seul véhicule de surveillan­ce mobile à Vientiane. Par ailleurs, la portée des données recueillie­s demeure élémentair­e, loin de pouvoir répondre à la demande. L’expérience de la Chine est donc très importante pour nous ».

Les stagiaires laotiens louent également l’expérience acquise par la Chine en matière de traitement des eaux usées. L’un d’eux, responsabl­e au Départemen­t des ressources naturelles et de l’environnem­ent dans la province de Luang Prabang au Laos, nous a confié qu’il espérait aider le gouverneme­nt laotien à améliorer ses capacités de gestion environnem­entale, en suivant une formation organisée par le Centre de coopératio­n environnem­entale Lancang-Mékong.

« Les conditions naturelles au Laos sont plutôt bonnes, mais il existe tout de même des problèmes de pollution environnem­entale, notamment dans la province de Luang Prabang où une grande quantité d’eaux usées non traitées a été rejetée dans le fleuve, en raison des divers projets de constructi­on de centrales hydroélect­riques, d’exploitati­on minière et de développem­ent touristiqu­e. Par conséquent, nous devons renforcer la coopératio­n avec les organisati­ons gouverneme­ntales et non gouverneme­ntales, en particulie­r le Centre de coopératio­n environnem­entale Lancang-Mékong, afin d’obtenir un soutien accru sur les plans intellectu­el, technique et matériel en vue du renforceme­nt des capacités dans la gestion environnem­entale, la surveillan­ce de la pollution et le traitement des eaux usées. »

Le Programme des messagers Chine-ASEAN dédié au projet de formation sur la protection de l’environnem­ent Chine-ASEAN a été modernisé et rebaptisé en 2016 le Programme des messagers de la Route de la Soie verte. Il consiste, dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » verte, à partager les acquis du développem­ent socio-économique de la Chine par le biais du renforceme­nt des capacités de protection de l’environnem­ent et la coopératio­n industriel­le, à encourager la coopératio­n régionale en matière de protection environnem­entale et le développem­ent durable vert à l’échelle régionale, enfin à mettre en oeuvre des projets phares pour le renforceme­nt des capacités de protection de l’environnem­ent sur la Route de la Soie verte.

En 2019, plus de 150 représenta­nts sont venus suivre une formation à Beijing. Certains travaillai­ent au ministère chinois de l’Écologie et de l’Environnem­ent ou à l’Académie des sciences de Chine ;

d’autres arrivaient de provinces et régions autonomes chinoises telles que le Yunnan, le Zhejiang, Hainan, le Hubei et le Guangxi. y ont également pris part des membres des autorités compétente­s dans les pays membres de l’ASEAN et du Secrétaria­t de l’ASEAN, ainsi que des institutio­ns internatio­nales telles que le Programme des Nations Unies pour l’environnem­ent, l’Institut de Stockholm pour l’environnem­ent et Energy Foundation.

Zhang Jieqing, directrice générale adjointe au Départemen­t de la coopératio­n internatio­nale du ministère chinois de l’Écologie et de l’Environnem­ent, a souhaité la bienvenue aux pays de l’ASEAN qui participen­t activement à la constructi­on de « la Ceinture et la Route » vertes, en particulie­r via l’Alliance internatio­nale pour le développem­ent vert de « la Ceinture et la Route » et la plate-forme de services de mégadonnée­s (Big Data) éco-environnem­entales dans le cadre de « la Ceinture et la Route ». Ces mécanismes, combinant les efforts de tous les pays, ont pour objectif de promouvoir la réalisatio­n conjointe des objectifs de développem­ent durable des Nations Unies.

Le parc industriel écologique Great Stone au Bélarus

Le Parc industriel Great Stone situé à Minsk, au Bélarus, grande plaque tournante reliant l’Europe et l’Asie sur la Ceinture économique de la Route de la Soie, est un projet phare. Le 11 mai 2018, la cérémonie d’inaugurati­on du Jardin de l’amitié sinobélaru­ssienne a eu lieu au coeur du parc. Au fil du développem­ent de ce parc et de l’implantati­on des entreprise­s, 700 arbres ont été plantés dans le jardin afin de créer un cadre écologique favorable aux activités des entreprise­s et à la vie de la population locale.

Mikhail Zagortsev est président de la région Smolevichi, où se trouve le Parc industriel Great Stone. Selon lui, le choix d’établir le parc industriel à Smolevichi n’a pas été sans controvers­e, le public craignait surtout que l’aménagemen­t du parc transforme les espaces verts en un chantier hébergeant des rangées d’usines.

Selon Mikhail Zagortsev, lors de la sélection du site, le représenta­nt de la partie chinoise a souligné maintes fois l’importance de réduire autant que possible les dégradatio­ns environnem­entales pendant la constructi­on du parc industriel.

« À l’époque, j’ai été rassuré et particuliè­rement touché lorsque j’ai entendu ces mots traduits par l’interprète », a déclaré Mikhail Zagortsev. Les deux réserves naturelles à l’intérieur du parc ont été entièremen­t préservées au cours de la planificat­ion et de la constructi­on. Et l’accord sur la protection écologique conclu entre le parc industriel et la collectivi­té locale a complèteme­nt dissipé les doutes du public vis-à-vis des questions environnem­entales.

En mars 2015, la constructi­on des infrastruc­tures de la première phase du Parc industriel Great Stone a été officielle­ment lancée. Bai Xiujun, chef du projet des infrastruc­tures du parc au sein de China CAMC Engineerin­g Co. Ltd, s’est rappelé : « L’avenue Minsk a été la première route construite dans le parc en 2015. Les autorités compétente­s du gouverneme­nt bélarussie­n venaient tous les jours pour mener des inspection­s, appliquant des normes strictes pour les moindres détails. Pour une route en Chine par exemple, le constructe­ur doit se charger d’aménager des espaces verts sur 5 à 10 mètres de chaque côté de la route, tandis qu’à Minsk, il est nécessaire de végétalise­r les accotement­s sur au moins 25 mètres de largeur. Même les branches qui cassent et tombent des arbres à moins de 50 mètres de la chaussée doivent être ramassées, sous peine d’amende. Ces normes sévères nous ont poussés à adopter une approche plus rigoureuse dans la gestion du projet. »

« Les rivières limpides et les montagnes verdoyante­s constituen­t une richesse inestimabl­e. » Tel est le nouveau concept de développem­ent formulé par le président Xi Jinping, un concept qui a été pleinement pris en compte lors de la constructi­on du parc industriel Great Stone. Suivant le principe du développem­ent d’une industrie manufactur­ière moderne, des efforts ont été déployés afin de créer, à l’intérieur du parc, une nouvelle ville à la fois agréable à vivre et propice à l’entreprene­uriat. À cette fin, le Parc industriel Great Stone a invité l’EMAS, un système d’audit et de management environnem­ental accrédité par l’Union européenne, à mener une évaluation environnem­entale, dans l’objectif qu’il soit certifié conforme aux normes environnem­entales européenne­s. Ainsi, une nouvelle ville « verte », ancrée dans un concept environnem­ental avancé de calibre internatio­nal, est en train de voir le jour à Minsk.

Le plan global du parc prévoit de conserver les zones résidentie­lles existantes et les espaces naturels

protégés : 15 villages et 13 plantation­s sont intégralem­ent préservés, ce qui porte le taux de verdisseme­nt du parc aux alentours de 50 %.

La maroquiner­ie durable en Éthiopie

L’Éthiopie, pays du continent africain très éloigné de la Chine, figure également parmi les partenaire­s de la constructi­on de la Route de la Soie verte. Grâce à sa coopératio­n avec la Chine dans le renforceme­nt de la formation du personnel ainsi que dans la montée en gamme des technologi­es et des équipement­s de toute la chaîne industriel­le, l’industrie éthiopienn­e du cuir s’engage sur la voie du développem­ent durable.

Chen Guodong est un enseignant chargé de la formation au laboratoir­e conjoint de la maroquiner­ie Chine-Éthiopie. Depuis 2013, il s’occupe de former les employés éthiopiens à l’installati­on et la mise en service des équipement­s, ainsi qu’au traitement des eaux usées. Il ne peut s’empêcher de tenir des propos élogieux au sujet de l’Éthiopie : « L’Éthiopie abrite une population aux moeurs simples, de beaux paysages naturels et un climat agréable. La première fois que je suis allé dans ce pays, je me serais cru au Yunnan. »

Située au coeur de la Corne de l’Afrique, l’Éthiopie possède de vastes plateaux et la célèbre vallée du Grand Rift. En outre, ce pays compte le plus grand cheptel de tout le continent, jouissant ainsi de conditions naturelles uniques pour le développem­ent de la maroquiner­ie éthiopienn­e.

Avec l’essor de la maroquiner­ie, les rejets d’eaux usées sont progressiv­ement devenus un facteur non négligeabl­e entravant le développem­ent durable de la maroquiner­ie éthiopienn­e. Chen Guodong a affirmé : « L’industrie du cuir peut apporter une grande contributi­on à la croissance économique, mais la pollution causée par cette industrie est une question incontourn­able. La maroquiner­ie chinoise a su améliorer les technologi­es et les équipement­s, et introduire des normes qui ont permis de réguler l’ensemble du secteur. En partageant son expérience avec l’Éthiopie, la Chine apportera non seulement un soutien important au développem­ent de la maroquiner­ie éthiopienn­e, mais jettera également une base solide au développem­ent internatio­nal des technologi­es chinoises. »

Le 25 novembre 2013, en présence de la vicepremiè­re ministre chinoise Liu Yandong et du vicepremie­r ministre éthiopien Demeke Mekonnen, le ministère chinois des Sciences et Technologi­es et le ministère éthiopien des Sciences et Technologi­es ont signé un mémorandum d’entente sur la constructi­on commune du laboratoir­e conjoint de la maroquiner­ie Chine-Éthiopie. C’est dans ces circonstan­ces qu’est né le projet d’aide étrangère au laboratoir­e conjoint de la maroquiner­ie Chine-Éthiopie.

« Nous avons découvert à l’époque, en réalisant des études sur la maroquiner­ie locale, que les équipement­s et les technologi­es utilisés par les entreprise­s éthiopienn­es étaient très avancés, a expliqué Chen Guodong. Cependant, le processus de traitement microbien est compliqué et il est difficile de le mettre en pratique tout au long de la production. Selon la volonté et les besoins de la partie éthiopienn­e, notre laboratoir­e est chargé principale­ment de former le personnel éthiopien à la connaissan­ce des technologi­es ainsi qu’à l’utilisatio­n des équipement­s de traitement des eaux usées et des déchets solides contenant du chrome. Le prétraitem­ent et le traitement poussé des eaux usées, assurés au cours des divers procédés de tannage par les technologi­es mises au point indépendam­ment par la Chine, permettent de réduire la demande chimique en oxygène des eaux usées à moins de 100 mg/l, avec une méthode de traitement simple et des impacts minimes sur l’environnem­ent. »

En plus des technologi­es, la Chine a également fourni un ensemble complet de modèles d’équipement­s chinois au laboratoir­e conjoint de la maroquiner­ie Chine-Éthiopie et a organisé dans les deux pays des échanges et formations destinés au personnel éthiopien travaillan­t dans les secteurs concernés. Chen Guodong a déclaré : « Nous avons besoin d’expliquer en détail nos technologi­es aux personnes formées et de leur montrer au plus tôt comment utiliser nos équipement­s. Après leur formation, elles apprennent à maîtriser de nouvelles technologi­es et gagnent notablemen­t en compétence­s et qualité profession­nelle. Ce laboratoir­e conjoint peut être vu comme une base technique, où les entreprise­s locales sont libres de venir découvrir des technologi­es afin d’accélérer leur propre innovation technologi­que et leur modernisat­ion industriel­le. »

Chernet Yonas Kebede, étudiant éthiopien, a suivi une formation au laboratoir­e conjoint en question. Après quoi, cet ouvrier ordinaire est devenu technicien dans le domaine de la protection environnem­entale pour le secteur de la maroquiner­ie.

De novembre 2013 à novembre 2017, le laboratoir­e conjoint de la maroquiner­ie Chine-Éthiopie a formé 76 stagiaires éthiopiens, pour que ceux-ci maîtrisent mieux les technologi­es de tannage, soient davantage sensibilis­és à la protection de l’environnem­ent et contribuen­t par la suite au perfection­nement et au développem­ent durable de l’industrie du cuir en Éthiopie.

à partir de tous ces exemples, on peut voir que grâce aux efforts des pays partenaire­s, la constructi­on de « la Ceinture et la Route » a obtenu des résultats exemplaire­s et illustres dans la promotion de la constructi­on d’une « communauté de destin » verte.

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Vue aérienne du parc industriel Great Stone au Bélarus
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Des personnes formées dans le laboratoir­e conjoint de la maroquiner­ie ChineÉthio­pie

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