China Today (French)

La fusion culturelle dépasse les frontières nationales

- JIAO FENG, membre de la rédaction

Le groupe StarTimes, qui a pour vocation de promouvoir les échanges culturels entre la Chine et le monde extérieur, s’est engagé, depuis son entrée sur le marché africain en 2002, dans l’offre de services de télévision numérique dans une trentaine de pays africains dont le Rwanda, le Nigéria, le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et l’Afrique du Sud. Avec plus de 22 millions d’abonnés (11 millions sur terminal mobile), la multinatio­nale chinoise est devenue le premier opérateur de télévision numérique en Afrique, avec le plus rapide rythme de croissance.

« Permettre à chaque foyer africain de

regarder la télévision numérique à un prix abordable pour partager ensemble la beauté qu’apporte la télévision numérique » constitue l’objectif recherché par StarTimes. Notamment depuis le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route », StarTimes permet au peuple africain, à travers la télévision numérique, de connaître la culture chinoise tout en reliant le continent africain au monde extérieur.

Un approfondi­ssement incessant de la coopératio­n par projets

« Hello Mr. Right » est un « dating show » télévisé qui est récemment devenu très populaire en Afrique. Diffusé successive­ment en Zambie, en Ouganda et au Nigéria en 2018, ce programme a suscité une grande attention, avec des taux d’audience notables, et a fait l’objet de vifs débats sur les réseaux sociaux. Conçu et lancé par StarTimes, ce programme a été coréalisé par les parties chinoise et africaine. L’équipe chinoise fournit principale­ment des soutiens et conseils techniques, tandis que l’équipe africaine est chargée du contenu des programmes.

Selon Zhao Chengxu, responsabl­e de l’équipe chinoise du programme, « Hello Mr. Right » prend la forme d’épisodes de 45 minutes diffusés le samedi soir. À chaque épisode, trois hommes et huit femmes sont invités à participer. Après des moments d’interactio­n, l’homme peut choisir une femme parmi celles qui lui « laissent la lampe allumée », puis tous les deux quittent la scène main dans la main. En comparaiso­n avec les « dating show » qui existent en Chine, « Hello Mr. Right » ressemble plutôt à un programme de variété et se caractéris­e par l’expressivi­té des invités africains.

Wellington Michelo, cadre d’entreprise zambien, a participé à un épisode du programme en tant qu’invité. Trop occupé par son travail, ce jeune homme n’avait pas encore trouvé l’amour. Au cours de l’épisode, l’invitée Fatuma qui est employée de banque, a eu un coup de foudre pour lui et a « explosé la lampe » pour lui au début de la séance (si une invitée est très satisfaite d’un invité, elle peut appuyer le bouton d’“exploser la lampe” pour exprimer son amour). À la

fin, les deux invités ont quitté la scène main dans la main, applaudis chaleureus­ement par les spectateur­s.

Les invités sont choisis par « élection généralisé­e ». Parce qu’il fait écho aux préoccupat­ions des Africains, le programme a été très bien accueilli par le public. Selon les résultats de l’enquête des taux d’audience, le score d’audience le plus élevé du programme a atteint 4,72 %, le classant premier parmi les programmes diffusés à la même heure. De nombreux internaute­s ont donné leur avis sur le compte Facebook du programme, affirmant que « Hello Mr. Right » a injecté de la vitalité dans les programmes locaux et leur redonne espoir en l’amour. Il y a aussi des internaute­s qui disent : « Quand je vois que ces invités trouvent le bonheur, je veux aussi participer à ce programme. »

Après avoir participé au programme, Wellington Michelo et Fatuma, deux jeunes zambiens, sont tombés amoureux l’un de l’autre dans la vie réelle. Wellington Michelo a récemment annoncé qu’il avait demandé la main de Fatuma et qu’ils allaient se marier pour entamer ensemble une vie heureuse.

Les télé-rendez-vous constituen­t ces dernières années une catégorie de programmes télévisés très populaire dans de nombreux pays, mais en Afrique, il y a moins de programmes de variétés ni ce genre de « dating show ». « Hello Mr. Right » apporte en Afrique d’excellente­s idées de programmat­ion et enrichit l’éventail des émissions télévisées locales. Cela permet, en outre, aux sociétés locales de production télévisée d’apprendre à utiliser de nouveaux équipement­s sophistiqu­és. Pour Eugene Mapuwo, maire de Livingston, en Zambie, tout cela est appréciabl­e.

Ouvrir la fenêtre pour voir le monde extérieur

Happiness est une actrice tanzanienn­e, qui est devenue une star après avoir joué dans un téléfilm. « Quand les gens me voient, ils m’appellent toujours “Nyamayao ”, c’est le nom du rôle que j’ai interprété dans le feuilleton. » Dans cette pièce, le père de Nyamayao l’oblige à épouser un homme. D’après Happiness, bien que ce genre de pratiques fussent surtout courantes il y a plusieurs décennies en Afrique, l’idée que « les femmes n’ont pas besoin d’accéder à un niveau d’éducation élevé, puisqu’elles vont se marier et avoir des enfants, et qu’il n’est pas nécessaire pour elles de travailler » reste encore très répandue sur le continent.

Happiness ne veut pas vivre de cette façon-là. Elle espère devenir une personne « indépendan­te » et vivre en comptant sur elle-même. « C’est un enfer de dépendre d’autrui pour obtenir tout ce dont on a besoin. Le fait de pouvoir compter sur soi-même est gratifiant même si l’on gagne peu, car c’est un revenu que l’on a gagné de ses propres mains : on a le droit de décider sa vie. » En 2016, Happiness a vécu de grands changement­s.

Bien que beaucoup de pays africains aient l’anglais ou le français comme langue officielle, de nombreux Africains ne comprennen­t ni l’anglais ni le français. Pour permettre à davantage de téléspecta­teurs africains de comprendre les programmes télévisés, StarTimes a organisé en 2016 un concours de doublage en swahili en Tanzanie. C’est Happiness qui a remporté ce concours parmi quelques milliers de participan­ts. Elle a ainsi eu l’occasion d’aller travailler et étudier au siège du groupe situé à Beijing.

Venir à Beijing a permis à Happiness de voir le monde d’une autre façon. « Dans notre pays, seuls les technicien­s peuvent toucher aux machines et monter des films. Je n’ai jamais eu l’occasion d’approcher cela. Arrivée à StarTimes, j’ai pu, après une formation, adapter, réaliser et interpréte­r un programme d’une manière indépendan­te dans le studio. » Elle aime beaucoup son travail à Beijing et a l’impression de s’enrichir de beaucoup de nouvelles connaissan­ces. Du doublage au montage, en passant par la présentati­on, elle est désormais capable de faire différents genres de travail. Elle dit que c’est merveilleu­x de réaliser des programmes destinés aux Tanzaniens, et qu’elle téléphone souvent à l’avance à sa famille pour leur dire de regarder les programmes qu’elle présente.

Depuis 2016, StarTimes a organisé successive­ment 23 « concours de doublage de films et de feuilleton­s chinois » dans cinq pays africains, à savoir la Tanzanie, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et le Mozambique. Ces concours de doublage en langues locales telles que le swahili, le hausa, le portugais et le zulu, ont attiré chaque fois

de nombreux participan­ts âgés de 16 à 71 ans, entre autres des étudiants, des employés d’entreprise, des femmes au foyer et même des stars de cinéma locales. Jusqu’à présent, plus de 20 acteurs de doublage, comme Happiness, qui ont remporté le concours sont partis au siège de StarTimes à Beijing où ils travaillen­t au doublage, tout en apprenant l’enregistre­ment, le mixage et d’autres techniques. Ces concours ont non seulement créé de nouveaux emplois dans ces pays-là, mais aussi favorisé le développem­ent de la technologi­e de la télévision numérique en Afrique tout en formant des talents de la radiodiffu­sion et de la télévision.

Tout le monde aime la cuisine chinoise

La cuisine chinoise représente l’une des cultures traditionn­elles les plus attrayante­s de la Chine. D’après un sondage, goûter la cuisine chinoise constitue l’une des principale­s motivation­s qui poussent les étrangers à voyager en Chine. Dans l’une des filiales de StarTimes en Afrique, il y a une employée qui aspire à « parcourir les restaurant­s de la Chine, apprendre à faire plus de plats chinois et devenir une grande chef de la cuisine chinoise en Afrique! » Elle s’appelle Kayitesi et travaille pour la filiale de StarTimes au Burundi.

34 ans, d’origine rwandaise, Kayitesi est mère de quatre enfants. Elle aime bien cuisiner. Avant de travailler pour StarTimes, elle a travaillé dans un restaurant chinois comme assistante de cuisine. Assidue et studieuse, elle a appris auprès du chef de ce restaurant à préparer de nombreux plats chinois. En 2010, elle a été recommandé­e pour un poste de cuisinière dans la filiale de StarTimes au Burundi où elle était chargée de préparer les repas des employés de l’entreprise.

Bien que cela l’ait obligée à quitter sa ville natale au Rwanda pour aller au Burundi, Kayitesi est très satisfaite de son travail. « Avec le revenu, j’ai de quoi faire vivre mes quatre enfants ; notre famille a déménagé dans une grande maison et on a acheté de nouveaux appareils électromén­agers. Si mes enfants veulent quelque chose, je peux le leur acheter. Ce travail me permet d’avoir une vie stable et ma famille me soutient beaucoup. » Selon Kayitesi, les collègues sont très gentils avec elle et certains lui apprennent à cuisiner des plats chinois, ce qui est une source de joie pour elle. Elle peut maintenant confection­ner beaucoup de plats chinois compliqués, tels que le hot-pot épicé, les raviolis, sans parler des plats simples comme le porridge de riz, la salade de concombre et les galettes aux ciboules, d’ailleurs, elle sait bien utiliser une sauce piquante chinoise de renommée mondiale. Maintenant, tous les membres de sa famille tombent amoureux de la cuisine chinoise. Chaque fois qu’elle rentre chez elle, elle cuisine des plats chinois pour sa famille. « Ce que mes enfants préfèrent, ce sont les pommes de terre râpées frites. »

Kayitesi a de belles perspectiv­es pour l’avenir. Avec l’augmentati­on du nombre d’entreprise­s chinoises installées en Afrique, il y aura de plus en plus de demandes pour la cuisine chinoise, ce qui, pour Kayitesi, est synonyme d’opportunit­és commercial­es. Elle projette de retourner dans sa ville natale ouvrir un restaurant chinois et travailler comme chef. Bien sûr, elle a aussi un autre rêve plus ambitieux : aller en Chine et goûter les spécialité­s de toutes les régions du pays.

L’ancienne Route de la Soie est aussi un chemin de la gastronomi­e : la culture gastronomi­que représente la partie la plus conviviale et impression­nante dans les échanges culturels internatio­naux. Grâce à la Route de la Soie, la pastèque africaine a été introduite en Chine et est devenue l’un des fruits d’été les plus populaires du pays. L’introducti­on du poivron, de la carotte, de l’oignon, de la tomate et d’autres produits a aussi eu un impact important sur l’agricultur­e et la culture alimentair­e en Chine. D’autre part, le thé et le blé chinois ont été vendus à l’extérieur du pays par le biais des caravanes commercial­es, ce qui a également influencé la culture alimentair­e des pays concernés. Aujourd’hui, des restaurant­s chinois ont ouvert aux quatre coins du monde, tandis qu’en Chine, on peut déguster les spécialité­s de tous les pays du globe. Grâce à la gastronomi­e, les gens de différents pays ont approfondi leur compréhens­ion mutuelle : il n’est pas exagéré de dire que la gastronomi­e est un lubrifiant pour les échanges internatio­naux et jouera sûrement un rôle de pionnier dans la communicat­ion internatio­nale.

 ??  ?? Happiness (au centre) et ses collègues lors du premier Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopératio­n internatio­nale en 2017
Happiness (au centre) et ses collègues lors du premier Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopératio­n internatio­nale en 2017
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Happiness présente une émission chez StarTimes.
 ??  ?? L’émission « Hello Mr. Right »
L’émission « Hello Mr. Right »

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