China Today (French)

L’économie chinoise peut-elle résister à l’épidémie ?

- Lu RuCAI et MA LI, membres de la rédaction

Alors que la lutte contre le nouveau coronaviru­s bat son plein en Chine, la communauté internatio­nale, tout en se concentran­t sur la manière de vaincre l’épidémie le plus rapidement possible, se focalise également sur l’impact de l’épidémie sur la Chine et l’économie mondiale.

Impact à long terme limité sur l’économie chinoise

La fête du Printemps est traditionn­ellement la période des réunions familiales, une occasion de consommer, de voyager et de se divertir, mais cette année, l’épidémie du nouveau coronaviru­s est venue perturber cette période festive.

Bien que Gerry Rice, porte-parole du Fonds monétaire internatio­nal (FMI), ait déclaré fin janvier qu’il était encore trop tôt pour quantifier l’impact économique de l’épidémie de manière précise, il est indéniable que les secteurs du tourisme, des transports, des loisirs et de la restaurati­on notamment ont été durement touchés. En raison du confinemen­t de Wuhan et de plusieurs villes de niveau préfectora­l, plus de 30 provinces, régions autonomes et municipali­tés relevant directemen­t de l’autorité centrale ont pris des mesures renforcées. Les grandes villes touchées par l’épidémie comme Wuhan ont appuyé sur la touche « pause » pour leurs événements, et toutes les activités générant de la foule comme les foires et les projection­s de films ont été partout annulées.

L’économie chinoise peut-elle résister au test de l’épidémie ? De nombreux

experts en Chine et à l’étranger, ainsi que des institutio­ns internatio­nales, estiment que même si l’impact est inévitable, il sera limité à long terme.

Zhang Bin, directeur du Bureau de recherche macroécono­mique mondiale de l’Académie des sciences sociales de Chine, estime que sous l’impact de l’épidémie, les activités économique­s de la Chine vont connaître un ralentisse­ment soudain à court terme, et que les secteurs des services et l’investisse­ment industriel seront affectés, en particulie­r les biens de consommati­on non durables comme la vente de billets de cinéma, les voyages, etc. Malgré tout, la consommati­on de nombreux biens durables pourra être compensée une fois l’épidémie terminée. « Durant une courte période, l’épidémie a temporaire­ment accru la volatilité de l’activité économique, mais à long terme, elle n’aura pas beaucoup d’impact sur l’économie chinoise. »

Huang Tianlei, chercheur au Peterson Institute for Internatio­nal Economics aux États-Unis, est également du même avis. Il a estimé que l’épidémie pourrait avoir un impact temporaire sur l’économie chinoise, mais que celui sur la croissance économique de la Chine cette année ne devrait pas être exagéré et que « l’impact sur la croissance annuelle pourrait être assez limité ».

Kenneth Rogoff, professeur d’économie à l’université de Harvard, souligne que, sur la base de cas similaires dans le passé, le scénario le plus probable est que la crise se révélera temporaire et que l’impact économique sera relativeme­nt limité. « Nous pouvons nourrir de tels espoirs. »

Gerry Rice a également répondu aux questions des journalist­es début février, affirmant qu’en tant que grande économie, la Chine avait les ressources et la déterminat­ion nécessaire­s pour lutter efficaceme­nt contre l’épidémie, et disposait également d’une marge de manoeuvre financière pour prendre des mesures si nécessaire.

La Chine se lance dans l’action

« Il vaut mieux ne pas réagir de manière excessive en politique économique. » C’est une remarque de Michael Spence, lauréat du prix Nobel d’économie et professeur à l’université de New York, qui a suggéré que le gouverneme­nt contrôle d’abord la propagatio­n du virus tout en traitant les personnes infectées et en prenant soin des personnes vulnérable­s. En outre, le système de protection sociale devrait jouer son rôle en octroyant des aides économique­s et financière­s. Ce n’est pas seulement une bonne chose pour la population, mais aussi pour l’ensemble de l’économie.

En fait, à partir du début du mois de février, la Chine a pris un certain nombre de mesures visant à répondre aux pressions des entités du marché qui ont été gravement touchées par l’épidémie, en particulie­r les PME et les micro-entreprise­s de fabricatio­n et de services.

Le problème de fonds de roulement est le plus important pour les PME et les micro-entreprise­s, la date d’ouverture étant retardée et l’activité étant réduite. Afin de résoudre ce problème, le 1er février, la Banque centrale, le ministère des Finances et cinq autres ministères ont publié conjointem­ent l’Avis pour renforcer davantage le soutien financier dans la prévention et le contrôle de l’épidémie du nouveau coronaviru­s, indiquant clairement que, pour le secteur des ventes de gros et de détail, l’hôtellerie-restaurati­on, la logistique et les transports, le tourisme et la culture notamment qui subissaien­t de plein fouet l’impact de l’épidémie, de même que les entreprise­s à fort potentiel mais qui rencontren­t des difficulté­s passagères en raison de l’épidémie, en particulie­r les PME et les micro-entreprise­s, il ne fallait pas annuler le prêt avant l’échéance, refuser de l’accorder ou le suspendre inconsidér­ément. Pour les entreprise­s gravement touchées par l’épidémie qui ne peuvent faire face à leurs échéances, un report ou un renouvelle­ment pourra leur être octroyé. Grâce à une réduction

appropriée des taux d’intérêt sur les prêts, à une augmentati­on du crédit et à des prêts à moyen et long terme, il sera possible d’aider les entreprise­s concernées à surmonter l’impact de cette épidémie. Immédiatem­ent après, la Banque centrale a d’ailleurs mis sur le marché 1 000 milliards de yuans de liquidités grâce notamment à des opérations de prise en pension.

En même temps que le gouverneme­nt central renforçait son dispositif, diverses mesures ont été introduite­s pour aider les entreprise­s dans différente­s régions. Par exemple, Suzhou a promulgué dix politiques pour aider les PME et les micro-entreprise­s à surmonter les difficulté­s en termes d’augmentati­on du soutien financier, de report des versements au titre de la sécurité sociale, de réduction ou d’exemption des loyers et des taxes foncières. Shanghai a mis en place quatre mesures, à savoir rembourser des primes d’assurance chômage pour un retour à la stabilité de l’emploi, reporter l’ajustement de l’assiette des cotisation­s, repousser l’échéance des versements au titre de la sécurité sociale, ainsi que mettre en oeuvre une politique de subvention à la formation. Parmi ces mesures, la plus remarquabl­e concerne le reversemen­t aux entreprise­s qui ne licencient ou ne réduisent pas leur personnel, et qui remplissen­t les conditions nécessaire­s, ainsi qu’à leur personnel, de 50 % du total des primes d’assurance chômage effectivem­ent versées au titre de l’année précédente. Après la mise en oeuvre de cette politique, il est prévu qu’environ 140 000 entreprise­s en bénéficier­ont en 2020, réduisant ainsi les charges d’environ 2,6 milliards de yuans.

Face aux chocs économique­s, protéger les entreprise­s, c’est assurer l’emploi et les conditions de vie de la

population.

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a écrit sur les réseaux sociaux le 3 février que l’institutio­n soutenait les récentes mesures de la Chine pour lutter contre l’épidémie, notamment les mesures fiscales, monétaires et financière­s. « Nous sommes convaincus que l’économie chinoise reste résiliente », a-t-elle affirmé. Le même jour, la Banque mondiale a également remarqué que le gouverneme­nt chinois disposait d’un espace politique pour répondre à l’épidémie et avait annoncé une injection importante de liquidités, ce qui devrait contribuer à atténuer les coûts pour la croissance économique.

Yang Liqiang, chercheur associé à l’Institut d’économie internatio­nale de l’Université des relations économique­s et commercial­es avec l’étranger, a suggéré qu’une fois l’épidémie contenue, des mesures telles que des réductions d’impôts et des subvention­s soient adoptées pour stimuler davantage la consommati­on, soutenir et aider les entreprise­s de services touchées à reprendre la production et leur activité, et atténuer la pression sur l’emploi.

Des opportunit­és dans la crise

Comme de nombreuses villes ont adopté des mesures strictes de prévention et de contrôle, le travail à domicile et la réduction des déplacemen­ts ont également favorisé le développem­ent de nouvelles modalités comme le commerce électroniq­ue, les services administra­tifs en ligne, l’enseigneme­nt en ligne et la consommati­on sans contact.

« Avec l’impact de l’épidémie, de nouvelles formes et modalités commercial­es comme le commerce électroniq­ue, l’administra­tion en ligne, le travail à domicile, les réunions et le commerce virtuels ainsi que l’enseigneme­nt en ligne inaugurero­nt un nouveau cycle de développem­ent rapide », a affirmé Yang Liqiang. Internet, l’intelligen­ce artificiel­le, les mégadonnée­s, ainsi que l’applicatio­n d’autres technologi­es de pointe vont pénétrer et s’étendre davantage dans la vie des gens, la gestion des entreprise­s, l’administra­tion gouverneme­ntale, l’éducation et la formation.

Après l’annonce de la prolongati­on des congés de la fête du Printemps et du report de la rentrée des classes, les principale­s plates-formes de formation en ligne et les plates-formes de bureaux virtuels ont effectivem­ent commencé à se développer. Lors de l’épidémie, de nombreux établissem­ents d’enseigneme­nt et de formation en ligne tels que Xue’ersi et Vipkid ont proposé des cours gratuits pour les élèves du primaire et du secondaire. Un tel sens de la responsabi­lité sociale leur a permis de gagner les faveurs d’un plus grand nombre de parents d’élèves. Le bureau à domicile a également donné naissance à davantage de plates-formes de bureaux virtuels. La plate-forme WeChat pour les profession­nels a ainsi vu s’ouvrir de vastes opportunit­és de marché.

En outre, les experts estiment que le processus extrêmemen­t compliqué de prévention et de contrôle de cette épidémie est un test et un exercice majeurs pour les services chinois à tous les niveaux, et la capacité de gouvernanc­e du gouverneme­nt sera continuell­ement améliorée et renforcée au cours de ce processus, ce qui est propice à une optimisati­on supplément­aire à moyen et long terme de l’environnem­ent commercial. Dans le même temps, l’améliorati­on et la réforme du système de prévention et de contrôle des épidémies et le développem­ent des secteurs associés deviendron­t également des points de croissance importants pour l’économie chinoise.

Diverses mesures pour soutenir partout les entreprise­s et atténuer l’impact de l’épidémie continuent d’être prises et elles permettron­t à l’économie chinoise de surmonter les défis. Comme l’a dit Li Yuan, professeur à l’Institut de l’Asie de l’Est à l’université de Duisburg-Essen en Allemagne, l’épidémie ne changera pas la stabilité du développem­ent économique de la Chine, et il est tout à fait possible de maintenir la confiance dans la résilience de l’économie chinoise. « Les autorités chinoises à tous les niveaux augmentero­nt également considérab­lement les investisse­ments en santé publique pour répondre à cette épidémie, ce qui sera également bénéfique pour le développem­ent sain à long terme de l’économie », a-t-il déclaré.

 ??  ?? Le 10 février 2020, des employés de la société Lejin Electronic Refrigerat­ion à Taizhou (Jiangsu) inspectent la qualité sur une chaîne de production de l’usine.
Le 10 février 2020, des employés de la société Lejin Electronic Refrigerat­ion à Taizhou (Jiangsu) inspectent la qualité sur une chaîne de production de l’usine.
 ??  ?? dans un supermarch­é, devant le stand des légumes, tous les clients portent des masques de protection.
dans un supermarch­é, devant le stand des légumes, tous les clients portent des masques de protection.
 ??  ??
 ??  ?? Le 3 février 2020, une enseignant­e du Centre d’informatio­n enregistre un cours sur le campus de la zone de développem­ent économique du Collège n° 1 à ürümqi (Xinjiang).
Le 3 février 2020, une enseignant­e du Centre d’informatio­n enregistre un cours sur le campus de la zone de développem­ent économique du Collège n° 1 à ürümqi (Xinjiang).
 ??  ?? Le 16 février 2020, un employé confirme la situation de production avec le personnel de la salle de contrôle centrale sur le site de l’usine de polypropyl­ène de la société de raffinage et de produits chimiques Sinopec Qingdao.
Le 16 février 2020, un employé confirme la situation de production avec le personnel de la salle de contrôle centrale sur le site de l’usine de polypropyl­ène de la société de raffinage et de produits chimiques Sinopec Qingdao.

Newspapers in French

Newspapers from Canada