Assurer la sortie de la pauvreté malgré l’épidémie
Tôt le matin du 17 février, après avoir pris la température corporelle et porté un masque, une équipe de sept ou huit habitants du village de Yuma, dans le district autonome dong de Sanjiang (au Guangxi), s’est rendue dans le champ de théiers à huile avec leurs houes. Pendant la lutte contre l’épidémie, ils ont entrepris les labours de printemps.
Ne pas délaisser les secteurs liés à la lutte contre la pauvreté
« Les travaux agricoles ne souffrent aucun retard. Il faudra encore 15 jours pour que le théier à huile soit planté. Si le sol n’était pas bien préparé, on risquerait de perdre toute une année, nous confie Wei Shipan, premier secrétaire de la cellule du Parti résidant dans le village. Dans le passé, on comptait souvent des dizaines de personnes pour les labours de printemps, mais cette année-là, on est obligé de les diviser en plusieurs petites équipes. »
Selon Wang Cunchun, secrétaire de la cellule du Parti pour le village, celuici abrite 810 foyers, dont 253 pauvres il y a cinq ans, faute d’industrie. Ce village miao situé dans la montagne profonde est devenu le problème le
plus épineux du district.
Grâce à une assistance centralisée, le village de Yuma a développé des activités liées au théier à huile et au thé. Les habitants ont aménagé les terres, construit des canaux, amélioré de nouvelles variétés, introduit de nouvelles technologies... En l’espace de quelques années, 600 mu (un mu = 1/15 ha) de théiers à huile à rendement élevé et 2 600 mu de plantations de thé ont vu le jour, ce qui a fait passer le taux de pauvreté du village de 34,1 % à 7,3 %.
Comment accomplir la tâche de lutte contre la pauvreté cette année ?
Wei Shipan connaît la situation du village sur le bout des doigts : « Pour les 59 ménages restants, 43 s’appuient principalement sur des projets d’assistance économique, neuf sur la rénovation des maisons délabrées et sept sur la garantie des moyens d’existence. Tous pourront dire adieu à la pauvreté d’ici juillet. »
Depuis le début de l’épidémie, Wei Shipan et les cadres du village ont une charge de travail beaucoup plus lourde. Chaque jour, il faut contrôler les 420 personnes retournées dans le village et les cinq points antiépidémiques. « En dépit de la fatigue et des difficultés, il faut veiller à ne pas délaisser les secteurs liés à la lutte contre la pauvreté. »
Juste après avoir répondu à un appel téléphonique, Wei Shipan a apporté de bonnes nouvelles : « Les semis de théier gratuits sont prêts dans le district, et ils pourront être amenés par lots dans le village la semaine prochaine ; la subvention pour le théier reste inchangée cette année ; toutes les usines de thé ont repris le travail dans le bourg, et des gens viendront au village dans quelques jours pour acheter des feuilles fraîches. »
L’éradication de la pauvreté dépend fondamentalement des industries. Dans tout le pays, il reste encore 52 districts défavorisés et 5,51 millions de ruraux pauvres qui ne sont pas sortis de la pauvreté. Afin d’abattre les dernières bastions de pauvreté, divers services continuent de prendre des mesures pratiques pour le développement industriel dans différentes régions.
Premièrement, optimiser l’offre pour développer la production afin d’augmenter les revenus. Les services concernés ont augmenté l’offre de ressources agricoles et développé des mini-projets permettant de récupérer rapidement les investissements pour augmenter les revenus de la population pauvre. Les familles démunies qui rencontrent des difficultés en raison de l’épidémie bénéficient d’un report de six mois en matière de remboursement du microcrédit destiné à la lutte contre la pauvreté.
Deuxièmement, assurer la libre circulation pour résoudre le problème des ventes de produits agricoles. Le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales a notifié la nécessité d’étendre les canaux de vente, de fluidifier les canaux logistiques, de promouvoir les ventes en ligne et de lancer des actions spéciales de lutte contre la pauvreté par la consommation. Par exemple, Alibaba a publié un plan visant à aider les agriculteurs. En cinq jours, Taobao et Tmall ont écoulé 12 000 tonnes de fruits et légumes invendus. Pinduoduo a mis en place une subvention spéciale pour les produits agricoles d’une valeur de 500 millions de yuans et une subvention destinées aux livraisons express de deux yuans par commande pour contribuer à résoudre le problème de connexion entre la production et la commercialisation des produits agricoles durant l’épidémie.
Prendre des mesures adéquates pour assurer le « bol de riz »
Selon les statistiques, en raison de l’épidémie, près de 20 000 travailleurs migrants dans le département autonome lisu de Nujiang n’ont pas réussi à retrouver un emploi à temps après la fête du Printemps.
En réaction, le département a mis en place plusieurs « équipes de travail portant des sacs à dos » visant à résoudre le problème du travail.
Yang Zichang, secrétaire du comité du Parti du canton de Tu’e, dans le district de Lanping, assume la fonction de chef d’une telle équipe du canton. Comment trouver plus de « bols de riz » pour les foyers pauvres est devenu la priorité de son travail actuel.
Yu Randuo, issu d’une famille démunie et sur le point de partir, a déclaré : « Le canton a aidé chaque membre de ma famille à trouver du boulot : je travaillerai dans une usine d’emballage et ma mère, dans une boulangerie, alors que mon père sera un éboueur. La famille gagnera plus de 10 000 yuans par mois. »
« Ces derniers jours, les récoltes sont quotidiennes. Je viens de négocier une entreprise pour planter des arbres dans le canton, ce qui permettra d’embaucher des gens issus de familles pauvres. La construction de la base maraîchère pourra également recruter des travailleurs temporaires. » Quant aux tâches à accomplir en matière de lutte contre la pauvreté dans les délais prévus, Yang Zichang reste très confiant : « Il reste encore trois villages pauvres dans le canton et plus de 1 600 personnes qui ne sont pas sortis de la pauvreté. Des mesures ciblées ont été
L’impact de l’épidémie sur la lutte décisive contre la pauvreté est temporaire et local.
adoptées à l’égard de chacune des 69 familles dont le revenu n’atteint pas les normes. En bref, la lutte contre la pauvreté doit profiter à tous les foyers. »
Selon les analyses du Bureau du groupe dirigeant de la lutte contre la pauvreté et du développement du Conseil des affaires d’État, l’épidémie a eu un certain impact sur l’augmentation des revenus de la population pauvre. Conformément aux exigences de « déplacements ordonnés et échelonnés », dans différentes régions, divers services accordent la priorité à la main-d’oeuvre pauvre en ce qui concerne le départ, le retour et la reprise du travail.
Des politiques ciblées permettent à la main-d’oeuvre démunie de regagner leur poste de travail de manière ordonnée. Le district de Zhenxiong, dans la province du Yunnan, a lancé, à partir des analyses sur ses 465 000 travailleurs migrants, des services d’information sur l’emploi par catégories, publié des informations sur le recrutement pour 50 000 postes et envoyé avec des véhicules charters les travailleurs migrants, accompagnés du personnel médical tout au long du trajet, pour qu’ils puissent sortir de chez eux et entrer dans l’usine en toute sécurité.
Créer davantage de « bols à riz » afin que les familles pauvres puissent trouver un emploi et stabiliser leurs revenus. Dans chaque village du bourg de Kaifa, dans la province de Hainan, les emplois liés à la lutte contre la pauvreté et au contrôle de l’épidémie, tels que la prévention, la désinfection, les inspections de quartier et la surveillance des passages sont confiés en priorité aux travailleurs issus de familles pauvres.
Organiser la reprise du travail dans les ateliers et entreprises en matière de lutte contre la pauvreté. 143 entreprises de ce genre dans le district de Xiping du Henan ont repris la production de manière ordonnée, ce qui a aidé 1 437 ménages pauvres à trouver un emploi.
Combattre sur deux fronts
« Il faut accorder une importance égale à la prévention et au contrôle de l’épidémie, et à la lutte décisive contre la pauvreté », a souligné Hu Xiaoping, secrétaire du comité du Parti pour l’arrondissement de Ganxian à Ganzhou, dans le Jiangxi. Huang Yuguang, premier secrétaire de la cellule du Parti pour le village de Qingxi dans l’arrondissement, a persuadé les villageois, en dépit des difficultés, d’annuler 17 banquets, sans compter cinq foires. L’équipe d’aide aux démunis a invité des techniciens agricoles à rejoindre le réseau social des affaires du village sur WeChat, qui, prêts à répondre aux questions à tout moment, ont aidé le village à résoudre, ces 15 derniers jours, 16 problèmes, dont la vente de produits agricoles et secondaires et l’achat de matériaux agricoles.
D’après Wei Houkai, directeur de l’Institut de développement rural de l’Académie des sciences sociales de Chine, vu l’évolution actuelle, l’impact de l’épidémie sur la lutte décisive contre la pauvreté est temporaire et local, et cela ne changera pas le processus global d’éradication de la pauvreté. Les sept provinces et régions autonomes affichant un taux de pauvreté de plus de 1 % à l’échelle nationale, à savoir le Guangxi, le Guizhou, le Yunnan, le Tibet, le Gansu, le Qinghai et le Xinjiang, ont toutes été moins touchées par l’épidémie.
Sur la base de plus d’un millier de milliards de yuans consacrés à la lutte contre la pauvreté l’année dernière, le fonds continuera d’augmenter cette année. La clé pour la sortie définitive de la pauvreté réside dans les personnes. À ce sujet, le pays compte en première ligne de la lutte contre la pauvreté 2,78 millions de cadres résidant dans les villages, dont 435 000 premiers secrétaires de la cellule du Parti. Ils n’ont qu’un seul objectif : sortir la population de la pauvreté comme prévu.