China Today (French)

Le COVID-19, un défi commun

- AUGUSTO SOTO*

Les chiffres de la deuxième semaine de mars montrent clairement que le pic de contaminat­ion du COVID-19 en Chine est désormais passé. Au niveau national, les chiffres de nouvelles infections sont inférieurs à 100 (15 nouveaux cas dans le pays sur la journée du 11 mars, dont 6 cas importés), et seulement 8 nouveaux cas à Wuhan. Dans les jours qui viennent, les chiffres pourraient connaître une nouvelle hausse car quelques millions de travailleu­rs devront se rendre sur leur lieu de travail, mais la tendance positive semble inéluctabl­e. En fait, la Chine envoie au monde un message clair : la maladie est contrôlabl­e.

Ce ralentisse­ment, qui s’est confirmé tout au long de la deuxième semaine de mars, a été évoqué lors de la visite du président Xi Jinping à Wuhan le mardi 10 mars. Les chiffres en Chine offrent désormais un contraste avec le reste du monde, où la propagatio­n du virus s’accélère : la Chine ferait figure d’exemple dans la lutte contre le nouveau coronaviru­s. Il semble donc intéressan­t de faire le point sur la réponse de la Chine face au virus qui a combiné des stratégies classiques et une méthodolog­ie inédite.

Une méthodolog­ie extraordin­aire

Il s’agit de la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une épidémie est endiguée grâce à un effort humain extraordin­aire combiné à l’intelligen­ce artificiel­le (IA) émergente.

Dans le domaine de l’IA, des drones ont été utilisés dans un certain nombre de villages et de villes pour énoncer depuis le ciel les mesures de quarantain­e et les mesures sanitaires de base. Dans le même temps, la création d’applicatio­ns téléphoniq­ues indiquant les cas de l’épidémie dans les quartiers ainsi que la mise en circulatio­n de voitures-thermomètr­es patrouilla­nt dans les rues sont autant de révolution­s de l’IA appliquée à la médecine. Toutes ces actions ont été menées sur la base de données collectées par les pharmacies, les transports publics et les opérateurs téléphoniq­ues qui ont permis aux autorités sanitaires de déterminer quelles étaient les meilleures mesures à prendre

pour prévenir et contenir l’épidémie, apportant des informatio­ns précises en temps réel. Les robots ont également joué un rôle important dans certains hôpitaux où ils ont rempli des fonctions d’assistance.

Dès le début, plusieurs pays asiatiques et occidentau­x ont fait preuve de solidarité envers la Chine. Désormais, la situation s’est inversée puisque ces derniers jours, des équipes médicales chinoises ont été envoyées en Irak et en Iran ; des kits de détection de la maladie ont également été envoyés dans d’autres pays comme le Pérou et le Japon. Enfin, une équipe médicale chilienne se prépare à se rendre à Wuhan pour apprendre sur le terrain à traiter l’épidémie et diffuser ensuite les connaissan­ces acquises dans le reste de l’Amérique du Sud.

Dans le même temps, Beijing vient d’envoyer en Italie une équipe de médecins de l’université du Sichuan, considéran­t que malgré les différence­s entre les deux systèmes de santé, ils pourraient apporter une contributi­on concrète dans les cas d’urgence impliquant des patients sévèrement atteints. Entretemps, des entreprene­urs chinois en Espagne se sont mis à proposer du gel désinfecta­nt dans leurs magasins et à distribuer des masques dans certains quartiers de Madrid.

L’avenir : au-delà de la crise

Tout biologiste ou profession­nel de santé confirmera que le COVID-19 devrait nous servir d’avertissem­ent pour mieux nous préparer à une future pandémie qui pourrait se déclencher n’importe où sur la planète. Les enjeux ne sont pas seulement la capacité d’identifier rapidement les problèmes et le partage rapide des informatio­ns avec la communauté internatio­nale ou encore l’améliorati­on de la coordinati­on entre les principaux pays producteur­s de médicament­s. La question de l’élargissem­ent des domaines de coopératio­n entre aussi en jeu ; alors que la population mondiale connaît une croissance continue, que la civilisati­on industriel­le dominante entraîne une réduction de la couche d’ozone, et que l’urbanisati­on expansive implique une disparitio­n des espaces naturels et parallèlem­ent, une plus grande proximité avec le monde animal, les possibilit­és de nouvelles crises mondiales augmentent.

La réaction des États-Unis et de l’administra­tion Trump a été jusqu’à présent décevante, avec l’adoption d’un comporteme­nt isolationn­iste et d’une vision à court terme, alors que de son côté, la communauté scientifiq­ue américaine, qui a compris que cette crise nous concerne tous, est entrée en contact avec la communauté scientifiq­ue chinoise.

Cette crise montre parfaiteme­nt que nous sommes tous confrontés aux mêmes défis et que nous partageons un destin commun. Il est probable que nous devrons à l’avenir faire face à de nombreux autres défis et qu’il sera alors nécessaire de garder à l’esprit les valeurs du multilatér­alisme qui constituen­t le fondement tant des Nations Unies que de l’Organisati­on mondiale de la santé et de l’Organisati­on mondiale du commerce, et que nous devrons adopter des actions concrètes et coordonnée­s.

S’il est vrai que le COVID-19 est une crise sanitaire mondiale, il n’en est pas moins vrai qu’il vient s’ajouter à d’autres maladies transmissi­bles qui tuent chaque année des millions de personnes sans générer la même peur. Ainsi se dessine un autre grand défi : limiter les conséquenc­es économique­s de la panique engendrée par l’incertitud­e qui entraînent un effondreme­nt en cascade des marchés, provoquant dans chaque pays des ravages matériels tout à fait disproport­ionnés en s’en tenant aux analyses des scientifiq­ues, qui, dans le cas d’une épidémie comme celle du nouveau coronaviru­s dont la Chine sort aujourd’hui victorieus­e, sont encore nos meilleures conseillèr­es.

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1er février 2020, un scientifiq­ue de Shanghai (Hôpital de l’Est) travaille sur le développem­ent d’un vaccin ARNm contre le COVID-19 en collaborat­ion avec Stemirna Therapeuti­cs.
 ??  ?? Le 14 mars 2020, une église de la vieille ville de Barcelone a été temporaire­ment fermée en raison de l’épidémie.
Le 14 mars 2020, une église de la vieille ville de Barcelone a été temporaire­ment fermée en raison de l’épidémie.

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