Le COVID-19, un défi commun
Les chiffres de la deuxième semaine de mars montrent clairement que le pic de contamination du COVID-19 en Chine est désormais passé. Au niveau national, les chiffres de nouvelles infections sont inférieurs à 100 (15 nouveaux cas dans le pays sur la journée du 11 mars, dont 6 cas importés), et seulement 8 nouveaux cas à Wuhan. Dans les jours qui viennent, les chiffres pourraient connaître une nouvelle hausse car quelques millions de travailleurs devront se rendre sur leur lieu de travail, mais la tendance positive semble inéluctable. En fait, la Chine envoie au monde un message clair : la maladie est contrôlable.
Ce ralentissement, qui s’est confirmé tout au long de la deuxième semaine de mars, a été évoqué lors de la visite du président Xi Jinping à Wuhan le mardi 10 mars. Les chiffres en Chine offrent désormais un contraste avec le reste du monde, où la propagation du virus s’accélère : la Chine ferait figure d’exemple dans la lutte contre le nouveau coronavirus. Il semble donc intéressant de faire le point sur la réponse de la Chine face au virus qui a combiné des stratégies classiques et une méthodologie inédite.
Une méthodologie extraordinaire
Il s’agit de la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une épidémie est endiguée grâce à un effort humain extraordinaire combiné à l’intelligence artificielle (IA) émergente.
Dans le domaine de l’IA, des drones ont été utilisés dans un certain nombre de villages et de villes pour énoncer depuis le ciel les mesures de quarantaine et les mesures sanitaires de base. Dans le même temps, la création d’applications téléphoniques indiquant les cas de l’épidémie dans les quartiers ainsi que la mise en circulation de voitures-thermomètres patrouillant dans les rues sont autant de révolutions de l’IA appliquée à la médecine. Toutes ces actions ont été menées sur la base de données collectées par les pharmacies, les transports publics et les opérateurs téléphoniques qui ont permis aux autorités sanitaires de déterminer quelles étaient les meilleures mesures à prendre
pour prévenir et contenir l’épidémie, apportant des informations précises en temps réel. Les robots ont également joué un rôle important dans certains hôpitaux où ils ont rempli des fonctions d’assistance.
Dès le début, plusieurs pays asiatiques et occidentaux ont fait preuve de solidarité envers la Chine. Désormais, la situation s’est inversée puisque ces derniers jours, des équipes médicales chinoises ont été envoyées en Irak et en Iran ; des kits de détection de la maladie ont également été envoyés dans d’autres pays comme le Pérou et le Japon. Enfin, une équipe médicale chilienne se prépare à se rendre à Wuhan pour apprendre sur le terrain à traiter l’épidémie et diffuser ensuite les connaissances acquises dans le reste de l’Amérique du Sud.
Dans le même temps, Beijing vient d’envoyer en Italie une équipe de médecins de l’université du Sichuan, considérant que malgré les différences entre les deux systèmes de santé, ils pourraient apporter une contribution concrète dans les cas d’urgence impliquant des patients sévèrement atteints. Entretemps, des entrepreneurs chinois en Espagne se sont mis à proposer du gel désinfectant dans leurs magasins et à distribuer des masques dans certains quartiers de Madrid.
L’avenir : au-delà de la crise
Tout biologiste ou professionnel de santé confirmera que le COVID-19 devrait nous servir d’avertissement pour mieux nous préparer à une future pandémie qui pourrait se déclencher n’importe où sur la planète. Les enjeux ne sont pas seulement la capacité d’identifier rapidement les problèmes et le partage rapide des informations avec la communauté internationale ou encore l’amélioration de la coordination entre les principaux pays producteurs de médicaments. La question de l’élargissement des domaines de coopération entre aussi en jeu ; alors que la population mondiale connaît une croissance continue, que la civilisation industrielle dominante entraîne une réduction de la couche d’ozone, et que l’urbanisation expansive implique une disparition des espaces naturels et parallèlement, une plus grande proximité avec le monde animal, les possibilités de nouvelles crises mondiales augmentent.
La réaction des États-Unis et de l’administration Trump a été jusqu’à présent décevante, avec l’adoption d’un comportement isolationniste et d’une vision à court terme, alors que de son côté, la communauté scientifique américaine, qui a compris que cette crise nous concerne tous, est entrée en contact avec la communauté scientifique chinoise.
Cette crise montre parfaitement que nous sommes tous confrontés aux mêmes défis et que nous partageons un destin commun. Il est probable que nous devrons à l’avenir faire face à de nombreux autres défis et qu’il sera alors nécessaire de garder à l’esprit les valeurs du multilatéralisme qui constituent le fondement tant des Nations Unies que de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Organisation mondiale du commerce, et que nous devrons adopter des actions concrètes et coordonnées.
S’il est vrai que le COVID-19 est une crise sanitaire mondiale, il n’en est pas moins vrai qu’il vient s’ajouter à d’autres maladies transmissibles qui tuent chaque année des millions de personnes sans générer la même peur. Ainsi se dessine un autre grand défi : limiter les conséquences économiques de la panique engendrée par l’incertitude qui entraînent un effondrement en cascade des marchés, provoquant dans chaque pays des ravages matériels tout à fait disproportionnés en s’en tenant aux analyses des scientifiques, qui, dans le cas d’une épidémie comme celle du nouveau coronavirus dont la Chine sort aujourd’hui victorieuse, sont encore nos meilleures conseillères.