China Today (French)

L’UE et la Chine ensemble pour sauvegarde­r le multilatér­alisme

- ALAIN RICHARD*

Le phénomène économique en croissance est un développem­ent d’un flux échange, qui est devenu un phénomène économique mondial qui est un facteur de croissance. Comme nous l’avons pu observer au cours de la fin de cette décennie, le ralentisse­ment de la croissance mondiale vient de plusieurs facteurs, y compris d’un changement de logique de l’économie chinoise, un facteur qui produit de la richesse, qui produit de l’emploi, qui produit du développem­ent de savoir-faire, on ne peut que le saluer par luimême.

Mais il y a une autre dimension dans ce phénomène que je veux souligner, c’est le succès de l’économie de marché. Dans la conception qui a conduit le gouverneme­nt chinois à prendre cette initiative et à poursuivre son développem­ent dans une relation partagée et négociée avec un grand nombre de nations et d’organisati­ons internatio­nales, il y a cette idée que le développem­ent des échanges dans des conditions d’équilibre de concurrenc­e de manière qu’il y ait un avantage mutuel était un driver, était un élément de ressort de l’activité, de la création de richesse et d’emploi.

Cette économie de marché, en essayant de s’assurer de son équilibre et de son équité, est un facteur de sortie du sous-développem­ent. En effet, tous ceux qui ont eu l’avantage d’avoir des contacts sur place, d’avoir des dialogues, des échanges approfondi­s, avec les autorités chinoises, sont frappés des écarts de développem­ents qui existent encore en voie de redresseme­nt graduel, mais qui existent encore entre les différente­s régions chinoises, entre les provinces. Nous avons une vision de cela en Europe, nous avons un système complexe et négocié de compensati­on des inégalités régionales, et je crois pouvoir dire que les écarts maximum,

à l’échelle des régions, que nous constatons en Europe sont presque du même ordre que ce qu’on constate encore entre les régions du littoral chinois et les régions plus éloignées de l’Ouest. Donc c’est un phénomène et une lutte que nous partageons en commun. Mais je veux rester sur cette idée que la Chine et ses partenaire­s choisissen­t le développem­ent par l’économie de marché.

Cette économie de marché a forcément un contexte, des bases institutio­nnelles et des bases légales qui sont différents entre les pays, et ces écarts de système d’autorisati­on et de régulation, ces écarts de normes, ces écarts de droits d’accès aux différents marchés sont un sujet de débat, de friction, et de volonté d’harmonisat­ion et de suppressio­n des obstacles, qui sont à la base depuis quelques décennies de la réflexion sur le développem­ent des échanges dans des conditions de liberté, donc tout ce sujet de l’égalité de concurrenc­e, de l’égal accès aux différente­s prestation­s de la clarté des règlementa­tions fait partie maintenant d’un dialogue qui est partagé avec des dizaine d’États et qui concourt lentement et graduellem­ent à une réflexion et à une régulation équilibrée entre espaces économique­s différents. C’est évidemment une expérience que l’UE connaît bien, puisque ces créateurs inspirés par l’expérience des périodes de compétitio­ns économique­s non régulées qui avaient précédé la Première Guerre mondiale et qui avaient marqué l’entre-deux-guerres ont choisi l’harmonisat­ion et la clarificat­ion du fonctionne­ment de l’économie de marché comme l’élément moteur de la constructi­on européenne, et c’est pour ça que dans les génération­s anciennes, le terme employé était le « marché commun ». J’évoque ce souvenir simplement pour souligner que 63 ans bientôt après le premier traité qui organise ce marché commun européen, il nous reste encore des obstacles et des sujets. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, j’ai eu des responsabi­lités économique­s à l’Assemblée pour créer le marché unique. Trente ans après la création du marché commun, et trente ans encore après la volonté du marché unique, il nous reste des sujets de différence­s de frein aux échanges, donc il n’est pas difficile d’imaginer l’ensemble des efforts de régulation et d’harmonisat­ion qui restent

à faire à l’échelle mondiale et des efforts auxquels « la Ceinture et la Route », cette initiative chinoise concourt de façon efficace. L’évolution positive de ce qui s’est passé avec le port du Pirée est un sujet de débat politique. Je crois que les investisse­ments étrangers partagés mutuels, à savoir l’acceptatio­n et l’encadremen­t des investisse­ments étrangers d’un pays à l’autre, constituen­t un thème sur lequel nous avons encore des différence­s importante­s et sur lequel il y a matière à négocier et à ouvrir les conditions de manière transparen­te, notamment pour ce qui est des conditions de connaissan­ce des accords qui ont été conclus dans le développem­ent de « la Ceinture et la Route ».

Plus largement, je crois que c’est une contributi­on au multilatér­alisme, l’UE d’un côté, et la Chine de l’autre, ont une responsabi­lité particuliè­re dans la période où nous sommes pour renforcer, et presque dire pour réparer le multilatér­alisme en matière économique. Nous [la France et la Chine] sommes membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons donc beaucoup de points communs sur le multilatér­alisme économique. À cause de l’initiative des États-Unis qui ont contribué à freiner et à mettre des obstacles dans le fonctionne­ment des échanges mondiaux, cette coopératio­n entre l’UE et la Chine permet de discerner les objectifs à atteindre et aussi les précaution­s à garder, puisque l’ouverture instantané­e des échanges, on le sait bien, pose d’autres problèmes et crée des chocs économique­s que nous ne voulons pas accepter dans nos équilibres sociaux. Donc cette coopératio­n entre nos deux ensembles économique­s, la Chine et l’UE, est un facteur clé, et je veux souligner en particulie­r que, dans les années qui se déroulent à l’heure actuelle et particuliè­rement dans l’année qui vient, nous avons une mission de sauvetage de l’Organisati­on mondiale du commerce. Cette organisati­on est une création des partisans traditionn­els économique­s de marché, qui a rassemblé finalement et pratiqueme­nt l’ensemble des pays du monde. Il faut dire aussi que, parce que c’est une constructi­on progressiv­e, elle a adopté – puisque ce sont des traités négociés par chacun – des méthodes de décisions qui peuvent être paralysant­es, puisqu’on cherche l’assentimen­t général. La diplomatie française qui s’est efforcée de réaliser un accord du même type avec l’accord de la COP 21, l’Accord de Paris, peut vous en parler de faire un accord à 180 pays. C’est un effort qui demande beaucoup d’ajustement­s et parfois de contradict­ions. Je crois que maintenir un système partagé et égalitaire de contrôle des conditions d’ouverture des échanges au niveau mondial est une mission. Je veux espérer que nous saurons prendre des initiative­s politiques positives pour assurer cette réparation, cette restaurati­on, au cours de l’année qui vient.

Nous sommes là pour approfondi­r les sujets importants de développem­ent commun entre nations et entre ensembles transnatio­naux, concurrent­s mais amis et partenaire­s.

L’UE d’un côté, et la Chine de l’autre, ont une responsabi­lité particuliè­re pour réparer le multilatér­alisme.

 ??  ?? Le 2 septembre 2019, une conférence de presse à l’occasion de la traduction chinoise du Rapport sur la vision stratégiqu­e de l’Union européenne pour un développem­ent
économique prospère, moderne, compétitif et climatique­ment neutre s’est tenue à Beijing en présence d’Artur Runge-Metzger, directeur de la Stratégie en matière de lutte contre le changement climatique, gouvernanc­e et émissions hors du système d’échange de quotas d’émissions à la direction générale de l’action pour le climat de la Commission européenne.
Le 2 septembre 2019, une conférence de presse à l’occasion de la traduction chinoise du Rapport sur la vision stratégiqu­e de l’Union européenne pour un développem­ent économique prospère, moderne, compétitif et climatique­ment neutre s’est tenue à Beijing en présence d’Artur Runge-Metzger, directeur de la Stratégie en matière de lutte contre le changement climatique, gouvernanc­e et émissions hors du système d’échange de quotas d’émissions à la direction générale de l’action pour le climat de la Commission européenne.
 ??  ?? Le 12 novembre 2019, la seconde édition du Forum de Paris sur la Paix a ouvert ses portes dans la capitale française.
Le 12 novembre 2019, la seconde édition du Forum de Paris sur la Paix a ouvert ses portes dans la capitale française.
 ??  ??
 ??  ?? Le 21 mai 2019, la Chine et l’Union européenne signent le premier accord dans le domaine de l’aviation civile.
Le 21 mai 2019, la Chine et l’Union européenne signent le premier accord dans le domaine de l’aviation civile.
 ??  ?? Chantier du pont de Pelješac en constructi­on par une entreprise chinoise le 12 avril 2019 dans la péninsule croate de Pelješac, dans le Sud du pays
Chantier du pont de Pelješac en constructi­on par une entreprise chinoise le 12 avril 2019 dans la péninsule croate de Pelješac, dans le Sud du pays

Newspapers in French

Newspapers from Canada