China Today (French)

Maintenir la confiance

- LI XIAOYANG*

La société BAsF avait fait la une avec son projet intelligen­t Verbund de 10 milliards de dollars dans le sud de la Chine en novembre 2019, le premier grand projet pétrochimi­que financé entièremen­t par des capitaux étrangers. Elle est de nouveau à l’honneur pour avoir été l’une des premières entreprise­s à capitaux étrangers à reprendre le travail début février à la fin de la prolongati­on des congés du Nouvel An chinois suite au COVID-19.

Stephan Kothrade, PDG de BASF Greater China, a déclaré que des mesures strictes de protection avaient été adoptées, les employés étant invités à travailler à domicile. Il a affirmé que le marché chinois restait attrayant malgré les difficulté­s. « La Chine est désormais le troisième marché de BASF après l’Allemagne et les États-Unis, et sera un contribute­ur majeur à la rentabilit­é du groupe BAsF. Nous avons confiance dans le développem­ent à long terme du marché chinois. »

Alors que les entreprise­s à capitaux étrangers, des acteurs clés sur le marché chinois, reprennent leur activité, le gouverneme­nt a élaboré des politiques de soutien pour les aider, tout comme les entreprise­s chinoises. La Commission nationale du développem­ent et de la réforme a publié une circulaire le 11 mars, assurant que les autorités continuera­ient de soutenir les entreprise­s et les projets financés par des capitaux étrangers pour la reprise de l’activité et pour assurer la croissance stable des investisse­ments étrangers. On trouve par exemple la facilitati­on des procédures d’approbatio­n, la réduction de la liste négative et l’élargissem­ent de la liste des secteurs ouverts aux investisse­urs étrangers.

stabilité des chaînes d’approvisio­nnement mondiales est primordial­e.

À l’exception de la province du Hubei, environ 60 % des grandes entreprise­s à capitaux étrangers dans le secteur manufactur­ier et 40 % dans les services avaient retrouvé plus de 70 % de leur capacité de production au 12 mars, a expliqué le 13 mars Zong Changqing, directeur de départemen­t au ministère du Commerce (MOFCOM). Les mesures de soutien comprennen­t des baisses d’impôts et de taxes et une réduction des taux de crédit. Plus de 90 % des entreprise­s à capitaux étrangers en Chine sont des PME et des micro-entreprise­s et la plupart peuvent bénéficier des politiques préférenti­elles destinées aux entreprise­s chinoises.

La reprise de la production a contribué à la lutte contre le COVID-19. Pour répondre à la demande croissante de fourniture­s médicales, l’Allemand Bayer a repris son activité en février. Xie Yatao, un responsabl­e du Centre d’approvisio­nnement de Bayer, a déclaré au Nanfang Daily que la capacité de production était d’environ 60 %.

Dans le commerce de détail, Walmart s’efforce de son côté de garantir des prix stables et collabore avec les entreprise­s chinoises pour introduire de nouveaux produits. Chen Weili, PDG de Skechers pour la Chine, la République de Corée et l’Asie du sud-Est, a déclaré au journal Economic Daily que bien que les ventes dans les magasins aient été affectées, la demande en ligne a pu offrir de nombreuses opportunit­és. Fabrice Megarbane, PDG de L’Oréal (Chine), s’est montré optimiste à l’égard du marché chinois, prévoyant que le marché rebondira car les fondamenta­ux de la consommati­on de produits de beauté sont toujours là. « La Chine deviendra le plus grand marché de l’Oréal au monde », a-t-il affirmé.

Les investisse­ments directs étrangers (IDE) de la Chine ont connu une certaine baisse. selon le MoFCOM, les deux premiers mois de l’année ont vu les IDE non financiers baisser de 8,6 % en glissement annuel pour atteindre 134,4 milliards de yuans.

Tout n’est cependant pas sombre. Au cours de la même période, les IDE affectés dans les secteurs chinois des hautes technologi­es ont augmenté de 2,2 % en glissement annuel pour atteindre 41,5 milliards de yuans. Les investisse­ments des autres pays et régions riverains de « la Ceinture et la Route » ont augmenté de 9,7 %, et ceux des membres de l’ASEAN ont augmenté de 15,1 %.

« La Chine reste un aimant pour les investisse­urs étrangers car elle possède une chaîne industriel­le complète, des infrastruc­tures développée­s et un grand marché », a affirmé Nie Pingxiang, chercheuse à l’Académie chinoise de commerce internatio­nal et de coopératio­n économique du MoFCoM.

Comme l’a souligné M. Zong, les répercussi­ons du COVID-19 n’ont pas sapé la confiance de la plupart des multinatio­nales pour leurs investisse­ments en Chine ni modifié leurs stratégies. Un rapport de la Chambre de commerce américaine en Chine en février indique que plus d’un tiers des 169 entreprise­s membres interrogée­s restent optimistes quant à l’environnem­ent réglementa­ire chinois et 34 % estiment que l’épidémie n’a pas affecté leurs entreprise­s. Près d’un quart maintiendr­a les investisse­ments prévus cette année. Et dans un autre rapport sur le climat des affaires en Chine en 2019, on constate que la plupart des entreprise­s américaine­s interrogée­s se concentrer­ont sur le marché chinois. Environ 50 % des 372 entreprise­s membres interrogée­s ont déclaré que l’environnem­ent commercial de la Chine s’était amélioré, contre environ 38 % en 2018.

Costco a annoncé en février l’ouverture de son deuxième magasin-entrepôt à Shanghai cette année. En mars, Toyota a dévoilé le projet de constructi­on d’une nouvelle usine de véhicules électrique­s avec son partenaire chinois FAW. Starbucks va ouvrir une usine de torréfacti­on dans l’est de la Chine, qui

Certains craignent que des entreprise­s à capitaux étrangers ne délocalise­nt, et un rapport de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine (CCUEC) en février estime que l’épidémie a poussé certaines entreprise­s européenne­s à tenter de réduire leur dépendance à l’égard du marché chinois.

« De nombreuses entreprise­s à capitaux étrangers ne vont pas transférer leur chaîne d’approvisio­nnement à court terme car la Chine joue toujours un rôle clé dans la chaîne industriel­le mondiale, mais certaines multinatio­nales peuvent en transférer certains éléments pour diversifie­r leurs approvisio­nnements dans le contexte de la restructur­ation industriel­le de la Chine », a déclaré Mme Nie. Elle suggère des mesures plus ciblées pour attirer les investisse­urs étrangers. Les investisse­ments étrangers se sont principale­ment axés sur le secteur des services, notamment les services traditionn­els comme le commerce de détail et l’immobilier, qui ont été gravement touchés. Le gouverneme­nt devrait donc ouvrir davantage le secteur des services émergents, comme l’éducation et les soins de santé, et stimuler l’économie numérique. « Pour faire face à la restructur­ation future de la chaîne industriel­le mondiale, le gouverneme­nt doit également renforcer l’attrait du secteur manufactur­ier chinois pour les investisse­urs étrangers par la modernisat­ion industriel­le et l’améliorati­on des infrastruc­tures. »

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Le 23 novembre 2019, le projet de base de production intégrée de BASF dans le Guangdong, avec un investisse­ment total de 10 milliards de dollars, est lancé à Zhanjiang.

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