China Today (French)

Rémy Aron : une exposition à Wuhan après l’épidémie

- LIu YANQING*

Né en 1952, Rémy Aron est un peintre français renommé, qui est Chevalier des arts et des lettres, ancien président de la Maison des artistes, président de l’Associatio­n française des arts plastiques (AFAP) et membre-chercheur de l’Académie nationale de peinture de Chine.

Ayant un grand intérêt pour la culture chinoise depuis sa jeunesse, M. Aron est arrivé en Chine pour la première fois il y a près de 20 ans. Depuis, il voyage constammen­t entre la Chine et la France, participan­t aux exposition­s artistique­s et organisant des événements de peinture sur nature, des exposition­s et séminaires réunissant les artistes des deux pays, ce qui lui a valu le titre de « Messager des échanges culturels sino-français ».

Récemment, le COVID-19 s’est propagé rapidement en France et les restrictio­ns de déplacemen­t ont été prolongées jusqu’au 15 avril. M. Aron nous confie chez lui à Paris que le confinemen­t lui donne du temps pour peindre et réfléchir, et qu’il espère que l’humanité pourra faire preuve d’unité et de coopératio­n dans cette catastroph­e imprévue.

Habitant au coeur de Paris, le couple Aron a l’habitude de partir le week-end à la campagne dans leur vieille maison de famille à Neauphle située dans la banlieue de la capitale.

Le 12 mars dans l’après-midi, sa femme, Natalie Miel, lui téléphone à l’atelier pour lui dire de préparer suffisamme­nt de matériel de peinture, car il y aurait un « confinemen­t imminent » ! Nathalie Miel est peintre elle aussi et a beaucoup voyagé en Chine. « Depuis ce jour nous sommes confinés à Neauphle », a dit M. Aron.

selon M. Aron, malgré les angoisses causées par l’épidémie, qui est exacerbée par la pression des médias, « nous pouvons dire, sans être trop indécent par rapport aux grandes tragédies du monde, que nous vivons bien, comme

« Nous vivons bien le confinemen­t »

peintres, ce confinemen­t ». Car cette « retraite » est leur état normal : le peintre est la plupart du temps seul dans son atelier face à sa toile, à luimême et à sa quête de l’Unité inconnue.

Ainsi, le couple de peintres partage leur temps entre le jardin et la peinture, et M. Aron profite de ce temps pour relire les écrits des grands maîtres de la peinture qui lui donnent « des réassuranc­es et des confirmati­ons » dans la voie de ses recherches.

Le couple Aron a quatre enfants qui respectent également la règle du confinemen­t à des endroits différents. Le fils aîné et sa copine sont rentrés de l’étranger et il télétravai­lle à la maison à Paris ; confinés dans leur appartemen­t à Londres, la seconde fille et son mari travaillen­t tous les deux chez eux en gardant leurs deux enfants. Leur fille aînée doit assurer son service comme infirmière dans un hôpital psychiatri­que, même si elle et sa famille habitent tout près de chez M. Aron, ils évitent tous les contacts pour respecter la « distanciat­ion sociale ». M. Aron s’inquiète un peu d’elle car elle « n’a pas de masques ni de gants ». Le jeune fils avait prévu d’aller passer des vacances avec sa petite amie, chez son grand-père dans les Alpes et n’a pas pu rentrer à Paris, tout en s’occupant tous les deux de leur grand-père. Il profite de cette retraite pour avancer son mémoire de fin d’études d’architectu­re dont le sujet est « la pédagogie de Wang Shu le grand architecte chinois ».

selon M. Aron, ils ont compris assez vite que la maladie était très contagieus­e et grave et que chacun pouvait être touché en rencontran­t d’autres personnes : « Nous avons aussi très vite compris que la seule parade était l’obéissance précise aux règles collective­s de confinemen­t puisque nous n’avions malheureus­ement pas d’autres armes. »

Peinture sur nature, exposition­s, événements et conférence­s artistique­s... Depuis près de vingt ans, M. Aron n’a cessé de parcourir la Chine et rencontrer les artistes de ce pays oriental. En même temps, il associe souvent les artistes chinois à s’exposer en France, ce qui a promu activement les échanges et le développem­ent de l’art et de la culture entre les deux pays. « Comme Florence en Italie durant la Renaissanc­e, elle (la Chine) a pu maintenir les traditions de l’art et de l’éducation artistique en plein développem­ent économique, ce qui lui permet de garder l’origine de la peinture au milieu du désert de l’art contempora­in », a-t-il déclaré aux médias lors de sa visite effectuée en novembre dernier à Suzhou, ville située au sud-est de la Chine, « c’est ainsi que la véritable Renaissanc­e culturelle peut se réaliser ».

Ayant beaucoup d’amis artistes chinois, M. Aron entretient durant l’épidémie, grâce à Wechat et à Internet, des contacts réguliers avec ceux-ci. Il a d’ailleurs reçu il y quelques jours, « par la poste d’un bon ami chinois», un traitement fortifiant à base de plantes et quelques masques pour leur usage personnel, ce soutien amical a beaucoup réchauffé le coeur du couple Aron.

Selon M. Aron, ses deux séjours en Chine ont dû être reportés, mais l’exposition qui devait avoir lieu au quartier « 798 » dans la galerie ICI-LABAs à Beijing devra être inaugurée dans les prochains jours. L’exposition durera jusqu’au 5 mai et va réunir des peintres de Chine dont Yang Feiyun, Shi Lei, deux peintres italiens, et trois peintres français Pierre Carron et le couple Aron.

« Par devers le traumatism­e de cette épidémie, je reste parfaiteme­nt convaincu que l’associatio­n des peintres d’occident et de Chine doit contribuer à penser le monde qui vient. » Ainsi, il a le projet d’une grande exposition à Wuhan, que souhaite organiser aussi un de ses amis chinois, afin de manifester la

M. Aron a suivi de près la lutte contre l’épidémie en Chine : « La Chine, par des mesures vraiment inouïes, a sauvé beaucoup de vies et surtout a montré l’exemple et les bonnes méthodes pour juguler cette crise sanitaire. » Selon lui, les décisions politiques correspond­ent bien à la tradition de la philosophi­e chinoise qui met au centre le respect de la vie humaine et du bien-être de la collectivi­té.

À l’heure actuelle, la situation épidémique en Chine a été fondamenta­lement contrôlée, mais le monde entier est au stade de la pandémie. En France, les matériels de prévention et de contrôle du COVID-19 ainsi que les ressources médicales restent confrontés à de fortes pressions et manques.

Pendant que la Chine se trouvait à un stade difficile de la lutte contre l’épidémie, la France lui a donné la main et a fourni une assistance matérielle. « Unis nous vaincrons », reconnaiss­ante de l’aide donnée par la France, la Chine a déjà offert à ce vieil ami des fourniture­s médicales telles que des masques de protection médicale, des masques chirurgica­ux, des combinaiso­ns de protection et des gants. D’ailleurs, le ministère de la santé de la France a commandé au total un milliard de masques à la Chine. Le 29 mars, le premier lot de 5,5 millions de masques est arrivé à Paris depuis shanghai.

Rémy Aron tient à remercier très affectueus­ement la Chine pour ces aides matérielle­s. D’après ce peintre français, cette période que vit l’humanité est, malgré tout, pleine d’enseigneme­nts et d’espoirs. « C’est la première fois que se manifeste une solidarité humaine aussi évidente. Je voudrais me laisser aller à penser que nous sommes sur la bonne voie, puisque devant un prédateur infectieux très petit et invisible, nous pouvons avoir la même attitude et une compréhens­ion universell­e. Le moment est peut-être venu de travailler à mettre en place une vraie et efficace gouvernanc­e mondiale qui devrait avoir en charge la santé et l’harmonie de notre monde », a-t-il conclu.

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Rémy Aron à Wenzhou (Zhejiang), en mai 2018
 ??  ?? Les époux Aron durant l’été 2019 au quartier « 798 » des galeries d’art de Beijing
Les époux Aron durant l’été 2019 au quartier « 798 » des galeries d’art de Beijing
 ??  ?? Le Pavillon chinois de Natalie Miel, épouse de Rémy Aron
Le Pavillon chinois de Natalie Miel, épouse de Rémy Aron

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