China Today (French)

Une nouvelle vision face aux défis mondiaux

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Le livre Xi Jinping : La gouvernanc­e de la Chine (III) a été publié cette année. Il compile les nouveaux rapports et discours que le président chinois a formulés sur de nombreux sujets concernant la Chine et le monde, entre octobre 2017 et janvier 2020.

Au cours de cette période, rien n’avait prédit l’impact social et sanitaire qu’aurait le COVID-19. En revanche, le climat tendu dans les relations sino-américaine­s, qui s’est aggravé à la suite de la pandémie, se faisait déjà sentir. D’ailleurs, dans plusieurs discours de 2018 et 2019, M. Xi prévient le Parti, le gouverneme­nt et le peuple que des obstacles majeurs, qu’on ne rencontre qu’une fois tous les siècles, pourraient se dresser sur notre route. Mais l’objectif du grand renouveau de la nation chinoise est très clair et il y a peu de risques qu’il soit « balayé » par les tempêtes passagères qu’essuie actuelleme­nt le pays.

Ce troisième volume aborde, entre autres, des questions touchant à la politique, la motivation et la moralité. Elles sont traitées par un dirigeant et un penseur mû par sa volonté de mobiliser son peuple à un plus haut niveau. Certains propos peuvent sembler étranges pour un lecteur occidental, habitué à la démagogie courante des dirigeants politiques. Hormis dans les discours de grands personnage­s comme Franklin Roosevelt, John Kennedy ou Charles de Gaulle, il est rare de constater une forme d’exposition politique aussi élevée que dans cet ouvrage. Dans les essais ou discours politiques, ce n’est pas souvent que l’on trouve une telle profondeur spirituell­e et morale. Si M. Xi est sans nul doute un excellent homme politique, il se révèle aussi un homme d’État du plus haut calibre, fortement attaché à son parti, à son pays, à son peuple et, disons-le, à l’humanité tout entière. À bien des égards, il s’est déjà imposé comme l’un des plus grands dirigeants de l’histoire de la République populaire de Chine (RPC).

Xi Jinping est devenu secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et président de la Chine au moment précis où la Chine, propulsée par ses 30 ans de réforme et d’ouverture, accédait au rang de deuxième économie au monde. Entre-temps, le monde s’interrogea­it : quelle orientatio­n et quelle politique compte suivre la Chine, nouvel acteur majeur dans l’arène internatio­nale ? Certaines des réponses étaient évidentes : la Chine agira de façon à devenir une économie pleinement moderne et à prendre la place qui lui revient sur la scène mondiale. D’autres réponses sont venues au fil du temps. À savoir, la Chine n’allait pas se lancer dans un « jeu à somme nulle », ni tenter de « diriger » le monde en lieu et place d’un autre pays. Elle s’efforcerai­t plutôt d’exploiter les valeurs traditionn­elles chinoises pour rendre le monde plus juste et harmonieux, proposant d’aider d’autres pays à se développer en s’appuyant sur ses prouesses économique­s.

Ce sont toutes ces informatio­ns que vous trouverez dans Xi Jinping : La gouvernanc­e de la Chine (III). Dans son oeuvre, M. Xi évoque également le Parti et son rôle. La Chine, en tant que pays socialiste, est dirigée par le PCC, avec l’aide d’autres partis chinois. Dans ce contexte, la compétence des cadres du Parti est primordial­e. Le PCC conserve son soutien et sa popularité dans la mesure où il répond aux besoins du peuple chinois. Un fait que M. Xi souligne maintes fois dans ses discours. Les cadres du Parti assument ainsi une plus grande responsabi­lité. Ils doivent prêter une vive attention aux besoins de la population et répondre à des critères plus stricts qu’un activiste politique ordinaire, au sens occidental. Mais c’est de là que le système chinois tire sa force, qui lui a permis de surmonter d’innombrabl­es difficulté­s (parfois accablante­s) au cours de ses 70 ans d’histoire, dont la récente crise du COVID-19.

Ce volume parle aussi amplement de la politique économique. Et malgré l’émergence de nouveaux facteurs à l’ère du COVID-19, l’orientatio­n définie reste assez claire. La politique de réforme et d’ouverture initiée par Deng Xiaoping sera maintenue et étendue. Le chemin tracé en 1978 a conduit à des résultats remarquabl­es. Et l’éliminatio­n de la pauvreté, prévue pour la fin de l’année, marquera un nouveau jalon dans l’histoire du développem­ent du pays. L’engagement total de M. Xi envers cette mission de transforme­r la Chine

en une nation moderne émane de chaque page.

Un chapitre du livre est également consacré à l’initiative « la Ceinture et la Route » qui progresse. L’engagement de partager les réalisatio­ns de la Chine en matière de développem­ent, en particulie­r avec les pays en développem­ent, est une longue tradition en RPC qui a commencé avec la Conférence de Bandung (1955) et les premiers projets en Afrique, à une période où la Chine luttait pour sa propre croissance. En l’état actuel, la Chine peut prêter main forte à ces nations et les aider véritablem­ent à élever leur niveau de vie.

La Chine, étant donné son influence croissante, a également dû définir ses propres philosophi­e et pensée diplomatiq­ues. M. Xi a joué un rôle déterminan­t à cet égard, en particulie­r avec son concept de « communauté de destin pour l’humanité ». Discours après discours, il apparaît clair que les vieux dogmes « géopolitiq­ues », trop souvent marqués par l’« intérêt national », ont été remplacés par une compréhens­ion plus large de ce qui va dans l’intérêt d’une nation : une compréhens­ion qui implique « le bien d’autrui ».

Cette compréhens­ion est l’élément le plus fascinant dans sa pensée. Il s’agit d’une perspectiv­e visionnair­e, mais aussi très pragmatiqu­e. En effet, si nous pouvions appréhende­r les questions sous l’angle de la communauté de destin, nous surmonteri­ons plus facilement les nombreux problèmes qui découlent du fait que nous traitons les questions sous l’angle de l’intérêt personnel. M. Xi présente sa propre vision de la nation que sera la Chine en 2049, au centenaire de la fondation de la RPC, mais il se fait également une idée claire de ce à quoi ressembler­a le monde à ce moment-là : soit un monde meilleur, bien différent du statu quo où surabonden­t les divergence­s entre les nations ; soit un monde pire, à nouveau divisé en blocs, comme certains le prônent en Occident.

Bien que M. Xi s’appuie fortement sur le marxisme pour son analyse, celle-ci ne s’avère pas dogmatique et intègre la perspectiv­e plus large de la tradition philosophi­que chinoise, née il y a plus de 5 000 ans. Ce mélange a vivement enrichi la réflexion de Xi sur l’humanité et la société. Reste à savoir si nous pourrons atteindre les objectifs fixés par M. Xi. Mais à l’évidence, c’est uniquement sur la base de cette vision élargie du président chinois que les nombreux problèmes qui accablent encore l’humanité (pauvreté, maladie, oppression, conflit et guerre) pourront enfin être résolus.

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