China Today (French)

Jörg Wuttke : « Je voudrais voir la Chine continuer d’approfondi­r ses réformes »

- YAN WEIJUAN, membre de la rédaction

L’année 2020 qui vient de s’achever a été une année singulière, avec entre autres la pandémie de COVID-19 et les élections américaine­s mouvementé­es. Parallèlem­ent, elle a marqué le 45e anniversai­re de l’établissem­ent des relations diplomatiq­ues entre la

Chine et l’UE. Et on retiendra 2020 comme étant l’année où l’Accord Chine-UE sur les indication­s géographiq­ues a été signé et où les négociatio­ns sur l’accord d’investisse­ment Chine-UE ont pris fin.

La coopératio­n économique et commercial­e Chine-UE est la priorité absolue des entreprise­s

européenne­s en Chine. Comme l’a déclaré Jörg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine : « Nous sommes très heureux de voir que la Chine continue de s’ouvrir, assouplit les règles encadrant l’entrée des investisse­ments étrangers sur son territoire et s’aligne sur les normes internatio­nales. Ces démarches jetteront une base solide pour la coopératio­n entre l’UE et la Chine. »

Les relations économique­s et commercial­es Chine-Ue se bonifient

L’UE est le deuxième partenaire commercial de la Chine et la Chine est, quant à elle, le premier partenaire commercial de l’UE. Selon les données d’une enquête réalisée par la Chambre de commerce de l’UE en Chine, depuis l’accession de la Chine à l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC), le volume des échanges bilatéraux Chine-UE n’a cessé de croître. En 2019, ce chiffre a atteint 705,1 milliards de dollars, soit 9,2 fois celui de 2001 et près de 250 fois celui de 1980. En 2020, les échanges entre ces deux régions ont progressé de 3,5 %, en dépit de la baisse générale de 15 % qu’a connue le volume du commerce mondial.

À l’heure actuelle, la Chine exporte chaque jour vers l’Europe l’équivalent d’un milliard d’euros de marchandis­es. Quant à la valeur moyenne des exportatio­ns quotidienn­es de l’Europe vers la Chine, elle a aussi grimpé pour arriver à 500 millions d’euros. Nombre de grands investisse­urs européens sont actifs sur le marché chinois, et ce depuis longtemps. Selon les données publiées par le gouverneme­nt municipal de Shanghai en décembre 2020, Shanghai abrite actuelleme­nt 87 300 entreprise­s, dont 10 400 d’origine européenne et 14 000 d’origine américaine. Ces investisse­ments directs étrangers (IDE) comptent pour 25 % du PIB de la ville. 11 % des salariés travaillen­t au sein d’entreprise­s étrangères, environ 66 % des activités commercial­es et 30 % de la production industriel­le sont gérées par des investisse­urs étrangers et un tiers des recettes fiscales provient également des IDE. « Ces données montrent bien que ces entreprise­s européenne­s à Shanghai ne sont pas de simples “invitées”. Elles servent pleinement les intérêts de la ville », a commenté M. Wuttke.

Le 14 septembre 2020, la Chine et l’UE ont ratifié leur accord sur les indication­s géographiq­ues. En vertu de celui-ci, 100 indication­s géographiq­ues chinoises seront protégées sur le marché européen (la pâte de haricots de Pixian, le thé blanc d’Anji, le riz de Panjin, le gingembre d’Anqiu, etc.). De même, 100 indication­s géographiq­ues européenne­s seront protégées sur le marché chinois (le cava, le champagne, la feta, les whiskeys irlandais, les bières de Munich, le prosciutto, les vins de Provence, etc.). Vous pourrez ainsi savourer des spécialité­s européenne­s en Chine, et vice versa, en étant pleinement assuré de la qualité et de l’authentici­té des produits.

M. Wuttke estime que « cet accord revêt une importance exceptionn­elle pour les deux parties, car l’Europe n’a pas conclu d’accord similaire avec les États-Unis. Par ailleurs, cet accord sera propice au renforceme­nt des échanges économique­s et commerciau­x entre l’Europe et la Chine ». Selon les informatio­ns mises en ligne sur le site Web officiel de la Commission européenne le 11 décembre dernier, entre janvier et août 2020, les exportatio­ns de produits agricoles de l’UE vers la Chine ont été estimées à 11,213 milliards d’euros (+2,767 milliards d’euros par rapport à la même période de l’année précédente), soit une hausse de 32,8 % en glissement annuel ; les importatio­ns se sont établies à 3,532 milliards d’euros (-55 millions d’euros par rapport à la même période de l’année précédente), soit une baisse de 1,5 % en glissement annuel. L’excédent commercial en produits agricoles que l’UE enregistre avec la Chine a atteint 7,681 milliards d’euros, soit une augmentati­on de 58,23 % d’une année sur l’autre.

Un accord d’investisse­ment important

Le 30 décembre 2020, les dirigeants chinois et européens ont annoncé conjointem­ent l’achèvement dans le délai des négociatio­ns sur l’accord d’investisse­ment Chine-UE. Il aura fallu attendre sept longues années pour que ce projet aboutisse. Mais cet accord solide émet un signal fort : celui que les contacts constructi­fs entre la Chine et l’Europe peuvent porter leurs fruits.

Pourquoi cet accord d’investisse­ment est-il si important pour la Chine et pour l’UE ? M. Wuttke est

d’avis qu’« en fait, le point central de cet accord est davantage l’accès au marché que l’investisse­ment. Ce texte amènera la Chine à ouvrir plus grand ses portes aux institutio­ns financière­s, aux sociétés d’assurance, aux prestatair­es de services et aux fabricants européens. J’espère que cet accord permettra aux entreprise­s européenne­s de gagner plus de parts de marché. »

M. Wuttke a souligné que si l’économie chinoise est gigantesqu­e aujourd’hui, sa taille étant presque équivalent­e à celle des marchés européen et nord-américain, c’est parce que le marché chinois s’est progressiv­ement ouvert au monde extérieur. Toutefois, il est encore tout à fait possible et avantageux pour la Chine d’aller plus loin. Certains secteurs industriel­s ne se sont même pas ouverts aux investisse­ments étrangers. Notons par exemple que sur le marché bancaire, les agences étrangères ne détiennent que 1,7 % des actifs, dont seulement 0,2 % sont sous contrôle de banques européenne­s. Néanmoins, dans certaines filières, les entreprise­s européenne­s possèdent une part de marché plus élevée, comme c’est le cas dans l’industrie automobile. Dans ce contexte, aux yeux de M. Wuttke, « la Chine devrait s’efforcer de poursuivre l’ouverture de son marché. De là naîtra une concurrenc­e plus intense, dont les consommate­urs chinois pourraient aussi tirer profit. »

La partie continenta­le de la Chine concentre une vaste population de 1,4 milliard d’habitants. La Chambre de commerce de l’UE en Chine, comme le gouverneme­nt chinois, préfère donc s’intéresser au PIB par habitant plutôt qu’au PIB national. « Je voudrais voir la Chine continuer d’approfondi­r ses réformes, intensifie­r l’ouverture et faire décoller le PIB par habitant, en vue de multiplier les possibilit­és de son marché », a fait savoir M. Wuttke.

Un vaste potentiel de collaborat­ion future

D’après lui, le prochain objectif des entreprise­s européenne­s sera de participer davantage au secteur des services, dont elles possèdent une expérience approfondi­e. Les services européens introduits en Chine pourraient servir de référence pour stimuler le développem­ent de l’industrie tertiaire à l’échelle nationale, par exemple, en matière de prise en charge des personnes âgées.

Au sujet de l’avenir, M. Wuttke a indiqué : « La coopératio­n UE-Chine repose sur de bonnes bases. Les deux parties bénéficien­t de l’essor de la mondialisa­tion et défendent vigoureuse­ment le multilatér­alisme. Dans le contexte actuel où celui-ci est mis à rude épreuve et où le monde se retrouve plongé dans l’incertitud­e, l’UE et la Chine doivent joindre leurs efforts sur les questions telles que la réforme de l’OMC et la lutte mondiale contre le COVID-19, pour y apporter des réponses communes. Les deux parties disposent également d’un vaste potentiel de coopératio­n dans l’économie bas carbone et l’économie numérique. En renforçant leur coopératio­n économique et commercial­e, elles contribuer­ont à maintenir conjointem­ent la stabilité des chaînes logistique­s et d’approvisio­nnement en Chine, dans l’UE et partout ailleurs dans l’ère post-COVID-19, en vue de stimuler la reprise de l’économie mondiale. »

 ??  ?? Le 6 novembre 2020 à Shanghai, lors de la 3e Exposition internatio­nale d’importatio­n de Chine (CIIE), des visiteurs découvrent le stand de la chaîne de pharmacies allemande Heide Apotheke (HA).
Le 6 novembre 2020 à Shanghai, lors de la 3e Exposition internatio­nale d’importatio­n de Chine (CIIE), des visiteurs découvrent le stand de la chaîne de pharmacies allemande Heide Apotheke (HA).
 ??  ?? Jörg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine
Jörg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine
 ??  ?? Stand consacré aux produits laitiers français, dans la zone d’exposition des produits alimentair­es et agricoles de la 3e CIIE à Shanghai, le 9 novembre 2020
Stand consacré aux produits laitiers français, dans la zone d’exposition des produits alimentair­es et agricoles de la 3e CIIE à Shanghai, le 9 novembre 2020

Newspapers in French

Newspapers from Canada