China Today (French)

Le progrès scientifiq­ue et technologi­que, clé du développem­ent agricole

- LU YAN*

En décembre 2020, un nouveau type de pomme, appelé « la super pomme », a atterri sur les étalages des supermarch­és chinois. Avant d’arriver sur le marché, ce produit a subi plus de 500 tests menés par SGS, une multinatio­nale basée à Genève offrant des services de contrôle, de vérificati­on, d’analyse et de certificat­ion. Ils n’ont montré aucune trace de résidus de pesticides.

Produites à Luochuan (dans la province du Shaanxi), l’une des principale­s régions productric­es de pommes du pays, ces pommes sont plus sucrées que les ordinaires.

La qualité du fruit est assurée par une nutrition ciblée et d’autres plans d’améliorati­on de la qualité, basés sur l’analyse des conditions de croissance de la pomme, y compris la santé du sol. La technologi­e blockchain est utilisée dans la documentat­ion des opérations des agriculteu­rs de sorte à éviter l’utilisatio­n de pesticides non standards. Le tri numérique des fruits dans l’entrepôt de stockage facilite la catégorisa­tion des pommes pour assurer une qualité stable.

Sang Yanhai, un cultivateu­r de 42 ans à Luochuan, a vu le rendement des pommes et ses revenus augmenter. « J’étais jaloux quand je voyais les pommes importées étiquetées avec un prix plus élevé dans les supermarch­és, mais à présent, je crois que les nôtres sont tout aussi bonnes », s’est-il réjoui.

La clé de cette bonne qualité est la science et la technologi­e. « Le futur de l’agricultur­e réside dans la technologi­e moderne », a indiqué Huang Jikun, directeur du Centre chinois pour la politique agricole de l’Université de Beijing.

Progresser

Lors de la Conférence centrale sur le travail rural en Chine, qui s’est tenue à Beijing les 28 et 29 décembre 2020, le président Xi Jinping a souligné qu’avec

la marche historique de la Chine vers son objectif du deuxième centenaire, celui de construire un pays socialiste moderne, un certain nombre de tâches sont indispensa­bles et méritent toute l’attention du Parti communiste chinois (PCC) : la consolidat­ion et l’extension des réalisatio­ns de la Chine en matière de réduction de la pauvreté, d’accélérati­on d’une revitalisa­tion rurale complète et de modernisat­ion du secteur agricole et des zones rurales.

M. Xi a dit que des efforts devaient être accomplis pour améliorer l’efficacité et la qualité du secteur agricole, faire des zones rurales un milieu de vie et de travail désirable, et veiller à ce que les agriculteu­rs soient aisés. Il a également souligné l’importance d’accélérer les percées dans le domaine des technologi­es agricoles de base et des technologi­es agricoles clés.

Song Hongyuan, ancien responsabl­e du Centre de recherche pour l’économie rurale au ministère de l’Agricultur­e et des Affaires rurales (MAAR), a déclaré que l’agricultur­e chinoise est entrée dans une phase de développem­ent de haute qualité, car le pays répond à la demande d’un nombre croissant de clients exigeant des produits agricoles de qualité. Cependant, les produits de haute qualité sont en pénurie, tandis que l’offre de produits ordinaires dépasse la demande.

« En conséquenc­e, l’agricultur­e devrait se tourner vers la technologi­e », a affirmé Song Hongyuan lors d’un forum sur la revitalisa­tion rurale organisé par l’Université de Beijing en décembre 2020.

À la lisière sud du désert du Taklamakan dans la préfecture de Kashgar, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, se trouve une parcelle de 20 ha de terre saline-alcaline dédiée à la culture du riz. Cette terre, située près du point le plus éloigné au monde de l’océan, était autrefois trop pauvre pour supporter la végétation, à cause de sa salinité extrême.

Il y a trois ans, Yuan Longping, un agronome réputé surnommé « le père du riz hybride en Chine », a dirigé un programme d’essai de plantation de riz dans des sols salins-alcalins. Grâce à la technologi­e de séquençage du génome, son équipe est parvenue à faire pousser des variétés de riz améliorées dans des sols salins et alcalins comme ceux de Kashgar.

Yuan Longping espère que la Chine pourra bientôt dédier 6,67 millions d’hectares de sol salin-alcalin à la production de riz, ce qui contribuer­ait à augmenter le rendement de riz du pays d’environ 30 millions de tonnes.

« Cela équivaut à la production céréalière annuelle de la province du Hunan », s’est-il réjoui. « Cela peut aider à nourrir 80 millions de personnes, c’est une énorme contributi­on à la sécurité alimentair­e du pays. »

En outre, le riz issu des sols salinsalca­lins regorge de micronutri­ments et sa teneur en calcium, en fer, en protéines et en potassium est nettement supérieure à celle du riz ordinaire.

Comme il pousse dans des conditions difficiles, il souffre rarement des maladies courantes et des insectes ravageurs qui posent des problèmes dans les cultures de riz ordinaire. Il ne nécessite donc généraleme­nt pas de pesticides, ce qui satisfait à la demande des clients en aliments nutritifs et sains.

La mécanisati­on de l’ensemble du processus a aidé les agriculteu­rs de Jianyang, une ville de la province du Sichuan. Zheng Huaming, directeur d’un centre de production local pour la mécanisati­on de l’agricultur­e, prend l’exemple de la production de radis : l’ensemble du processus de culture de 30 ha de terre, du semis à la récolte, peut être réalisé par moins de dix personnes. De plus, tandis que les techniques de production traditionn­elles permettent deux récoltes par an, la mécanisati­on en permet trois.

« Sans machines, le nettoyage et le chargement de dix tonnes de radis mobilisent 50 agriculteu­rs durant une journée entière, tandis que maintenant, il ne faut plus que huit agriculteu­rs et moins d’une demi-journée », a affirmé Zheng Huaming. L’agricultur­e

intelligen­te a été encouragée dans les campagnes. Un autre exemple : les milliers de systèmes de fertilisat­ion intelligen­ts développés par Join Hope, une entreprise chinoise de technologi­e agricole moderne dans le Xinjiang. Les agriculteu­rs peuvent utiliser une applicatio­n sur smartphone pour définir à distance les heures auxquelles l’engrais est appliqué, les quantités et d’autres paramètres des machines installées sur leurs terres. Selon les statistiqu­es de l’entreprise, le système intelligen­t épargne non seulement du temps et de la main-d’oeuvre, mais contribue également à économiser l’eau et les engrais, et augmente le rendement.

« Les avantages de l’agricultur­e sans contact et de la technologi­e numérique sont de plus en plus évidents, particuliè­rement pendant l’épidémie de COVID-19 », a estimé Chen Zhigang, doyen internatio­nal de l’Académie chinoise de développem­ent rural de l’Université du Zhejiang.

Politique et talents

Un plan pour faire avancer la numérisati­on du développem­ent agricole et de la gouvernanc­e rurale a été dévoilé conjointem­ent par le MAAR et le Bureau de la Commission centrale de la cybersécur­ité et de l’informatis­ation en janvier 2020. Selon ce plan, la technologi­e numérique s’intègrera plus rapidement à l’industrie agricole et la proportion de l’industrie agricole impliquée dans l’économie numérique agricole augmentera. D’ici 2025, l’économie numérique agricole devrait représente­r 15 % de la valeur ajoutée du secteur agricole chinois.

Des centaines de centres de démonstrat­ion de technologi­es agricoles modernes ont été construits à travers le pays. Selon le MAAR, les technologi­es de pointe, les talents technologi­ques de haut niveau et les mécanismes durables sont encouragés à se rassembler dans ces centres pour mener des essais. Les opérations et expérience­s réussies seront synthétisé­es et serviront de modèles.

La constructi­on d’infrastruc­tures est essentiell­e pour faire progresser la technologi­e agricole, et des centres nationaux et provinciau­x de recherche et développem­ent sur l’informatio­n agricole devraient être créés afin que les données de base et les mégadonnée­s puissent être améliorées, et que des technologi­es comme la 5G et le système de navigation par satellite Beidou puissent être appliquées sur le terrain, a expliqué Han Fujun, ingénieur en chef adjoint du Centre d’informatio­n du MAAR, lors du forum à l’Université de Beijing. Il a soutenu qu’il est essentiel d’encourager les personnes de talent en technologi­e agricole à développer des technologi­es faciles d’utilisatio­n pour les agriculteu­rs.

Depuis 2010, le gouverneme­nt chinois met en oeuvre des politiques pour identifier et soutenir les talents en technologi­e agricole. Les individus et les équipes remarquabl­es peuvent recevoir des fonds durant plusieurs années pour des projets scientifiq­ues

majeurs. Des titres et récompense­s honorifiqu­es ont été créés pour les inciter et les encourager. Des échanges de technologi­es, des formations, des visites sur le terrain et d’autres activités sont organisés pour qu’ils comprennen­t mieux la situation de chaque zone rurale.

L’applicatio­n des technologi­es agricoles crée également de nouveaux types d’emploi, comme les opérateurs de drone pour l’épandage de pesticides et les directeurs agricoles profession­nels qui fournissen­t des services de soutien organisati­onnel, opérationn­el et technique aux agriculteu­rs.

Yuan Ning est opérateur de drone agricole. Il a déclaré que par rapport aux techniques de protection traditionn­elles des plantes, l’épandage de pesticides avec un drone améliore l’efficacité de ceux-ci et empêche la surutilisa­tion accidentel­le qui se produit de temps en temps dans la culture traditionn­elle. « Je dois à la fois être compétent dans la technologi­e des drones et avoir de bonnes connaissan­ces agricoles. La moindre erreur dans l’altitude et la vitesse de vol, ou dans la sélection des pesticides et leur ratio aura un impact sur les résultats de la lutte contre les insectes ravageurs », a-t-il confié au Quotidien du Peuple.

Un potentiel

Huang Jikun a déclaré que certaines entreprise­s rencontren­t des difficulté­s pour protéger les droits de propriété intellectu­elle (DPI) de leurs innovation­s scientifiq­ues agricoles. « Les technologi­es auxquelles elles se consacrent pourraient être copiées par quelques petites entreprise­s, ce qui refroidit l’enthousias­me de la recherche et du développem­ent à long terme », a-t-il déploré.

Selon lui, le gouverneme­nt devrait proposer des mécanismes et des politiques supplément­aires pour protéger les DPI. Il devrait également soutenir la recherche fondamenta­le et créer un environnem­ent pour le partage d’informatio­ns. Les entreprise­s peuvent jouer un plus grand rôle dans la biotechnol­ogie, les technologi­es de l’informatio­n, la technologi­e des équipement­s et d’autres technologi­es haut de gamme. Elles peuvent passer en revue les besoins des agriculteu­rs et développer des produits plus pratiques pour améliorer la productivi­té, la qualité des produits et en fin de compte le revenu des agriculteu­rs.

Chen Zhigang a affirmé que l’applicatio­n des technologi­es numériques à l’agricultur­e était loin derrière celle des autres industries. Elle présente un grand potentiel dans l’agricultur­e, mais pour promouvoir davantage son développem­ent, il y a encore quelques problèmes à résoudre, comme le développem­ent régional déséquilib­ré.

« De plus, la technologi­e peut exclure certains groupes de personnes, donc rendre les résultats technologi­ques disponible­s pour tous est important », a ajouté Chen Zhigang.

Fan Shenggen, professeur à l’Université agricole de Chine, pense qu’à cause de l’épidémie, les entreprise­s ont commencé à repenser la durabilité du modèle agricole actuel, car un nombre croissant de personnes veulent manger des aliments plus sains et plus nutritifs. « Par exemple, elles pourraient vouloir manger moins de viande et plus d’aliments bio, d’aliments locaux, de produits naturels et holistique­s, ainsi que promouvoir une agricultur­e régénératr­ice », a-t-il indiqué, ajoutant que ce changement donnera à la science et à la technologi­e l’opportunit­é de développem­ents supplément­aires.

 ??  ?? Le 30 août 2019, un agent pilote un drone et explique le fonctionne­ment de cette technologi­e aux habitants du village de Jinhuo, dans le district de Deqing à Huzhou (Zhejiang).
Le 30 août 2019, un agent pilote un drone et explique le fonctionne­ment de cette technologi­e aux habitants du village de Jinhuo, dans le district de Deqing à Huzhou (Zhejiang).
 ??  ?? Le 8 janvier 2021, un robot cueille des fraises dans une serre en verre intelligen­te à Hangzhou (Zhejiang).
Le 8 janvier 2021, un robot cueille des fraises dans une serre en verre intelligen­te à Hangzhou (Zhejiang).
 ??  ?? Le 20 octobre 2020, des moissonneu­ses-batteuses récoltent du riz hybride dans l’exploitati­on agricole familiale Xiaohui, située dans le village de Taozhai, dans le district de Wuyi à Jinhua (Zhejiang).
Le 20 octobre 2020, des moissonneu­ses-batteuses récoltent du riz hybride dans l’exploitati­on agricole familiale Xiaohui, située dans le village de Taozhai, dans le district de Wuyi à Jinhua (Zhejiang).
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 ??  ?? Le 22 octobre 2020, un tracteur retourne le riz sur une aire de séchage dans le canton de Shiji, dans le district de Sihong à Suqian (Jiangsu).
Le 22 octobre 2020, un tracteur retourne le riz sur une aire de séchage dans le canton de Shiji, dans le district de Sihong à Suqian (Jiangsu).

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