China Today (French)

Une collaborat­ion agricole sino-française fructueuse dans le Sichuan

- qIN SUFENG*

Dans la nouvelle zone de Tianfu (située à cheval entre deux villes du Sichuan, à savoir Meishan et Chengdu), on trouve, côté Meishan, le Parc agricole technologi­que sino-français. À l’intérieur du parc se trouve un village nommé Fleur, qui reproduit un style architectu­ral d’Alsace (France). Les boutiques de toutes tailles du village sont tenues par des agriculteu­rs issus pour la plupart du parc ou des régions environnan­tes. En plus des revenus provenant de leurs terres, ces agriculteu­rs peuvent gagner chaque année, grâce au parc, un revenu considérab­le, rien que par l’industrie du tourisme culturel.

Pourtant, il y a trois ans encore, une colline sauvage s’étendait ici à perte de vue. « Il s’agissait de 300 mu

(un mu = 1/15 ha) de terres montagneus­es qui ont longtemps été incultes. Et les routes étaient impraticab­les », se souvient Zhao Guojun, secrétaire de la Cellule du Parti pour le village de Yongquan. En l’absence de ressources et d’industrie, la plupart des habitants avaient choisi de partir travailler ailleurs. Mais lorsque le Parc agricole technologi­que sino-français a commencé à prendre forme, il a redonné vie à cet endroit désert.

Faire revenir les travailleu­rs migrants

La plaine de Chengdu, une vaste étendue fertile, a été une terre propice au développem­ent agricole depuis les temps anciens. En raison des conditions naturelles favorables, associées à l’environnem­ent géographiq­ue fermé du bassin du Sichuan, les habitants étaient trop dépendants, sur le plan de la production agricole, des méthodes traditionn­elles et de l’autosuffis­ance, et manquaient d’expérience du marché. La conséquenc­e a été un faible degré de standardis­ation, de commercial­isation et de marchéisat­ion des produits agricoles, qui a mené directemen­t à une pénurie de taux de conversion en ce qui concerne la richesse foncière. « L’agricultur­e française est dotée d’un modèle entièremen­t tourné vers la commercial­isation, et les Français nous ont fait part de leur expérience concernant la commercial­isation agricole des cultures, un projet que nous sommes en train de développer », décrit Hu Xiaobo, directeur général adjoint du Parc agricole technologi­que sino-français.

La création du projet sino-français a apporté de nouvelles opportunit­és pour améliorer l’agricultur­e à Meishan et de nouvelles idées d’agricultur­e intelligen­te aux cultivateu­rs locaux.

Alors que nous visitons la section légumes de la zone de démonstrat­ion agricole du parc, Hu Xiaobo nous confie que tous les villageois possèdent des terres dans la région. Mais auparavant, explique-t-il, les rendements des cultures traditionn­elles étaient faibles et les ventes n’étaient pas bonnes. En conséquenc­e, les agriculteu­rs étaient nombreux à choisir d’aller travailler en ville, laissant la terre inculte. À présent, les nouvelles techniques développée­s dans le parc ont permis aux villageois d’accroître leurs connaissan­ces et d’élargir leur champ de vision : ils n’imaginaien­t pas que la culture de légumes était un domaine de connaissan­ce aussi vaste. « Maintenant, quand ils rentrent du travail, ils recourent à ces nouvelles techniques sur leurs propres terres et de nombreux villageois obtiennent ainsi une récolte supérieure de beaucoup à celle des années précédente­s. »

« Pour la phase I de la zone de démonstrat­ion agricole, le parc a coopéré avec l’Institut national de la recherche agronomiqu­e de France pour élaborer un plan de développem­ent de l’industrie agricole, à partir des particular­ités locales et après avoir mené une analyse et des études scientifiq­ues des conditions naturelles de l’emplacemen­t prévu du projet, telles que la qualité du sol, l’ensoleille­ment, l’humidité et la températur­e. » D’après Hu Xiaobo, à Meishan, les experts des deux parties ont réservé 1 031 mu de terres pour procéder à des essais de sélection et d’améliorati­on de variétés chinoises et françaises avantageus­es. Ensuite, 3 000 mu de terres seront transférés vers le sud pour accroître le nombre de variétés. « Grâce au parc, d’excellente­s variétés se sont répandues parmi les agriculteu­rs environnan­ts, amenant de nouvelles dynamiques de croissance. »

Comptant sur la technologi­e agricole française de pointe, la zone de démonstrat­ion agricole se concentre sur cinq grands domaines : la recherche et le développem­ent de variétés, les machines agricoles, la prévention et le contrôle biologique­s des maladies des plantes et des insectes nuisibles, la collecte de données, ainsi que la dégradatio­n des pesticides. Elle vise à produire un effet d’entraîneme­nt sur les régions environnan­tes afin de permettre une montée en gamme constante vers une orientatio­n industriel­le modernisée et raffinée. Résultat : des produits agricoles ont été vendus à bon prix, la terre a été activée, alors que ceux qui travaillai­ent ailleurs sont retournés dans leur région natale. « Aujourd’hui, le

problème qui préoccupe les habitants n’est plus de savoir comment nourrir leur famille, mais comment développer leur propre industrie agricole et améliorer leur qualité de vie », affirme Zeng Hongjun, secrétaire de la Cellule du Parti pour le village de Tiangong.

Stimuler le tourisme rural

Ces deux dernières années, avec la mise en service du parc, les installati­ons complément­aires comme les transports publics ont progressiv­ement été aménagées et de plus en plus de produits ont été exportés vers les pays étrangers, tandis que la logistique, notamment le transport de la chaîne du froid, a été perfection­née. La production agricole, profitant du « cercle économique de Chengdu » (à moins d’une heure de route de là) et du train de fret Chine-Europe, s’exporte davantage dans le monde entier. En avril 2019, le Parc agricole technologi­que sino-français a signé un contrat avec Les Crudettes, l’un des leaders français dans le domaine des salades en sachet et autres crudités préparées, pour construire une usine intelligen­te de légumes biologique­s, de sorte à se connecter aux filières haut de gamme et à créer une nouvelle chaîne pour la filière de légumes de Meishan.

Contrairem­ent aux parcs industriel­s agricoles traditionn­els, ce parc s’est positionné dès le début comme un parc agricole technologi­que écologique intégrant l’agricultur­e biologique, les loisirs, le tourisme écologique et culturel, ainsi que des produits dérivés culturels et créatifs, tout en valorisant l’industrie et le tourisme par l’agricultur­e. En termes d’intégratio­n urbaine-rurale, le parc vise à favoriser l’intégratio­n des industries primaires, secondaire­s et tertiaires, en mettant en avant les valeurs économique­s, écologique­s et culturelle­s de la campagne. En ce qui concerne la mise à niveau des formes industriel­les, il cherche à réaliser une répartitio­n transfront­alière et encourager une profonde fusion entre les éléments de l’agricultur­e et de l’industrie moderne, pour former un modèle de développem­ent de multiples activités dit « agricultur­e + ».

Le Parc agricole technologi­que sinofrança­is prend l’agricultur­e comme fondement, la coopératio­n internatio­nale comme guide d’ouverture vers l’extérieur, les essais d’introducti­on des plants du raisin et la sélection de semences de nouvelles cultures des champs comme industries dominantes. Parallèlem­ent, il introduit des technologi­es de production intelligen­tes pour les légumes et les fleurs, et adopte de nouveaux modes de production et de vente. L’objectif est d’ériger un exemple de coopératio­n sino-française en matière de sciences agricoles et de piloter la mise à niveau industriel­le régionale.

Prenons comme exemple le raisin : de la sélection des variétés et de la plantation dans les champs à la vente de fruits frais et à l’expérience de récolte, en passant par la production et la transforma­tion de vin ou de champagne, ainsi que par l’agrotouris­me et les activités culturelle­s autour du raisin et du vin, le développem­ent industriel a fourni un grand nombre d’emplois, alors que l’afflux de touristes a stimulé la consommati­on chez les agriculteu­rs et offert à ces derniers la possibilit­é de créer leur propre entreprise. Fin 2019, les revenus moyens disponible­s des agriculteu­rs du parc ont atteint 23 000 yuans, soit environ 30 % de plus que la moyenne locale. Ce qui compte, c’est qu’ils engrangent une recette stable et durable.

Profitant du flux de personnes créé par le parc, Gao Shuming, un habitant du village de Hexin, a ouvert un restaurant. Ses clients sont pour la plupart des constructe­urs de projets dans la région et des touristes. Lors de la Fête nationale en 2020, son établissem­ent a connu une affluence exceptionn­elle. Il a donc l’intention d’étendre son activité à l’hébergemen­t de touristes et à la vente de marchandis­es spéciales. « Lorsque le parc sera achevé, il est certain que davantage de gens viendront, et nos revenus seront plus stables et plus durables », se réjouit-il.

Former des agriculteu­rs modernes

Le parc accueiller­a également un institut sino-français pour les fermiers, dont la mission consistera à promouvoir la recherche agricole, généralise­r l’enseigneme­nt agricole et former des talents agricoles dans une perspectiv­e internatio­nale. Cet institut, qui devrait être achevé au cours du second semestre 2021, formera annuelleme­nt plus de 5 000 gestionnai­res de projets agricoles et responsabl­es profession­nels agricoles.

Pour Hu Xiaobo, cet institut fournira une technologi­e avancée et des talents industriel­s pour le développem­ent de haute qualité de l’agricultur­e du Sichuan. Des cours sur les technologi­es de plantation agricole seront également organisés. Leur but sera non seulement de former des talents spécialisé­s, mais aussi d’améliorer la qualité et les capacités des agriculteu­rs ordinaires. « Mieux vaut apprendre à quelqu’un comment pêcher que de lui donner un poisson. Lorsque les agriculteu­rs acquièrent les compétence­s nécessaire­s, ils peuvent, par leurs propres moyens, mener une vie relativeme­nt aisée », conclut-il.

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Le Parc agricole technologi­que sino-français de Meishan, au Sichuan
 ??  ?? Des agriculteu­rs locaux travaillen­t dans la culture maraîchère de la zone de démonstrat­ion agricole.
Des agriculteu­rs locaux travaillen­t dans la culture maraîchère de la zone de démonstrat­ion agricole.
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 ??  ?? Un endroit splendide, dans le parc
Un endroit splendide, dans le parc

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