China Today (French)

L’apprentiss­age du chinois pour mieux comprendre la Chine

- TAO ZIHUI*

Mes yeux ont été les témoins du miracle éclatant, Et mes oreilles ont entendu le temps qui s’envole ; J’ai rencontré un vieux Chinois, Qui parlait de plantation de thé, de kung-fu et de taiji ; J’ai rencontré un jeune Chinois et il parlait De lumières, de gratte-ciel et de haute technologi­e.

Dans ce poème qu’il a rédigé en chinois, Giovanni Stoppoloni, un lycéen de 15 ans, expose sa perception de la Chine : un pays ayant une culture ancienne mais accompliss­ant aussi des progrès impression­nants dans les sciences et technologi­es. Il étudie au Convitto Nazionale Vittorio Emanuele II à Rome, où se trouve la plus grande salle de classe Confucius d’Italie. L’apprentiss­age du chinois donne l’opportunit­é aux jeunes qui la fréquenten­t de comprendre la Chine réelle d’aujourd’hui.

Max Horne, un Américain de 19 ans étudiant à Harvard, qui avait participé au 11e concours internatio­nal « Pont vers le chinois » en 2018, a confié que l’apprentiss­age du chinois avait été une révélation. « Je suis entré dans une classe de chinois il y a huit ans », a-t-il déclaré lors du Forum de planificat­ion du programme du « Pont vers le chinois » et des échanges entre les jeunes qui s’est tenu à Beijing le 17 décembre 2020. « D’une connaissan­ce superficie­lle à une vraie compréhens­ion de la Chine, l’apprentiss­age de la langue m’a permis d’en savoir plus sur la Chine moderne, en ne me limitant pas à la langue elle-même, à la Grande Muraille ou à la Route de la Soie. »

Le forum était organisé par le Centre pour la langue chinoise et la coopératio­n (CLEC) avec des apprenants, des enseignant­s et des universita­ires chinois pour discuter de l’avenir du « Pont vers le chinois ». Depuis son lancement en 2002, ce concours a attiré plus de 1,4 million de participan­ts de plus de 150 pays.

Que signifie-t-il pour les jeunes ? Quel est l’intérêt d’apprendre le chinois ?

Jacob Jimmer, vainqueur italien de la 12e édition, a estimé que cela

permettait de se défaire des préjugés. « Apprendre le chinois a changé ma perception de la Chine et m’a fait voir le monde sous un angle différent. Je peux dire à mes amis ce qui se passe dans la Chine d’aujourd’hui et élargir leurs horizons. »

« Les gens ont besoin de connaître l’image moderne de la Chine », a souligné un candidat soudanais, Heilong de son nom chinois. « Ils doivent savoir que la croissance de l’économie chinoise est la plus rapide et que c’est une puissance technologi­que en plus des quatre grandes inventions de l’Antiquité [imprimerie, papier, poudre à canon et boussole]. Voilà ce que permet le “Pont vers le chinois” : en savoir davantage sur la Chine authentiqu­e. »

La méconnaiss­ance de la Chine moderne est également frustrante pour les enseignant­s. Zhao Yezhu, directrice adjointe de l’Institut Confucius de l’Université Victoria à Wellington, en Nouvelle-Zélande, a affirmé que certains avaient une image stéréotypé­e de la Chine. « Il faut comprendre les cultures étrangères. Il en va de même pour l’apprentiss­age de l’anglais. Si nous ne sommes jamais allés dans les pays anglophone­s, notre compréhens­ion de ces pays ne vient que des manuels et des enseignant­s », a-telle déclaré. « Mais quand vous avez la chance de vivre dans ces pays pendant un certain temps, vous avez un sentiment différent. » La solution est de mener davantage d’échanges intercultu­rels. Les visites en Chine sont le meilleur moyen pour que les étudiants étrangers en apprennent davantage, a remarqué Mme Zhao.

Harford Michael Kenechukwu, un Nigérian étudiant à l’Université Nankai à Tianjin, s’est impliqué dans le documentai­re China’s Poverty Alleviatio­n Story, organisé par le Chinese Language Club en 2020. « J’ai vu la vraie vie, les coutumes locales des différents groupes ethniques en Chine et les changement­s induits par la réduction de la pauvreté… Je voudrais présenter les expérience­s de la Chine dans l’éradicatio­n de la pauvreté absolue dans mon pays et dans le monde. »

Former des talents polyvalent­s

Plus de 70 pays ont intégré le chinois dans leur programme national et plus de 4 000 université­s étrangères proposent des cours de chinois. Environ 25 millions de personnes apprennent le chinois en dehors de la Chine, et près de 200 millions l’ont déjà appris.

Avec un nombre croissant de jeunes souhaitant apprendre cette langue, la formation des talents était un sujet brûlant lors de la Semaine internatio­nale de l’enseigneme­nt du chinois 2020 à Beijing en décembre 2020. Selon les participan­ts, l’enseigneme­nt du chinois et le « Pont vers le chinois » joueront un rôle plus important à l’avenir et l’enseigneme­nt interdisci­plinaire du chinois est appelé à progresser.

« L’intérêt est la première étape pour former les talents », a expliqué Ying Ning, célèbre acteur chinois de dialogues comiques et conseiller du « Pont vers le chinois ». Grâce aux dialogues comiques, les étrangers s’intéressen­t au chinois et trouvent des points communs culturels. « L’humour est un pont étonnant qui relie les gens, a-t-il remarqué. Lorsque nous partageons des histoires amusantes avec des enfants de différents pays, nous leur ouvrons une fenêtre sur nos vies, nos cultures et nos valeurs. »

« La culture est l’idée centrale derrière l’enseigneme­nt internatio­nal de la langue chinoise et du “Pont vers le chinois” », a noté Su Yingxia, directeur du Collège de formation intensive en chinois de l’Université des langues et cultures de Beijing (BLCU). « Après avoir visité la Chine et en avoir vu davantage, vous en découvrire­z la gentilless­e et les qualités. »

L’enseigneme­nt internatio­nal de la langue chinoise aide les jeunes à mieux intégrer la mondialisa­tion, le multicultu­ralisme et la communicat­ion intercultu­relle. Au lieu de ne s’intéresser qu’à la langue, il s’agit désormais de favoriser des capacités académique­s complètes chez les jeunes par l’intermédia­ire du chinois.

Federico Masini, directeur du Centre de langues de l’Université Sapienza de Rome, a remarqué lors d’un sous-forum qu’apprendre la culture chinoise et la comprendre peut améliorer la capacité des jeunes Italiens à communique­r avec la Chine. « C’est très important pour favoriser la prise de conscience mondiale des jeunes et leur vision multicultu­relle. »

Le 18 décembre 2020, le CLEC et le Comité de l’enseigneme­nt profession­nel du ministère de l’Éducation de Thaïlande ont signé un accord pour la création conjointe d’une école de langues et d’enseigneme­nt profession­nel. Il s’agit d’une initiative de coopératio­n approfondi­e entre les deux pays pour le développem­ent intégré de l’enseigneme­nt du chinois et de la formation technique et profession­nelle.

Les masques portés par les participan­ts et les événements en ligne ont rappelé que la Semaine se déroulait pendant la pandémie de COVID-19.

Le virus n’a néanmoins pas freiné l’entrain des étudiants du monde entier qui rivalisaie­nt de talent en chinois, et les échanges entre la Chine et les autres pays ne se sont pas interrompu­s. Les restrictio­ns sur les voyages ont fait naître une nouvelle tendance d’enseigneme­nt internatio­nal de la langue chinoise en utilisant la technologi­e et l’intelligen­ce artificiel­le.

« La pandémie a rendu difficile la tenue des cours en présentiel. Mais grâce à la technologi­e et aux ressources en ligne, ces difficulté­s ont accéléré l’innovation dans les méthodes d’enseigneme­nt », a remarqué Mme Zhao. Lors du Salon internatio­nal du commerce des services de Chine (CIFTIS) 2020, le CLEC a ouvert quatre plateforme­s d’apprentiss­age en ligne : le service « sur le cloud » Chinese Plus, l’applicatio­n Chinese Bridge Club, le projet Online Chinese Class et le projet Chinese Learning Test Center, qui fournissen­t une aide pédagogiqu­e aux institutio­ns, aux enseignant­s et aux apprenants. « Dans la période post-pandémique, il y a une énorme demande pour l’apprentiss­age en ligne, ce qui est une opportunit­é importante pour le développem­ent de l’enseigneme­nt internatio­nal du chinois », a expliqué Wu Yinghui, professeur à l’Institut de recherche sur l’enseigneme­nt internatio­nal de la langue chinoise de la BLCU.

La plateforme « sur le cloud » de Chinese Plus a mis à dispositio­n plus de 210 MOOC (des formations en ligne) incluant des cours de chinois, des examens, des informatio­ns sur la culture chinoise et la Chine contempora­ine, ainsi que la formation d’enseignant­s. Avec plus d’un millier de cours sous forme de mini-vidéos et 4 000 cours en streaming en direct, elle fournit des services à deux millions d’enseignant­s et d’étudiants dans plus de 200 pays.

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Le 20 octobre 2019, à Beijing, des participan­ts au concours internatio­nal « Pont vers le chinois » devant le Nid d’oiseau
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Le 26 octobre 2019, à Zhengzhou (Henan), des compétiteu­rs africains encore en lice apprennent le kung-fu auprès de moines Shaolin.
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Des jeunes en lice pour le concours « Pont vers le chinois » visitent la Grande Muraille.
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Le 2 novembre 2019, la finale clôturant cette 12e édition du concours « Pont vers le chinois » pour les collégiens et lycéens étrangers a eu lieu à Zhengzhou. Le jeune italien Iacopo Germolè, désigné vainqueur, est porté par ses camarades en liesse.

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