REPORTAGE SPÉCIAL
Davos, l’Europe et la confiance internationale
La confiance en soi au niveau national et la confiance dans la sphère internationale sont deux motifs clés qui marquent la sortie de la Chine d’un cycle annuel et l’entrée dans l’année du Buffle. Le buffle, métaphoriquement travailleur, résistant et persistant, permettra de surmonter la crise sanitaire et économique. C’est ce qui transparaît à la lecture du discours de Xi Jinping à Davos en janvier 2021, et dans le bilan d’une année où la Chine et l’Union européenne (UE) se sont rapprochées en approfondissant davantage leurs liens bilatéraux et en promouvant le multilatéralisme.
Xi Jinping s’exprime au Forum de Davos 2021
L’esprit d’effort commun, la confiance internationale et le multilatéralisme imprègnent le discours de Xi Jinping, prononcé lors de l’édition virtuelle du Forum de Davos le 25 janvier 2021 et intitulé « Que le flambeau du multilatéralisme éclaire la marche en avant de l’humanité ». Le président chinois a fait le point sur les défis futurs dans un monde en mutation qui, selon lui, « ne sera plus jamais comme avant » et où « chaque décision, chaque action que nous prenons aujourd’hui façonnera l’avenir du monde ».
M. Xi préconise d’abord d’intensifier la coordination des politiques macroéconomiques et de promouvoir conjointement une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive de l’économie mondiale. Il estime ensuite qu’il nous faut abandonner ce qu’il appelle les « préjugés idéologiques » et persévérer ensemble sur la voie de la coexistence pacifique et des bénéfices mutuels. La troisième tâche qui nous attend, selon M. Xi, est de réduire davantage le fossé entre les pays développés et les pays en développement. La quatrième est de nous unir contre les défis mondiaux et de créer ensemble un avenir meilleur pour l’humanité.
M. Xi prône le multilatéralisme face aux visions d’exclusion, ce qui signifie à ses yeux le renforcement du G20 en tant que forum fondamental pour la gouvernance économique mondiale. Il souligne également que nous devons « préserver le droit international et rejeter la recherche de la suprématie ». Enfin, il appelle à poursuivre les concertations et la coopération et à rejeter les conflits et la confrontation, et s’engage à continuer ses efforts pour lutter contre le changement climatique et promouvoir le développement durable.
La Chine et l’Union européenne plus proches
Le multilatéralisme et l’engagement en faveur du droit international préconisés par M. Xi à Davos concernent divers aspects du traité bilatéral d’investissement conclu quelques heures avant le Jour de l’An entre la Chine et l’Union européenne, car les parties sont principalement convaincues qu’il contribuera à renforcer la confiance internationale, à favoriser la reprise économique, ainsi qu’à lutter contre le changement climatique.
Il est très intéressant de noter qu’au début du mois de février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l’UE était ouverte à l’idée d’envisager des vaccins comme ceux développés par la Chine pour pallier le retard des grandes entreprises pharmaceutiques occidentales dans leur approvisionnement en Europe et, parallèlement, dans le reste du monde. L’éventuel approvisionnement de l’Europe en vaccins chinois est un signe de confiance qui plaide en faveur d’une coopération sans précédent, du fait qu’il concerne le secteur pharmaceutique, par définition stratégique.
L’UE a également suivi avec beaucoup d’attention le fait qu’en 2020, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers la Chine ont atteint 163 milliards de dollars, faisant du pays, pour la première fois, le plus grand bénéficiaire de ces flux, et le rapprochant du centre économique mondial, selon des experts qui se basent sur les données publiées par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Il est intéressant de rappeler que ces IDE proviennent principalement de l’UE.
Une confiance internationale accrue
Une autre donnée qui a été suivie avec intérêt à la fois dans l’UE et dans le reste du monde, et qui contribuera à renforcer la confiance dans la reprise mondiale, est l’indice de développement de la puissance manufacturière. La Chine a franchi un palier historique dans le contexte du ralentissement de l’activité manufacturière mondiale en 2020. En effet, le dernier rapport de l’Académie chinoise d’ingénierie publié en décembre et concernant l’année 2019 indique qu’après les États-Unis, l’Allemagne et le Japon, la Chine est la quatrième puissance manufacturière (avec la plus forte augmentation entre 2012 et 2019). L’indice est composé du développement d’échelle, de la qualité et du profit, de l’optimisation structurelle et du développement durable. Bruxelles et les principales capitales mondiales espèrent d’ici fin 2021 confirmer l’hypothèse logique selon laquelle la Chine continuera à progresser en tête de cet indice.
Le 12 février, la Chine a annoncé qu’elle envisageait sérieusement de participer à l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (pTpGp), également connu sous l’acronyme Tpp11. Ce traité, qui réunit la plupart des grandes économies d’AsiePacifique, favorise la mondialisation et l’intégration économique régionale, et la Chine pourrait évidemment, si elle décide d’y adhérer, devenir un partenaire clé.
Le grand défi immédiat est de savoir comment l’économie et les gens dans la majeure partie du monde pourront retrouver la santé. Un défi urgent est de considérer le changement climatique comme une question de santé publique, et pas seulement comme une question écologique. C’est un sujet concernant les capitales du monde qui partagent la notion de construction d’une communauté de destin pour l’humanité. On sait déjà que la Chine est à l’avant-garde d’un cycle qui contribuera certainement à faire évoluer le monde en lui apportant une force motrice renouvelée.
La Chine est à l’avant-garde d’un cycle qui contribuera à faire évoluer le monde en lui apportant une force motrice renouvelée.