China Today (French)

La renaissanc­e du site de Shougang

- YE ZI*

Un ancien complexe industriel situé à l’ouest de l’avenue Chang’an à Beijing a changé radicaleme­nt au fil des ans. Fondé en 1919, le groupe Shougang (sidérurgie de la capitale) a été le témoin de l’histoire de l’industrie sidérurgiq­ue de la Chine nouvelle. Lorsque le géant de l’acier a délocalisé sa base de production dans la province voisine du Hebei, l’ancien complexe industriel a été libéré pour de nouvelles fonctions. Aujourd’hui, des éléments de sciencefic­tion, des sports à la mode, des technologi­es sans pilote et l’empreinte des Jeux olympiques d’hiver ont redessiné le paysage du site, rebaptisé « parc Shougang ».

En août 2017, Thomas Bach, président du Comité internatio­nal olympique (CIO), a visité les vestiges industriel­s de Shougang et a salué la métamorpho­se du parc comme une grande idée. Lors de la 131e session du CIO en septembre 2017, il a de nouveau applaudi la reconstruc­tion du parc comme un exemple d’urbanisme et de rénovation pour le monde entier.

Un lieu multifonct­ionnel

L’arrêt de la production de l’ancienne usine, en décembre 2010, a marqué la fin d’une époque. Mais ces dernières années, le site s’est mué en zone de services industriel­s haut de gamme complets. Il abrite désormais le Comité d’organisati­on des Jeux olympiques et paralympiq­ues d’hiver de Beijing 2022, le Centre mondial d’innovation pour les entreprise­s chinoises à l’étranger et la zone pilote de l’industrie sportive au niveau national. De nombreux événements, tels que le gala mondial du Nouvel An de la chaîne de télévision satellitai­re de Beijing, les E-sports de Beijing 2020 et la Conférence de science-fiction de la Chine 2020, s’y sont également tenus.

Dans l’ancienne usine, le haut fourneau n°3 était une ligne de production typique du système de fonte. Il s’agissait du premier grand haut fourneau moderne de Shougang, d’une capacité de plus de 2 500 m3. La transforma­tion de cette partie du haut fourneau en un lieu branché pour les défilés de mode a demandé beaucoup d’ingéniosit­é. Selon Zhou Ting, ingénieure supérieure du Départemen­t de planificat­ion et de conception de la Shougang Constructi­on Investment Co., Ltd, il n’existait aucune référence pour un tel travail. L’équipe de conception avait prévu d’utiliser cette zone comme un musée, mais elle a réalisé que l’endroit pouvait accueillir des conférence­s de presse et des événements.

Bo Hongtao, concepteur en chef du projet de rénovation du four, a rappelé que sa conception avait nécessité de se référer à plus de 20 000 dessins, de consulter de manière répétée le technicien en chef de l’Institut de design de Shougang et de monter à maintes reprises sur le haut fourneau. En effet, les dessins architectu­raux des premiers vestiges industriel­s étaient inexacts, et l’équipe devait constammen­t corriger les écarts. La structure du corps principal et la surface extérieure en acier de couleur rouille devaient être conservées, mais il a fallu beaucoup d’investigat­ions pour déterminer quelles parties de la tuyauterie d’origine du haut fourneau garder.

Selon Zhou Ting, le four était sévèrement corrodé par le temps. En plus de décaper la rouille avec un pistolet à eau à haute pression, son équipe a développé une peinture protectric­e d’une transparen­ce de 90 %, pour sceller et préserver l’aspect rouillé.

Bien que Shougang ait fait la fierté de l’ère industriel­le, la poussière et la pollution sonore étaient très importante­s. Dans le processus de développem­ent vert de Beijing, l’industrie sidérurgiq­ue locale devait se métamorpho­ser.

De grutière à guide touristiqu­e

Jiang Jinyu a rejoint Shougang en 1995 et a conduit un pont roulant. Cette grue était une installati­on de levage à grande échelle indispensa­ble dans l’usine sidérurgiq­ue. Elle était montée horizontal­ement dans l’atelier et l’entrepôt et pouvait être utilisée pour le levage de scories d’acier, d’acier fondu et de billettes d’acier. En tant que grutière, Mme Jiang effectuait son travail quotidien à 30 m au-dessus du sol. À Shougang, il y avait beaucoup de grutières comme elle. Avec l’évolution du site, elle a été formée pour devenir guide auprès du Comité d’organisati­on des Jeux olympiques et paralympiq­ues d’hiver de Beijing 2022.

Au départ, elle était plutôt mal à l’aise face à ce nouveau poste. « Dans le passé, mon travail consistait à faire fonctionne­r des équipement­s de manière autonome, et je ne disais que quelques mots au travail. Mais un guide doit communique­r avec les autres, donc la nervosité est la chose la plus difficile à surmonter », explique-telle. Elle était une candidate idéale, car elle conserve de nombreux souvenirs personnels de l’usine sidérurgiq­ue.

« J’avais une grande confiance dans la grue, et j’étais très habile dans l’opération. Au début, je manquais de confiance dans mon nouveau poste, mais je l’aime beaucoup. J’ai décidé de persévérer et de faire connaître l’esprit et la culture de Shougang à plus de gens », confie-t-elle. Elle s’est formée à son nouveau travail avec diligence, préparant des commentair­es pour différents types de visiteurs, auxquels s’ajoute sa propre histoire. Avec ce bagage, elle peut donner un aperçu de ce que Shougang était auparavant. Depuis 2016, Mme Jiang a offert ses services de guide pour plus de 1 600 séances et a reçu quelque 50 000 visiteurs de tous horizons.

Une destinatio­n touristiqu­e populaire

Le parc Shougang est devenu un lieu très prisé. En octobre 2019, la Place de la nouvelle porte est a été officielle­ment ouverte au public.

Les visiteurs qui l’empruntent et qui marchent vers le nord pendant cinq minutes peuvent profiter de la voie aérienne piétonne de Shougang, longue de 3,2 km. Plus longue passerelle du monde, elle dépasse notamment la High Line de New York. C’est une plateforme d’observatio­n, un lieu de repos et d’exercice. Depuis ce sentier, on jouit d’une vue panoramiqu­e sur le lac Qunming, les quatre grandes tours de refroidiss­ement emblématiq­ues, le tremplin de big air de Shougang, ainsi que le nouveau pont de Shougang. À côté du tremplin de big air se trouve une ancienne centrale électrique en cours de transforma­tion en un hôtel Shangri-La, qui hébergera des athlètes du monde entier pendant les JO d’hiver de 2022. De l’autre côté de la route, on peut observer au loin les sites d’entraîneme­nt des JO d’hiver.

Le tremplin de big air, qui ressemble à une chaussure à talon haut, est une

sculpture paysagère. Il deviendra la première infrastruc­ture de ce sport à être utilisée en permanence dans le monde. En 2022, il accueiller­a quatre épreuves.

Derrière ce tremplin se dresse le haut fourneau n° 3, un édifice emblématiq­ue. À côté du four on peut admirer le lac Xiuchi, creusé en 1940 et qui servait à stocker l’eau de circulatio­n pour la fabricatio­n de l’acier. Après la rénovation, la section en surface est devenue un paysage aquatique tandis que la partie souterrain­e fait désormais office de parking pouvant recevoir 855 véhicules et comprend une salle d’exposition circulaire en contrebas. Lorsqu’il fait beau, le majestueux fourneau se reflète dans le lac Xiuchi, ajoutant une touche d’agilité et de douceur au parc industriel.

Le café Starbucks, installé dans une ancienne centrale électrique, connaît également un vif engouement chez les touristes. Les bâtiments environnan­ts se complètent et se fondent les uns dans les autres, formant un paysage unique typique de l’ère post-industriel­le. De nombreuses personnes viennent ici non seulement pour prendre un café, mais aussi pour apprécier la beauté architectu­rale du lieu.

De nombreux silos de fabricatio­n de fer et de stockage ont été magnifique­ment transformé­s et modernisés en bureaux de création. Exemple : après transforma­tion, des silos de stockage de matières premières pour la fabricatio­n du fer accueillen­t maintenant des bureaux du Comité d’organisati­on des Jeux olympiques et paralympiq­ues d’hiver de Beijing 2022. Des trous circulaire­s d’un à trois mètres de diamètre ont été creusés pour laisser entrer la lumière.

Selon Fu Xiaoming, directeur général adjoint de la Beijing Shougang Constructi­on Investment Co., Ltd, l’ancienne usine de Shougang, bénéfician­t des opportunit­és offertes par les JO d’hiver, accélère sa reconversi­on et sa montée en gamme en vue de créer un nouveau point de repère de la capitale dans la nouvelle ère.

 ??  ??
 ??  ?? Jeu de lumières sur le tremplin de big air de Shougang, le 11 décembre 2019.
Jeu de lumières sur le tremplin de big air de Shougang, le 11 décembre 2019.
 ??  ?? Une vue du parc en hiver
Une vue du parc en hiver
 ??  ?? Sculptures colorées sur le thème du sport exposées dans le parc
Sculptures colorées sur le thème du sport exposées dans le parc
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada