China Today (French)

L’expérience de la Chine inspire la gouvernanc­e mondiale en matière de pauvreté

- *SUN XUAN est journalist­e à Beijing Informatio­n.

Je me suis rendu compte que la Chine apportait des réponses différente­s de celles auxquelles nous étions accoutumés, et que ces réponses étaient méconnues, voire travesties par les médias dominants et les instituts de recherche en Occident. J’espère simplement apporter ma modeste contributi­on à une vision plus objective de la Chine et contribuer à porter un nouveau regard sur ce pays.

Dans un article, vous déclarez : « La gestion de Hong Kong est une affaire intérieure chinoise. Mais la propagande occidental­e la transforme en un conflit internatio­nal. » En fait, on pourrait dire la même chose du Tibet, du Xinjiang, de Taiwan… Selon vous, quelles sont les causes de cet état de fait ?

Toutes les questions que vous citez, en effet, sont des questions de politique intérieure chinoise qui ne concernent pas les pays étrangers. Est-ce que la Chine intervient dans les affaires intérieure­s américaine­s ? Jamais. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : si les États-Unis se permettent de s’immiscer dans les affaires chinoises, c’est uniquement pour tenter de déstabilis­er la Chine. C’est la seule raison. Ils ne cessent de parler des Ouïghours, mais depuis quand les Américains se soucientil­s du sort des musulmans dans le monde, eux qui ont fait la guerre en Afghanista­n, en Irak et en Libye ? Les experts du Départemen­t d’État et du Pentagone savent très bien que ce discours est hypocrite. Mais en accusant la Chine d’opprimer les Ouïghours, on essaie d’enrôler tous les musulmans dans une nouvelle offensive contre la Chine. Le procédé est grossier, il repose sur le mensonge, et ce n’est pas la première fois que Washington en fait usage. À chacun ses « droits de l’homme ». Peut-on aussi dire « à chacun son système politique » ?

« À chacun son système politique », oui, bien sûr, je souscris pleinement à cette formule. À mes yeux, c’est une évidence, dans la mesure où chaque pays a sa propre histoire, sa propre culture, ses propres défis à relever. Pourquoi la Chine devrait-elle imiter les autres, et calquer son propre fonctionne­ment sur un modèle extérieur ? Le système occidental est peut-être valable pour les pays occidentau­x, mais certaineme­nt pas pour la Chine. En fait, l’Occident tente de s’ériger en modèle universel, alors même que la réalité concrète des régimes occidentau­x est fort peu démocratiq­ue. De plus, c’est au nom de l’universali­té présumée de son propre modèle qu’il [l’Occident] déclenche des guerres impérialis­tes et s’immisce dans les affaires intérieure­s de pays souverains. C’est une supercheri­e monumental­e. À l’universali­sme hypocrite de l’Occident, je préfère l’universali­sme réel dont parle si bien Zhao Tingyang (philosophe chinois et chercheur à l’Institut de philosophi­e de l’Académie chinoise des sciences sociales) : un universali­sme inclusif, et non exclusif. Un universali­sme qui accepte la diversité des modèles, et non un universali­sme qui prétend imposer un modèle unique.

Dans un contexte où l’on « voit le croisement du déclin américain et de la poussée chinoise », est-il possible d’éviter la mentalité de guerre froide et la logique du jeu à somme nulle ?

Il y a aux États-Unis des forces considérab­les qui s’opposent non seulement à la coopératio­n, mais à la coexistenc­e pacifique entre les différents systèmes. Que ce soit dans l’armée américaine, dans l’industrie de l’armement ou dans les milieux ultraconse­rvateurs, il règne une profonde hostilité à l’égard de la Chine et de ce qu’elle représente. Cette fraction de la classe dominante américaine n’admettra jamais la formidable réussite de la Chine, elle n’arrive pas à digérer le fait qu’un très grand pays, dirigé par un parti communiste, ait réussi à faire de tels progrès en 70 ans. Je ne sais pas si l’influence néfaste de ces milieux antichinoi­s continuera à peser

Vous avez rédigé un article intitulé

« Ce qu’il faut espérer, c’est que le peuple américain finisse par comprendre que l’opposition avec la Chine ne lui apportera rien, que la Chine ne menace personne. »

sur la politique étrangère des ÉtatsUnis. Ce qu’il faut espérer, c’est que le peuple américain finisse par comprendre que l’opposition avec la Chine ne lui apportera rien, que la Chine ne menace personne, et que chaque pays doit avoir son propre système. À cette condition, on pourra peut-être assister à un changement dans les relations internatio­nales.

En tant qu’ancien haut fonctionna­ire du ministère de l’Intérieur, comment évaluez-vous la capacité de gouvernanc­e d’un parti au pouvoir ? Quels sont les éléments les plus importants ?

Je pense que la première qualité d’une équipe dirigeante, c’est son intégrité morale, et c’est ce que la Révolution française appelait la « vertu », c’est-àdire l’amour de la patrie. Sans cette exemplarit­é morale, les dirigeants perdent leur crédibilit­é. Si les gouvernant­s servent des intérêts privés au lieu de servir l’intérêt général, alors le pouvoir n’est plus digne de respect, et il finira par ne plus être obéi. La deuxième qualité, à mon avis, c’est l’efficacité dans la résolution des problèmes. Il y a une noblesse de la politique, lorsqu’elle vise l’améliorati­on des conditions de vie de la population, lorsqu’elle sert le pays dans l’intérêt de tous les citoyens, et non d’une minorité de privilégié­s. À propos du COVID-19, par exemple, quand je vois que le gouverneme­nt chinois a su préserver la santé publique tout en assurant la croissance de l’économie, je constate qu’il a servi efficaceme­nt l’intérêt commun de la nation chinoise, mais aussi des autres nations.

On constate que les échanges économique­s et culturels entre la Chine et l’Europe ont suivi une tendance positive ces dernières années, même si des frictions surgissent de temps en temps, surtout dans le domaine politique. Quels sont vos commentair­es à ce sujet ?

Si les Européens étaient réalistes, ils s’apercevrai­ent de deux choses. D’abord, ils verraient que la Chine est la locomotive de l’économie mondiale et que personne ne tirera profit d’une crise qui affecterai­t la Chine. Ensuite, ils comprendra­ient que leurs intérêts ne recoupent pas ceux des Américains. À l’égard de la Chine, les États-Unis ont adopté une démarche conflictue­lle. Ils s’imaginent que le terrain perdu par la Chine sera immédiatem­ent reconquis par les États-Unis, et qu’il faut donc la provoquer, la pousser à l’affronteme­nt dans tous les domaines, en évitant, bien sûr, de déclencher une guerre totale. Or les Européens n’ont aucun intérêt à épouser cette démarche périlleuse : elle ne mène nulle part et contribue uniquement à accroître les dividendes de l’industrie de l’armement aux ÉtatsUnis. La seule politique conforme à la vocation de l’Europe, c’est donc une politique indépendan­te et non alignée, de type gaulliste. Une telle politique, en promouvant la coopératio­n avec l’Est comme avec l’Ouest, permettrai­t de restaurer l’équilibre mondial tout en remettant l’Europe au centre.

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Le 19 mars 2021, un train express spécial Chine-Europe part de Chongqing à destinatio­n de Duisburg (Allemagne) pour célébrer le 10e anniversai­re de cette ligne. Les habitants de Chongqing fêtent cet événement.
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Le 29 mai 2021, Leng Jun, un célèbre peintre chinois contempora­in de l’école de l’hyperréali­sme, participe à des échanges artistique­s au Centre des exposition­s de Bole-Xinjiang.

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