Cai Hesen et Montargis
rendu à pied pour la première fois dans le district de Gongshan et cela m’avait pris trois jours ; maintenant, c e l a ne prend que 30 minutes pour y envoyer mon petit-fils à l’école. » M. Zhao constate que l’amélioration de la « route charmante » avait donné une grande liberté aux villageois.
Depuis son ouverture à la circulation le 30 décembre 2019, la « route charmante » est devenue une artère vitale de première importance dans la préfecture autonome lisu de Nujiang, devenant une « route de la richesse » pour échapper à la pauvreté.
Le fils aîné de M. Zhao exploite une ferme porcine et gagne 200 000 à 300 000 yuans par an. Son fils cadet a ouvert un petit magasin dans le village grâce à la « route charmante » et possède deux camionnettes pour le transport des marchandises, le tout lui permettant de gagner confortablement 200 000 yuans chaque année. Le hehai assure aussi à M. Zhao des rentrées fixes.
l’auberge du bonheur
À moins de 100 mètres de la maison de M. Zhao se trouve une petite auberge gérée par Li Rongguang et Yu Shangzhen. Ces derniers jours, le couple envisage d’ajouter des toilettes dans toutes les chambres. « L’auberge compte actuellement sept chambres qui peuvent accueillir les touristes », précisent-ils.
« Avec le soutien des autorités, le bourg de Bingzhongluo a développé le tourisme. nous avons rénové et réaménagé la maison pour en faire l’auberge actuelle », remarque M. Li. Plus tard, le district et la préfecture ont dispensé une formation dans les métiers du tourisme. Ils ont pu acquérir des connaissances dans l’hôtellerie-restauration et l’hygiène. « Ouvrir une auberge, ce n’est pas seulement nettoyer les chambres et faire la cuisine. C’est aussi l’exploiter concrètement en respectant les normes. »
L’année dernière, M. Li a participé à une formation professionnelle organisée par le Bureau du tourisme culturel de la préfecture de Nujiang qui s’est déroulée à Qinhuangdao (Hebei). « Dans le passé, nos chambres d’hôtes n’avaient pas de toilettes. Après le retour de formation, nous avons ajouté des toilettes dans quatre chambres. Pendant les vacances du 1er mai de cette année, les chambres d’hôtes équipées de toilettes étaient pleines tous les jours », constate Mme Yu, son épouse. Depuis les congés de la Fête du travail cette année, l’auberge a engrangé plus de 10 000 yuans de chiffre d’affaires. Le couple va ajouter des toilettes aux trois autres chambres avant le pic estival.
À l’heure actuelle, Chala compte sept auberges touristiques ou chambres d’hôtes, et quatre autres sont en construction. Le couple espère que
davantage de villageois pourront accueillir les touristes afin que ce petit bijou dans les montagnes devienne une destination prisée et un village touristique modèle aux caractéristiques ethniques.
l’artisanat traditionnel des couvertures nu
Autrefois, de l’automne au printemps de l’année suivante, les femmes faisaient tremper le textile et se livraient au tissage. Presque toutes les femmes tissaient quelques mètres de couvertures pendant la morte-saison. C’était pendant cette période qu’il fallait habiller toute la famille pour l’année. Maintenant que la vie s’améliore, les vestes faites de couvertures nu sont des produits touristiques populaires. Ma Jinhua, du hameau de Nidadang (village de Qiunatong) gère non seulement une maison d’hôte, mais elle possède également un savoir-faire reconnu dans le tissage des couvertures nu.
En 2011, Mme Ma et son époux ont pris l’initiative d’installer une ferme touristique dans le village. Les touristes affluant dans le petit village de montagne, la ferme autrefois pauvre et silencieuse a repris vie. Plus tard, d’autres fermes de ce genre ont ouvert et tout le village s’est animé : il y en maintenant 17 fermes et maisons d’hôtes dans le village, remarque Mme Ma.
Fin 2019, après la réfection de la « route charmante », le nombre de touristes a continué d’augmenter, avec des exigences plus élevées en termes d’hébergement. Le couple a donc ajouté des chambres d’hôtes de charme, très appréciées. « Chacune de ces chambres se loue à des tarifs plusieurs fois supérieurs au tarif ordinaire. »
« C’est la basse saison et je dégage un chiffre d’affaires d’environ 3 000 à 4 000 yuans par jour. Pour les congés du 1er mai cette année, je gagnais près de 10 000 yuans par jour. » Mme Ma a embauché quatre femmes du village pour faire le ménage, les payant plus de 2 000 yuans par mois.
Quand elle n’est pas occupée, elle cultive des légumes, élève des poules et tisse des couvertures. Elle espère attirer plus de monde et transmettre l’artisanat traditionnel de l’ethnie nu ».
Cai Hesen, proche ami du jeune Mao Zedong, est né en 1895 et mort en 1931, à seulement 36 ans. Malgré sa courte vie, il a résidé quelques années en France, avec sa famille qui l’avait accompagné. C’est à Montargis, une petite ville au sud-est de Paris, qu’il a appris le français et affermi son ambition de lutter toute sa vie pour la cause communiste.
Du Hunan à Beijing
Cai Hesen naquit à Shanghai, mais peu de temps après, sa mère retourna vivre avec lui sur sa terre natale, un village de montagne reculé au Hunan. Malgré la rude vie qu’il menait, Cai Hesen prenait souvent un peu de temps sur ses heures de travail pour lire toutes sortes de bouquins. Il ne put aller à l’école primaire qu’à l’âge de 16 ans, avec l’aide financière de sa famille.
Après la révolution chinoise de 1911, Cai Hesen soutint les idées révolutionnaires de M. Sun Yat-sen et dans le village de son enfance, il fut le premier à couper sa natte en signe de déloyauté face à la dynastie des Qing au pouvoir. Il alla par la suite à Changsha (chef-lieu du Hunan), une ville plus ouverte et dynamique. À cette époque, de nombreux hommes instruits avançaient différents programmes pour sauver de l’extinction la nation chinoise, appauvrie et affaiblie, notamment en tablant sur l’éducation, la science et l’industrie. Et leurs discours inspirèrent profondément Cai Hesen. À l’automne 1913, ce dernier exhorta sa mère et sa petite soeur à s’opposer à l’éthique féodale. C’est ainsi qu’elles décidèrent courageusement de venir à
Changsha pour étudier avec lui et faire bouger les lignes.
Cai Hesen fut admis à l’École normale No 1 du Hunan, où il rencontra le jeune Mao Zedong. Mus par les mêmes idéaux, ils se lièrent d’amitié. Tous deux aimaient lire, s’intéressaient à l’actualité et partageaient des idées communes. Ensemble, ils travaillèrent dur pour nourrir à la fois leur corps et leur esprit, tout en réfléchissant à des possibles voies de salut pour le pays et le peuple. Et si Mao Zedong, Cai Hesen et les autres progressiste du Hunan de l’époque purent laisser une empreinte indélébile dans l’histoire chinoise, ce fut grâce au truchement de deux grands événements : premièrement, la fondation de la Société Xinmin ; deuxièmement, leur participation au Mouvement Travail-Études en France.
En 1918, à l’heure où le Mouvement de la Nouvelle culture était déjà populaire en Chine, Mao Zedong et Cai Hesen créèrent, le 14 avril, la Société Xinmin, l’un des premiers groupes révolutionnaires antérieur au Mouvement du 4 mai 1919. Cette société avait pour vocation de sauver le pays et le peuple, ainsi que de transformer la société. Quant au Mouvement Travail-Études, Mao Zedong et Cai Hesen y prirent part sur recommandation de Yang Changji, un professeur du Hunan qui enseignait à l’Université de Pékin.
Le 23 juin 1918, Cai Hesen partit de Changsha pour Beijing et fut l’un des premiers jeunes Hunanais à postuler à ce programme Travail-Études. Cai Hesen exprima les revendications de la jeunesse du Hunan devant Cai Yuanpei et Li Shizeng, les initiateurs de ce mouvement. Il espérait obtenir le soutien de l’Association d’éducation sino-française. Entre-temps, il sollicita l’aide financière des Hunanais installés à Beijing pour son futur séjour en France.
Du village de Buli à Paris
Cai Yuanpei et Li Shizeng ouvrirent des classes préparatoires à l’intention des nombreux jeunes désireux de se former dans l’Hexagone. Elles étaient situées à l’Université de Pékin et au collège Yude à Baoding, et il existait aussi des classes pour débutants dans le village de Buli, au district de Gaoyang (Hebei). Y étaient dispensés des cours de français, chinois, physique, chimie, etc. En outre, une petite usine y est rattachée pour permettre aux étudiants d’acquérir des compétences manuelles. À Buli, Cai Hesen était en charge de
l’organisation et de la gestion de ces classes préparatoires, et enseignait aussi le chinois, le tout en parallèle de son apprentissage du français et de savoir-faire technique.
Après l’arrivée de Mao Zedong à Beijing en août 1918, Cai Hesen et lui firent les préparatifs avant le départ en France de ces jeunes Hunanais dans le cadre du Mouvement Travail-Études. Mais tandis que Mao Zedong retourna à Beijing, Cai Hesen demeura à Buli. De là, il sillonna les campagnes avoisinantes pour y sonder l’opinion du peuple et ainsi enrichir sa propre compréhension de la société chinoise. Parallèlement, il continua à réunir des fonds pour couvrir les frais de subsistance et de voyage en France pour tous ses camarades.
En avril 1919, Mao Zedong revint dans le Hunan, préférant finalement ne pas partir à l’étranger pour mieux se concentrer sur le travail à accomplir en Chine. Mais il continua à soutenir à distance le Mouvement Travail-Études. Quelques jours plus tard, Cai Hesen et les étudiants du Hunan vécurent le Mouvement du 4 mai à Beijing, marqué par des manifestations et pétitions en opposition à la signature du traité de paix de Versailles prévoyant la cession au Japon des droits allemands sur le Shandong. Après un peu plus d’un an de préparation à Beijing et à Buli, Cai Hesen était paré à se rendre en France.
Sa vocation trouvée à Montargis
À la veille de partir en France, Cai Hesen créa à nouveau la surprise. Déjà, en 1913, il avait poussé sa mère Ge Jianhao et sa soeur cadette Cai Chang à intégrer une école. Cette fois-ci, il les convainquit de prendre part au Mouvement Travail-Études, pour qu’elles jouent un rôle exemplaire au sein de la gent féminine. Sa mère, femme aux pieds bandés d’une cinquantaine d’années, militante de la première heure pour les droits des femmes, suivit courageusement ses enfants dans cette aventure. Tous embarquèrent, le 25 décembre 1919, à bord