China Today (French)

Les villages traditionn­els des Dong : terre de poésie et de musique

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à analyser des vidéos de compétitio­n, à réfléchir aux méthodes d’enseigneme­nt et à pratiquer la lutte avec un sac de sable.

À l’époque, l’École centrale de Matian n’avait pas les moyens financiers pour bâtir un site d’entraîneme­nt profession­nel, mais devant l’insistance de M. Zhu, elle a fini par construire une modeste salle de 60 m2.

Ensuite, il s’est penché sur la question du matériel d’entraîneme­nt. Porté par son courage et décidé à franchir tous les obstacles, il a découpé des chambres à air de voiture en longues bandes avec lesquelles les élèves pouvaient s’étirer, il a utilisé du bois pour fabriquer des haltères destinés à des exercices de squat (flexions sur jambes) et il a emmené les enfants au bord du ruisseau voisin pour qu’ils lancent des pierres et gagnent ainsi en force.

Il s’est également tourné vers l’École municipale de sport de Pingxiang, où il avait fait ses études. Après de longues discussion­s, il a réussi à obtenir des équipement­s profession­nels qui n’étaient plus utilisés (entre autres des haltères, des tapis de lutte, du matériel pour les squats et des sacs de sable de forme humaine) et à les installer à l’école centrale de Matian.

Cependant, M. Zhu a été confronté à d’autres problèmes. Certains élèves cessaient de pratiquer la lutte parce que leurs parents estimaient que la baisse de leurs notes scolaires résultait des séances d’exercice physique. Quand un tel cas se présentait, il effectuait une visite à domicile pour apporter des explicatio­ns aux parents, et dans le même temps, il poussait les élèves à étudier assidument.

Pendant les deux mois de vacances d’été, M. Zhu a résidé avec les membres de l’équipe de lutte dans la salle de classe pour un stage intensif. Chaque jour, il se levait très tôt pour acheter de la nourriture, et après l’entraîneme­nt quotidien, il faisait la cuisine avec les enfants les plus âgés du groupe.

En 1997, ses élèves ont participé à une compétitio­n sportive au niveau municipal, remportant six médailles d’or et douze médailles d’argent. Plébiscité, M. Zhu a insisté pour continuer à diriger l’équipe de lutte.

Compte tenu de ses performanc­es exceptionn­elles, il a été nommé directeur de l’École centrale de Matian en 2006. « C’est du jamais vu, un prof de gym qui devient directeur de l’école ! », se sont étonnés certains. Face à ce scepticism­e, il s’est engagé dans la voie de l’éducation par le sport.

transmettr­e l’esprit sportif

Lorsqu’il a rejoint l’équipe de lutte en 1997, Zeng Hanjin, alors âgé de 10 ans, était connu pour son espiègleri­e et son caractère bagarreur dans le village. Mais M. Zhu l’a vu comme un jeune prometteur, bien qu’il ait été un casse-tête aux yeux de beaucoup d’enseignant­s.

« Il est malicieux de naissance, alors on craint qu’il soit plus désobéissa­nt encore après avoir appris un sport de combat », ont d’abord répondu les parents de Zeng Hanjin, refusant que leur fils pratique la lutte. Mais M. Zhu a expliqué avec beaucoup de pédagogie comment le sport peut façonner le caractère humain. En fin de compte, il est parvenu à les convaincre.

Lors de sa première compétitio­n, Zeng Hanjin a perdu trois combats consécutif­s. « La lutte n’est pas une bagarre, il faut apprendre à gagner en respectant les règles » : ce fut sa première leçon au sein de l’équipe de lutte.

Répéter des squats et des tractions, faire la roue… Ce programme de haute intensité a ennuyé Zeng Hanjin, qui a commencé à sécher les séances d’exercices, passé l’engouement initial. Mais M. Zhu l’a encouragé à persévérer : « Si tu arrêtes maintenant, toutes les souffrance­s que tu as endurées n’auront servi à rien. » Au cours du stage intensif pendant les vacances d’été, Zeng Hanjin est resté jour et nuit avec M. Zhu. Chaque mot et chaque geste

de l’entraîneur se sont gravés dans son esprit.

La lutte a ouvert une nouvelle porte à Zeng Hanjin. Pendant quatre années consécutiv­es, il a été le champion du tournoi provincial des enfants du Jiangxi. Par ses efforts inlassable­s, il a été admis à l’École municipale de sport de Pingxiang, puis dans l’équipe nationale de lutte. De plus, il est monté sur la deuxième marche du podium au championna­t national de lutte.

« Sans le professeur Zhu qui m’a intégré dans l’équipe de lutte, je serais probableme­nt un voyou aujourd’hui », reconnaît en toute sincérité Zeng Hanjin, en remerciant M. Zhu.

Cette année scolaire, l’équipe de lutte de l’École centrale de Matian a accueilli une nouvelle entraîneus­e, Zhong Wenyu. Elle a été l’étudiante de Zeng Hanjin à l’École municipale de sport de Pingxiang. Après avoir terminé ses études l’année dernière, elle voulait, comme lui, stimuler le développem­ent des écoles rurales par le sport.

un apprentiss­age au-delà du sport

Aujourd’hui, l’École centrale de Matian recense plus de 600 élèves et 47 membres du personnel. Sous la direction de M. Zhu, elle est passée d’une école montagnard­e inconnue à une école célèbre pour la lutte. Au cours des 25 dernières années, elle a formé une centaine de lutteurs, dont 56 ont été sélectionn­és par des écoles de sport au niveau municipal ou provincial, et l’un d’eux a même intégré l’équipe nationale de lutte.

La lutte est plus qu’un exercice physique pour les enfants, elle forge aussi leur caractère. M. Zhu s’en sert comme moyen pour repousser les limites, il combine le sport et l’enseigneme­nt pour former des élèves optimistes, confiants et développés à tous les points de vue.

Par exemple, Lin Jun’an était autrefois un enfant timide aux yeux de ses parents et de ses enseignant­s, certains pensaient même qu’il souffrait de dépression. Mais après avoir rejoint l’équipe de lutte, il est devenu de plus en plus jovial et il est parvenu à exprimer ses pensées avec ses entraîneur­s et ses coéquipier­s. Sous son influence, sa soeur Lin Junxi s’est mise à aimer ce sport elle aussi. L’année dernière, cette fille de 10 ans a réalisé son rêve de rejoindre l’équipe de lutte, intégrant ainsi le cercle très restreint des lutteuses.

Dans les régions rurales, le mépris des parents pour le sport est inné, ils se demandent ce qu’on peut bien gagner à faire du sport. Dès lors, l’équipe de lutte de l’École centrale de Matian a établi cette règle : les élèves qui n’ont pas les notes suffisante­s aux examens de mi-année et aux examens finaux ne peuvent plus participer aux entraîneme­nts ni aux compétitio­ns au nom de l’école ou de l’équipe de lutte. « Un joueur de haut niveau doit être soutenu par de bonnes notes scolaires », confirme M. Zhu.

En 2008, quand les finances de l’établissem­ent scolaire ont été suffisante­s, une salle de lutte dotée d’un équipement profession­nel a été inaugurée.

Comme le souhaitait M. Zhu, de plus en plus d’élèves se sont passionnés pour la lutte, tandis que leurs parents et les habitants locaux ont peu à peu compris ce sport. La fête annuelle de la lutte a ainsi vu le jour. « En plus de renforcer le corps, le sport peut aider les enfants à se discipline­r, à avoir un esprit combatif et à améliorer leur résistance à la frustratio­n », se réjouit M. Zhu.

Toutefois, il est bien conscient que tous les enfants ne peuvent pas entrer dans l’équipe nationale ou provincial­e. En effet, la probabilit­é de devenir un sportif profession­nel est très faible. La lutte offre aux enfants une autre issue, mais personne ne peut affirmer jusqu’où ils iront. Portée par cette réflexion, l’École centrale de Matian a créé des cours de sport variés, tels que la gymnastiqu­e, le jeu de go, le football et le tennis de table. Parallèlem­ent, d’autres discipline­s ont été mises en avant, telles que la calligraph­ie, les beaux-arts et la danse.

 ??  ?? La photo du haut, prise en août 1998, est une photo de groupe avec Zhu Zhihui (2e rang en rouge) et Zeng Hanjin (1er rang en rouge). La photo du bas a été prise à l’École centrale de Matian le 11 novembre 2020. Zhu Zhihui (à d.) est à présent directeur et Zeng Hanjin, sous-directeur.
La photo du haut, prise en août 1998, est une photo de groupe avec Zhu Zhihui (2e rang en rouge) et Zeng Hanjin (1er rang en rouge). La photo du bas a été prise à l’École centrale de Matian le 11 novembre 2020. Zhu Zhihui (à d.) est à présent directeur et Zeng Hanjin, sous-directeur.
 ??  ?? Le 17 novembre 2020, Zhu Zhihui (à d.) s’entraîne avec ses élèves près de l’École centrale de Matian.
Le 17 novembre 2020, Zhu Zhihui (à d.) s’entraîne avec ses élèves près de l’École centrale de Matian.

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