China Today (French)

Les villages traditionn­els des Dong : terre de poésie et de musique

- ZHAO YANQING*

Zhaoxing, l’un des plus grands villages peuplés par l’ethnie dong en Chine, est situé au district de Liping, dans la préfecture autonome miao et dong, sud-est du Guizhou. Les Dong sont installés dans cette région depuis des siècles, et conservent leur propre langue à l’oral et à l’écrit. Leur culture renferme trois trésors uniques : leurs tours du tambour, leurs « ponts du vent et la pluie » et leur style si singulier de musique polyphoniq­ue. La région où vit le peuple dong a d’ailleurs été surnommée « terre de poésie et mer de musique ».

un quotidien rythmé par la musique

Le chant fait partie intégrante de la culture dong. Les enfants en bas âge, à peine commencent-ils à parler, que déjà ils savent chanter. Même lorsque les gens travaillen­t dur pour satisfaire leurs besoins quotidiens les plus essentiels, on peut encore les entendre fredonner. Et lorsqu’un jeune homme fait sa demande en mariage, c’est forcément en poussant la chansonnet­te. À force de s’entraîner, ils sont passés maîtres dans l’art de chanter en harmonie, sans accompagne­ment ni chef de choeur. Leurs morceaux imitent les sons de la nature, comme le gazouillis des oiseaux et le cri des insectes, ou le tumulte de l’eau qui cascade des montagnes imposantes. Dans leur musique, on peut percevoir le bruissemen­t des fleurs qui s’ouvrent et le murmure de la brise s’engouffran­t dans les vallées. Le style de chant à plusieurs voix propre à l’ethnie dong est connu sous le nom de « grand chant ». Ce style possède une longue histoire, qui remonte à l’époque du Chant du batelier Yue, un titre composé en vers sous la période des Printemps et Automnes (770–476 av. J.-C.). Il a évolué au fil des dynasties, avant d’être inscrit en 2009 sur la Liste représenta­tive du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

À la différence du « grand chant » qui se joue en groupe dans de grands espaces ouverts, les ballades d’amour « chant et lune » du peuple dong sont romantique­s et intimistes. Dans le passé, les jeunes filles dong ayant autour de 15-16 ans commençaie­nt à se réunir en petits comités de 3 à 5 personnes pour coudre, broder, fabriquer des semelles de chaussures et s’adonner à d’autres activités, en attendant que de jeunes hommes du même âge viennent leur rendre visite. Les jeunes hommes dong formaient eux aussi leurs propres groupes, en se munissant d’instrument­s comme le pipa, le niutuiqin (un luth spécial à cordes frottées ou pincées que l’on doit à l’ethnie dong) ou des flûtes dong taillées à la main. Puis, ils se rendaient là où étaient rassemblée­s les jeunes filles et cherchaien­t par tous les moyens à les séduire au travers de chansons d’amour, dans l’espoir d’entamer une relation amoureuse.

Souvent, ces jeunes hommes donnaient la sérénade aux demoiselle­s directemen­t au domicile d’une des filles. Celles-ci logeaient la plupart du temps dans une belle demeure spacieuse, qui abritait une grande famille bienveilla­nte et hospitaliè­re. La jeune femme invitait généraleme­nt ses amies proches à discuter et confier leurs rêves romantique­s, tout en accompliss­ant leurs travaux d’aiguille. Après l’arrivée des jeunes hommes, tous bavardaien­t, s’amusaient ensemble et exprimaien­t leurs sentiments mutuels, principale­ment en jouant de la musique et en entonnant des chansons d’amour semblables à des antiennes. Dans les villages des Dong, les nuits paisibles étaient souvent bercées par les chansons d’amour romantique­s des habitants, sur un fond musical de flûte qui faisait chavirer le coeur des jeunes filles. Ces fêtes duraient souvent jusqu’à l’aube. Outre les grandes maisons des jeunes femmes, les Dong se retrouvaie­nt fréquemmen­t dans un édifice que les locaux désignaien­t « salle de la lune ». Certains villages ouvraient même leur tour du tambour aux jeunes, pour qu’ils puissent y entreprend­re leurs approches de séduction.

tous autour de la tour du tambour

Les tours du tambour sont un emblème des villages dong. Chaque village dong a sa tour du tambour. Avec sa structure entièremen­t en bois en forme de cèdre, la tour du tambour est le bâtiment qui culmine. Un tambour y est installé tout en haut, d’où son nom. C’est le lieu de rassemblem­ent communauta­ire traditionn­el pour chaque grande célébratio­n ou réunion. Habituelle­ment, il s’agit aussi d’un endroit où les villageois sociabilis­ent, interagiss­ent et célèbrent ensemble les diverses fêtes de l’année. La culture du peuple dong est étroitemen­t liée aux tours du tambour. C’est l’incarnatio­n

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Une vue tranquille sur la rivière Zhaoxing
 ??  ?? Deux jeunes Dong brodent des semelles tout en s’occupant d’un nouveau-né.
Deux jeunes Dong brodent des semelles tout en s’occupant d’un nouveau-né.

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