Comprendre les efforts et la persévérance pour transformer le Xinjiang
Shi Huifang, 81 ans, n’oubliera jamais la décision qui a changé sa vie, il y a environ six décennies : celle de s’aventurer dans le Xinjiang, une terre isolée et nue pour elle, dans le nord-ouest de la Chine. Elle voulait échapper à la pauvreté et se construire une meilleure vie en travaillant dur dans un nouvel endroit.
C’était également une bonne occasion de mettre fin à une relation avec un jeune homme dans laquelle elle n’était pas pleinement engagée. Cependant, elle ne s’attendait pas à ce que son petit ami apprenne sa décision et abandonne son travail d’ingénieur hydraulique dans le Jiangsu, une province de l’est de la Chine, pour la suivre dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, à quelque 4 000 km de là.
Le père de Mme Shi, espérant secrètement que quelqu’un pourrait s’occuper de sa fille dans cet endroit totalement inconnu, a donné son accord au mariage. Peu de temps après la cérémonie, en juillet 1959, Mme Shi et son époux se sont mis en route pour le Xinjiang. Elle avait 19 ans, lui 24.
En compagnie de 83 personnes de leur village, ils ont passé deux semaines dans un train en direction d’une petite ville de la préfecture autonome hui de Changji, à 40 km d’Urumqi, le chef-lieu du Xinjiang.
À cette époque, les habitants du Xinjiang étaient principalement des Ouïghours et des Kazakhs, ainsi que des migrants han de la province voisine du Gansu, qui vivaient au Xinjiang depuis des générations.
Mme Shi se rappelle ses premiers jours au Xinjiang : « Nous travaillions toute la journée et nous avons construit presque tout en partant de zéro. » Elle a participé à l’édification de canaux ainsi qu’à l’agriculture. Elle a eu la chance de suivre une formation médicale et est presque devenue enseignante avant de donner naissance à son premier enfant en 1962. Elle est alors devenue femme au foyer.
Bien que Mme Shi ait rarement partagé ces souvenirs avec ses enfants, la conversation s’est déroulée naturellement lorsque sa petite-fille est devenue curieuse quant à ses propres racines.
Je suis cette petite-fille.
La nouvelle frontière
Ma grand-mère s’enthousiasme chaque fois qu’elle repense à ses jeunes années, une période emplie de la vigueur de la jeunesse, d’un esprit aventureux ainsi que de souvenirs de dur labeur et de luttes.