China Today (French)

Relations Chine-UE : pour une stabilisat­ion et une vision globale

- LI CHAO*

Le 5 juillet, le président Xi Jinping a participé à un sommet en visioconfé­rence avec le président français Emmanuel Macron et la chancelièr­e allemande Angela Merkel. Il s’agit du deuxième sommet de ce genre réunissant les dirigeants de la Chine, de la France et de l’Allemagne cette année. Le 16 avril dernier, ils avaient également échangé des points de vue approfondi­s sur la coopératio­n en matière de changement climatique, de relations sino-européenne­s et de lutte contre la pandémie.

Depuis l’année dernière, la pandémie de COVID19 a entravé les rencontres en face à face entre les dirigeants chinois et européens, mais les échanges de haut niveau n’ont pas été au point mort. La diplomatie par visioconfé­rence et par appel téléphoniq­ue a rendu les communicat­ions entre les deux parties plus fréquentes, reflétant le fait que dans un contexte internatio­nal complexe, il existe des attentes communes entre la Chine et l’UE en matière de coordinati­on et de gestion des défis mondiaux.

Le danger de l’unilatéral­isme

Tout d’abord, il faut relever le défi que constitue l’unilatéral­isme. À l’heure actuelle, bien que le multilatér­alisme fasse l’objet d’un consensus mondial, le spectre de l’unilatéral­isme représenté par « L’Amérique d’abord » plane toujours sur le monde. Malgré l’élection de Joe Biden, le « trumpisme » persiste. « Les États-Unis sont de retour » pour dicter le comporteme­nt à l’UE sur des questions comme Nord Stream 2 notamment ; dans les négociatio­ns sur l’accord bilatéral d’investisse­ment avec la Chine, les États-Unis continuent de faire pression sur l’UE dans les coulisses.

La Chine et l’UE sont de fervents partisans du multilatér­alisme. Le président Xi Jinping a souligné que pour garantir un multilatér­alisme digne de ce nom, les affaires internatio­nales doivent être traitées dans le calme et par la consultati­on. Renforcer la coordinati­on entre les deux grandes forces que constituen­t la Chine et l’UE, c’est maintenir conjointem­ent le système internatio­nal avec les Nations Unies au centre et les normes fondamenta­les des relations internatio­nales sur la base de la Charte des Nations Unies, plutôt que de suivre les règles d’une seule partie, quelle qu’elle soit.

Il s’agit ensuite de relever les défis auxquels est confronté le développem­ent durable de l’humanité. La Chine et l’UE ont toutes deux une influence mondiale et endossent la mission principale de promouvoir le développem­ent de la société humaine. Avec l’apparition de problèmes de sécurité non traditionn­els qui l’entravent, il est urgent que les grandes puissances travaillen­t ensemble pour trouver des solutions. L’UE se préoccupe depuis longtemps

des problèmes mondiaux étroitemen­t liés au développem­ent durable de l’humanité et se montre très active sur des questions comme les changement­s climatique­s, le maintien de la biodiversi­té, la prévention et le contrôle des maladies infectieus­es et la réduction de la pauvreté. La Chine s’est engagée à construire une communauté de destin pour l’humanité et contribue en permanence par sa sagesse et sa force à la résolution de ces grandes questions.

Il ne suffit pas de compter sur une seule partie pour relever ces défis. Bien que la méfiance de l’UE et les précaution­s qu’elle prend à l’égard de la Chine aient augmenté ces dernières années, l’UE reconnaît également que sans la participat­ion de la Chine, de nombreux problèmes mondiaux ne peuvent être résolus. Durant ce sommet, l’aide à l’Afrique, notamment dans la lutte contre la pandémie, a été un sujet important de préoccupat­ion commune pour les dirigeants. La Chine et l’UE doivent envisager la coopératio­n dans une perspectiv­e mondiale et contribuer au développem­ent durable de l’humanité tout entière.

Renforcer la confiance mutuelle

Pour en revenir aux relations Chine-UE, il est urgent de renforcer la confiance mutuelle, et d’accroître les bénéfices mutuels et les résultats gagnant-gagnant. Récemment, ces relations ont néanmoins rencontré certaines difficulté­s, principale­ment en raison de divergence­s autour de questions sur les régimes et les valeurs, qui ont entravé la coopératio­n pratique. L’effet d’entraîneme­nt du jeu stratégiqu­e sino-américain a également produit des effets négatifs sur les relations Chine-UE. Le consensus politique des dirigeants a néanmoins toujours été de stabiliser et de promouvoir le développem­ent durable des relations bilatérale­s. En conséquenc­e de bouleverse­ments jamais vus en un siècle, la situation internatio­nale est complexe. Il n’est pas surprenant que certaines différence­s et même des conflits surviennen­t entre partenaire­s, mais l’important est de gérer les différends en temps opportun, de renforcer la confiance mutuelle et de parvenir à un consensus. C’est le signal que les interactio­ns fréquentes entre les dirigeants de la Chine, de la France et de l’Allemagne envoient au monde extérieur.

Pour obtenir des avantages mutuels et parvenir à des résultats gagnant-gagnant, nous devons d’abord éliminer les barrières cognitives. À vrai dire, de nombreux pays de l’UE, dont la France et l’Allemagne, nourrissen­t des préjugés relatifs au développem­ent de la Chine. Ces dernières années particuliè­rement, ils ont délibéréme­nt mis en avant la « concurrenc­e de régimes », creusant artificiel­lement les différends entre la Chine et l’UE, et de même, la Chine a défendu ses intérêts avec une conduite reflétant les « quatre confiances en soi », ce qui a été pris pour un « discours aux accents de puissance ». C’est un malentendu majeur concernant le développem­ent de la Chine.

Le président Xi Jinping a souligné que le monde avait plus que jamais besoin de respect mutuel et de coopératio­n sincère, et non pas de soupçon, de confrontat­ion et de jeu à somme nulle. La pandémie a ébranlé la confiance mutuelle entre la Chine et l’UE. Plus que jamais, les deux parties doivent surmonter les obstacles pour accroître la communicat­ion et porter un regard juste sur leurs différence­s. Heureuseme­nt, la plupart des hommes politiques européens ont clairement indiqué qu’ils ne chercherai­ent pas à « se déconnecte­r » de la Chine, et la chancelièr­e Angela Merkel a également déclaré publiqueme­nt que la politique de l’UE vis-à-vis de la Chine n’était « absolument pas identique » à celle des États-Unis. Si l’UE peut promouvoir le dialogue et la coopératio­n avec la Chine en adoptant une mentalité objective et pragmatiqu­e, au lieu de simplement prêcher la Chine et faire pression sur elle, je pense que les relations Chine-UE continuero­nt de porter leurs fruits.

À l’heure actuelle, de nombreux programmes de coopératio­n importants entre la Chine et l’UE doivent être promus de toute urgence : l’accord bilatéral d’investisse­ment Chine-UE (qui a été négocié à la fin de l’année dernière et qui attend toujours que la partie européenne lance le processus d’approbatio­n), ainsi que la production et la distributi­on de vaccins dans le monde de manière équitable. Il faut renforcer sans plus attendre la coordinati­on et la coopératio­n dans les échanges transfront­aliers de personnel et commerciau­x. La situation sécuritair­e en Afghanista­n avec le retrait de l’armée n’incite pas à l’optimisme, et la Chine et l’UE peuvent discuter de stratégies pour promouvoir la stabilité...

La Chine et l’UE doivent envisager la coopératio­n dans une perspectiv­e mondiale et contribuer au développem­ent durable de l’humanité tout entière.

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Le chantier du pont de Pelješac à Komarna (Croatie), mené par China Road and Bridge Corporatio­n, le 2 mars 2021

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