La Chine certifiée exempte de paludisme par l’OMS
Le paludisme est une maladie que l’on peut prévenir et traiter, mais qui est également mortelle. En 2019, elle a entraîné 409 000 décès dans le monde.
Depuis des dizaines d’années, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la communauté internationale s’efforcent de soutenir les efforts des gouvernements nationaux pour éliminer cette maladie.
La Chine est l’un des pays à y être parvenu, alors que le paludisme était autrefois très répandu sur son territoire : plus de 24 millions de cas au début des années 1970. Elle a commencé sa lutte contre cette maladie dans les années 1950 et, en s’appuyant sur ses efforts, elle a lancé en 2010 un programme national d’élimination du paludisme soutenu par un engagement politique fort et un mécanisme intégré de prévention et de contrôle qui unit les forces des treize ministères chinois et entre les autorités centrales et locales.
Les résultats sont impressionnants : la Chine n’a pas eu de contamination locale de paludisme depuis 2017.
Pour tous les pays touchés par cette maladie, l’objectif final est d’obtenir la certification d’élimination du paludisme, soit la reconnaissance officielle du statut de pays exempt de paludisme accordée par l’OMS. L’institution accorde cette certification lorsqu’un pays prouve que la chaîne de transmission indigène du paludisme a été interrompue dans tout le pays pendant au moins trois années consécutives. De plus, le pays doit démontrer sa capacité à empêcher le rétablissement de la transmission.
À la suite d’une visite sur le terrain effectuée par un comité de certification indépendant ce printemps, l’OMS a certifié le 30 juin 2021 que la Chine avait éradiqué le paludisme.
Des plans nationaux de prévention et de contrôle du paludisme réussis nécessitent un engagement politique de haut niveau, qui se traduit par un financement suffisant et des interventions souvent maintenues pendant plusieurs décennies, même après qu’un pays a été déclaré exempt de paludisme. La plupart des pays atteignant cet objectif disposent d’un solide système de soins de santé primaires, qui garantissent l’accès à des services pour la prévention, le diagnostic et le traitement du paludisme, sans difficulté financière, pour toutes les personnes vivant à l’intérieur de leurs frontières, quel que soit leur statut juridique ou leur nationalité. Des systèmes de données solides, un engagement fort de la communauté et une meilleure hygiène constituent également des clés du succès.
L’exemple du Yunnan
C’est ce qui s’est passé en Chine. Prenons l’exemple de la province du Yunnan. Connu pour ses paysages montagneux spectaculaires, ses plantations de thé verdoyantes, ses rizières fertiles et ses produits agricoles délicieux, le Yunnan offre également des terrains de reproduction pour les moustiques pendant la saison des pluies, notamment plusieurs espèces de moustiques anophèles qui peuvent transmettre le paludisme. Lorsque la Chine a annoncé sa politique visant à éliminer le paludisme en 2010, la province comptait le plus grand nombre de districts à haut risque du pays.
Au cours de la dernière décennie, l’Institut des maladies parasitaires du Yunnan a collaboré avec le centre local de prévention et de contrôle des maladies (CDC) pour éliminer le paludisme dans toute la province.
La stratégie « 1-3-7 » est la clé de la réussite pour la lutte contre le paludisme en Chine. Elle consiste à réaliser le diagnostic, l’investigation et le suivi des cas dans un délai respectif de 1, 3 et 7 jours. Plus précisément, tout cas de paludisme, confirmé par un test de
diagnostic rapide ou une microscopie et qui a reçu un traitement, doit être signalé au CDC local dans un délai d’un jour ; le CDC local doit enquêter sur le cas et déterminer le risque de propagation en trois jours ; enfin, dans un délai de sept jours, le CDC local doit prendre des mesures sur le lieu de contamination, telles que le test et le traitement effectués chez les membres de la communauté concernée, l’identification du type de paludisme, la sensibilisation de la population locale, la recherche sur des espèces de moustiques et la pulvérisation d’insecticides à l’intérieur des habitations pour réduire leur nombre. Grâce au strict respect de cette stratégie, le Yunnan n’a signalé aucun cas local depuis des années.
À l’avenir, des pays comme la Chine qui ont été certifiés exempts de paludisme doivent rester vigilants pour éviter la résurgence de la maladie. La province du Yunnan connaît bien les défis liés au maintien du statut de « zéro paludisme », car elle est bordée par trois pays d’endémie palustre : le Laos, le Myanmar et le Vietnam. Les gens entrent et sortent constamment du Yunnan en traversant ces pays. Par conséquent, la province signale chaque année environ 300 cas importés de paludisme.
Une résolution internationale
Les efforts futurs doivent également inclure un engagement et un soutien continus auprès des pays de la région où le paludisme est endémique. Tout comme dans le cas de la pandémie de COVID-19, aucun pays ne peut contrôler le paludisme sans une collaboration transfrontalière. Les moustiques, comme les virus, ne portent pas de passeport et se moquent des passeports que vous portez.
Lorsqu’un cas importé de paludisme est repéré, les autorités sanitaires doivent agir rapidement pour empêcher toute infection locale, car des infections supplémentaires sont suscepti
La Chine n’a pas eu de contamination locale de paludisme depuis 2017.
bles d’entraîner une résurgence de la maladie. Actuellement, 68 stations de terrain sont installées dans les zones frontalières du Yunnan, dans le but d’identifier rapidement tout cas importé de paludisme.
Pour les voyageurs qui se rendent dans les pays d’endémie palustre, des mesures préventives sont nécessaires, notamment suivre un cycle complet de traitement antipaludique, avoir recours à des moustiquaires imprégnées, des pulvérisations dans les logements et des insectifuges, ainsi que porter des vêtements à manches longues. Une fois que les premiers symptômes de la maladie apparaissent, il faut consulter un professionnel de santé.
Les efforts de la Chine pour que le paludisme ne se réimplante pas sur son territoire ne s’arrètent pas là. En mai, la communauté internationale a adopté une nouvelle résolution lors de l’Assemblée mondiale de la santé, afin de redynamiser et d’accélérer les efforts mondiaux pour mettre fin au paludisme. Cette résolution appelle tous les pays à étendre les investissements et le soutien aux services de santé pour que nul ne soit laissé pour compte, à maintenir et accroître le financement de la lutte mondiale contre le paludisme, ainsi qu’à renforcer les investissements dans la R&D de nouveaux outils.
La Chine joue un rôle dans la réalisation de l’objectif mondial, en offrant son expérience importante en matière d’élimination du paludisme afin que d’autres pays du monde puissent en bénéficier et en apportant un soutien à leurs propres plans de lutte contre le paludisme.
L’éradication du paludisme est une priorité nationale, régionale et mondiale. En travaillant ensemble, nous pouvons éliminer cette maladie évitable.