Le paludisme est la quatrième maladie infectieuse qui a été éradiquée en Chine, après la variole en 1961, la poliomyélite en 2000 et la filariose en 2007.
Au lendemain de la fondation de la République populaire de Chine, environ 30 millions de cas de paludisme étaient signalés chaque année. En 1969, alors que la résistance du paludisme devenait de plus en plus évidente, le gouvernement chinois a lancé le Projet 523, un projet de recherche sur le médicament antipaludique. Tu Youyou a été nommée pour diriger ces recherches.
Mme Tu s’est inspirée des documents classiques sur la médecine traditionnelle chinoise en choisissant quelques médicaments chinois comme objets de recherche, dont l’armoise annuelle (Artemisia annua). En octobre 1971, l’équipe de Tu Youyou a obtenu un taux d’inhibition de 100 % du Plasmodium dans l’extrait neutre d’Artemisia annua n°191. Environ un an plus tard, elle a réussi à obtenir un agent antipaludique efficace, soit l’artémisinine. Actuellement, les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) constituent le traitement le plus efficace contre le paludisme, en particulier contre le paludisme causé par Plasmodium falciparum. L’OMS a inclus l’artémisinine dans sa liste des médicaments essentiels. En 2015, le prix Nobel de physiologie ou médecine a été décerné à Tu Youyou pour ses découvertes en matière de thérapies antipaludiques.
Cependant, seuls 40 pays et territoires dans le monde ont été certifiés exempts de paludisme par l’OMS jusqu’à présent. Chaque année, la maladie touche plus de 200 millions de personnes et en tue plus de 400 000 (plus de 90 % des cas et des décès sont en Afrique). Outre la fourniture de médicaments (tels que l’artémisinine) et de moustiquaires, la Chine a fortement contribué à la construction de 30 centres antipaludiques dans 30 pays africains, à la formation de médecins locaux et à la mise en place d’un réseau de laboratoires d’épidémiologie moléculaire dans le cadre de la lutte contre le paludisme.