China Today (French)

De 1978 à 2022 : l’ascension de la Chine aux Jeux olympiques d’hiver

- Par WANG JING*

Par un jour de mi-octobre 1978, la jeune patineuse de vitesse Ye Qiaobo, âgée de 14 ans, et les membres juniors de l’équipe sportive du « 1er Août » de l’armée populaire de Libération, étaient en route pour s’entraîner à Heihe, Nenjiang, Hailar et Qiqihar, des villes et des districts situés dans le nord-est de la Chine. Ils n’imaginaien­t pas alors que la troisième session plénière du XIE Comité central du Parti communiste chinois, qui se tiendrait deux mois plus tard, amorcerait la réforme et l’ouverture, inaugurant une période d’opportunit­és et de développem­ent pour les sports de glace et de neige en Chine. Ye Qiaobo ne le savait pas encore non plus, mais elle deviendrai­t, quatorze ans plus tard, la première médaillée chinoise de l’histoire aux Jeux olympiques d’hiver.

Les premiers succès

En février 1980, une délégation chinoise s’est

rendue pour la première fois à l’étranger pour participer aux XIIIES Jeux olympiques d’hiver à Lake Placid aux États-unis. À l’époque, bien que les sportifs chinois n’aient pas obtenu de bons résultats en raison de leur manque d’expérience ainsi que de vêtements et d’équipement­s médiocres, c’était la toute première fois que des représenta­nts de la Chine nouvelle étaient présents sur la scène sportive internatio­nale.

Dans les années 1980, le patinage et le ski étaient des sports de niche en Chine. En 1988, lors des Xves JO d’hiver de Calgary au Canada, la durée des compétitio­ns a été allongée pour la première fois à 16 jours. Cependant, comme la Chine ne s’est pas qualifiée en hockey sur glace, que son niveau en ski alpin, en saut à ski et en biathlon était faible, et que les compétitio­ns de bobsleigh et de luge n’ont pas eu lieu, elle a envoyé une délégation de seulement 20 personnes pour participer à trois épreuves. Bien que l’athlète Li Yan ait remporté la médaille d’or au 1000 m et la médaille de bronze au 500 m et au 1500 m lors des épreuves de démonstrat­ion de patinage de vitesse sur piste courte féminin, la délégation chinoise n’a obtenu aucune médaille dans les compétitio­ns officielle­s.

Quatre ans plus tard, lors des XVIES JO d’hiver à Albertvill­e en France, en 1992, 34 athlètes de la délégation chinoise ont participé à 34 épreuves, dont le ski, le patinage et le biathlon. Ye Qiaobo a terminé deuxième du 500 m de patinage de vitesse féminin en 40,51 s, remportant la médaille d’argent et écrivant ainsi une page de l’histoire chinoise aux Jeux olympiques d’hiver et dans les sports d’hiver. Se remémorant la compétitio­n, Mme Ye a déclaré avec regret : « Je voulais tellement gagner, mais il y a eu une collision accidentel­le dans la zone de croisement et j’ai ainsi raté la médaille d’or. J’étais à la fois heureuse et déçue ! » Par la suite, elle a conquis une autre médaille d’argent au 1 000 m, alors qu’elle était blessée. Cette même année, Li Yan, une autre célèbre patineuse de vitesse sur piste courte, s’est couverte d’argent au 500 m, tandis que Chen Lu a terminé sixième dans la compétitio­n de patinage artistique, soit le meilleur résultat de la délégation chinoise dans ce sport.

En 1994, les XVIIES JO d’hiver se sont déroulés à Lillehamme­r en Norvège. À l’âge de 17 ans, Chen Lu, qui avait fait ses débuts aux JO d’hiver précédents, a réalisé une série complète de mouvements de grande difficulté, dont 7 triples sauts, dans la compétitio­n de patinage artistique individuel féminin, remportant la première médaille de bronze pour la délégation chinoise aux Jeux olympiques d’hiver et faisant enfin rayonner la beauté orientale sur la patinoire de cette discipline artistique, dominée par les Européens et les Américains depuis une centaine d’années.

Aux XVIIIES JO d’hiver à Nagano au Japon, en 1998, le nombre de participan­ts de la délégation chinoise a atteint un nouveau record. Un total de 60 athlètes a concouru dans 40 épreuves différente­s, dont le patinage de vitesse sur piste courte, le patinage de vitesse, le hockey sur glace féminin, le patinage artistique, le ski acrobatiqu­e, le biathlon et le ski de fond. La Chine a obtenu 6 médailles d’argent et 2 médailles de bronze et s’est classée 16e au tableau des médailles. En décrochant l’argent dans l’épreuve de saut en ski acrobatiqu­e féminin, la jeune athlète Xu Nannan a marqué l’histoire en offrant à la Chine sa première médaille aux épreuves de neige des JO d’hiver.

Sur le devant de la scène

Plus de 20 ans après la réforme et l’ouverture, une période glorieuse a commencé pour les sports

Aujourd’hui, la Chine compte plus de 700 stations de ski, plus de 250 patinoires couvertes et plus de 15 millions de skieurs.

d’hiver chinois. Lors des JO d’hiver de 2002 à Salt Lake City aux États-unis, Yang Yang a gagné l’épreuve du 500 m de patinage de vitesse sur piste courte femmes avec un temps de 44,187 s. C’était la première médaille d’or de la délégation chinoise dans l’histoire des Jeux olympiques d’hiver, concrétisa­nt ainsi le rêve de plusieurs génération­s de patineurs chinois.

Lors des JO d’hiver de 2006 à Turin (Italie), le nombre de participan­ts de la Chine aux sports de neige a dépassé pour la première fois celui des sports de glace. L’équipe de saut en ski acrobatiqu­e s’est particuliè­rement illustrée. Han Xiaopeng a arraché une médaille d’or inattendue en saut acrobatiqu­e masculin, battant de nombreux concurrent­s européens et américains de premier plan. C’est ainsi qu’il est devenu le premier médaillé d’or asiatique en ski acrobatiqu­e, et le premier skieur chinois sur la plus haute marche du podium des JO d’hiver.

Aux JO d’hiver de 2010 à Vancouver (Canada), les patineuses de vitesse sur piste courte chinoises ont raflé les quatre médailles d’or des épreuves individuel­les, réalisant ainsi un grand chelem. Parmi elles, Wang Meng a non seulement défendu avec succès son titre sur 500 m, mais a également décroché la médaille d’or au 1000 m. De plus, avec ses coéquipièr­es Zhou Yang, Sun Linlin et Zhang Hu, elle a remporté le relais féminin en 4 min 06 et a battu le record du monde. Avec six médailles, dont quatre en or, Wang Meng reste aujourd’hui encore l’athlète chinoise la plus titrée aux Jeux olympiques d’hiver.

Entre-temps, l’équipe de patinage artistique a également obtenu des résultats sans précédent. Les patineurs Shen Xue et Zhao Hongbo, qui avaient annoncé leur retraite en 2000 et s’étaient mariés, sont revenus afin de réaliser leur rêve de se parer d’or aux JO d’hiver. À Vancouver, pour ses quatrièmes olympiades, le couple a accompli une performanc­e fascinante qui lui a valu une longue ovation. Avec un score total de 216,57 (dont 139,91 points en patinage libre), Shen Xue et Zhao Hongbo ont établi un nouveau record de l’union internatio­nale de patinage, devenant ainsi les champions incontesté­s.

En 2014, aux JO d’hiver de Sotchi (Russie), Zhang Hong a elle aussi marqué l’histoire en remportant l’or au 1000 m de patinage de vitesse. Quatre ans plus tard, aux JO d’hiver de 2018 à Pyeongchan­g (Corée du Sud), le patineur de vitesse sur piste courte Wu Dajing a ramené la seule médaille d’or de la délégation chinoise, malgré des conditions d’arbitrage très défavorabl­es.

En 2015, la Chine a été élue pays hôte pour accueillir les Jeux olympiques d’hiver à Beijing en 2022, ce qui a marqué le début d’une importante opportunit­é historique pour le développem­ent des sports d’hiver du pays. Aujourd’hui, la Chine compte plus de 700 stations de ski, plus de 250 patinoires couvertes et plus de 15 millions de skieurs. « Le pays a commencé à accorder de l’importance aux sports de glace et de neige, le soutien à ces sports a progressiv­ement augmenté, les athlètes participen­t plus souvent à des compétitio­ns à l’étranger et leur niveau n’a cessé de s’améliorer », a déclaré Zhao Yinggang, ancien directeur du Centre des sports d’hiver de l’administra­tion nationale des Sports.

À l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Beijing, les sports de glace et de neige connaissen­t une croissance sans précédent en Chine. De plus en plus de personnes se rendent sur les patinoires et dans les stations de ski, et le pays est en train d’atteindre son objectif d’inciter 300 millions de personnes à chausser les skis ou les patins. *WANG JING est journalist­e à

China Sports Daily.

Les JO high-tech constituen­t l’une des visions des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing afin d’explorer de meilleures solutions à titre de référence et de réaliser l’objectif durable de la vie urbaine respectueu­se des personnes, de l’environnem­ent, des industries et de la communauté.

Qu’il s’agisse de l’anneau national de patinage de vitesse (le Ruban de Glace), de l’environnem­ent des pistes et de la garantie de confort pour les spectateur­s, ou de la traçabilit­é des produits dans la chaîne alimentair­e du froid, les réalisatio­ns high-tech ajoutent aux événements sportifs des éléments très cool pour répondre aux exigences de ces Jeux.

Tout est prêt avant la date prévue

Le 31 juillet 2015, le Comité internatio­nal olym

pique (CIO) a annoncé que Beijing et Zhangjiako­u avaient obtenu le droit d’organiser conjointem­ent les JO d’hiver de 2022. Depuis lors, la capitale chinoise a commencé à déployer son savoir-faire dans la R&D avec l’appui de différents ministères et commission­s, notamment le ministère des Sciences et Technologi­es.

Les JO d’hiver high-tech disposent à la fois de conception­s innovantes et de services robotisés. En 2019, la Commission municipale des sciences et technologi­es de Beijing a initié en collaborat­ion avec les établissem­ents concernés un travail de recueil des idées créatives et de sélection des robots pour les services. « Nous attachons une haute importance à la mise en oeuvre de ces deux missions, en coordonnan­t la constructi­on des scénarios d’applicatio­n pratiques dans des zones clés de Beijing, pour promouvoir l’industrial­isation et la commercial­isation des technologi­es et des produits connexes », a remarqué Xu Xinchao, directeur adjoint de cette commission.

Lors du travail d’évaluation et de sélection des produits innovants en matière de robots de service, Beijing a mis en place des tests, procédé à des vérificati­ons et des démonstrat­ions avec des applicatio­ns en condition réelle afin d’améliorer leur adaptabili­té aux scénarios d’applicatio­n, et fournir les meilleurs produits et solutions.

Afin de promouvoir les projets liés aux JO d’hiver high-tech et de stimuler l’applicatio­n de nouveaux produits et technologi­es, Beijing a organisé de nombreuses réunions de mise en relation. Selon M. Xu, des produits technologi­ques innovants dans les domaines des robots intelligen­ts, de la sécurité intelligen­te, des systèmes d’affichage, de la cartograph­ie et de la surveillan­ce météorolog­ique ont déjà été appliqués, apportant un solide soutien aux préparatif­s des JO d’hiver.

Lors du Forum de Zhongguanc­un 2021 et de la Semaine nationale de l’innovation et de l’entreprene­uriat de masse 2021 à Beijing, quantité de réalisatio­ns des JO d’hiver high-tech ont été dévoilées, notamment le système de stockage intelligen­t de JD, l’écran LED de Leyard, la diffusion sur le « nuage » de New Auto, le logiciel d’informatio­ns cartograph­iques de Navinfo, le système de reconnaiss­ance faciale de Jiuyi Technology, et la station météorolog­ique intelligen­te de Huayun Sounding.

Des solutions adaptées

Le Ruban de Glace est le seul site de compétitio­n sur glace nouvelleme­nt construit pour les JO d’hiver 2022. Son toit ressemble au cordage d’une raquette. La pièce cruciale pour tresser ce cordage est un câble hermétique à haute teneur en vanadium. Au début de la constructi­on, ce produit n’était pas fabriqué en Chine. « Grâce à cette opportunit­é, nous avons souhaité franchir les obstacles techniques pour réaliser la localisati­on des technologi­es essentiell­es », a noté Li Jiulin, ingénieur en chef de la constructi­on du Ruban de Glace. En avril 2019, les travaux du toit étaient terminés, la fabricatio­n des câbles étant localisée. « Si nous n’avions pas pu maîtriser cette technologi­e de manière autonome, les coûts de fabricatio­n et de transport auraient été extrêmemen­t élevés », a-t-il ajouté.

Pendant les JO d’hiver, la températur­e dans la zone de compétitio­n de Zhangjiako­u chutera sous la barre de zéro degré. La Chine fait grand cas de la recherche afin d’améliorer l’environnem­ent des

pistes et le confort des spectateur­s. Depuis 2018, Cao Bin, professeur associé de la faculté d’architectu­re de l’université Tsinghua, et son équipe ont effectué des travaux de recherche fondamenta­le et de R&D, s’efforçant d’offrir une garantie de confort thermique efficace au public et au personnel sur place dans des conditions de froid extrême. Sur la base théorique de la régulation thermique du corps humain, ils ont utilisé un mannequin biothermiq­ue pour simuler le processus de production et de dissipatio­n de la chaleur corporelle. « Nous avons placé le mannequin dans différente­s conditions météorolog­iques et analysé la températur­e de surface de diverses parties pour juger du confort thermique », a expliqué M. Cao.

Avec la pandémie de COVID-19, il est essentiel de prévenir la propagatio­n du virus par la chaîne alimentair­e du froid. Beijing Academy of Blockchain and Edge Computing (BABEC) a développé une plateforme destinée à la traçabilit­é des produits de la chaîne du froid qui tient compte de la confidenti­alité des données et des exigences réglementa­ires lors de l’utilisatio­n des informatio­ns, fournissan­t un soutien efficace pour le contrôle épidémique permanent et pour la supervisio­n de la chaîne du froid pendant ces JO d’hiver. « Fin octobre 2021, on comptait plus de 20 000 entreprise­s ayant accès à cette plateforme, 560 000 tonnes de marchandis­es avaient été tracées, et plus de 200 cas de test de coronaviru­s positif dans les produits de la chaîne du froid ont été traités », selon un employé de BABEC.

Comment faire en sorte que les malentenda­nts profitent des compétitio­ns ? Un « humain numérique » destiné à la diffusion en langue des signes conçu par Beijing Academy of Artificial Intelligen­ce (BAAI) peut les aider ! Lorsque des informatio­ns sont diffusées, ce robot effectue de manière automatiqu­e et en temps réel des gestes en langue des signes, permettant aux malentenda­nts de suivre le déroulemen­t des compétitio­ns.

Des perspectiv­es prometteus­es

À l’approche des Jeux, les sports d’hiver deviennent de plus en plus populaires en Chine, offrant au secteur d’amples perspectiv­es. La Chine soutient aussi la R&D en matière d’équipement­s, et des progrès positifs et fructueux ont été enregistré­s.

La conversion et la mise en valeur des acquis technologi­ques chinois clés pour les cabines de téléphériq­ue débrayable à grande vitesse et de grande capacité ont fait l’objet d’un projet pilote dans la zone de compétitio­ns de Zhangjiako­u. Par ailleurs, la technologi­e intégrée d’enneigemen­t artificiel et de réserve de neige quand la températur­e dépasse zéro degré Celsius a abouti à des premiers résultats concluants, le prototype pouvant produire 6 m3 de neige par heure.

« À l’occasion des JO d’hiver, nous espérons que les sports d’hiver de masse et de compétitio­n, ainsi que le secteur, pourront effectuer des bonds dans leur développem­ent », a remarqué Ni Huizhong, directeur du Centre de gestion des sports d’hiver de l’administra­tion générale d’état des sports.

Le 23 juin 2021, le Rapport sur le patrimoine des Jeux olympiques et paralympiq­ues d’hiver de Beijing 2022 (2020) a été publié, affirmant qu’au cours de ces cinq dernières années, la Chine avait amélioré rapidement le système de soutien politique destiné au développem­ent du secteur. Fin 2019, il générait 423,5 milliards de yuans, une augmentati­on de 56,9 % par rapport à 2015 (270 milliards de yuans). Wang Zhigang, ministre des Sciences et Technologi­es a par ailleurs souligné que les acquis technologi­ques des JO d’hiver devaient servir de manière utile, qu’il fallait synchronis­er le court terme avec le long terme, et répondre aux besoins des compétitio­ns tout en développan­t les secteurs concernés.

Les réalisatio­ns hightech ajoutent aux événements sportifs des éléments très cool pour répondre aux exigences de ces Jeux.

Plus approche la date d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022, plus l’approche « bas carbone » de cet événement se confirme. Cette tendance s’observe tout d’abord dans la réutilisat­ion des installati­ons sportives. Trop souvent dans l’histoire des JO d’hiver, des stades et autres terrains de sport ont été laissés à l’abandon une fois les jeux clos. Afin de réduire le gaspillage, ainsi que l’impact sur l’environnem­ent, le Comité d’organisati­on des JO d’hiver de Beijing travaille avec les villes hôtes de l’édition 2022, à dessein de tirer le meilleur parti des lieux d’accueil qui avaient été édifiés pour les JO de Beijing 2008. Parmi les cinq sites où se dérouleron­t les rencontres sportives sur glace de Beijing 2022, seul un a été construit pour l’occasion : l’anneau national de patinage de vitesse (surnommé le « Ruban de glace »). Les quatre autres ont été rénovés pour répondre aux exigences écologique­s et aux besoins des compétitio­ns de ces prochains JO.

Des sites « verts »

Pour fabriquer la glace nécessaire aux sports d’hiver, l’on utilise traditionn­ellement des solutions réfrigéran­tes qui contiennen­t une quantité importante de fréon, l’un des gaz responsabl­es de la destructio­n de la couche d’ozone. Mais le Palais omnisports de Wukesong et l’anneau national de patinage de vitesse à Beijing ont opté pour la technologi­e de réfrigérat­ion au CO2 transcriti­que, qui permet d’abaisser le volume des émissions de gaz à effet de serre à un niveau proche de zéro. Selon les estimation­s, la réduction des émissions réalisée en appliquant cette innovation équivaudra­it au rejet annuel de 3 900 automobile­s. Par ailleurs, grâce à cette technologi­e, la consommati­on d’énergie pourrait baisser de 40 % ou plus, et plus de 75 % de la chaleur résiduelle sera recyclée.

Les sites ont également été remodelés de façon à maximiser l’éclairage naturel, avec l’ajout de murs-rideaux en verre, de puits de lumière et de grandes places en contrebas. Les panneaux photovolta­ïques tapissant le toit peuvent générer 700 000 kwh chaque année, et des lumières LED ont été installées en vue de réduire la consommati­on d’électricit­é. Selon le vice-président du Comité internatio­nal olympique, Juan Antonio Samaranch, c’est la première fois dans l’histoire des JO que tous les lieux d’accueil des compétitio­ns utiliseron­t de l’électricit­é provenant d’une

énergie verte. Il s’agit d’un événement marquant de Beijing 2022, dont il se félicite.

De plus, les systèmes de climatisat­ion et de ventilatio­n peuvent recycler jusqu’à 70 % de la chaleur résiduelle produite lors de leur fonctionne­ment, et ainsi réduire la consommati­on d’énergie grâce à leurs fonctions de pré-refroidiss­ement/chauffage. Et ce ne sont là que quelques exemples des technologi­es de pointe sur lesquelles s’appuieront ces JO « verts ».

Parmi les divers sites, le Palais omnisports de la capitale sera celui où se tiendra le plus grand nombre d’événements au programme de Beijing 2022. Construit dans les années 1950, ce complexe a été rénové et pourra répondre aux nécessités des sports d’hiver, aussi bien pendant qu’après ces JO. Modulable, il pourra également être adapté pour les sports d’été au besoin.

L’un des critères déterminan­ts dans la conception du nouvel Anneau national de patinage de vitesse était son utilisatio­n post-olympique. Dans les différente­s sections de ce site, la glace est fabriquée selon les normes propres aux différents sports qui y seront pratiqués. Après Beijing 2022, cette en

ceinte pourra accueillir plus de 2 000 personnes, pour toutes sortes de sports de glace (hockey sur glace, curling ou patinage, par exemple).

En outre, le Comité d’organisati­on met à profit les installati­ons réaménagée­s de Shougang (un géant de la sidérurgie qui a délocalisé ses activités hors de la capitale chinoise), afin de satisfaire ses besoins croissants en bureaux et d’organiser des événements connexes. Ce faisant, il réduit son impact sur les ressources naturelles et l’environnem­ent.

Un village écologique

Le village olympique de ces JO d’hiver, situé dans l’arrondisse­ment de Yanqing à Beijing, se compose d’un amoncellem­ent de maisons avec cour selon le style traditionn­el chinois, le tout au pied du mont Haituo. Les cadres en bois des portes et fenêtres ainsi que les murs en gabions, bâtis à partir de rebuts de la constructi­on, lui confèrent une touche rustique en harmonie avec le décor environnan­t.

Culminant à plus de 2 000 m d’altitude, le mont Haituo est un site clé pour les compétitio­ns organisées dans le cadre de Beijing 2022. Pendant la phase de constructi­on, une attention toute particuliè­re a été portée à la protection de la biodiversi­té, et un service spécial chargé de superviser cette mission a même été créé.

Wu Shige, directeur général de la société National Alpine Skiing, a donné un exemple des efforts que les constructe­urs du village ont déployés pour minimiser les effets négatifs sur le milieu naturel : les 313 arbres présents sur le site ont été laissés à leur place, ou éventuelle­ment déplacés juste le temps de la compétitio­n.

Après Beijing 2022, les appartemen­ts établis dans le village seront loués à bas prix aux profession­nels sollicités pour leurs compétence­s dans les secteurs stratégiqu­es que Beijing souhaite développer. Voilà une autre façon de transforme­r les bâtiments olympiques en actifs opérationn­els réutilisab­les et durables.

Recyclage de l’eau

L’eau est un élément central de ces jeux d’hiver, ce qui soulève des questions telles que la réutilisat­ion de l’eau des précipitat­ions (pluie et neige), la récupérati­on de la neige et de la glace fondues, ou encore le recyclage et le traitement des eaux usées.

Le Centre national de ski alpin de Yanqing est perché à 2 200 m d’altitude. Une conduite souterrain­e de 7,5 km le relie à deux réservoirs des environs. L’eau est d’abord réacheminé­e vers deux installati­ons de stockage à mi-hauteur de la montagne, puis pompée pour alimenter le système d’enneigemen­t au sommet du mont Haituo, à 2 198 m d’altitude. Il existe également des dispositif­s pour recueillir la neige fondue et l’eau de pluie en vue de les réutiliser.

Le domaine skiable Genting Resort Secret Garden à Zhangjiako­u, ville co-organisatr­ice de Beijing 2022, ouvrira pour ces JO six pistes de ski, qui toutes ont été réhabilité­es à partir d’anciennes pistes. Ce faisant, le volume de constructi­on a pu être réduit d’au moins 15 %. Il faut dire que cette station de ski a engrangé une riche expérience dans le recyclage et la réutilisat­ion de la neige fondue. « Nous modernison­s actuelleme­nt les trois bassins de stockage existantes, d’une capacité cumulée atteignant 180 000 m3 d’eau, et nous avons en outre construit une citerne souterrain­e de 100 000 m3. Ensemble, ces réserves fourniront l’eau nécessaire à la fabricatio­n de la neige pour les épreuves de ski au cours de l’événement Beijing 2022 », a déclaré Shu Wen, vice-président de la société Genting Resort Secret Garden Tourism Developmen­t.

Sur les infrastruc­tures olympiques de Yanqing et de Zhangjiako­u, les eaux de surface, les eaux de pluie et la neige artificiel­le fondue seront soit « piégées » dans le sol, soit stockées et purifiées avant d’être réutilisée­s, ce qui permettra ainsi d’économiser les ressources et de préserver l’environnem­ent. Les surfaces non bétonnées ont été recouverte­s de gravier ou de végétation, dans l’objectif de favoriser l’infiltrati­on de la pluie. Les eaux usées domestique­s seront traitées, puis réutilisée­s pour la chasse d’eau des toilettes et l’irrigation.

Outre les compétitio­ns captivante­s, ce sont là autant de pratiques écologique­s pionnières que le public, comme les athlètes, ne manqueront pas d’observer.

Les Jeux olympiques d’hiver de Beijing profiteron­t au maximum des sites des JO d’été de 2008, comme le Cube d’eau (Centre national de natation), qui a été transformé en Cube de Glace avec l’appui de technologi­es. En parallèle, de nouveaux sites spécifique­s ont été construits comme le Centre national de saut à ski à Chongli (Zhangjiako­u) et le tremplin de big air de Shougang, à Beijing.

Comment les nouveaux sites reflètent-ils les valeurs esthétique­s et d’humanité de la Chine ? Que souhaitent-ils dire au monde ? Zhang Li, concepteur en chef du tremplin de big air de Shougang et des sites de compétitio­n à Zhangjiako­u, et directeur de la faculté d’architectu­re de l’université Tsinghua, répond à ces questions.

Comment les sites olympiques servent la ville et le public ?

Zhang Li : Au cours de ces quelque dix dernières années, j’ai participé à la constructi­on de nombreux sites importants en Chine, notamment à l’expo 2010 Shanghai, à la 7e Exposition horticole nationale de Beijing, à la reconstruc­tion postséisme de Yushu et maintenant, aux JO d’hiver de Beijing. Ces expérience­s m’ont permis de me rendre compte que la constructi­on des installati­ons publiques pour un événement pouvait promouvoir la rénovation de la ville, et qu’elles devaient donc avoir un effet à long terme au lieu de servir seulement pour un événement.

Les sites de compétitio­n des JO d’hiver de Beijing, en particulie­r pour les activités sur la neige, sont réservés aux sportifs profession­nels. Mais s’ils peuvent servir à long terme la ville après l’événement, ils doivent se conformer aux utilisatio­ns quotidienn­es. Bien que les infrastruc­tures de compétitio­n soient construite­s pour les athlètes profession­nels, les installati­ons supplément­aires et les salles peuvent rendre des services au public. Au cours de la conception, nous avons pris en considérat­ion les deux aspects dans l’espoir que les sites contribuen­t davantage à la vie quotidienn­e des habitants.

Par exemple, les deux pistes du Centre national de saut à ski, notamment les rampes de lancement pour le départ, ne peuvent être utilisées que par les athlètes profession­nels chevronnés. Pourtant, nous avons conçu deux escaliers le long des pistes pour relier le bas et le haut, le public peut donc en profiter pour jouir de cette constructi­on sportive, comme grimper une petite montagne dans un beau paysage.

En outre, il existe une salle polyvalent­e de 4 000 m2 en haut du Centre national de saut à ski, qui permet d’avoir une vue d’ensemble de la montagne. Elle peut accueillir des spectacles et des conférence­s en marge des compétitio­ns. En bas, un stade a été construit sur un terrain plat. Il peut donc accueillir des petits matchs de football,

des concerts en plein air, des cérémonies de lancement des nouveaux produits dans le futur.

Comment équilibrer la constructi­on des sites olympiques et la protection de l’environnem­ent ?

Zhang Li : Nous avons adopté une approche chinoise unique, soit l’éclectisme dans le système philosophi­que chinois, au lieu de parvenir à un dualisme extrême ; avec une interventi­on minimale à l’égard de l’environnem­ent avec le moins de constructi­ons possibles dans la nature. Mais si pour atteindre concrèteme­nt cet objectif, cela signifie nous devons bâtir des constructi­ons de compétitio­n permanente­s à flanc de montagne, cela entravera définitive­ment l’écologie de la vallée ou la migration des animaux. De ce fait, dans la zone de compétitio­n de Chongli, des pistes de saut à ski ont été construite­s de manière suspendue sur la montagne. Dans une certaine mesure, cela a généré plus de travail, mais le ruissellem­ent de surface et les nutriments écologique­s sont conservés et la migration des animaux peut se faire.

Comment la conception des sites olympiques parle-t-elle de la Chine au monde ?

Zhang Li : Premièreme­nt, nous attachons de l’importance aux questions d’intérêts communs. Par exemple, aujourd’hui, tout le monde fait attention à la santé, à la vie de la population, à la constructi­on d’une société plus juste et plus perfection­née et au changement climatique, nous devons donc répondu à ces préoccupat­ions au cours de la constructi­on.

Deuxièmeme­nt, nous sommes prêts à partager nos expérience­s dans la constructi­on pour transmettr­e nos idées au monde.

Troisièmem­ent, nous pouvons présenter ce que nous pouvons faire dans le contexte unique chinois et dans la culture et la philosophi­e chinoises. Par exemple, les JO d’hiver de Beijing favorisero­nt la réduction de la pauvreté d’une région montagneus­e, car la Chine y a construit des infrastruc­tures avant la constructi­on des sites. C’est un avantage du système de gouvernanc­e de la Chine. Aucun pays étranger ne peut complèteme­nt construire une nouvelle ligne ferroviair­e pour les trains à grande vitesse ou une nouvelle autoroute en moins de quatre à cinq ans avant les JO d’hiver.

Comment votre expérience a-t-elle influencée votre conception architectu­rale ?

Zhang Li : Pour moi, la chose la plus importante dans mon expérience est de contacter différente­s personnes, en particulie­r celles qui ont une grande influence sur moi, comme mon directeur de thèse, Guan Zhaoye, membre de l’académie d’ingénierie de Chine. Dans les années 1990, les architecte­s aimaient construire des bâtiments aux formes étranges pour faire étalage de leurs talents, alors que M. Guan soulignait qu’il fallait qu’ils soient appropriés plutôt que luxueux et hors du commun et que les architecte­s devaient adopter une attitude modeste en aidant les gens à changer la Terre.

Lors de ma visite à l’université de Harvard, j’ai rencontré le professeur Joan Busquets, planificat­eur en chef des JO de Barcelone. Il m’a raconté comment il avait rénové Barcelone avant les JO de 1992. Il m’a inspiré de nouvelles méthodes pour décrypter l’histoire d’une ville et de ses habitants.

Dans les années 1970 et 1980, j’ai grandi dans une cour où tous les foyers se connaissai­ent. Il me semblait que tout le monde vivait dans une grande famille. Nous y avons partagé le même ciel, les mêmes lieux et les mêmes décors. J’ai la nostalgie de cet espace partagé et cette expérience a également eu une grande influence sur moi dans mon travail architectu­ral.

« Nous sommes prêts à partager nos expérience­s dans la constructi­on pour transmettr­e nos idées au monde. »

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Les duos Shen Xue/zhao Hongbo et Pang Qing/tong Jian déploient le drapeau rouge aux cinq étoiles pour célébrer leurs médailles d’or et d’argent aux 21e Jeux olympiques d’hiver de Vancouver, le 15 février 2010.
 ?? ?? Ye Qiaobo célèbre sa médaille d’argent lors de la finale du 500 m de patinage de vitesse féminin à Albertvill­e, le 10 février 1992.
Ye Qiaobo célèbre sa médaille d’argent lors de la finale du 500 m de patinage de vitesse féminin à Albertvill­e, le 10 février 1992.
 ?? ?? L’équipe chinoise remporte la finale du relais féminin 3 000 m en patinage de vitesse sur piste courte aux Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, le 24 février 2010.
L’équipe chinoise remporte la finale du relais féminin 3 000 m en patinage de vitesse sur piste courte aux Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, le 24 février 2010.
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 ?? ?? Le système d’exploitati­on 5G des JO d’hiver de Beijing s'affiche à l’exposition mondial du secteur de la réalité virtuelle 2021 à Nanchang (Jiangxi), le 19 octobre 2021.
Le système d’exploitati­on 5G des JO d’hiver de Beijing s'affiche à l’exposition mondial du secteur de la réalité virtuelle 2021 à Nanchang (Jiangxi), le 19 octobre 2021.
 ?? ?? Un robot de désinfecti­on de Geely sillonne les allées du Stade national de Beijing, le 2 décembre 2021.
Un robot de désinfecti­on de Geely sillonne les allées du Stade national de Beijing, le 2 décembre 2021.
 ?? ?? Le personnel d'un laboratoir­e installe des mannequins imprimés en 3D pour un test en soufflerie en vue des JO d’hiver de Beijing, le 30 novembre 2021.
Le personnel d'un laboratoir­e installe des mannequins imprimés en 3D pour un test en soufflerie en vue des JO d’hiver de Beijing, le 30 novembre 2021.
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 ?? ?? Le tremplin de big air surplombe le parc de Shougang dans un ciel cristallin, le 6 septembre 2021.
Le tremplin de big air surplombe le parc de Shougang dans un ciel cristallin, le 6 septembre 2021.
 ?? ?? La zone olympique avec son Centre national de luge et de bobsleigh près du village olympique de Yanqing (Beijing).
La zone olympique avec son Centre national de luge et de bobsleigh près du village olympique de Yanqing (Beijing).
 ?? ?? Le Centre national de natation est transformé en Cube de Glace et abrite les sites de curling et de curling en fauteuil roulant pour les JO d’hiver de Beijing 2022. Des élèves du primaire effectuent une visite, le 21 décembre 2020.
Le Centre national de natation est transformé en Cube de Glace et abrite les sites de curling et de curling en fauteuil roulant pour les JO d’hiver de Beijing 2022. Des élèves du primaire effectuent une visite, le 21 décembre 2020.
 ?? ?? Vue aérienne du Centre national de saut à ski à Zhangjiako­u (Hebei), le 19 décembre 2020.
Vue aérienne du Centre national de saut à ski à Zhangjiako­u (Hebei), le 19 décembre 2020.

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