De 1978 à 2022 : l’ascension de la Chine aux Jeux olympiques d’hiver
Par un jour de mi-octobre 1978, la jeune patineuse de vitesse Ye Qiaobo, âgée de 14 ans, et les membres juniors de l’équipe sportive du « 1er Août » de l’armée populaire de Libération, étaient en route pour s’entraîner à Heihe, Nenjiang, Hailar et Qiqihar, des villes et des districts situés dans le nord-est de la Chine. Ils n’imaginaient pas alors que la troisième session plénière du XIE Comité central du Parti communiste chinois, qui se tiendrait deux mois plus tard, amorcerait la réforme et l’ouverture, inaugurant une période d’opportunités et de développement pour les sports de glace et de neige en Chine. Ye Qiaobo ne le savait pas encore non plus, mais elle deviendrait, quatorze ans plus tard, la première médaillée chinoise de l’histoire aux Jeux olympiques d’hiver.
Les premiers succès
En février 1980, une délégation chinoise s’est
rendue pour la première fois à l’étranger pour participer aux XIIIES Jeux olympiques d’hiver à Lake Placid aux États-unis. À l’époque, bien que les sportifs chinois n’aient pas obtenu de bons résultats en raison de leur manque d’expérience ainsi que de vêtements et d’équipements médiocres, c’était la toute première fois que des représentants de la Chine nouvelle étaient présents sur la scène sportive internationale.
Dans les années 1980, le patinage et le ski étaient des sports de niche en Chine. En 1988, lors des Xves JO d’hiver de Calgary au Canada, la durée des compétitions a été allongée pour la première fois à 16 jours. Cependant, comme la Chine ne s’est pas qualifiée en hockey sur glace, que son niveau en ski alpin, en saut à ski et en biathlon était faible, et que les compétitions de bobsleigh et de luge n’ont pas eu lieu, elle a envoyé une délégation de seulement 20 personnes pour participer à trois épreuves. Bien que l’athlète Li Yan ait remporté la médaille d’or au 1000 m et la médaille de bronze au 500 m et au 1500 m lors des épreuves de démonstration de patinage de vitesse sur piste courte féminin, la délégation chinoise n’a obtenu aucune médaille dans les compétitions officielles.
Quatre ans plus tard, lors des XVIES JO d’hiver à Albertville en France, en 1992, 34 athlètes de la délégation chinoise ont participé à 34 épreuves, dont le ski, le patinage et le biathlon. Ye Qiaobo a terminé deuxième du 500 m de patinage de vitesse féminin en 40,51 s, remportant la médaille d’argent et écrivant ainsi une page de l’histoire chinoise aux Jeux olympiques d’hiver et dans les sports d’hiver. Se remémorant la compétition, Mme Ye a déclaré avec regret : « Je voulais tellement gagner, mais il y a eu une collision accidentelle dans la zone de croisement et j’ai ainsi raté la médaille d’or. J’étais à la fois heureuse et déçue ! » Par la suite, elle a conquis une autre médaille d’argent au 1 000 m, alors qu’elle était blessée. Cette même année, Li Yan, une autre célèbre patineuse de vitesse sur piste courte, s’est couverte d’argent au 500 m, tandis que Chen Lu a terminé sixième dans la compétition de patinage artistique, soit le meilleur résultat de la délégation chinoise dans ce sport.
En 1994, les XVIIES JO d’hiver se sont déroulés à Lillehammer en Norvège. À l’âge de 17 ans, Chen Lu, qui avait fait ses débuts aux JO d’hiver précédents, a réalisé une série complète de mouvements de grande difficulté, dont 7 triples sauts, dans la compétition de patinage artistique individuel féminin, remportant la première médaille de bronze pour la délégation chinoise aux Jeux olympiques d’hiver et faisant enfin rayonner la beauté orientale sur la patinoire de cette discipline artistique, dominée par les Européens et les Américains depuis une centaine d’années.
Aux XVIIIES JO d’hiver à Nagano au Japon, en 1998, le nombre de participants de la délégation chinoise a atteint un nouveau record. Un total de 60 athlètes a concouru dans 40 épreuves différentes, dont le patinage de vitesse sur piste courte, le patinage de vitesse, le hockey sur glace féminin, le patinage artistique, le ski acrobatique, le biathlon et le ski de fond. La Chine a obtenu 6 médailles d’argent et 2 médailles de bronze et s’est classée 16e au tableau des médailles. En décrochant l’argent dans l’épreuve de saut en ski acrobatique féminin, la jeune athlète Xu Nannan a marqué l’histoire en offrant à la Chine sa première médaille aux épreuves de neige des JO d’hiver.
Sur le devant de la scène
Plus de 20 ans après la réforme et l’ouverture, une période glorieuse a commencé pour les sports
Aujourd’hui, la Chine compte plus de 700 stations de ski, plus de 250 patinoires couvertes et plus de 15 millions de skieurs.
d’hiver chinois. Lors des JO d’hiver de 2002 à Salt Lake City aux États-unis, Yang Yang a gagné l’épreuve du 500 m de patinage de vitesse sur piste courte femmes avec un temps de 44,187 s. C’était la première médaille d’or de la délégation chinoise dans l’histoire des Jeux olympiques d’hiver, concrétisant ainsi le rêve de plusieurs générations de patineurs chinois.
Lors des JO d’hiver de 2006 à Turin (Italie), le nombre de participants de la Chine aux sports de neige a dépassé pour la première fois celui des sports de glace. L’équipe de saut en ski acrobatique s’est particulièrement illustrée. Han Xiaopeng a arraché une médaille d’or inattendue en saut acrobatique masculin, battant de nombreux concurrents européens et américains de premier plan. C’est ainsi qu’il est devenu le premier médaillé d’or asiatique en ski acrobatique, et le premier skieur chinois sur la plus haute marche du podium des JO d’hiver.
Aux JO d’hiver de 2010 à Vancouver (Canada), les patineuses de vitesse sur piste courte chinoises ont raflé les quatre médailles d’or des épreuves individuelles, réalisant ainsi un grand chelem. Parmi elles, Wang Meng a non seulement défendu avec succès son titre sur 500 m, mais a également décroché la médaille d’or au 1000 m. De plus, avec ses coéquipières Zhou Yang, Sun Linlin et Zhang Hu, elle a remporté le relais féminin en 4 min 06 et a battu le record du monde. Avec six médailles, dont quatre en or, Wang Meng reste aujourd’hui encore l’athlète chinoise la plus titrée aux Jeux olympiques d’hiver.
Entre-temps, l’équipe de patinage artistique a également obtenu des résultats sans précédent. Les patineurs Shen Xue et Zhao Hongbo, qui avaient annoncé leur retraite en 2000 et s’étaient mariés, sont revenus afin de réaliser leur rêve de se parer d’or aux JO d’hiver. À Vancouver, pour ses quatrièmes olympiades, le couple a accompli une performance fascinante qui lui a valu une longue ovation. Avec un score total de 216,57 (dont 139,91 points en patinage libre), Shen Xue et Zhao Hongbo ont établi un nouveau record de l’union internationale de patinage, devenant ainsi les champions incontestés.
En 2014, aux JO d’hiver de Sotchi (Russie), Zhang Hong a elle aussi marqué l’histoire en remportant l’or au 1000 m de patinage de vitesse. Quatre ans plus tard, aux JO d’hiver de 2018 à Pyeongchang (Corée du Sud), le patineur de vitesse sur piste courte Wu Dajing a ramené la seule médaille d’or de la délégation chinoise, malgré des conditions d’arbitrage très défavorables.
En 2015, la Chine a été élue pays hôte pour accueillir les Jeux olympiques d’hiver à Beijing en 2022, ce qui a marqué le début d’une importante opportunité historique pour le développement des sports d’hiver du pays. Aujourd’hui, la Chine compte plus de 700 stations de ski, plus de 250 patinoires couvertes et plus de 15 millions de skieurs. « Le pays a commencé à accorder de l’importance aux sports de glace et de neige, le soutien à ces sports a progressivement augmenté, les athlètes participent plus souvent à des compétitions à l’étranger et leur niveau n’a cessé de s’améliorer », a déclaré Zhao Yinggang, ancien directeur du Centre des sports d’hiver de l’administration nationale des Sports.
À l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Beijing, les sports de glace et de neige connaissent une croissance sans précédent en Chine. De plus en plus de personnes se rendent sur les patinoires et dans les stations de ski, et le pays est en train d’atteindre son objectif d’inciter 300 millions de personnes à chausser les skis ou les patins. *WANG JING est journaliste à
China Sports Daily.
Les JO high-tech constituent l’une des visions des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing afin d’explorer de meilleures solutions à titre de référence et de réaliser l’objectif durable de la vie urbaine respectueuse des personnes, de l’environnement, des industries et de la communauté.
Qu’il s’agisse de l’anneau national de patinage de vitesse (le Ruban de Glace), de l’environnement des pistes et de la garantie de confort pour les spectateurs, ou de la traçabilité des produits dans la chaîne alimentaire du froid, les réalisations high-tech ajoutent aux événements sportifs des éléments très cool pour répondre aux exigences de ces Jeux.
Tout est prêt avant la date prévue
Le 31 juillet 2015, le Comité international olym
pique (CIO) a annoncé que Beijing et Zhangjiakou avaient obtenu le droit d’organiser conjointement les JO d’hiver de 2022. Depuis lors, la capitale chinoise a commencé à déployer son savoir-faire dans la R&D avec l’appui de différents ministères et commissions, notamment le ministère des Sciences et Technologies.
Les JO d’hiver high-tech disposent à la fois de conceptions innovantes et de services robotisés. En 2019, la Commission municipale des sciences et technologies de Beijing a initié en collaboration avec les établissements concernés un travail de recueil des idées créatives et de sélection des robots pour les services. « Nous attachons une haute importance à la mise en oeuvre de ces deux missions, en coordonnant la construction des scénarios d’application pratiques dans des zones clés de Beijing, pour promouvoir l’industrialisation et la commercialisation des technologies et des produits connexes », a remarqué Xu Xinchao, directeur adjoint de cette commission.
Lors du travail d’évaluation et de sélection des produits innovants en matière de robots de service, Beijing a mis en place des tests, procédé à des vérifications et des démonstrations avec des applications en condition réelle afin d’améliorer leur adaptabilité aux scénarios d’application, et fournir les meilleurs produits et solutions.
Afin de promouvoir les projets liés aux JO d’hiver high-tech et de stimuler l’application de nouveaux produits et technologies, Beijing a organisé de nombreuses réunions de mise en relation. Selon M. Xu, des produits technologiques innovants dans les domaines des robots intelligents, de la sécurité intelligente, des systèmes d’affichage, de la cartographie et de la surveillance météorologique ont déjà été appliqués, apportant un solide soutien aux préparatifs des JO d’hiver.
Lors du Forum de Zhongguancun 2021 et de la Semaine nationale de l’innovation et de l’entrepreneuriat de masse 2021 à Beijing, quantité de réalisations des JO d’hiver high-tech ont été dévoilées, notamment le système de stockage intelligent de JD, l’écran LED de Leyard, la diffusion sur le « nuage » de New Auto, le logiciel d’informations cartographiques de Navinfo, le système de reconnaissance faciale de Jiuyi Technology, et la station météorologique intelligente de Huayun Sounding.
Des solutions adaptées
Le Ruban de Glace est le seul site de compétition sur glace nouvellement construit pour les JO d’hiver 2022. Son toit ressemble au cordage d’une raquette. La pièce cruciale pour tresser ce cordage est un câble hermétique à haute teneur en vanadium. Au début de la construction, ce produit n’était pas fabriqué en Chine. « Grâce à cette opportunité, nous avons souhaité franchir les obstacles techniques pour réaliser la localisation des technologies essentielles », a noté Li Jiulin, ingénieur en chef de la construction du Ruban de Glace. En avril 2019, les travaux du toit étaient terminés, la fabrication des câbles étant localisée. « Si nous n’avions pas pu maîtriser cette technologie de manière autonome, les coûts de fabrication et de transport auraient été extrêmement élevés », a-t-il ajouté.
Pendant les JO d’hiver, la température dans la zone de compétition de Zhangjiakou chutera sous la barre de zéro degré. La Chine fait grand cas de la recherche afin d’améliorer l’environnement des
pistes et le confort des spectateurs. Depuis 2018, Cao Bin, professeur associé de la faculté d’architecture de l’université Tsinghua, et son équipe ont effectué des travaux de recherche fondamentale et de R&D, s’efforçant d’offrir une garantie de confort thermique efficace au public et au personnel sur place dans des conditions de froid extrême. Sur la base théorique de la régulation thermique du corps humain, ils ont utilisé un mannequin biothermique pour simuler le processus de production et de dissipation de la chaleur corporelle. « Nous avons placé le mannequin dans différentes conditions météorologiques et analysé la température de surface de diverses parties pour juger du confort thermique », a expliqué M. Cao.
Avec la pandémie de COVID-19, il est essentiel de prévenir la propagation du virus par la chaîne alimentaire du froid. Beijing Academy of Blockchain and Edge Computing (BABEC) a développé une plateforme destinée à la traçabilité des produits de la chaîne du froid qui tient compte de la confidentialité des données et des exigences réglementaires lors de l’utilisation des informations, fournissant un soutien efficace pour le contrôle épidémique permanent et pour la supervision de la chaîne du froid pendant ces JO d’hiver. « Fin octobre 2021, on comptait plus de 20 000 entreprises ayant accès à cette plateforme, 560 000 tonnes de marchandises avaient été tracées, et plus de 200 cas de test de coronavirus positif dans les produits de la chaîne du froid ont été traités », selon un employé de BABEC.
Comment faire en sorte que les malentendants profitent des compétitions ? Un « humain numérique » destiné à la diffusion en langue des signes conçu par Beijing Academy of Artificial Intelligence (BAAI) peut les aider ! Lorsque des informations sont diffusées, ce robot effectue de manière automatique et en temps réel des gestes en langue des signes, permettant aux malentendants de suivre le déroulement des compétitions.
Des perspectives prometteuses
À l’approche des Jeux, les sports d’hiver deviennent de plus en plus populaires en Chine, offrant au secteur d’amples perspectives. La Chine soutient aussi la R&D en matière d’équipements, et des progrès positifs et fructueux ont été enregistrés.
La conversion et la mise en valeur des acquis technologiques chinois clés pour les cabines de téléphérique débrayable à grande vitesse et de grande capacité ont fait l’objet d’un projet pilote dans la zone de compétitions de Zhangjiakou. Par ailleurs, la technologie intégrée d’enneigement artificiel et de réserve de neige quand la température dépasse zéro degré Celsius a abouti à des premiers résultats concluants, le prototype pouvant produire 6 m3 de neige par heure.
« À l’occasion des JO d’hiver, nous espérons que les sports d’hiver de masse et de compétition, ainsi que le secteur, pourront effectuer des bonds dans leur développement », a remarqué Ni Huizhong, directeur du Centre de gestion des sports d’hiver de l’administration générale d’état des sports.
Le 23 juin 2021, le Rapport sur le patrimoine des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Beijing 2022 (2020) a été publié, affirmant qu’au cours de ces cinq dernières années, la Chine avait amélioré rapidement le système de soutien politique destiné au développement du secteur. Fin 2019, il générait 423,5 milliards de yuans, une augmentation de 56,9 % par rapport à 2015 (270 milliards de yuans). Wang Zhigang, ministre des Sciences et Technologies a par ailleurs souligné que les acquis technologiques des JO d’hiver devaient servir de manière utile, qu’il fallait synchroniser le court terme avec le long terme, et répondre aux besoins des compétitions tout en développant les secteurs concernés.
Les réalisations hightech ajoutent aux événements sportifs des éléments très cool pour répondre aux exigences de ces Jeux.
Plus approche la date d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022, plus l’approche « bas carbone » de cet événement se confirme. Cette tendance s’observe tout d’abord dans la réutilisation des installations sportives. Trop souvent dans l’histoire des JO d’hiver, des stades et autres terrains de sport ont été laissés à l’abandon une fois les jeux clos. Afin de réduire le gaspillage, ainsi que l’impact sur l’environnement, le Comité d’organisation des JO d’hiver de Beijing travaille avec les villes hôtes de l’édition 2022, à dessein de tirer le meilleur parti des lieux d’accueil qui avaient été édifiés pour les JO de Beijing 2008. Parmi les cinq sites où se dérouleront les rencontres sportives sur glace de Beijing 2022, seul un a été construit pour l’occasion : l’anneau national de patinage de vitesse (surnommé le « Ruban de glace »). Les quatre autres ont été rénovés pour répondre aux exigences écologiques et aux besoins des compétitions de ces prochains JO.
Des sites « verts »
Pour fabriquer la glace nécessaire aux sports d’hiver, l’on utilise traditionnellement des solutions réfrigérantes qui contiennent une quantité importante de fréon, l’un des gaz responsables de la destruction de la couche d’ozone. Mais le Palais omnisports de Wukesong et l’anneau national de patinage de vitesse à Beijing ont opté pour la technologie de réfrigération au CO2 transcritique, qui permet d’abaisser le volume des émissions de gaz à effet de serre à un niveau proche de zéro. Selon les estimations, la réduction des émissions réalisée en appliquant cette innovation équivaudrait au rejet annuel de 3 900 automobiles. Par ailleurs, grâce à cette technologie, la consommation d’énergie pourrait baisser de 40 % ou plus, et plus de 75 % de la chaleur résiduelle sera recyclée.
Les sites ont également été remodelés de façon à maximiser l’éclairage naturel, avec l’ajout de murs-rideaux en verre, de puits de lumière et de grandes places en contrebas. Les panneaux photovoltaïques tapissant le toit peuvent générer 700 000 kwh chaque année, et des lumières LED ont été installées en vue de réduire la consommation d’électricité. Selon le vice-président du Comité international olympique, Juan Antonio Samaranch, c’est la première fois dans l’histoire des JO que tous les lieux d’accueil des compétitions utiliseront de l’électricité provenant d’une
énergie verte. Il s’agit d’un événement marquant de Beijing 2022, dont il se félicite.
De plus, les systèmes de climatisation et de ventilation peuvent recycler jusqu’à 70 % de la chaleur résiduelle produite lors de leur fonctionnement, et ainsi réduire la consommation d’énergie grâce à leurs fonctions de pré-refroidissement/chauffage. Et ce ne sont là que quelques exemples des technologies de pointe sur lesquelles s’appuieront ces JO « verts ».
Parmi les divers sites, le Palais omnisports de la capitale sera celui où se tiendra le plus grand nombre d’événements au programme de Beijing 2022. Construit dans les années 1950, ce complexe a été rénové et pourra répondre aux nécessités des sports d’hiver, aussi bien pendant qu’après ces JO. Modulable, il pourra également être adapté pour les sports d’été au besoin.
L’un des critères déterminants dans la conception du nouvel Anneau national de patinage de vitesse était son utilisation post-olympique. Dans les différentes sections de ce site, la glace est fabriquée selon les normes propres aux différents sports qui y seront pratiqués. Après Beijing 2022, cette en
ceinte pourra accueillir plus de 2 000 personnes, pour toutes sortes de sports de glace (hockey sur glace, curling ou patinage, par exemple).
En outre, le Comité d’organisation met à profit les installations réaménagées de Shougang (un géant de la sidérurgie qui a délocalisé ses activités hors de la capitale chinoise), afin de satisfaire ses besoins croissants en bureaux et d’organiser des événements connexes. Ce faisant, il réduit son impact sur les ressources naturelles et l’environnement.
Un village écologique
Le village olympique de ces JO d’hiver, situé dans l’arrondissement de Yanqing à Beijing, se compose d’un amoncellement de maisons avec cour selon le style traditionnel chinois, le tout au pied du mont Haituo. Les cadres en bois des portes et fenêtres ainsi que les murs en gabions, bâtis à partir de rebuts de la construction, lui confèrent une touche rustique en harmonie avec le décor environnant.
Culminant à plus de 2 000 m d’altitude, le mont Haituo est un site clé pour les compétitions organisées dans le cadre de Beijing 2022. Pendant la phase de construction, une attention toute particulière a été portée à la protection de la biodiversité, et un service spécial chargé de superviser cette mission a même été créé.
Wu Shige, directeur général de la société National Alpine Skiing, a donné un exemple des efforts que les constructeurs du village ont déployés pour minimiser les effets négatifs sur le milieu naturel : les 313 arbres présents sur le site ont été laissés à leur place, ou éventuellement déplacés juste le temps de la compétition.
Après Beijing 2022, les appartements établis dans le village seront loués à bas prix aux professionnels sollicités pour leurs compétences dans les secteurs stratégiques que Beijing souhaite développer. Voilà une autre façon de transformer les bâtiments olympiques en actifs opérationnels réutilisables et durables.
Recyclage de l’eau
L’eau est un élément central de ces jeux d’hiver, ce qui soulève des questions telles que la réutilisation de l’eau des précipitations (pluie et neige), la récupération de la neige et de la glace fondues, ou encore le recyclage et le traitement des eaux usées.
Le Centre national de ski alpin de Yanqing est perché à 2 200 m d’altitude. Une conduite souterraine de 7,5 km le relie à deux réservoirs des environs. L’eau est d’abord réacheminée vers deux installations de stockage à mi-hauteur de la montagne, puis pompée pour alimenter le système d’enneigement au sommet du mont Haituo, à 2 198 m d’altitude. Il existe également des dispositifs pour recueillir la neige fondue et l’eau de pluie en vue de les réutiliser.
Le domaine skiable Genting Resort Secret Garden à Zhangjiakou, ville co-organisatrice de Beijing 2022, ouvrira pour ces JO six pistes de ski, qui toutes ont été réhabilitées à partir d’anciennes pistes. Ce faisant, le volume de construction a pu être réduit d’au moins 15 %. Il faut dire que cette station de ski a engrangé une riche expérience dans le recyclage et la réutilisation de la neige fondue. « Nous modernisons actuellement les trois bassins de stockage existantes, d’une capacité cumulée atteignant 180 000 m3 d’eau, et nous avons en outre construit une citerne souterraine de 100 000 m3. Ensemble, ces réserves fourniront l’eau nécessaire à la fabrication de la neige pour les épreuves de ski au cours de l’événement Beijing 2022 », a déclaré Shu Wen, vice-président de la société Genting Resort Secret Garden Tourism Development.
Sur les infrastructures olympiques de Yanqing et de Zhangjiakou, les eaux de surface, les eaux de pluie et la neige artificielle fondue seront soit « piégées » dans le sol, soit stockées et purifiées avant d’être réutilisées, ce qui permettra ainsi d’économiser les ressources et de préserver l’environnement. Les surfaces non bétonnées ont été recouvertes de gravier ou de végétation, dans l’objectif de favoriser l’infiltration de la pluie. Les eaux usées domestiques seront traitées, puis réutilisées pour la chasse d’eau des toilettes et l’irrigation.
Outre les compétitions captivantes, ce sont là autant de pratiques écologiques pionnières que le public, comme les athlètes, ne manqueront pas d’observer.
Les Jeux olympiques d’hiver de Beijing profiteront au maximum des sites des JO d’été de 2008, comme le Cube d’eau (Centre national de natation), qui a été transformé en Cube de Glace avec l’appui de technologies. En parallèle, de nouveaux sites spécifiques ont été construits comme le Centre national de saut à ski à Chongli (Zhangjiakou) et le tremplin de big air de Shougang, à Beijing.
Comment les nouveaux sites reflètent-ils les valeurs esthétiques et d’humanité de la Chine ? Que souhaitent-ils dire au monde ? Zhang Li, concepteur en chef du tremplin de big air de Shougang et des sites de compétition à Zhangjiakou, et directeur de la faculté d’architecture de l’université Tsinghua, répond à ces questions.
Comment les sites olympiques servent la ville et le public ?
Zhang Li : Au cours de ces quelque dix dernières années, j’ai participé à la construction de nombreux sites importants en Chine, notamment à l’expo 2010 Shanghai, à la 7e Exposition horticole nationale de Beijing, à la reconstruction postséisme de Yushu et maintenant, aux JO d’hiver de Beijing. Ces expériences m’ont permis de me rendre compte que la construction des installations publiques pour un événement pouvait promouvoir la rénovation de la ville, et qu’elles devaient donc avoir un effet à long terme au lieu de servir seulement pour un événement.
Les sites de compétition des JO d’hiver de Beijing, en particulier pour les activités sur la neige, sont réservés aux sportifs professionnels. Mais s’ils peuvent servir à long terme la ville après l’événement, ils doivent se conformer aux utilisations quotidiennes. Bien que les infrastructures de compétition soient construites pour les athlètes professionnels, les installations supplémentaires et les salles peuvent rendre des services au public. Au cours de la conception, nous avons pris en considération les deux aspects dans l’espoir que les sites contribuent davantage à la vie quotidienne des habitants.
Par exemple, les deux pistes du Centre national de saut à ski, notamment les rampes de lancement pour le départ, ne peuvent être utilisées que par les athlètes professionnels chevronnés. Pourtant, nous avons conçu deux escaliers le long des pistes pour relier le bas et le haut, le public peut donc en profiter pour jouir de cette construction sportive, comme grimper une petite montagne dans un beau paysage.
En outre, il existe une salle polyvalente de 4 000 m2 en haut du Centre national de saut à ski, qui permet d’avoir une vue d’ensemble de la montagne. Elle peut accueillir des spectacles et des conférences en marge des compétitions. En bas, un stade a été construit sur un terrain plat. Il peut donc accueillir des petits matchs de football,
des concerts en plein air, des cérémonies de lancement des nouveaux produits dans le futur.
Comment équilibrer la construction des sites olympiques et la protection de l’environnement ?
Zhang Li : Nous avons adopté une approche chinoise unique, soit l’éclectisme dans le système philosophique chinois, au lieu de parvenir à un dualisme extrême ; avec une intervention minimale à l’égard de l’environnement avec le moins de constructions possibles dans la nature. Mais si pour atteindre concrètement cet objectif, cela signifie nous devons bâtir des constructions de compétition permanentes à flanc de montagne, cela entravera définitivement l’écologie de la vallée ou la migration des animaux. De ce fait, dans la zone de compétition de Chongli, des pistes de saut à ski ont été construites de manière suspendue sur la montagne. Dans une certaine mesure, cela a généré plus de travail, mais le ruissellement de surface et les nutriments écologiques sont conservés et la migration des animaux peut se faire.
Comment la conception des sites olympiques parle-t-elle de la Chine au monde ?
Zhang Li : Premièrement, nous attachons de l’importance aux questions d’intérêts communs. Par exemple, aujourd’hui, tout le monde fait attention à la santé, à la vie de la population, à la construction d’une société plus juste et plus perfectionnée et au changement climatique, nous devons donc répondu à ces préoccupations au cours de la construction.
Deuxièmement, nous sommes prêts à partager nos expériences dans la construction pour transmettre nos idées au monde.
Troisièmement, nous pouvons présenter ce que nous pouvons faire dans le contexte unique chinois et dans la culture et la philosophie chinoises. Par exemple, les JO d’hiver de Beijing favoriseront la réduction de la pauvreté d’une région montagneuse, car la Chine y a construit des infrastructures avant la construction des sites. C’est un avantage du système de gouvernance de la Chine. Aucun pays étranger ne peut complètement construire une nouvelle ligne ferroviaire pour les trains à grande vitesse ou une nouvelle autoroute en moins de quatre à cinq ans avant les JO d’hiver.
Comment votre expérience a-t-elle influencée votre conception architecturale ?
Zhang Li : Pour moi, la chose la plus importante dans mon expérience est de contacter différentes personnes, en particulier celles qui ont une grande influence sur moi, comme mon directeur de thèse, Guan Zhaoye, membre de l’académie d’ingénierie de Chine. Dans les années 1990, les architectes aimaient construire des bâtiments aux formes étranges pour faire étalage de leurs talents, alors que M. Guan soulignait qu’il fallait qu’ils soient appropriés plutôt que luxueux et hors du commun et que les architectes devaient adopter une attitude modeste en aidant les gens à changer la Terre.
Lors de ma visite à l’université de Harvard, j’ai rencontré le professeur Joan Busquets, planificateur en chef des JO de Barcelone. Il m’a raconté comment il avait rénové Barcelone avant les JO de 1992. Il m’a inspiré de nouvelles méthodes pour décrypter l’histoire d’une ville et de ses habitants.
Dans les années 1970 et 1980, j’ai grandi dans une cour où tous les foyers se connaissaient. Il me semblait que tout le monde vivait dans une grande famille. Nous y avons partagé le même ciel, les mêmes lieux et les mêmes décors. J’ai la nostalgie de cet espace partagé et cette expérience a également eu une grande influence sur moi dans mon travail architectural.
« Nous sommes prêts à partager nos expériences dans la construction pour transmettre nos idées au monde. »