Le train de fret Chine-europe sur les bons rails
Mi-avril, un lot de cellules photovoltaïques d’une valeur de près de 10 millions de yuans est arrivé en France via le train de fret Chine-europe (TFCE), le cinquième de la société TW Solar de Chengdu (Sichuan) exporté vers l’union européenne cette année. Au cours du seul premier trimestre, la société a reçu plus de 400 millions de yuans de commandes à l’exportation. Yan Yi, chef adjoint des douanes de Qingbaijiang, une antenne des douanes de Chengdu, a déclaré qu’au cours de cette période, le volume du commerce international des entreprises privées de la province avait doublé par rapport à l’an passé, et que les exportations vers la France, l’italie et d’autres pays avaient progressé de plus de 60 %. Le volume des marchandises importées augmente également d’année en année, et le nombre des entreprises de commerce international entre le Sichuan et l’europe est passé de plus de 200 en 2017 à plus de 17 000 actuellement, précise-t-il.
Les échanges passent à la vitesse supérieure grâce au TFCE. Li Junfeng, directeur général adjoint de la société Chengdu International Railway
numérique. Des intentions qui, il y a seulement une décennie, n’étaient pas si intuitives. » L’UE est un mode collaboratif de développement de l’économie de la data, mêlant les principes d’une politique volontariste et les contraintes liées à la diversité des nations qui la composent. En juillet 2021, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le début d’un projet pilote de deux ans en vue d’introduire un euro numérique.
La Chine affronte une autre complexité : c’est un pays-monde par la taille, la diversité des cultures et des situations économiques locales. Comme indiqué dans son XIVE Plan quinquennal (2021-2025), la Chine va poursuivre ses investissements en matière de recherche et développement dans l’économie numérique. On citera deux traits emblématiques de l’importance qu’elle attache à l’économie de la donnée. L’avance de la Chine est considérable dans l’univers des monnaies digitales souveraines caractérisées par leur complexité technologique et leur puissant impact social et économique. Là où la plupart des pays développés en sont au stade des études ou, au mieux, au stade des expérimentations, la Chine est en phase d’implémentation, notamment grâce à la Banque populaire de Chine (BPC, soit la banque centrale du pays) et à son yuan numérique. En effet, la BPC a annoncé le 2 avril que son programme pilote de yuan numérique allait être étendu à davantage de villes du pays suite à son fonctionnement réussi au cours des dernières années. D’autre part, la Chine est en passe de créer une économie totalement nouvelle fondée sur la construction d’infrastructures gigantesques : giga-ordinateurs, technologies quantiques de transmission et protection des données, puissance de calcul affectée à tous les domaines sociaux et économiques.
Les États-unis, enfin, ont eux aussi à affronter des défis économiques et sociétaux d’autant plus aigus que c’est en leur sein que l’économie de la donnée a émergé et pris une forme révolutionnaire. La grande différence avec L’UE et la Chine tient à l’origine presque totalement « privée » de ce mouvement et à ce qu’y émergent sans cesse des créateurs, des entreprises et des consommateurs s’intégrant très vite dans « l’économie de la data ». Ce processus où l’on voit l’état américain laisser à des conglomérats gigantesques la liberté de traiter de pans entiers d’attributs et de compétences de l’état n’est en soi pas original : les grandes transformations économiques américaines sont venues de cette initiative entrepreneuriale et de son enracinement libéral. En revanche, non seulement les entreprises ressortant de l’économie de la data changent l’échelle de la puissance privée et paraissent de plus en plus portées à « challenger » les pouvoirs publics américains, mais elles s’expriment aussi comme de nouvelles multinationales au-dessus des États.
Le monde de l’économie numérique n’est pas « neutre »
N’ayons pas d’illusions, l’économie digitale, l’économie de la donnée n’est pas « neutre et scientifique », elle devient progressivement un lieu éminent de luttes pour la suprématie de cultures et de valeurs sociales. Elle transforme la façon dont les grands ensembles culturels et politiques conçoivent l’homme et se proposent de façonner son avenir aussi bien individuel que collectif.
Dans un monde qui se fragmente, où les Internet nationaux commencent à morceler l’univers digital de l’internet des débuts, les économies numériques disposeront d’armes sans pareilles, le combat pour une vraie éthique demandera très vite de nouveaux boucliers.
Prise en étau entre les deux puissances actuelles que sont la Chine et les États-unis, la vieille Europe peut encore réussir la prouesse de s’émanciper de l’internet américain et de construire une économie numérique autour de ses valeurs humanistes.
La force de l’europe réside dans l’apport de nouvelles valeurs, de réflexions profondes en matière d’éthique, de législation afin de proposer une civilisation connectée et humaniste. Seraient-ce ses propres « Routes de la Soie numérique » ? Ce seraient surtout des routes qui s’écarteraient de la pure et pire recherche du rendement à court terme et promouvraient l’idée que l’économie numérique doit suivre « une vraie route » au service de l’homme.
L’économie numérique serait ainsi la quatrième ou cinquième révolution industrielle : une révolution radicale.