Coup de Pouce

Ma copine Catherine et moi nous ressemblon­s beaucoup. Même domaine profession­nel, deux enfants du même âge, même vision de l’éducation et de bien des sujets de société. Pourtant, nos quotidiens sont diamétrale­ment opposés: quand nos aînés ont eu un an, je

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Quand je lui demande d’où est venue sa décision, elle me dit que c’était décidé bien avant de devenir mère. «Je n’aurais pas fait d’enfants avec un gars qui n’aurait pas voulu que je reste à la maison. J’ai vu beaucoup de parents qui travaillai­ent et qui vivaient une course effrénée chaque jour, et je ne voulais pas de ça pour moi et mes petits.»

Un choix qui n’est pas sans sacrifices: le conjoint de Catherine ne fait pas un salaire faramineux, alors le budget familial est réduit au strict minimum. «Oui, l’argent est un souci. On paie nos comptes, les enfants sont nourris et vêtus. Mais quand je visite des familles où les deux parents travaillen­t, je vois ce que je manque. Cela dit, on vit en fonction du choix qu’on a fait. Chez nous, le matin, on paresse, on va jouer près du ruisseau derrière la maison, on observe les salamandre­s, tranquille­ment. On a un rythme de vie au ralenti. Je n’envie pas du tout ceux qui courent vers la garderie.» pas travailler qu’elles restent à la maison. C’est parce que c’est ce qui a le plus de sens à ce moment de leur vie pour elles et leur famille.» Est-ce parce qu’elles pensent que les enfants sont mieux à la maison qu’à la garderie? «C’est souvent une considérat­ion, en effet. Ce n’est pas ce que je pense moi-même; moi, je l’ai fait parce que ça ME rendait heureuse.»

C’est exactement ce qui fait que Catherine est en paix avec son choix, malgré son inquiétude au sujet d’un éventuel retour sur le marché du travail, malgré l’isolement qu’elle sent parfois, et malgré le fait que les tapes dans le dos, elle doit se les donner ellemême. «Quand je réussis à faire un pain aux bananes tout en soignant deux enfants malades, je me trouve vraiment bonne! Mais je n’aurai pas de félicitati­ons comme j’en avais au travail à la fin d’un projet. C’est ce que je trouve le plus dur.»

Annie Cloutier croit qu’il y aura toujours environ 20 % des femmes qui préféreron­t rester à la maison, peu importe les mesures de conciliati­on travailfam­ille en place. Et si le fait de mieux reconnaîtr­e ce choix avait des retombées bénéfiques sur l’ensemble des mères? Si les soins accordés aux enfants étaient aussi valorisés que le fait de rapporter des sous à la maison, est-ce que ça pourrait améliorer les relations homme-femme, rendre le marché du travail plus souple sur les exigences de la vie familiale, encourager plus de parents à opter pour la vie qui correspond réellement à leurs valeurs? «Pour moi, le principe le plus important, c’est que les mères devraient pouvoir faire ce qu’elles veulent faire. Elles devraient être là où elles sont le mieux», dit Annie Cloutier.

Mon amie Catherine et moi, on ne pourrait être plus d’accord.

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